31.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (25) : envie de mer.2


"Je pensai de nouveau à la mer. Je m'imaginai pieds nus sur le sable, marchant le long du rivage où venaient se briser les vagues. Le sable était brûlant, une odeur forte de marée se mêlait au vent. Je respirai à fond et regardait le ciel. En tournant mes deux mains grandes ouvertes vers le soleil, je sentais la chaleur de l'été. Tout à coup une vague fraîche me trempa les pieds. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, deuxième partie L'oiseau prophète, ch.1, Aussi concret que possible; l'appétit dans la littérature

30.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (24) : envie de mer


"La même radiocassette noire diffusait la même musique d'ambiance, tandis qu'au fond de la boutique gémissait un vieux modèle de climatiseur, et que la vapeur des fers à repasser embuait le plafond. La Marée basse, avec Robert Maxwell à la harpe, passait juste à ce moment-là. Comme j'aimerais aller à la mer ! pensai-je. Je sentis l'odeur des dunes, imaginai le bruit des vagues se brisant sur le rivage, le vol des mouettes, rêvai à des canettes de bière bien fraîches. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, deuxième partie L'oiseau prophète, ch.1, Aussi cocret que possible; l'appétit dans la littérature

29.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (23) : appétit littéraire


"Je me souvins avoir lu autrefois l'histoire d'un homme qui mangeait sans arrêt en attendant quelque chose. Après m'être livré à une longue méditation, je trouvai enfin le titre : c'était l'Adieu aux armes d'Hemingway. Le héros (dont j'ai oublié le nom) a réussi à traverser la frontière italienne en bateau pour se réfugier en Suisse, et il attend que sa femme accouche dans la clinique d'une petite ville. Pendant cette longue attente, il ne cesse d'entrer dans le café d'en face pour boire et manger. Je ne me souvenais guère de la trame de ce roman. Tout ce dont je me rappelais, c'était cette scène proche de la fin où le héros enchaînait repas sur repas, en attendant l'accouchement de sa femme dans un pays étranger. Cette scène m'avait marqué en raison de son intense réalisme. Sur le plan littéraire, la fringale du personnage me paraissait plus intéressante qu'un manque d'appétit causé par l'anxiété.
Dans la réalité, en revanche, mon appétit ne se manifestait absolument pas, tandis que j'attendais, immobile, qu'il se passe quelque chose, le regard tourné vers les aiguilles de l'horloge dans la maison calme. Mais si mon appétit ne se manifeste pas, pensai-je, c'est que je dois manquer de dimension littéraire. J'avais l'impression d'être devenu moi-même un personnage de mauvais roman. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, deuxième partie L'oiseau prophète, ch.1, Aussi cocret que possible; l'appétit dans la littérature

28.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (22) : récidive du mauvais temps de cuisson selon Shizuka


"Quand l'eau frissona, j'y jetai du sel et une poignée de spaghettis. Puis je réglai le timer à dix minutes, et lavai la vaisselle dans l'évier. Mais la vue de mon plat de pâtes préparé avec soin ne réussit même pas à me mettre l'eau à la bouche. C'est tout juste si j'en mangeai la moitié avant de jeter la fin de mon assiette. Je mis le reste de sauce dans un récipient que je rangeai au réfrigérateur. Bon, tant pis après tout, je n'avais pas d'appétit au départ."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, deuxième partie L'oiseau prophète, ch.1, Aussi cocret que possible; l'appétit dans la littérature

27.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (21) : Bach et les spaghettis



"Je décidai de faire encore des spaghettis pour le déjeuner. Non pas que j'eusse spécialement faim. Je manquais même totalement d'appétit. Mais je ne pouvais pas rester assis éternellement sur le canapé à attendre la sonnerie du téléphone. Il fallait bien que je me donne un but, pour bouger mon corps. Je remplis une casserole d'eau, allumai le gaz, et, en attendant qu'elle bouille, confectionnai une sauce de tomate, la radio FM allumée. Elle diffusait une sonate de violon de Bach sans accompagnement. L'interprétation était excellente, pourtant quelque chose m'irritait dans cette version. Etait-ce à cause de l'interprète, ou de mon état psychologique du moment ? Impossible de le savoir, toujours est-il que je coupai la radio et continuai de cuisiner en silence. Je fis chauffer l'huile d'olive, y ajoutai de l'ail, des oignons coupés en petits morceaux, et, à l'instant où ils commençaient à se colorer, j'ajoutai une tomate lavée, égouttée et coupée en rondelles. Cela me faisait du bien de trancher et de faire frire des aliments. Accomplir ces gestes me procurait des sensations concrètes : j'entendais des sons, je sentais des odeurs."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, deuxième partie L'oiseau prophète, ch.1, Aussi cocret que possible; l'appétit dans la littérature

26.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (20) : des petits mystères

"Je mis l'argent dans le porte-monnaie, roulai l'enveloppe en boule et la jetai dans la corbeille à papier. Voilà comment on bâtit des mystères, petit à petit, me dis-je. Je ne voulais pas cacher consciemment cette rencontre à Kumiko, cela n'avait rien d'important, et que j'en parle ou non n'aurait aucune conséquence. Cette histoire, qui coulait au début comme un petit ruisseau clair, s'était finalement embourbée dans l'opacité du mystère, quelles qu'aient pu être mes intentions de départ.
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.10, Magic touch; mort dans une baignoire : le distributeur de souvenirs

25.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (19) : chanson de circonstance


"Si elle avait eu un micro à la main en plus, on se serait attendu à la voir se mettre à chanter Johnny Angel. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.7 Le pressing du bonheur; entrée en scène de Creta Kano.

24.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (18) : remake



"Elle avait une étonnante allure sortie tout droit des années soixante. Si on avait joué un remake d'American Graffiti au Japon, elle aurait pu jouer dedans sans même avoir à changer de tenue. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.7 Le pressing du bonheur; entrée en scène de Creta Kano.

23.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (17) : air fétiche


"je m'installai sur le canapé, avec les "Carnets de la ménagère", et réfléchis à ce que j'allais préparer pour dîner. Je marquai la page de la recette "salade d'algues hijiki et de tofu", fis une liste des ingrédients nécessaires. J'allumai la radio. Michael Jackson chantait Billie Jean. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.7 Le pressing du bonheur; entrée en scène de Creta Kano.

22.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (16) : musique et calligraphie


"Je posai sur le comptoir la jupe beige et le chemisier vert à motifs de fleurs de Kumiko, que le patron examina rapidement avant d'inscrire soigneusement sur un bon : "1 jupe, 1 chemisier". J'aime les patrons de pressing qui ont une écriture soigneuse. Quand en plus ils aiment Andy Williams, mon bonheur est parfait. "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.7 Le pressing du bonheur; entrée en scène de Creta Kano.

21.12.12

Cent vues (67) : Françoise Hardy ?

Donten no Fuji, Hokusai

"J'aurai sous mon manteau de pluie
Des bottes rouges de Russie".

