31.12.18

Meurtre et commandeur (49) : observation

"Je fis chauffer de l'eau dans la bouilloire. Je mis ensuite des feuilles de thé vert dans la théière. Après tout, moi aussi, j'avais envie d'en boire. Je me remis à manger. Les coudes sur la table, Marié suivit des yeux chacun de mes gestes entre l'assiette de sériole, le bol de soupe miso, le bol de riz et ma bouche. On aurait dit qu'elle assistait à une scène rare. Comme si, au cours d'une promenade dans la jungle, elle était tombée sur un énorme python  en train d'avaler un jeune blaireau et  qu'elle avait décidé de l'observer, assise sur une pierre non loin de là.
"C'est moi-même qui ai fait mariner cette sériole dans le lit de saké, expliquai-je pour meubler le silence qui devenait pesant. Une fois dans la lie, le poisson se garde longtemps."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.35, Vous auriez mieux fait de laisser cet endroit tel quel,  ed.Belfond

30.12.18

Meurtre et commandeur (48) : un repas de célibataire

"Quand il fit plus sombre, j'allai à la cuisine et me préparai à dîner tout en buvant une canette de bière. Je fis griller au four une tranche de sériole conservée dans la lie de saké, éminçai des légumes en saumure, fis mariner du concombre et des algues wakame au vinaigre, et préparai une soupe miso avec du radis blanc et du tofu frit. Et en célibataire, je mangeai le tout dans le silence environnant : personne à qui parler, et d'ailleurs, qu'aurais-je bien pu dire ?
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.34, Récemment, je n'avais pas mesuré la pression des pneus,  ed.Belfond

26.12.18

Meurtre et Commandeur (47) : sauce à la laitue

"j'allais de mon côté faire chauffer de l'eau à la cuisine, je mis le feu sur la casserole de sauce de laitue, tomates, oignons et poivrons. Quand l'eau bouillit, j'y plongeai les pâtes, et pendant qu'elles cuisaient, je hachai du persil.je sortis du thé glacé du réfrigérateur et le versai dans des verres. "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.33, J'aime les choses que je vois. Et autant celles que je ne vois pas,  ed.Belfond

25.12.18

Meurtre et commandeur (46) : interruption involontaire de lecture

"
"Quel livre lisez-vous ? ne pus-je me retenir de lui demander.
- A vrai dire, j'ai une sorte de superstition" dit-elle en souriant. Elle inserra un marque-page et referma son livre.
"Quand je révèle à quelqu'un le titre du livre que je suis en train de lire, je ne sais pas pourquoi, mais je ne réussis pas à le terminer. Il se produit toujours quelque chose d'inattendu qui m'empêche d'en continuer la lecture. C'est étrange, je le sais, mais c'est vrai. J'ai donc décidé de ne plus dire le titre du livre que je lis. Une fois que je l'aurai terminé, je le dévoilerai avec plaisir. "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.33, J'aime les choses que je vois. Et autant celles que je ne vois pas,  ed.Belfond

24.12.18

Meurtre et commandeur (45) : combat

"Le tableau était composé de rouge, de vert et de noir, l'homme qui aurait du être figuré dessus n'avait pas encore de contours clairs. Sa forme que j'avais tracée au fusain était dissimulée sous les couleurs. Il refusait dêtre davantage étoffé, il repoussait les autres couleurs. Mais cet homme était bien là. J'avais déjà jeté les fondements de son existence : mon filet, plongé dans la mer, avait capturé un poisson même si je ne voyais pas encore sa silhouette. Je cherchais le moyen de le faire sortir de l'eau et lui, il essayait de m'en empêcher. Et en plein milieu de cette lutte, le duel s'était interrompu. "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.33, J'aime les choses que je vois. Et autant celles que je ne vois pas,  ed.Belfond

15.12.18

Meurtre et Commandeur (44) : divorce

"Cette enveloppe sur la table de la cuisine, je la contemplai vaguement, sans vraiment la voir et sans but précis, tout l'après-midi, et bientôt, j'en vins à penser que c'était comme si le poids d'une vie conjugale de six années était enfermée à l'intérieur en totalité. Le temps de nos six années - imprégné de tous nos souvenirs et de toutes nos émotions - était en train de mourir à petit feu, asphyxié dans une banale enveloppe administrative"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.29, Certians éléments peu naturels,  ed.Belfond

14.12.18

Meurtre et Commandeur (43) : froncement de sourcils


"Puis il fronça les sourcils, faisant apparaître des rides séduisantes qui évoquaient le jeune Marlon Brando."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.28, Franz Kafka aimait les routes en pente,  ed.Belfond

13.12.18

Meurtre et Commandeur (42) : les routes en pente

"Franz Kafka aimait les routes en pente. Il était attiré par toutes les espèces de pente, oui-da, nimporte laquelle. Il prenait du plaisir à contempler les maisons plantées là le long de la pente raide. Assis sur le bas-côté de la rue, immobile, ce gars contemplait pendant des heures et des heures entières ces bâtisses-là. Jamais ne s'en lassait,  des fois penchant la tête, des fois la redressant, ainsi de suite. C'était un zèbre bizarre à bien des égards, ô dame oui."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.28, Franz Kafka aimait les routes en pente,  ed.Belfond

