9.12.13

Et la fureur ne s'est pas encore tue (4)

"- J'ai vu Hersh, lui confiai-je.
- Comment va-t-il ?
- Il n'a pas beaucoup changé.
- Que compte-t-il faire ?
Siegfried savait très bien que je ne pouvais répondre à cette question, mais il la posa malgré tout, pour laisser s'écouler les mots d'avant-guerre qui bouillonnaient en lui. On aurait pu penser que ces mots étaient morts mais il arrivait qu'ils sortent de leur cachette et redressent la tête, dans leur nudité effrayante. On tendait l'oreille sans trop y croire mais c'étaient bien eux, ils étaient vivants.
Être avec Siegfried m'était difficile. Je ressentais une profonde tristesse lorsqu'il se dérobait,et en même temps je savais que c'était avec lui seul, ou avec ses semblables, que je pouvais marcher ou m'attabler dans un restaurant. Je comprenais très bien le sens de ses silences déchirants et lorsqu'il parlait à la manière d'avant-guerre, je savais que ce n'était pas par facilité mais par curiosité : il cherchait à entendre le ridicule contenu dans le langage d'avant et dans des expressions démodées."
Et la fureur ne s'est pas encore tue, Aaron Appelfeld, ch.78

Et la fureur ne s'est pas encore tue (3)

"J'attendis le bus rue Jaffa pour aller à la gare centrale. Quelques personnes vêtues en noir se tenaient près de moi. Je respecte les Juifs en noir. Comme moi, ils essaient de se rapprocher de Dieu, qui s'est adressé à nous autrefois. Comme moi, ils savent qu'Il a cessé de nous parler mais ils ne renoncent pas et ils essaient trois fois par jour. Ces tentatives désespérées peuvent éveiller la pitié, mais aussi le respect."
Et la fureur ne s'est pas encore tue, Aaron Appelfeld, ch.76

8.12.13

Et la fureur ne s'est pas encore tue (2)

"La force de la prière ne réside pas dans les grommellements, les demandes ou les suppliques aux oreilles de Dieu, mais dans la capacité à rester de longues heures en prêtant l'oreille à ce qu'il cherche à nous dire."
Et la fureur ne s'est pas encore tue, Aaron Appelfeld, ch.61

Mes notes de Chevet (110) : Choses qui sont bonnes quand elles sont grandes

"Les bonzes, les fruits, les maisons, les sacs à provisions, les bâtonnets d'encre qui garnissent l'écritoire.
Les yeux des hommes."
Sei Shônagon, Notes de chevet


Mes notes de chevet
Les yeux bien sûr mais... ma grande sœur a oublié les mains.

7.12.13

Cent vues (83) : au soleil


Aoyama no Fuji, Hokusai


J'ai découvert le port de l'ombrelle au Japon, après beaucoup de résistance pour l'occidentale que je suis, puis avec le facilité des orientales qu'elles sont. Adéquation parfaite pour se protéger des rayons et de la chaleur. 
Un de mes regrets, ne pas avoir acheté une ombrelle au Japon pour continuer ici, dans mon pays de Soleil, mes cheminements estivaux.

Venise par le nez


"Samedi 24 mars 1951
Hier, Venise par les oreilles, aujourd'hui Venise par le nez, toujours les yeux fermés. Imagine que tu sois aveugle et sourd, propose Mona, il faudrait que tu les reconnaisses au nez, ces sestieris, pour ne pas te perdre ! Alors, renifle : le Rialto sent le poisson, les approches de San Marco sentent le cuir de luxe, l'Arsenal sent la corde et le goudron, affirme Mona dont l'odorat remonte jusqu'au XIIe siècle. Comme je plaide pour visiter tout de même un musée ou deux, elle objecte que les musées sont dans les livres, c'est-à-dire dans notre bibliothèque."
Daniel Pennac, Journal d'un corps

Et la fureur ne s'est pas encore tue (1)

"Le matin effaçait leur visage. Tout juste après le rassemblement, nous partions pour nos travaux forcés. Nous nous affaiblissions, torturés par un froid d'automne cinglant, et la nuit il était interdit de faire du feu. Nous nous enveloppions dans des hardes en luttant de nos maigres forces contre les courants d'air glacé. Chacun de nous savait ses jours comptés.
Il me semblait parfois que Yossef-Haïm voulait dire quelque chose, mais il disparaissait dans le col de sa veste dès que je m'approchais de lui. Ce que j'apercevais de son visage exprimait l'aspiration à être seul et tranquille. Presque personne ne semblait se rendre compte qu'il priait toujours. Je sentais sa prière planer sur nous un long moment, parfois un jour entier. Je ne confiai ce sentiment à personne. Il ne faut pas dévoiler certaines choses tant que leurs temps n'est pas venu, sous peine, entre autres, d'être couvert de ridicule."
Et la fureur ne s'est pas encore tue, Aaron Appelfeld, ch.21

10.11.13

Marché de Novembre

Des châtaignes (délicieuses), du fromage frais de brebis, une bonne salade frisée et quelques œillets de poète