Chroniques de l'oiseau à ressort (15) : entre le jazz et la java


"Je me demandai s'il était possible que de vrais amateurs de jazz, de fervents admirateurs d'Albert Ailer, Don Cherry ou Cecil Taylor, puissent devenir patrons d'un pressing près d'une gare de banlieue. Ca pouvait peut-être arriver. Mais ce n'était sûrement pas des patrons de pressing heureux ! "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.7 Le pressing du bonheur; entrée en scène de Creta Kano.

20.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (14) : homophobie


"Je ne sais pas ce que tu es en train de siffler, mais ce n'est pas très mélodieux. Dis-donc, tu ne serais pas un homo par hasard ?
- Je ne crois pas répondis-je. Pourquoi ?
- On dit que les homos ne savent pas bien siffler."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.5 Intoxiqué aux pastilles de citron; l'oiseau incapable de voler et le puits à sec

19.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (13) : l'air des spaghettis


"Je me mis donc à contempler en sifflotant le jardin sous la bruine."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.5 Intoxiqué aux pastilles de citron; l'oiseau incapable de voler et le puits à sec

18.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (12) : papillon


"La seule chose qui bougeait dans ce paysage était un papillon voletant ça et là, avec l'air du type qui cherche quelque chose mais a fini par oublier quoi."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.5 Intoxiqué aux pastilles de citron; l'oiseau incapable de voler et le puits à sec

17.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (11) : comme à Deauville



" C'était à un festival de cinéma américain et à la même séance, il y avait Boy Hunt de Connie Francisco, je m'en souvenais très bien. A l'époque ce film ne m'avait pas paru particulièrement intéressant, mais, en en entendant par hasard la musique au pressing de mon quartier, ça ne me rappelait plus que de bons souvenirs."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.5 Intoxiqué aux pastilles de citron; l'oiseau incapable de voler et le puits à sec

16.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (10) : souvenirs de lycée



 "J'avais vu ce film avec ma petite amie quand j'étais lycéen. Troy Donahue et Sandra Dee jouaient dedans. C'était à un festival de cinéma américain et à la même séance, il y avait Boy Hunt de Connie Francisco, je m'en souvenais très bien. A l'époque ce film ne m'avait pas paru particulièrement intéressant, mais, en en entendant par hasard la musique au pressing de mon quartier, ça ne me rappelait plus que de bons souvenirs."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.5 Intoxiqué aux pastilles de citron; l'oiseau incapable de voler et le puits à sec

15.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (9) : gone with the wind


 "L'orchestre jouait le thème de Tara, on entendait surtout les instruments à cordes, et le patron du pressing sifflotait pour accompagner la musique, tout en repassant d'un geste sûr une chemise, dans des jets de vapeur. Debout devant le comptoir, je lui expliquai en m'excusant que j'avais oublié de récupérer une cravate à la fin de l'année dernière. Mon irruption dans son petit monde paisible fut sans aucun doute comparable à l'arrivée d'un messager porteur d'une funeste nouvelle dans une tragédie grecque."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch.5 Intoxiqué aux pastilles de citron; l'oiseau incapable de voler et le puits à sec

Mes notes de chevet (100) : contes

" Dans le "Conte de Komano", j'aime le passage où l'on voit le héros s'en aller après avoir offert seulement un vieil éventail chauve-souris."
Notes de Chevet, Sei Shônagon





















Mes notes de chevet
: J'ai lu, soir après soir, à haute voix, chaque épisode des mille et une nuits. Même en traversant les Pyrénées, où j'avais tranché au cutter la partie idoine dans l'édition Bouquins. Mais, au fond, je ne suis pas Shéérazade, je suis la Princesse sur un pois, qui déteste les plis du lit ...

14.12.12

Cent vues (66) : en attendant le père Noël

... tout est prêt.

Shishu no Fuji. Hokusai


Chroniques de l'oiseau à ressort (8) : navet


"Tout ce que je connaissais de l'île de Malte, c'est la chanson de Herb Alpert les Sables de Malte, une chanson indéniablement nulle."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch3 Le chapeau de Malta Kano; tons sorbet; Allen Ginsberg et les Croisés

13.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (7) : portrait-robot


"- Auriez-vous l'amabilité de me décrire vos caractéristiques physiques, monsieur Okada ? dit la femme.
Je réfléchis à "mes caractéristiques physiques". En avais-je seulement ?
- Trente ans, les cheveux courts, soixante-trois kilos, pas de lunettes, expliquai-je, tout en me disant qu'il y aurait au moins cinquante types correspondant à ce signalement dans le café du Pacific Hôtel.
J'y étais déjà allé une fois, c'était immense. Il fallait trouver quelque chose qui me distingue un peu plus des autres. J'eu beau réfléchir, je ne trouvai rien. Je ne veux pas dire que je n'ai aucune particularité : je suis au chômage, je connais les noms de tous les frères Karamazov. Mais, bien sûr, rien de tout cela n'est écrit sur ma figure."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch3 Le chapeau de Malta Kano; tons sorbet; Allen Ginsberg et les Croisés

12.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (6) : sandwich moutarde

"Debout dans la cuisine je coupais du pain que je tartinais de moutarde, puis recouvrais de tranches de tomate et de fromage. Je m'apprêtais à couper ces sandwichs en triangle quand la sonnerie du téléphone retentit".
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch3 Le chapeau de Malta Kano; tons sorbet; Allen Ginsberg et les Croisés

11.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (5) : arête en travers


"Cette nuit-là, allongé dans le noir auprès de Kumiko, je me demandai, en regardant le plafond, ce que je savais réellement de cette femme. Ma montre indiquait deux heures du matin. Kumiko dormait profondément. Moi, dans l'obscurité, je songeais aux mouchoirs bleus, au papier de toilette à fleurs, et au sauté de bœuf aux poivrons. Comment avais-je pu vivre en ignorant qu'elle ne supportait aucune de ces trois choses ? Certes, il s'agissait de détails parfaitement oiseux et, d'ordinaire, j'en aurais ri. Il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat. D'ici quelques jours on aurait oublié tous les deux cet incident ridicule.
Pourtant, ça me tracassait étrangement. Ca me gênait comme une arête de poisson coincée dans la gorge. Ca aurait pu être fatal, me disais-je. C'était peut-être le début de quelque chose de bien plus grave et qui serait vraiment fatal. C'était une porte. Une porte derrière laquelle s'étendait le monde d'une Kumiko que je ne connaissais pas. J'imaginai une pièce toute sombre. Je me promenais dans cette pièce seulement armé d'un minuscule briquet, qui ne me permettait pas d'en voir qu'une infime partie. Est-ce que j'arriverais un jour à la distinguer en entier ? Ou est-ce que je vieillirais, puis mourrais sans en avoir fait le tour ? Si tel était le cas, quel sens avait la vie conjugale ? Quel sens avait ma vie si je vivais et partageais le lit d'une inconnue ? "
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch2 Pleine lune et éclipse solaire; les chevaux qui meurent dans les granges.