3.11.13

Mon amie est partie


Mardi, quand j'étais à Venise, et que je regardais les ferries en partance, je pensais au nombre de fois où j'ai pris le bateau, ainsi, et mes pensées s'en furent vers la Grèce, et mon petit coin de Pilos que j'aime tant.
Je ne savais pas qu'au même moment peut-être, là-bas, mon amie quittait ce petit coin pour entreprendre un autre type de voyage lointain dont on ne revient pas.
D'elle, quand on prononce son nom, j'entends la voix, délicieuse, avec cette façon particulière d'articuler la langue. Je vois son regard, son visage entier beau, doux et pétillant de malice. Son port de danseuse, cohabitant étrangement/étroitement avec un tempérament de mémère à chat et de consolatrice de chagrin. Ma fille portant son foulard radieuse de faire la vaisselle dans l'évier ou agrippée à la selle de sa vespa. Même les détails bêtes me reviennent: moi portant pendant des années son pantacourt en jean D&G jusqu'à l'extrême usure.
La Grèce, la vie ne seront plus tout à fait pareilles. Pourtant, je sais que des lamentations trop abondantes ne correspondent pas à son caractère ni à son esprit . Aussi, je vais me tenir bien droite comme elle aimait, et continuer à sourire en regardant partir les bateaux.



26.10.13

Marché du samedi : couleurs de saison


Renoncules. Raviolis à la courge : ils sont tellement frais que le vendeur-fabricant m'a recommandé d'attendre ce soir pour les manger, ou de les rafermir 1h au congélateur car il venait juste de finir de les faire...

17.10.13

Sauter dans ses vêtements

"Samedi 3 Août 1968

Ce matin, à Marseille, ma première impression d'été : la rapidité avec laquelle je me suis habillé. Deux temps, trois mouvements, slip, pantalon, chemise, sandales : c'est l'été. Ce ne sont pas mes vêtements en eux-mêmes, si légers soient-ils, qui m'ont procuré cette sensation de joie estivale, c'est la rapidité avec laquelle j'ai sauté dedans.
En hiver, m'habiller me prend un temps de chevalier à l'armure. Chaque partie de mon corps  exige la congruence du tissu protecteur : mes pieds sont tatillons quant à la laine des chaussettes; mon torse, lui, veut la triple protection du tricot de peau, de la chemise et du pull-over. M'habiller en hiver consiste à trouver l'équilibre entre ma température intérieure et celle des différents dehors - hors du lit, hors de la chambre, hors de la maison... Il s'agit de baigner dans son juste jus de chaleur; rien de plus désagréable ni de plus répréhensible que d'avoir trop chaud en hiver. Cet harnachement hivernal demande une attention et un temps considérables. "Sauter dans ses vêtements" est une expression estivale. En hiver, on les met, verbe rudimentaire; on les met et on les porte. Car il y a le poids aussi. Bien avant ses vertus calorifuges, c'est le poids de mon manteau qui me protège contre le froid.
(Du point de vue du temps qu'ils y passent, les toréadors sont les seuls à s'habiller en été comme si c'était l'hiver. Un toréador ne saute jamais dans ses vêtements. Fichu métier.)"
Daniel Pennac, Journal d'un corps

16.10.13

Crainte injustifiée

"Jeudi 17 Septembre 1987
(...)
Image furtive de Tante Noémie dans son petit appartement de la rue Chanzy. Craignant la cécité, elle s'entraînait à marcher les yeux fermés. Quand elle devint aveugle, elle ne pouvait plus marcher.)"
Journal d'un corps, Daniel Pennac

8.10.13

Comme un air de déjà vu aux infos ...


Au cours d'un de ces après-midi, il se produisit un spectacle rare. L'Andrea Doria, le transatlantique qui, en route vers l'Amérique, faisait escale à Naples, passa devant la plage des pêcheurs. Dans le court bras de mer entre l'île et le rocher de Vivara apparut la proue gigantesque qui, en passant, coupait la route aux navettes. Brusquement, l'île se tut. D'habitude il défilait au large, on le voyait de loin, mais cette fois-ci le bateau changea de cap et il se glissa dans le canal entre les îles. Je l'aperçus le premier et demandai à Nicola : "Mais que fait-il ?" Nicolas bondit sur ses pieds, m'ordonna de porter les palangres vers la maison et appela les autres. La plage des pêcheurs fut en ébullition, tout le monde se précipita dehors. Je ne comprenais pas ce qui les agitait. Ceux dont les barques étaient au mouillage devant la plage coururent monter dedans et se mirent à ramer vers le large. Ceux dont les barques étaient couchées sur le rivage donnaient de la voix et des bras pour les tirer le plus au sec possible. Entre-temps, le bateau se présentait à l'entrée du canal, le fil de sa proue tout empennée du blanc de la mer. Du port, la capitainerie fit sonner les sirènes en guise de salut et le bateau répondit par un mugissement de monstre. Il traversa le canal et tout rapetissa devant sa taille imposante, même le château. Rien que sa cheminée était aussi haute qu'un immeuble. Les barques qui avaient réussi à lever l'ancre prirent les premières lames, nous les vîmes sauter sur les crêtes énormes et les pêcheurs étaient des cavaliers de rodéo sur le dos des bêtes qui ruaient de leur poupe vers le ciel. Prises de côté, elles se seraient renversées. Voilà le danger que je ne mesurais pas, les vagues. Qui arrivèrent sur le rivage avec la force d'un fouet, soulevèrent les quelques barques restées à l'ancre et les projetèrent sur le rivage où l'écume de la mer arriva jusqu'aux maisons. Ce fut une rafale de six lames géantes suivies d'autres plus petites. Le vacarme de la plage couvrit les sirènes de salut. Les pêcheurs donnèrent encore de la voix et des bras, moi je n'avais jamais vu d'aussi près une machine si merveilleuse et terrible. Les vagues atteignirent les barques tirées au sec et en emportèrent deux en mer(...)
Je n'en revenais pas que ce magnifique spectacle fût si dangereux pour les pauvres gens qui habitaient sur la plage. C'était déjà arrivé. De temps en temps, un transatlantique empruntait le canal pour le plaisir des touristes à bord et les vagues soulevées provoquaient une tempête de cinq minutes qui suffisait pour couler les barques.
Les pêcheurs n'étaient pas en colère. Les navires aussi appartenaient à la mer, aux trombes d'air, aux tempêtes et à toute l'hostilité naturelle à laquelle il fallait opposer une résistance."
Tu, mio. Erri De Luca

30.9.13

Mes notes de chevet (109) : Choses à voir

Au cinquième mois, il est très agréable d'aller à quelque village dans la montagne.
Les mares d'eau semblent en vérité de simples taches toutes vertes, car leur surface est envahie par d'abondantes herbes qui ne laissent rien voir. Mais quand on passe lentement, tout droit à travers ces mares, l'eau transparente qui était cachée rejaillit, bien qu'elle ne soit pas très profonde, sous les pas des gens. C'est très joli.
Sei Shônagon, Notes de chevet


Mes notes de chevet : Cet été, j'ai vu dix, quinze, peut-être vingt lacs de montagne. L'été prochain, je verrai dix, quinze, peut-être vingt lacs de montagne. Peut-être les mêmes et peut-être d'autres. Ne me demandez pas pourquoi. Ce sont Choses à voir. 




29.9.13

Cent vues (82) : frontière

Murazaki no Fuji, Hokusai

Dans le bouchon, deux silhouettes de femmes dont on ne verra hélas pas le profil mais dont me tente le joli sac, vont franchir la ligne dont un nouveau Fuji naît, à l'envers.

25.8.13

Mon quartier (63) : trésors cachés


Je ne connaissais pas la rue Saussure, bien cachée. Elle m'a livrée deux trésors, 
dans un angle :

dans un jardin, il me manque quelques centimètres pour voir la totalité de la fenêtre !

 

C'est ici

21.8.13

De la Photographie et des Photographes


La question de la Photographie comme un "A"rt revient souvent sur le tapis. Alors, pour la contourner, nous nous prenons à favoriser les fabriqueurs d'images ; ceux qui déforment, décomposent, compliquent, parodient ; ceux qui choisissent le sensationnel, l'horrible, le cocasse, le mignon.
Bien sûr, cela a quelque chose de rassurant . Car dans ce type d'image, nous reconnaissons, à coup sûr, Le photographe.

Pourtant, il en est d'autres. De qui l'image est évidente, est l'évidence. Qui montrent si peu, ne démontrent rien. Qui observent le monde. Qui nous le rende.
D'aucuns les disent interchangeables, absents, anonymes. Mais non, ils sont là, et bien là ; ils s'effacent aussi derrière ce qui est, ce qui devient une image ; leur image. Le réel en sort plus fort, parce qu'en point d'orgue.
Sommes aveugles nous qui ne voyons que l'image, ou plus encore nous qui ne voyons en elle que le réel, le réel à tout le monde. Et qui ne voyons dans cette image pas le photographe non plus, nous qui avons oublié que la beauté du monde nous était donnée  qui ne savons presque plus la voir. Nous avons besoin de ceux-là pour la redécouvrir.

Plongeoir de la Réserve
photo : Hatsuo Adachihara

Cent vues (81) : La vie, tout simplement

Takigoshi no Fuji, Hokusai


Qu'y a--il dans le joli sac ?
Trop petit pour contenir les bribes de la sphère, démontée pour contenter Petit Page...