10.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (4) : sauté de bœuf au poivron


J'avais tout préparé pour qu'elle puisse passer à table dès son arrivée. Oh, pas de la cuisine très compliquée : de fines tranches de bœuf sautées à vif dans un wok avec des oignons, des poivrons et des pousses de soja, le tout assaisonné de sel, de poivre, et de sauce de soja. J'ajoutai un peu de bière en fin de cuisson. Je faisais souvent ce plat quand je vivais seul. J'avais fait cuire du riz, réchauffé la soupe au miso, coupé et disposé les légumes sur un plat de façon à pouvoir les cuire en une minute dès que Kumiko serait là."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch2 Pleine lune et éclipse solaire; les chevaux qui meurent dans les granges.

9.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (3) : angle mort

"Un angle mort. Cette femme avait sûrement raison. Il y avait dans mon esprit, dans mon corps, dans mon existence même, un monde englouti, perdu quelque part. C'était peut-être ça qui faisait que ma vie s'écartait légèrement de ce qu'elle aurait du être."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch1 le mardi de l'oiseau à ressort; six doigts et quatre seins

8.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (2) : cuisson des pâtes

Je me demandais, de plus en plus intrigué, ce qu'elle avait bien pu vouloir dire avec son "seulement dix minutes". Qu'est-ce qu'on pouvait bien "comprendre l'un de l'autre" en dix minutes ?
A la réflexion, elle avait spécifié le temps imparti dès le début. Je sentais chez elle une véritable certitude à propos de ce laps de temps bien déterminé. Dix minutes. Peut-être que neuf minutes c'était trop court, onze minutes trop long. Comme pour préparer des spaghettis al dente ...
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch1 le mardi de l'oiseau à ressort; six doigts et quatre seins

7.12.12

Chroniques de l'oiseau à ressort (1) : prélude


"J'étais debout dans la cuisine, en train de me faire cuire des spaghettis, et je sifflotais en même temps que la radio le prélude de  La Pie voleuse de Rossini, musique on ne peut plus appropriée à la cuisson des pâtes, lorsque cette femme me téléphona.
Je fus d'abord tenté d'ignorer la sonnerie et de continuer à préparer tranquillement mes spaghettis. Ils étaient presque prêts, Claudio Abbado et l'orchestre symphonique de Londres étaient en plein crescendo."
Chroniques de l'oiseau à ressort, MURAKAMI Haruki, première partie La pie voleuse, ch1 le mardi de l'oiseau à ressort; six doigts et quatre seins

2.12.12

Cent vues (65) : sérénité

Kika Bessô sunamura no Fuji, Hokusai

Dans un lieu imaginaire, un petit autel faite d'une vieille demie barque et d'un bloc informe et moussu.
Fudo est le dieu approprié en ce début d'hiver. Sans doute ne le vénèrerai-je pas comme O Ai San, il fait bien trop froid. Mais j'espère en obtenir la sérénité des pêcheurs à la ligne.


28.11.12

Thérèse Desqueyroux (1) : morte de quoi ?

"mais quel récit n'eût paru fade à Thérèse, au prix de sa vie terrible ? Peut-être mourrait-elle de honte, d'angoisse, de remords, de fatigue - mais elle ne mourrait pas d'ennui."
François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, ch II

25.11.12

Cent vues (64) : hiver

Hokusai, Shinsetsu no Fuji

Nous rentrons dans l'hiver. Il faut se résoudre à se pelotonner, à affronter les flocons de papiers déchirés parmi la multitude des hommes semblablement empaillés.

19.11.12

Ecoute le vent chanter (6) : dédicace


"Et bien, pour vous dire la vérité, il y a une fille *hoquet* qui a demandé cette chanson pour vous. Savez-vous qui ça peut être ?"
Ecoute le vent chanter, MURAKAMI Haruki, ch. 8

18.11.12

Cent vues (63) : dans l'arbre

Yashu Enkei no Fuji, Hokusai

Moralité : pour traverser la neige sur une branche d'arbre, souffle dans un coquillage.

17.11.12

Sous la couette

46e mermaine. Les couvertures, les couettes, les édredons font des rêves de vacances. Ne pas s'alarmer. Glisser dessous des cartes postales de plages au Grosolleille salé parfumées à l'ail et au basilic. Ca ne gratte pas, et ça sent bon.
(...)
Il existe quelque chose de plus transparent que le vent, c'est l'ombre du vent, elle est invisible, même en pleine lumière.

Claude Ponti. Almanach ouroulboulouck.

13.11.12

Danse, danse, danse (68) : recette simplifiée


"Je sortis la bouteille de vodka et le jus de tomate que j'avais achetés le matin en ville, et préparai deux bloody-mary. Il n'y avait pas de tranche de citron ni de tabasco à mettre dedans, mais c'était quand même des bloody mary."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 44

12.11.12

Danse, danse, danse (67) : en sifflotant



"Je regardai sa mince silhouette s'éloigner dans la foule, jusqu'à ce qu'elle disparaisse, et me sentis très triste quand je ne la vis plus. Il me semblait que j'avais un chagrin d'amour."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 41

11.11.12

Danse, danse, danse (66) : fuite de mémoire


"Elle mit la stéréo en marche. Il y avait une cassette des Talking Heads dans l'appareil, peut-être Fair of Music. Je me demandai quand j'avais pu bien la mettre. De nombreux souvenirs s'échappaient de ma mémoire."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 41

10.11.12

Danse, danse, danse (65) : plafond

"Tout en conduisant, je repensai aux colonies de vacances de mon enfance. A trois heures, c'était l'heure de la sieste. Mais moi je ne pouvais pas faire la sieste, j'étais incapable de dormir simplement parce qu'on m'en donnait l'ordre. La plupart de mes camarades dormaient à poings fermés, moi je regardai le plafond pendant une heure. Et quand on regarde un plafond longtemps, il devient un monde indépendant. On a l'impression que si on pouvait se transporter là-bas, on se retrouverait dans un monde complètement différent d'ici. Un monde où les valeurs seraient inversées. Comme dans Alice au pays des merveilles. "
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 41

9.11.12

Danse, danse, danse (64) : offrande propitiatoire


" Et je dois sans arrêt me répéter que ce serait une perte d'énergie que de les étrangler pour me débarrasser d'eux, je dois sans arrêt me retenir, en me disant : "mais non, ça ne servirait à rien."
- Pourquoi tu ne les tuerais pas à coup de barre de fer, plutôt ? Etrangler, ça prend du temps.
- Exact, fit Gotanda. Mais, si possible, je préférerais les étrangler. Ce serait dommage de les tuer d'un seul coup.
- Exact, fis-je à mon tour. Nos opinions concordent.
- Vraiment...commença-t-il puis il se tut en soupirant.
Il joignit à nouveau les mains devant son visage, et ajouta :
"Je me sens pas mal soulagé.
- Tant mieux. Ca soulage de s'exprimer. Tu ne mangerais pas de la salade de riz aux algues ?
- Si, je veux bien."
Je fis bouillir de l'eau, préparai un bouillon simple à base d'algues nori, de prunes salées et de raifort, que je versai sur le riz."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch.32

8.11.12

Danse, danse, danse (63) : les extra-terrestres sont-ils des gens sérieux ?