18.8.13

Gatsby ce magnifique


Il y a quelques jours, nous sommes allés voir Gatsby projeté au Théâtre de Verdure. Pas le clinquant nouveau que je n'ai pas encore vu; j'avais bien l'intention de le faire, ayant beaucoup aimé   "Roméo+Juliette", même si Luhrmann aura droit à ma damnation éternelle pour avoir omis la scène du rossignol et de l'alouette; mais je ne pouvais pas supporter l'idée de voir supplanter la place du Robert Redford imprimé dans ma tête.
J'avais vu le Gatsby de Clayton sans doute à sa sortie, en 1974. Dans un cinéma à l'ancienne, au balcon. J'étais adolescente et j'y étais allée avec ma mère, toutes les deux fans de Robert Redford depuis l'Arnaque et Butch Cassidy.
J'avais quelques craintes, bien fondées de revoir ce film : lorsque j'ai parlé de mon projet à ma mère, nonagénaire, elle ne se souvenait plus ni du cinéma, ni du film, ni même qu'il existât un Robert Redford. Une des héroïnes principales avait eu le bête idée de mourir dans la semaine, juste passée soixante-dix ans. Sur place, le charme du Théâtre de Verdure avait du mal à résister à un public polyglote venu profiter du prix dérisoire du billet pour fumer des clopes, faire moult commentaires et s'esclaffer devant le maillot de bain du héros . Pour m'achever, nos voisins de devant étaient deux géants mal assis se contortionnant sans cesse.
Pourtant non, je fus saisi tout comme la première fois. J'ai retrouvé ce qui n'était jamais sorti de ma mémoire. La magnifique demeure, la chaleur omniprésente de l'été de Long Island, la silhouette regardant clignoter le phare, les costumes blancs. Les tacots rutilants, le fox trot et les perruques en perles.  Le déchiquettement du héros aveugle, cette chaleur terrible qui s'abat sur le front des hommes  et joue avec nos nerfs.
M'est née alors dans les profonds l'absolue nécessité d'engranger tout cela dans une neurone résistante, par crainte de la dissolution de la vieillesse qui pourrait me trahir tout aussi sûrement que Daisy le fit pour Jay.

12.8.13

Mes notes de chevet (108) : flûtes

Qu'il soit en voiture, à pied, ou à cheval, un gentilhomme a toujours une flûte glissée en son sein ; mais personne ne la voit. Je ne sais rien d'aussi charmant.
Notes de Chevet, Sei Shônagon

Mes notes de chevet : ... je ne savais pas, et je suis reconnaissante à Sei Shônagon de m'avoir découvert cette mystérieuse merveille.

27.7.13

Eloge de l'ombre (2) : épilogue

"Pour moi, j'aimerais tenter de faire revivre, dans le domaine de la littérature au moins, cet univers d'ombre que nous sommes en train de dissiper. J'aimerais élargir l'auvent de cet édifice qui a nom "littérature", en obscurcir les murs, plonger dans l'ombre ce qui est trop visible et en dépouiller l'intérieur de tout ornement superflu. Je ne prétends pas qu'il faille en faire autant de toutes les maisons. Mais il serait bon, je crois, qu'il en reste, ne fût-ce qu'une seule, de ce genre. Et pour voir ce que cela peut donner, eh bien, je m'en vais éteindre ma lampe électrique."
Eloge de l'ombre, TANIZAKI Junichiro

Mes notes de chevet (107) : Mélodies

"L 'air du "Parfum de la brise". L'air de la "Cloche jaune".
Notes de Chevet, Sei Shônagon.

mes notes de chevet :
"Trois petites notes de musique ont plié boutique au creux du souvenir"





26.7.13

Nous mourons tous par petits bouts (suite) : les fleurs se fanent pour toujours

On y trouvait toutes les senteurs, dans des petits flacons : muguet, genêt, canelle, etc. C'est fini.

Cent vues (79) : jeux de triangles, suite

Inage-Ryo Natsu no Fuji, de Hokusai
"- Vous reprendrez bien un peu de thé avec votre riz ?`
- Mais bien sûr Très Cher ! "




18.7.13

Eloge de l'ombre (1) : toilettes et méditation

"Au nombre des agréments de l'existence, le meître Sôséki comptait, paraît-il, le fait d'aller chaque matin se soulager, tout en précisant que c'était une satisfaction d'ordre essentiellement physiologique ; or, il n'est, pour apprécier pleinement cet agrément, d'endroit plus adéquat que des lieux d'aisance de style japonais d'où l'on peut, à l'abri de murs tout simples, à la surface nette, contempler l'azur du ciel et le vert du feuillage. Au risque de me répéter, j'ajouterai d'ailleurs qu'une certaine qualité de pénombre, une absolue propreté et un silence tel que le chant d'un moustique offusquerait l'oreille, sont des conditions indispensables. Lorsque je me trouve en pareil endroit, il me plaît d'entendre tomber une pluie douce et régulière. Et cela tout particulièrement dans ces constructions propres aux provinces orientales, où l'on a ménagé, au ras du plancher, des ouvertures étroites et longues pour chasser les balayures, de telle sorte que l'on peut entendre, tout proche, le bruit apaisant des gouttes qui, tombant du bord de l'auvent ou des feuilles d'arbre, éclaboussent le pied des lanternes de pierre, imprègnent la mousse des dalles avant que ,e les éponge le sol/ En vérité ces lieux conviennent au cri des insectes, au chant des oiseaux, aux nuits de lune aussi ; c'est l'endroit le mieux fait pour goûter la poignante mélancolie des choses en chacune des quatre saisons, et les anciens poètes de haikai ont du trouver là des thèmes innombrables."
Tanizaki Junichiro, Eloge de l'ombre, (p21-22)

16.7.13

Cent vues (78) : Triangle et jolies fesses


Kai no Fuji no-otoko, Hokusai
Déclinaisons géométriques, joli arrière-plan, joli premier plan ...


15.7.13

Mes notes de chevet (106) : instruments de musique

"la guitare, la harpe à treize cordes"
Notes de chevet, Sei Shônagon
Quatre cordes de la lune, Yoshitoshi

Mes notes de chevet :
Je ne sais d'où me vient cette détestation de la guitare, qui fut pourtant l'instrument de ma découverte de la musique, avec grande joie.
Au contraire, je devrais sans doute me réincarnéer car la frustration de ne pas avoir pu jouer du violoncelle dépassera ma présente vie.

13.7.13

Il faut une grande force pour faire taire le livre.

"Peut-être que toi, qui a souffert dès l'enfance, tu sauras trouver le chemin vers la prière. Sache que la prière est silence bien plus que parole. Celui qui sait se taire entend Dieu lui parler. La prière à voix haute est moins élevée. Il faut une grande force pour faire taire le livre."
Le garçon qui voulait dormir, Aharon Appelfeld, ch. 50

12.7.13

D' Abraham le silencieux

"Je lisais la Bible seul, heureux quand je comprenais quelques mots. Je m'arrêtais sur la ligature d'Isaac. Une histoire terrible racontée avec retenue, sans doute pour que l'on puisse entendre le silence entre les mots. Je me sentais proche de ces phrases mesurées, j'avais l'impression que l'histoire ne transmettait aucune morale - et quelle morale aurait-on pu y trouver ? - mais qu'elle s'infiltrait dans des cellules pour y attendre patiemment d'être déchiffrée.
(...)
La nuit, je relus la fin de la ligature d'Isaac. La façon très concrète dont cette épreuve s'achève m'émerveilla et, dans le même temps, je me demandais ce qu'on pouvait retirer de l'obéissance à un ordre inhumain. Que pouvait se dire Abraham ? J'ai réussi, j'ai obéi au commandement de Dieu, j'ai freiné la miséricorde en moi ? J'ai été un exemple pour les générations futures ? Et que pouvait-il dire à son fils Isaac ? Merci de t'être comporté ainsi à mes côtés, avec un courage bien plus grand que le mien ? Cette péricope est un sombre labyrinthe qui ouvre sur de sombres labyrinthes, et c'est pour cela que mieux valait se rendre à Beer-Sheva avec les ânes, sans rien dire, comme l'a fait Abraham. Toute parole sur une telle épreuve aurait été stupide. Abraham s'était exécuté face à l'ordre reçu. Il en souffrirait sans nul doute le restant de sa vie. D'ailleurs, la Bible ne nous dit rien de plus sur lui, jusqu'à sa mort."
Le garçon qui voulait dormir, Aharon Appelfeld, ch. 43

23.6.13

Naouri sur l'amour (2)

"Si tu en vois deux qui s'entendent, dis-toi qu'il y en a un qui supporte beaucoup."
Aldo Naouri, Prendre la vie à pleine main, p. 189

22.6.13

Naouri sur l'amour (1)

"Le choix amoureux est d'origine inconsciente, et l'inconscient ne commet pas d'erreur, c'est-à-dire que ce qui a l'allure d'une erreur avait une fonction qui vaut la peine d'être repérée et interrogée... J'aime beaucoup la définition que donne Lacan de la liberté, "l'illusion de l'autonomie du moi". Il n'y a pas de liberté en amour. "
Aldo Naouri, Prendre la vie à pleine main, p188

8.6.13

Marché italien à domicile

La semaine dernière l'Italie est venue à nous par l'intermédiaire du salon "l'Italie à table". Comme je sais à présent faire le limoncello moi-même je n'en ai pas acheté cette fois, mais j'ai trouvé d'autres plaisirs gourmands :


Des octopus sous toutes leurs formes, des lucques aussi géantes que délicieuses, un fromage de brebis tout comme il faut, des lunes de sardaignes fourrée à la pomme de terre et à la menthe, des pâtes en formes de feuilles d'olivier et un saucisson au parmesan pour les plaisirs solitaires d'Hatsuo. Salivez braves gens !


15.5.13

Marché du samedi : des touristes et des fraises


La période du marché pénible commence : envahi de touristes en troupeaux, la progression y est difficile. Une "niçoise" à l'accent du Nord ne peut laisser empêcher sa mauvaise humeur de se manifester : "Qu'est-ce que c'est que tout ce monde qui n'a jamais rien vu ? Que font-ils au marché ? Ils ne peuvent pas les emmener dans un musée  ?"
Dans un musée, lors de ma recherche de fraises, j'avais bien l'impression d'y être : version MAMAC, du conceptuel 100%, avec de grosses fraises très design, aussi grosses que sans aucune saveur, à 2,90€ la barquette; et version Musée des Beaux-Arts pour les autres, variétés anciennes, protégées, sauvegardées à 5€90 la demie-portion.

29.4.13

Mon quartier (62) : printemps sur les façades (suite)

Quittons la Buffa et ces glycines pour se glisser dans Maréchal Joffre :



des fruits, des fleurs, que du bonheur ...











28.4.13

Mes notes de chevet (105) : danses

Dans la "danse de la tête tirée" les acteurs ont les cheveux épars et font des yeux effrayants; mais la musique ne lasse pas d'être fort belle.
Sei Shônagon, Notes de chevet

Mes notes de chevet : prémonition du Sacre du Printemps ?