"Nous dégustâmes mes préparations en buvant de la bière brune. Puis, quand la bière fut épuisée, nous passâmes au Cutty Sark, en écoutant les disques de Sly and the family Stone, et également Surf's up des Beach Boys. C'était une soirée dédiée aux années soixante. Nous écoutâmes également Rubin Spoonful et Three Dog Night. Si un extraterrestre sérieux s'était trouvé là, il se serait cru dans Retour vers le futur."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch.32

7.11.12

Danse, danse, danse (62) : la cuisine du placard

"Je préparai une salade de poireaux assaisonnée de prunes salées et de bonite séchée, des crevettes et des algues wakame assaisonnées au vinaigre, fis frire des pommes de terre avec un peu d'huile d'olive, de salami et d'ail, coupai un concombre en tranches fines. Il me restai aussi des algues hijiki préparées la veille, et du tofu. Je mis du gingembre en quantité pour assaisonner.
-Fabuleux, dit Gotanda en soupirant. C'est du génie.
- Mais non, rien de tout ça n'est compliqué à préparer. Question d'habitude. J'ai utilisé ce que j'avais sous la main."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch.32

6.11.12

Danse, danse, danse (61) : tout ce qu'il /ce que j'aime

Une des plus belle musique du monde :

"Ensuite, je fis bouillir des épinards, les mélangeai avec du poisson séché, saupoudrai de vinaigre et mangeai le tout accompagné d'une bière Kirin bien fraîche. Puis je relus des nouvelles de Haruo Satô, auteur que je n'avais pas lu depuis longtemps. C'était une agréable soirée printanière. Le bleu du crépuscule s'approfondissait d'instant en instant, se changeant peu à peu, à coups de pinceau invisibles, en bleu nuit. Quand je fus fatigué de lire, j'écoutais le trio numéro cent de Schubert sous la direction de Stan Jose Istomin. C'était une vieille habitude, j'écoutais toujours ce disque au printemps. Le ton de cette musique correspondait pour moi à la mélancolie de cette nuit printanière où les douces ténèbres bleues semblaient teindre jusqu'au fond de mon âme."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 31

5.11.12

Cent vues (62) : ils se battent

Akazawa no Fuji, Hokusai

Ce soir, résultat des élections américaines ...

Danse, danse, danse (60) : faut-il créer un comité de défense ?


"J'achetais comme d'habitude les légumes spécialement entraînés à garder leur fraîcheur de Kinokuniya.  Peut-être y avait-il quelque part dans les montagnes du côté de Nagano un camp d'entraînement de légumes destiné à Kinokuniya. Un grand champ entouré de barbelés, aussi impressionnants que ceux de la Grande Evasion. Rien d'étonnant à ce qu'il y ait des tours de guet avec des mitrailleuses autour. Et là-dedans il se passe des choses contre nature pour les laitues et les céleris, c'est sûr. Un entraînement antilégumes défiant l'imagination. "
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 31

4.11.12

Danse, danse, danse (59) : téléphone maison


"- Quel dommage que tu ne sois pas comme ET, dit-elle en me caressant le nez avec le bout de son index.
- Arrête, tu ne me guériras pas, même en faisant ça, dis-je.
Elle pouffa de rire.
Et c'est à ce moment-là que ça arriva."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 30

3.11.12

Danse, danse, danse (58 ) : l'anti chat de Cheshire


"Toujours fidèle à lui-même, Clint Eastwood n'esquissait pas le moindre sourire. "
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 29

2.11.12

Danse, danse, danse (58) : apaisement


"Nous les regardions danser. Je ne sais pourquoi, la vue de ces vieillards dansant d'un air satisfait avait le don de m'apaiser."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 29

1.11.12

Danse, danse, danse (57) : musique locale


"Au comptoir, quelqu'un rit bruyamment. La pianiste était revenue et s'était mise à jouer Blue Hawaii en accompagnant la musique de paroles : " La nuit vient de commencer, nous sommes jeunes. Allez viens, pendant que la lune flotte au dessus des flots..."
- On était dans une situation assez terrible, toutes les deux"
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 29

31.10.12

Danse, danse, danse (55) : sourire


"- Je n'arrive pas à comprendre quel genre de type tu es. Tu as l'air si honnête et sérieux, et en même temps tu es fondamentalement givré.
- Ca arrive qu'on soit sérieux et givré en même temps. Pas la peine de t'en faire pour ça, dis-je, puis je passai aussitôt commande d'une autre pinacolada à la charmante serveuse. Elle m'apporta prestement ma boisson en balançant les hanches, griffonna la note, et repartit après un sourire aussi large que celui du Chat de Cheshire dans Alice au pays des merveilles."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 29

30.10.12

Danse, danse, danse (54) : comment faire


" - Sans doute qu'ils ne savent pas comment faire. Ils se disent qu'ils doivent faire quelque chose, mais ils ne savent pas comment s'y prendre.
- Peut-être. Personne ne sait, apparemment.
- Et toi, tu comprends ?
- Je pense qu'il faut attendre que les suggestions prennent forme et y faire face à ce moment là.
Yuki réfléchit un moment à cela en tripotant le col de son tee-shirt. Mais apparemment elle ne comprenait pas, car elle demanda bientôt :
- Et ça veut dire quoi ?
- Ca veut dire qu'il suffit d'attendre, expliquai-je. Attendre patiemment que le moment soit prêt. Ne pas essayer de changer les choses de force, mais regarder la direction du courant. Et aussi s'efforcer de voir les choses d'un œil juste. A ce moment-là, on peut comprendre naturellement ce qu'il convient de faire. Mais ils sont trop occupés pour ça. Ils ont trop de talent, trop de choses à faire. Ils s'intéressent trop à eux-mêmes pour avoir le temps de réfléchir sérieusement à ce qui est juste."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 29

28.10.12

Mes notes de chevet (100) :Contes

Dans le conte de Komano, j'aime le passage où l'on voit le héros s'en aller après avoir offert seulement un éventail chauve-souris.
Sei Shônagon, Notes de Chevet



Mes notes de chevet :
Je suis la Princesse sur un pois. Je ne supporte aucun pli dans le lit, sa surface doit être de glace. Je suis Blanche-Neige, trop polie pour refuser une pomme à une vieille dame.  Je suis Peau d'Ane, prête à glisser une bague dans un gâteau.

Cent vues (61) : vacances

Tanima no Fuji, Hokusai

Le programme est idéal : gravir la montagne, faire un petit somme, boire à la source.