26.4.13

Printemps sur les façades (1)

Puisque l'hiver est interminable, et que l'on détruit même les glycines du lycée Masséna




cherchons les fleurs  parmi l'architecture !




22.4.13

20.4.13

De l'art de la conversation

"- Le départ est donc décidé ? demanda Karénine.
 - Oui, il va à Paris, il a entendu une voix, répondit Lydie Ivanovna en regardant Oblonski.
- Une vois, vraiment ! répéta celui-ci, sentant qu'il fallait user d'une grande prudence dans une société où se passaient des mystères dont il n'avait point la clé."
Anna Karénine, septième partie, ch. XXI

19.4.13

Test d'antidépresseur de la belle saison : le café gourmand (2) : Di Yar



n°2 au catalogue
lieu :  Di Yar, rue de la préfecture
genre : libanais 
présentation : agréable, j'adore le design de la soucoupe de la tasse !
café : excellent
pâtisserie : deux mini-pâtisseries orientales changeant chaque jour;
 ce jour là, le gâteau à droite classique oriental bon sans plus, le gâteau au fromage de gauche à la crème de lait est une petite merveille absolument délicieuse !
accueil : excellent
rapport qualité-prix : très bon
prix : 5 € 
le plus : terrasse fraîche l'été, la gentillesse du personnel.

17.4.13

Test d'antidépresseur de la belle saison : le café gourmand (1) : Palais de la Méditerranée

Une nouvelle rubrique avec le retour du soleil.


n°1 au catalogue
lieu :  Palais de la Méditerranée, terrasse 3e étage
genre : chic
présentation : très belle, original, design : plateau en ardoise, belle composition des différents éléments
café : très bon
pâtisserie : nombreux petites choses à déguster, le choix varie selon les moments, goûts et textures variés, présence de fruits frais
accueil : excellent
rapport qualité-prix : excellent (moins cher que Columbus Café et son gobelet en carton !)
prix : 7 € 
le plus : terrasse extrêmement agréable et très calme, vue sur mer et ponton (sauf par vent fort)
conclusion : excellent

13.4.13

Bruits de mariage

"Parents et invités suivirent le jeune couple dans un murmure de voix et un froufrou de robes. Quelqu'un se baissa pour arranger la traîne de la mariée, puis un silence si profond régna dans l'église qu'on entendait les gouttes de cire tomber des cierges."
Léon Tolstoï, Anna Karénine, 5e partie, ch.IV

2.4.13

Fragments du quotidien (17) : passer la Mer Rouge


Chaque année, il faut recommencer à passer la Mer Rouge, et d'abord laisser l'Egypte.
Tout fut presque au rendez-vous : les grenouilles dans mon ventre, la vermine qui guette, la peste qui s'est abattue sur mes invités au seder, ulcère au singulier, absence du premier-né, l'obstination rituelle d'un pharaon prévisible. Mais la Mer, comme toujours, quand on n'y croit plus, s'est ouverte, et ce soir, l'on mangera le couscous au beurre, à l'elben et aux fèves ...


30.3.13

Cent vues (76) : pile de couvre-chefs

Hakkai-meguri no Fuji, Hokusai

Mais au retour, comment feront-ils pour récupérer LEUR chapeau, sans pou ?

29.3.13

Fragments du quotidien (16) : deux vieux amis

Alors que je me débats entre l'épluchage de patates germées et mes douleurs cervicales (il faut bien se nourrir même en période de claustration), j'entends la voix de deux amis perdus de vue depuis longtemps : Marc-Alain Ouaknin citant Nietzsche : "L’art nous est donné pour nous empêcher de mourir de la vérité".

28.3.13

Lectures : un touriste russe avant Depardieu ?


"... ce prince jouissait d'une santé exceptionnelle, même pour un prince; des soins hygiéniques minutieux joints à une gymnastique appropriée le maintenaient en si bel état qu'en dépit des excès auxquels il se livrait, il gardait la fraîcheur d'un concombre de Hollande, long, vert et luisant. Il avait beaucoup voyagé, les facilités de communication modernes lui offrant l'avantage, qu'il prisait entre tous, de pouvoir goûter sur place les amusements à la mode dans tel et tel pays. En Espagne, il avait donné des sérénades et courtisé une joueuse de mandoline; en Suisse, il avait tué un chamois; en Angleterre, sauté des haies en habit rouge et parié d'abattre deux cents faisans; en Turquie, il avait pénétré dans un harem; aux Indes, il s'était promené sur un éléphant; il tenait maintenant à savourer les plaisirs spécifiquement russes. "
Anna Karenine, quatrième partie, ch. 1, Léon Tostoï

27.3.13

Fragments du quotidien (15) : franchir la mer à pied sec

Le passage en Egypte cette année fut des plus mouvementés. Descendance aux abonnés absents, déficience du physique (alliance dos et estomac pour semer la panique), atteinte des colatéraux invités par une des dix plaies les rendant indisponibles. Nous avons cependant réussi à mener un seder de style romantique, en duo aux chandelles, 
avec un corban Pessah qui ne manquait pas d'allure ... juste ce qu'il fallait pour traverser la Mer et être prêts, tels Chaboudeau et Escarbille, à l'errance désertique. En espérant trouver une chaise, peu importe la couleur ...

18.3.13

17.3.13

Fragments du quotidien (13) : it's beyond my control


Tant qu'il y aura des jonquilles au marché, je ne pourrai acheter rien d'autre. Je ne peux pas faire autrement, c'est plus fort que moi. Et c'est très bien, ces éclats de soleil parmi la grisaille de cet apocalyptique mois de mars

16.3.13

Fragments du quotidien (12) : mots d'enfant

Sur la Prom, sur une toute petite trottinette, et dessus une toute petite, si petite que je fus toute étonnée de l'entendre parler si distinctement. Elle jouait toute seule à la course, et se donnant le départ, cria :
"Un
Deux
Trois
Bye bye !"

15.3.13

Fragments du quotidien (11) : Truman show

 Les gardiens en uniforme m'avaient ouvert la barrière, j'avais longé le lac, le club house, le village et ses petits commerces. Dans mon rétroviseur qui tient avec une élastique, je voyais le véhicule garé derrière, une Porsche Cheyenne. Devant moi une énorme Audi jamais vue auparavant. J'étais calfeutrée dans ma voiture, attendant l'ouverture de l'école maternelle publique enclavée là, regardant tomber la neige à gros flocons. A l'horizon le cap d'Antibes.

14.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (24) : le mot de la fin



C'était un petit être si tranquille, si timide et silencieux. C'était un pauvre petit être mystérieux comme tout le monde.
Pelleas et Mélisande, Acte V, Debussy/Maeterlinck

13.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (22) : dialogue avec Arkel, celui qui est toujours à côté de la plaque



Pelleas et Mélisande, Acte 5 scène 1. Debussy, Maeterlinck.

-Je n'ai jamais été mieux portante. Il me semble cependant que je sais quelque chose.
- Que dis-tu ? Je ne te comprends pas.
- Je ne comprends pas non plus tout ce que je dis. Je ne sais pas ce que je sais. Je ne dis plus ce que je veux.
- Mais si, mais si ! Je suis tout heureux de t'entendre parler ainsi; tu as eu un peu de délire ces jours-ci, et l'on ne te comprenait plus. Mais maintenant, tout cela est bien loin.

Pelleas et Mélisande, Acte 5 scène 1. Debussy, Maeterlinck.

12.3.13

Fragments du quotidien (10) : gratitude infinie ...

... pour être entraînée à savourer des délices en retenant uniquement le bon côté des choses  ...

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (22) : ce n'est pas un bon signe






Regardez comme elle dort, lentement, lentement. On dirait que son âme a froid pour toujours.
Pelleas et Mélisande, Acte 5 scène 1. Debussy, Maeterlinck.

11.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (21) : tout est perdu, tout est sauvé !



Ta voix voix ! Ta voix ! Elle est plus fraîche et plus franche que l'eau ! On dirait de l'eau pure sur lèvres... On dirait de l'eau pure sur mes mains ... Donne-moi tes mains. Oh ! tes mains sont si petites !

(...)
Où es-tu ? Je ne t'entends plus respirer?
- C'est que je te regarde.
- Pourquoi me regardes-tu si gravement ? Nous sommes déjà dans l'ombre. Il fait trop noir sous cet arbre. Viens dans la lumière. Nous ne pouvons pas voir combien nous sommes heureux. Viens, viens, il nous reste si peu de temps.
- Non, non, restons ici... Je suis plus près de toi dans l'obscurité.
- Où sont tes yeux ? Tu ne vas pas me fuir ? Tu ne songes pas à moi en ce moment.
- Mais si, je ne songe qu'à toi.
- Tu regardais ailleurs?
- Je te voyais ailleurs.


Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 3. Debussy, Maeterlinck

10.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (20) : dernier soir



"Je ferais mieux de m'en aller sans la revoir. Il faut que je la regarde bien cette fois-ci... Il y a des choses que je ne me rappelle plus... On dirait par moments qu'il y a cent ans que je ne l'ai plus vue... Et je n'ai pas encore regardé son regard. Il ne me reste rien si je m'en vais ainsi..."

Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 3. Debussy, Maeterlinck

Fragments du quotidien (9) le cœur de la pluie

perdu, envolé d'une table d'anniversaire ...

9.3.13

Cent vues (75) :

Sumida no Fuji, Hokusai



Bientôt, bientôt ...