Danse, danse, danse (52) : folks


" Eh oui, il y a des façons de vivre différentes en ce monde. Les gens sont différents et mènent des vies différentes. Different strokes for different folks."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 27

27.10.12

Danse, danse, danse (51) : le bon vieux temps


"Je rentrai à Tokyo en écoutant Sly and the Family Stone et en tapotant le volant au rythme de la musique."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 26

26.10.12

Danse, danse, danse (50) : imper impec


"Il s'en alla sur ces mots, et disparut dans l'entrée du New Ground Hotel, le col de son imper relevé, sous la pluie fine de printemps"
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 26


25.10.12

Danse, danse, danse (49) : nouvelle cassette (ouf)


"Nous gardâmes le silence jusqu'à la ville de Yokohama. Mais ce silence me rapprocha plus de Gotanda que nos conversations les plus longues."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 26

24.10.12

Impressions de taichi


Ce matin, après une longue absence, je suis revenue à mes chers cours de taichi. Il y a tant de nouveaux que je me suis retrouvée au fond de la salle.  Un enchaînement, tout en base de courbe. Après quelques temps de répétition, le professeur demande de faire le mouvement sans se concentrer sur soi-même, mais sur la salle; sans regarder les autres individuellement mais globalement, de suivre le rythme commun.
Au taichi, à mon grand étonnement, je suis devenue au fil des années une très bonne élève. Pour la première fois dans une activité physique, les autres disent qu'ils me copient, suivent mon fil quand ils sont perdus. Ce matin, je devais suivre les autres, dont beaucoup de débutants qui avaient mal mémorisé. C'était un très bon exercice. Il va superbement avec ma vie actuelle : garder le cap, garder le fil, accompagner, au milieu des gens : ceux qui rament, bons ou mauvais; ceux qui singent; ceux qui n'en ont rien à faire et sont là par hasard pour tuer le temps, ceux qui s'obstinent et cheminent ensemble quoi qu'il en coûte.

Danse, danse, danse (48) : courage, c'est le dernier





"ce genre d'innocentes musiques d'autrefois"
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 26

23.10.12

Danse, danse, danse (47) : essai


"- Je vais écouter pour voir.
- Ca ne te plaira pas, c'est sûr.
Il mit la cassette en marche. On entendit "fun, fun, fun"
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 26

22.10.12

Fusions de marchés : raviolis fantaisie

Des raviolis niçois du marché Joseph Garnier, des tomates jaunes du Cours Saleya à la peau croquante, passées très peu à la poele avec de la sauce soja et du sucre. Résultat : un délice ...

Danse, danse, danse (46) : volonté de bien faire






"Moi, j'aime bien. Peut-être pas aussi brillants que les premiers, un peu éparpillé comme contenu, mais on sent une force de volonté évidente."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 26

20.10.12

Danse, danse, danse (45) : mollitude


"L'époque était devenue plus dure, ce n'était plus le moment d'écouter les Beach Boys."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.26

19.10.12

Danse, danse, danse (44) : soleil éternel


Il prit la cassette des Beach Boys posée sur la tableau de bord, et la regarda un moment.
"Ca me rend nostalgique, dit-il. J'écoutais beaucoup les Beach Boys autrefois. Quand j'étais lycéen. C'est particulier comme son, doux et intime. Cette musique te donne l'impression que le soleil brille, que ça sent la mer et qu'il y a une jolie fille alongée à côté de toi. En écoutant ces disques, j'avais vraiment l'impression que ce monde-là venait à l'existence. Un monde de légende où tout le monde serait toujours jeune, où le soleil brillerait toujours. Une adolescence éternelle. Un conte de fées."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.26

18.10.12

Danse, danse, danse (43) : survie

" Quand je revins à moi, un sentiment d'impuissance, paisible et silencieux, emplissait la pièce comme de l'eau stagnante. Pour me défaire un peu de cette sensation, j'allais à la salle de bains, pris une douche en sifflotant Red Clay, but une bière debout dans la cuisine. Puis je fermai les yeux, comptai de un à dix en espagnol, criai : "Terminé ! ", claquai dans mes mains, et le sentiment d'impuissance disparut comme emporté par le vent. C'était ma formule magique personnelle. Les gens qui vivent seuls finissent par acquérir sans s'en rendre compte de nombreux pouvoirs. Sinon, impossible de survivre."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.25

17.10.12

Danse, danse, danse (42) : cinéma à Shibuya


"Ce n'était pas mal, mais comme je me mis à penser plusieurs fois à autre chose au cours du film, je perdis vite le fil de l'intrigue."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.25

16.10.12

Danse, danse, danse (41) : domo arigato


Styx - Mr. Roboto par manon42

Pendant que j'essuyai les stores au chiffon en chantant Mister Robot, le téléphone sonna.
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch25

15.10.12

Danse, danse, danse (40) : av=ubb



"Puis je rentrai chez moi en fredonnant Red Clay de Freddie Havard".
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.25

14.10.12

Fuji, cent vues (59) : travail


Hokusai, Kizami no Fuji
On ne sait pas ce que les hommes font. Ils s'agitent. Le treillis est leur prison.

Danse, danse, danse (39) : qui ne dit mot consent


"Je mis Ballade de John Coltrane pour voir , mais elle ne protesta même pas."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.25

13.10.12

Danse, danse, danse (38) : mixage de peintures

"-Tu es bizarre, dit-il. Tu me fais penser à quelque chose, mais à quoi ?
- A quoi "? demandai-je.
Oui, à quoi donc ? Peut-être au tableau de Picasso Trois Chevaliers aux cheveux longs et un vase de Hollande ? "
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch.24
Picasso, Trois Hollandaises

Picasso, Femme aux cheveux longs

Picasso, le Chevalier et le Page

12.10.12

Mes notes de chevet (99) : Bouddhas

"La 'Toute Puissance" désolée par ce qu'elle voit dans le cœur des hommes, reste pensive, la tête appuyée sur sa main. "
Sei Shônagon, Notes de Chevet

mes notes de Chevet :
Mon bouddha de plein air, compagnon de mes foyers, reste impassible, mais vigilant ...

Danse, danse, danse (37) : chasse-neige

"Il paraît que vous travaillez dans le domaine littéraire ? demanda Makimura.
- Littéraire, c'est beaucoup dire. Je fournis la presse en phrases bouche-trous. N'importe quoi, du moment que j'écris des caractères. Mais il faut bien que quelqu'un le fasse, hein. Et c'est moi qui le fais. Comme déneiger, quoi. C'est du déneigement culturel.
-Déneigement culturel," fit Makimura.
Puis il jeta un coup d'œil furtif à son club de golf.
"Intéressant, comme expression.
-Merci beaucoup, dis-je.
Vous aimez écrire ?
- Je ne peux pas dire que j'aime ou que  je déteste ce que j'écris en ce moment. Ce n'est pas un travail de ce niveau-là. Mais il y a des méthodes de déneigement efficaces, c'est sûr. Question de tour de main, de position, de savoir-faire, de façon d'utiliser son énergie. Je ne déteste pas réfléchir à ça.
-Voilà une réponse claire, fit-il d'un air admiratif.
-Quand le niveau est bas, c'est plus facile, dis-je."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 24

11.10.12

Danse, danse, danse (36) : diversité


" l'intérieur de la voiture retentit de musiques vraiment variées. Il y en avait d'intéressantes et de profondément ennuyeuses aussi. Mais la musique, c'est comme les paysages. Ca défile à toute vitesse des deux côtés de la route."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 23

10.10.12

Danse, danse, danse (35) : vrai repas

"Je commençai par l'amener dans un restaurant normal, où je lui fis manger des sandwichs à la viande de bœuf et une salade, et lui fit boire du lait. Frais. Je pris la même chose, et un café. Les sandwichs étaient délicieux, avec une sauce un peu épicée à base de vrai raifort, de la viande tendre. Bon au goût et énergétique, et c'est ça, un vrai repas."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 23

9.10.12

Danse, danse, danse (34) : la réponse est oui.