Fragments du quotidien (8) : la nourriture en concept (1)

Comment s'en sortir dans la crise économique quand on est boulanger et que l'on est coincé entre deux autres boulangeries dont les produits sont aussi classiques que délicieux ? Etre tendance ...
- Associer des parfums improbables : chocolat-crème brûlée- fruits de la passion. L'indiquer sur une adorable petite ardoise à la craie.
- Soigner le design : chocolaté évoquant les têtes de nègre de notre enfance. Intégrer un post-it imprimé sur une ostie trompe-l'œil en chocolat blanc.
- Emballer dans un joli carton design aussi .
- Etre aimable avec la clientèle, ce qui ne gâche rien.
... - surtout lorsque le prix est surtaxé façon boutique-branchée-de-luxe ...
Le concept what else est somme tout de même contraire à celui de la célèbre marque, qui, mis à part le prix des machines, vend un café délicieux pour un prix très raisonnable. Car le goût ici est ... désastreux : l'enveloppe façon rocher résiste à la cuillère pour partir en lambeaux mollassons, la crème pâteuse n'a de la légèreté de la crème brûlée que le nom, l'association des goûts est plus que douteuse.
Finalement, et c'est aussi dans l'air du temps, le concept repose sur l'apparence, et sombre dans un vulgaire "t'as que la gueule "

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (18) : violence


Ah ! Ah ! Ne tâchez-pas de fuir! Ici ! Donnez-moi cette main ! Ah ! vos mains sont trop chaudes...Allez-vous-en ! Votre chair me dégoûte !

(...)

(Il la saisit par les cheveux)
A genoux devant moi ! Ah ! Ah ! vos longs cheveux servent enfin à quelque chose. 

Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 2. Debussy, Maeterlinck



8.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (17) : regard et innocence


"Pourquoi m'examinez-vous comme un pauvre ? Je ne viens pas vous demander l'aumône. Vous espérez voir quelque chose dans mes yeux sans que je vois quelque chose dans les vôtres ? Croyez-vous que je sache quelque chose ?
Voyez-vous ces grands yeux...On dirait qu'ils sont fiers d'être riches.
- Je n'y vois qu'une grande innocence.
- Une grande innocence ! Ils sont plus grands que l'innocence ! Ils sont plus purs que les yeux d'un agneau. Ils donneraient à Dieu des leçons d'innocence ! Une grande innocence ! Ecoutez; j'en suis si près que je sens la fraîcheur de leurs cils quand ils clignent, et cependant je suis moins loin des grands secrets de l'autre monde que du plus petit secret de ces yeux ! Une grande innocence ! Plus que de l'innocence ! On dirait que les anges du ciel y célèbrent sans cesse un baptême. Je les connais ces yeux. Je les ai vus à l'œuvre. Fermez-les ! Fermez-les ! ou je vais les fermer pour longtemps !
Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 2. Debussy, Maeterlinck

Fragments du quotidien (7) : villa bleue

Dans la catégorie "riche de temps en temps", je vous préviens, j'installerai ma chambre sous le toit de verre, les amis se contenteront du canapé du salon. (Quoi que si vous l'habitez vous, je me contenterai du pliant près de la piscine ...)

7.3.13

Fragments du quotidien (6) : bulbes

J'ai gardé juste comme ça presque tous les pots de mini-jonquilles à 2€ achetés l'année dernière. Cette année, en en achetant un tout fleuri sur le marché aux fleurs, j'ai pensé qu'il était temps de les sortir de la caisse verte couverclée du balcon où ils étaient enfermés : mais ils ne m'avaient pas attendus pour se couvrir de feuilles !

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (16) : du baiser et du regard






"Je ne t'ai embrassé qu'une seule fois jusqu'ici, le jour de ta venue; et cependant les vieillards ont besoin, quelquefois, de toucher de leurs lèvres le front d'une femme ou la joue d'un enfant, pour croire encore à la fraîcheur de la et éloigner un moment les menaces de la mort. As-tu peur de mes vieilles lèvres ?"
(...)
"Laisse-moi te regarder ainsi, de tout près, un moment. On a tant besoin de beauté aux côtés de la mort."


Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 2. Debussy, Maeterlinck

6.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (15) : au soleil dans un beau jardin




"Je t'observais, tu étais là, insouciante peut-être, mais avec l'air étrange et égaré de quelqu'un qui attendrait toujours un grand malheur, au soleil, dans un beau jardin."

Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 2. Debussy, Maeterlinck

Fragments du quotidien (5) : clin d'œil à Pelleas

Evidemment, je ne voyais pas Pelléas se déplaçant ainsi.


C'était avant de lire ceci :




5.3.13

Fragments du quotidien (4) : 20/20

Ma note professionnelle est maintenant de 20/20. Bien sûr, je m'en doutais un peu, vu l'appréciation. Bien sûr je suis ravie et je l'ai fêtée au chocolat/tarte au citron... 

Mais quand même... Je sens qu'une porte s'est fermée derrière moi. Même si j'en ai encore pour des années de travail , cela a une petit air de cercueil ...

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (14) : du regard





"- Ce sera le dernier soir; je vais voyager comme mon père l'a dit. Tu ne me verras plus.
- Ne dis pas cela, Pelléas... Je te verrai toujours; je te regarderai toujours.
- Tu auras beau regarder... je serai si loin que tu ne pourras plus me voir.
- Qu'est-il arrivé, Pelléas ? Je ne comprends plus ce que tu dis. "
Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 1. Debussy, Maeterlinck



4.3.13

Fragments du quotidien (3) : Hina Matsuri



Hina Matsuri, c'est le trois mars. Comme chaque année, j'ai déballé précautionneusement mes petits chats de Kamakura reçus en cadeau de mariage, avec le plus grand bonheur du monde ...

Cent vues (74) : tout petit

Asumi mura no Fuji, Hokusai
Le Fuji est là, toujours, dans un coin de l'âme ...