"Une fois la pause-thé terminée, l'interrogatoire reprit. Une accumulation d'absurdités sans fin. De quelle page à quelle page avais-je lu le Procès, à quelle heure avais-je mis mon pyjama, ce genre de détails ineptes. J'expliquai le sujet du roman de Kafka au pêcheur, mais cela n'eut pas l'air de susciter son intérêt. Peut-être cela ressemblait-il trop à son quotidien. Je me demandai avec inquiétude si les romans de Franz Kafka survivraient jusqu'au XXIe siècle. Toujours est-il que l'inspecteur nota le résumé du roman dans ses notes."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 21

8.10.12

Danse, danse, danse (33) : fast food

"A six heures et demie ils allèrent me chercher un casse croûte chez un traiteur voisin. Ce n'était pas fameux comme casse-croûte, c'était même assez proche des cochonneries de fast-food. Des boulettes de viande, une salade de pommes de terre, des rouleaux de pâte de poisson. Ni l'assaisonnement ni les ingrédients n'étaient dignes d'admiration. C'était huileux et trop épicé. Les légumes en saumure étaient visiblement pleins de colorants artificiels. Mais comme le pêcheur et le plumitif mangeaient la même chose et avaient l'air de se régaler, je mangeai tout moi aussi sans rien laisser. Ca m'aurait agacé qu'ils s'imaginent que la nervosité empêchait toute nourriture de passer mon gosier."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 21

7.10.12

Fuji, cent vues (58) : l'art est l'arme

Hokusai, Buhen no Fuji, Hokusai

C'est au cinéma que cette vérité m'a traversée. J'en demande pardon à mes proches, si présents en ces temps de misères. Mais pour tuer la Bête, pour continuer sur le chemin étroit de la montagne sans défaillir, c'est le soutien des acteurs d'Eurydice ou du texte des Chroniques, qui me préservent du précipice.


Danse, danse, danse (32) : instruction


"- Donc tu as dîné seul et après tu as lu, tout le temps ? demanda le pêcheur.
- D'abord j'ai débarrassé la table, et après j'ai lu.
- Quel livre ?
- Vous n'allez pas me croire, je lisais le Procès de Kafka.
Le pêcheur nota "Procès de Kafka" sur un papier. Le primitif lui indiqua les caractères composant le mot "procès". Comme je m'y attendais, lui, au moins, avait entendu parler du Procès de Kafka."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 21

6.10.12

Danse, danse, danse (31) : delicatessen

" A midi cinq, le téléphone sonna. C'était Yuki.
- Ca va ? fit-elle;
- Très bien, répondis-je
- Tu fais quoi, là, maintenant ?
- J'allais me préparer des sandwichs avec de la laitue spécialement dressée et du saumon fumé que je vais couper en tranches fines comme des lames de sabre et assaisonner de raifort et d'oignons frais rincés à l'eau glacée. Sans compter le beurre français de chez Kinokuniya qui se marie parfaitement avec les sandwichs au saumon fumé. Si j'arrive à bien les préparer, le goût est assez proche des sandwichs au saumon fumé que j'ai mangés au Delicatessen Sandwich-Stand de Kobe. Mais je n'y parviens pas toujours. Pour arriver à créer quelque chose dans la vie, il faut un but, ensuite on progresse à coups d'essais et d'erreurs.
- C'est nul, ton truc.
-Oui, mais c'est bon."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 20

Danse, danse, danse (30.3) : collègues

"Elle me demanda quel genre de choses j'écrivais pour mon travail. Je lui expliquai en gros. Ca n'a pas l'air passionnant, dit-elle. Je lui dis que ça dépendait du sujet. Je lui dis que je faisais du déneigement culturel. Elle répondit qu'elle, elle faisait du déneigement sensuel. Puis elle se mit à rire et me proposa de recommencer à déneiger."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 20

Danse, danse, danse (30.2) : notes de frais


"Cela paraissait légèrement incongru de faire l'amour à une femme aussi belle en écoutant du Dylan, et en sachant que ça passait dans les notes de frais."
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 19

5.10.12

Danse, danse, danse (30) : spaghettis aux graines de moutardes et à l'ail


"Quand j'eus fini de préparer mon céleri, je réfléchis à ce que j'allais préparer pour le dîner. J'optai pour des spaghettis. Je couperai deux gousses d'ail en gros morceaux que je ferai revenir dans de l'huile d'olive. Ensuite je rajouterai des graines de moutarde, les ferai revenir également. Je les enlèverai en même temps que l'ail juste avant que l'amertume se dégage, ça c'est assez difficile, il faut trouver le bon moment. Ensuite je ferai frire de petits bouts de jambon jusqu'à ce qu'ils soient bien croustillants. Là je rajouterai les spaghettis égouttés, mélangerai vivement le tout. Avec un soupçon de persil hâché saupoudré dessus, servi avec une salade de tomates et de mozzarella bien fraîche, ce ne serait pas mauvais.
Mais au moment où je faisais bouillir de l'eau pour préparer mes spaghettis, le téléphone sonna à nouveau. "
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 18

4.10.12

Danse, danse, danse (29) : apéritif

"Je raccrochai, allai à la cuisine, lavai du céleri, le coupai en petits dés, ajoutai de la mayonnaise, et le dégustai en buvant de la bière. A ce moment, le téléphone sonna. C'était Yuki.
- Qu'est-ce que tu fais en ce moment ? me demanda-t-elle.
- Je suis dans la cuisine en train de grignoter du céleri en buvant de la bière, répondis-je.
- Quelle tristesse, fit-elle.
- Pas tant que ça fis-je, il y a beaucoup de choses bien plus tristes."

Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 18

3.10.12

Danse, danse, danse (28) : de l'amour

"Ca marchait bien entre nous pourtant, mais entre ce dont elle avait besoin, ce qui était dessiné d'avance dans sa tête, et moi, il y avait une énorme différence. Elle réclamait une vraie communication. Des scènes où la Communication brandissant un drapeau immaculé conduisait le peuple vers une étincelante révolution sans effusion de sang. Des circonstances où la Perfection venait à bout de toutes les imperfections. C'était ça pour elle, l'amour. Pas pour moi, bien entendu. Pour moi, l'amour, c'était un pur concept doté d'un physique mal adapté, quelque chose de terriblement imparfait qui arrivait à grand peine à se connecter, en rampant péniblement à travers des câbles souterrains ou des lignes téléphoniques. De temps en temps les lignes s'emmêlaient, on ne savait plus le numéro. Ou alors on faisait une erreur de correspondant. "
Danse, danse, danse, MURAKAMI Haruki, ch. 16

2.10.12

Danse, danse, danse (27) : j'attendrai

"Une fois dans ma Subaru, Yuki ramassa une cassette qui avait roulé au fond de la voiture et la mit dans l'appareil. C'était un mélange de vieux tubes que j'avais enregistré. Je l'écoutais souvent quand je roulais seul."

MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 16

1.10.12

Danse, danse, danse (26) : restaurant italien

"Abandonnant mon équipement pour les grands froids, j'enfilai un pantalon normal, un blouson de cuir normal et un pull normal. Puis je fis monter Yuki dans ma Subaru, et l'emmenai dîner dans un restaurant italien à un quart d'heure en voiture de chez moi. Je pris des raviolis et une salade, elle des spaghettis et des épinards. Puis je commandai une assiette de beignets de poisson que nous partageâmes. Le plat était copieux mais Yuki avait si faim qu'elle commanda encore un tiramisu en dessert, pendant que je buvais un expresso.
-C'était délicieux, fit-elle."
Danse, danse, danse , MURAKAMI Haruki, ch.16

30.9.12

Fuji, cent vues (57) : un peu de poésie



Buhen no Fuji, Hokusai


Depuis que le ciel et la terre
Se sont séparés
En Suruga
Le haut pic du Fuji
Se dresse, sublime
Comme un dieu.
Quand je regarde de loin
Dans la plaine du ciel,
Du soleil qui traverse l’espace
Il cache les rayons,
De la lune qui brille
On ne voit plus la clarté
Les blancs nuages
Hésitent à passer.
La neige y tombe
Sans souci de la saison.
Toujours on parlera de lui,
Ce haut pic du Fuji.
Yamabate Akahito
(J'ai trouvé ce poème sur ce blog très intéressant)

Danse, danse, danse (25) : refrain


Nous chantâmes aussi ensemble le refrain de Help me Rhonda.
 Je n'étais plus un laissé-pour-compte, je n'étais plus un vieux schnock."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

29.9.12

Danse, danse, danse (24) : la musique adoucit les mœurs


"Petit à petit nos rapports s'amélioraient, et nous entonnâmes en chœur Surfin' USA avec les Beach Boys. Des phrases simples comme "Inside Outside USA", c'était agréable. "
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

28.9.12

Danse, danse, danse (23) : coffee shop


"Et, toi, il y a un garçon que tu aimes bien ?
-Non fit-elle. Mais il y en a plein que je déteste.
-Je te comprends fis-je.
- Je préfère écouter de la musique.
-Là aussi je te comprends.
- Tu comprends vraiment ? demanda Yuki en me regardant d'un œil méfiant, les yeux rétrécis.
- Je comprends vraiment. Tout le monde appelle ça la fuite, mais pourquoi pas ? Ma propre vie m'appartient, et ta propre vie t'appartient. Si tu sais avec certitude ce que tu veux, tu peux vivre comme ça te plaît. Les gens peuvent dire ce qu'ils veulent. Tous ces types peuvent bien mourir dévorés par les crocodiles. C'est ce que je pensais quand j'avais ton âge. Je pense toujours comme ça d'ailleurs. Peut-être parce que je n'ai pas grandi, humainement parlant. Ou peut-être que j'ai toujours eu raison. Je ne sais pas encore. Je n'arrive pas à trouver la réponse."

Je conduisais en sifflotant un air de Jimmy Gilmar entre mes dents. A gauche de la route s'étandait une plaine toute blanche. "Un petit coffe shop en bois, où l'expresso vous plaira...". Une bonne chanson ça, qui datait de 1964."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

27.9.12

Danse, danse, danse (22) : truc sans intérêt


"Autrefois, je ne réfléchissais pas sérieusement à ça. J'aimais tout ce que j'écoutais. J'étais jeune, j'avais le temps, et puis j'étais amoureux. N'importe quel truc sans intérêt, sans importance était prétexte à faire vibrer mon cœur. Tu comprends ?
-Un peu, fit Yuki
Je fredonnais un moment en accord avec Come go with me de Del Vikings, qui passait juste à ce moment."

MURAKAMI Haruki, danse, danse, danse, ch.15

26.9.12

Danse, danse, danse (21) : etc.


Ensuite Chuck Berry chanta Sweet Little Sixteen. Eddie Cochran, Summertimes Blues.

Everly Brothers : Wake up little Susie.

Debout Susie !
Je chantais seulement quand je me rappelai les paroles."
MURAKAMI Haruki, danse, danse, danse, ch.15

25.9.12

Danse, danse danse (20) : et de quatre


"Puis Elvis chanta Hound dog. Elvis aussi était mort. D'overdose. Ils étaient tous morts."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

24.9.12

Danse, danse, danse (19) : un air connu


"Bobby Darin, Beyond the sea. Encore un qui était mort. "
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

23.9.12

Danse, danse, danse (18) : et de deux


"Buddy Holly, Oh Boy. Buddy Holly était mort lui aussi. "
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

22.9.12

Danse, danse, danse (17) : vieux tubes


"- Qu'est-ce que c'est que ça ? fit-elle.
C'était une cassette du bon vieux temps, que j'avais écoutée pour passer le temps en retournant la chercher à l'aéroport.
- J'aimerais bien écouter çà, fit-elle.
- Je ne sais pas si ça te plaira, ce sont de vieux tubes, fis-je.
Ca m'est égal, fit-elle. Ca fait dix jours que j'écoute la même chose.
Je mis la cassette dans l'appareil. Pour commencer Sam Cooke chanta Wonderful World. Une merveilleuse chanson. Sam Cooke, il était mort assassiné quand j'étais encore au collège."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

21.9.12

Danse, danse, danse (16) : musique pour voiture


"Ensuite, Paul Mc Cartney et Michael Jackson chantèrent Say say say en duo. Il n'y avait pas beaucoup de circulation. En fait il n'y avait pratiquement pas de voitures. Les essuie-glaces, à leur vitesse maximum, chassaient les flocons de neige avec un bruit mouillé. Il faisait chaud dans la voiture, le rock-and-roll était agréable à écouter. Même Duran Duran rendait un son agréable."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.15

20.9.12

Danse,danse, danse, (15) : reprise sans tambourins


Les Rolling Stones chantèrent Going to a go-go.
- Je connais ce morceau, dis-je à Yuki. Les Miracles le chantaient autrefois. Smokey Robinson et les Miracles. Quand j'avais quinze ou seize ans.

-Ah ? fit-elle d'un ton dénué d'intérêt.
Going to a go-go, me mis-je à chanter avec les Stones."
MURAKAMI Haruki, Danse,danse, danse, ch.15

19.9.12

Danse,danse, danse (14) : musiques adolescentes

"Elle sortit des cassettes de son sac à bandoulière, les mit dans le radio-cassette de la voiture, appuya sur le bouton. David Bowie chantait China Girl.

Puis Phil Collins. Starship. Tomas Dolby. Tom Petty and Heartbreakers. Hall and Oates. Thomson Twins. Iggy Pop. Banana Rahm. Le genre de musique qu'écoutent habituellement les teen-agers."
MURAKAMI Haruki, Danse,danse, danse, ch.15

18.9.12

Danse,danse, danse (13) : pharmacopée

"Quand j'eus fini mon journal, je sortis Le Bruit et la Fureur de Faulkner de mon sac. Si on lit les romans de Faulkner ou de Philip K. Dick quand on est fatigué nerveusement, on comprend très bien de quoi ça parle. Quand je suis dans un de ces moments je choisis invariablement un de ces deux auteurs. Je ne les lis jamais à d'autres moments. "
MURAKAMI Haruki, Danse,danse, danse, ch. 15

17.9.12

Danse, danse, danse (12) : paroles


"La puissance des souvenir de jeunesse, quand même ! On se rappelle avec une incroyable netteté des détails complètement inutiles.
 And the China doll
down to old Hongkong
waits for my return
Les chansons de Talking Heads étaient sûrement très différentes. Les temps changent."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 15

16.9.12

Mes notes de chevet (98) : Ecrits

Le recueil de poésies qu'a laissé Haku Rakuten. L'Anthologie chinoise. Un placet rédigé par un docteur en littérature
Notes de Chevet, Sei Shônagon
estampe d'Utamaro

Mes notes de chevet : les livres de MURAKAMI Haruki. What else ?

Danse, danse, danse (11) : disque dur


"A l'époque où j'avais son âge, je collectionnais les disques de rock. Des 45 tours. Hit the road Jack de Ray Charles, Travellin'Man de Ricky Nelson, All alone am I de Brenda Lee,
"
j'avais au moins une centaine de singles de ce genre. Je les écoutais tous les jours jusqu'à savoir les paroles par cœur. Ca peut paraître incroyable, mais aujourd'hui encore je me rappelle les paroles. Si j'essayais de chanter à nouveau ces tubes, leurs paroles absurdes me revenaient toutes seules."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 15

15.9.12

Fuji, cent vues (56) : pas de quoi en faire une montagne ?

Yuki no ashita no Fuji, Hokusai

Ce serait la devise de la semaine. Les chiens sont toujours aussi moches, mais plus petits. Les gens se dissimulent sous ce qu'ils peuvent, sauf les frimeurs qui brassent de l'air , et les véritables beautés ne sont que parodiées. Ne jamais perdre l'humour.


Danse, danse, danse (10) : ascenseur (bis)


"En sortant de l'ascenseur, je fus accueilli par les sonorités de Moon River de Henri Mancini, diffusé par un haut-parleur dissimulé dans le plafond. Le monde de la réalité - un monde où je n'arrivais plus à être heureux, où je n'avais nulle part où aller."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 11

14.9.12

Danse, danse, danse (9) : tendance

"Tu as perdu beaucoup de choses jusqu'à présent. Beaucoup de choses importantes. Le problème n'est pas de savoir à qui la faute. Le problème, c'est que tu étais trop attaché à ces choses. Chaque fois que tu as perdu quelque chose, tu as laissé avec de petites parties de toi-même, qui y sont restées accrochées. Comme des marques. Et ça, tu n'aurais pas du le faire. Tu as abandonné même des choses que tu aurais dû garder, en même temps que celles que tu perdais. Et ça t'a usé petit à petit. Pourquoi as-tu fait ça ?
- Je ne sais pas.
-Peut-être qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Le destin, peut-être ? Je ne trouve pas les mots juste pour le dire mais...
-Une tendance ? suggérai-je.
- Oui, oui, c'est ça. Une tendance. "
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 11

13.9.12

Danse, danse, danse (8) : bis


"Michael Jackson en train de danser Billie Jean en frappant sur un tambourin devant un feu de camp. Même les chameaux l'écoutent avec extase ...
Je commence à dérailler. "
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.10

12.9.12

Danse, danse, danse (7) : un pire nécessaire


"Ca peut paraître idiot, mais j'aurais tout donné pour entendre à nouveau L'amour est bleu joué par le grand orchestre de Paul Moria. Comme je serai heureux si j'entendais cet air maintenant ! Ca me redonnerait une de ces santés ! Même Richard Claydermann, maintenant je serais capable de le supporter. Los Indios Tabaharas, José Feliciano, Julio Iglesias, Sergio Mendès, Partridge Family, 1910 Fruits Gum Company, tout ce que vous voudrez. Je pourrais supporter n'importe quoi. Je veux de la musique, n'importe quoi mais de la musique ! C'est trop silencieux ici. Même les chœurs Mitch Miller, je supporterais, même un duo d'Andy Williams et d'Al Martino. Arrête de penser à des trucs idiots, voyons. Mais je ne veux pas penser à rien. Tout est bon, du moment que ça remplit le vide de ma tête. A cause de la peur. La peur envahit plus vite un espace vide."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch.10

11.9.12

Danse, danse, danse (6) : paroles de fan


"Un prince d'Abyssinie, à la peau d'un noir d'ébène, brûle également d'amour pour la belle. Il l'aime tellement que chaque fois qu'il pense à elle, inconsciemment, il se met à danser. Pour ce rôle-là, il faudrait Michael Jackson, et personne d'autre. Par amour, il traverse tous les déserts d'Abyssinie jusqu'en Egypte. En dansant et chantant Billie Jean, un tambourin à la main, devant les feux du bivouac de sa caravane. Ses yeux brillent d'un éclat surnaturel sous la lumière des étoiles."
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 9

10.9.12

Danse, danse, danse (5) : peplum


"Comment ça devait être, de coucher avec des dames d'honneur égyptiennes ?  Je fis un effort d'imagination, mais aucune image concrète ne me venait. J'avais beau faire des efforts, les seules images qui me venaient étaient celles de l'horrible Cléopâtre tourné par la 20th Century Fox, avec Elizabeth Taylor, Richard Burton et Rex Harrison. Cet exotisme façon Hollywood, avec ces filles noires à longues jambes qui éventent Elizabeth Taylor avec des éventails à franges. "
MURAKAMI Haruki, Danse, danse, danse, ch. 9

9.9.12

Mes notes de chevet (97) : les Saintes Ecritures

" Le livre de mille mains (...)
La formule magique des milles mains "
Sei Shônagon, Notes de chevet

main, par Nao

Mes notes de chevet. Quel joli nom pour une formule magique !