12.12.18

Meurtre et commandeur (41) : jaguar type E


"Quand j'étais petite, j'ai vu un film avec Audrey Hepburn et Peter O'Toole, et depuis, je rêve toujours de cette voiture. "

MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.27, Alors que tu en gardes un souvenir visuel aussi détaillé,  ed.Belfond

11.12.18

Meurtre et commandeur (40) : on the rocks


"J'allai à la cuisine, me servis du single malt qu'avait apporté Masahiko, un verre avec des glaçons, retournai au salon avec. Je mis sur la platine le quatuor à cordes de Schubert."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.26, Impossible de trouver composition plus parfaite,  ed.Belfond

10.12.18

Meurtre et commandeur (39) : un bordeaux, tout simplement

"Le jeune homme à la queue de cheval versa du vin rouge dans nos verres. La bouteille avait été ouverte environ une heure auparavant, expliqua Menshiki, afin de laisser décanter le vin.
"L'air pénètre bien ainsi, et c'est alors juste le bon moment pour le boire."
Pour l'air, je ne savais pas, mais c'était un vin puissant, au bouquet étonnant. Chaque étape de sa dégustation, le contact avec la langue, la prise en bouche ou l'absorption, me révéla une saveur différente. Comme une femme mystérieuse dont la beauté apparaît étrangement différente selon l'angle et la lumière. Et ce vin laissait un arrière-goût plein d'agrément.
"C'est un bordeaux, dit Menshiki. Je vous épargne les explications. Disons simplement que c'est un bordeaux." "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.24 Une récolte d'informations brutes, de première main,  ed.Belfond

9.12.18

Meurtre et commandeur (38) : menu

"Le hors d'œuvre, c'était un très joli plat de légumes bio et de poisson isaki, une sorte de bar. Et pour l'accompagner, du vin blanc. Le jeune à queue-de-cheval ôta le bouchon d'une main adroite et prudente, tel un démineur désactivant une bombe sophistiquée. Je n'eus pas d'explication sur la provenance ou le type du vin dont il s'agissait, mais c'était un blanc au goût parfait. Menshiki ne pouvait servir qu'un vin parfait.
Ensuite, ce fut une salade de haricots blancs, de racines de lotus et de seiche. Puis une soupe de tortue de mer. Le plat de poisson,c'était de la baudroie.
"C'était un peu tôt dans la saison, amis le chef a fait cette jolie trouvaille ce matin à la criée, une belle baudroie", dit Menshiki. En effet, elle était très fraîche, délicieuse. Une chair d'une fermeté plaisante, teintée d'une note élégante eet sucrée, qui laissait une sensation de légèreté et de fraîcheur. Elle avait été rapidement cuite à la vapeur, puis arrosée de sauce à l'estragon (je pense).
On nous servit ensuite un steak épais de chevreuil, et nous eûmes aussi droit à des explications à propos de la sauce, mais il y avait trop de termes spécialisés, et je ne pus les retenir. C'était en tout cas une sauce très goûteuse, parfumée à la perfection."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.24 Une récolte d'informations brutes, de première main,  ed.Belfond

8.12.18

Meurtre et commandeur (37) : Sicilien


"Et le spectateur, assis à côté de lui, tout en mangeant une mandarine, chantonnait en même temps que les artistes."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.24 Une récolte d'informations brutes, de première main,  ed.Belfond

5.12.18

Meurtre et commandeur (36) : haute-fidélité

-->
Le son que produisaient ces hauts-parleurs était clair et élégant, chaque note distincte. En comparaison du son simple et sans artifice que diffusaient ceux de chez Tomohiko Amada, on aurait dit qu'il s'agissait d'un autre morceau."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.23, Tous vivent vraiment dans ce monde,  ed.Belfond

4.12.18

Commandeur et meurtre (36) : balalaïka



"Le jeune homme nous apporta nos cocktails sur un plateau argenté. Les verres étaient en cristal finement ciselé. Peut-être des baccarats. Ils étincelèrent brièvement à la lumière d'un lampadaire. Il posa à côté différentes sortes de fromages coupés et des noix de cajou disposées sur des coupelles Ko-imari. De petites serviettes en lin brodées d'une initiale et des ensembles de fourchettes et couteaux en argent avaient également été préparés. Le maître de maison s'était vraiment montré attentif.
Chacun prit son verre à cocktail à la main pour porter un toast. Avant d'approcher le verre de sa bouche, Menshiki triqua à l'achèvement de son portrait et, de mon côté, je lui adressai mes remerciements. Le balalaïka est composé à parts égales de vodka, de Cointreau et de jus de citron. Sa recette est simple, amis il n'est pas savoureux à moins d'être servi aussi glacé que s'il venait droit du Grand Nord. Préparé par un barman malhabile, il est insipide et fade. Mais celui-ci avait été merveilleusement concocté. Son mordant s'approchait vraiment de la perfection."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.23, Tous vivent vraiment dans ce monde,  ed.Belfond

3.12.18

Meurtre et Commandeur (35) : porte



"De haut murs blancs cernaient la propriété de part et d'autre d'un portail imposant, apparemment très solide. Un portail en bois à deux larges battants, peint en brun foncé. on aurait dit la porte d'un château du Moyen Âge tel qu'on en voit dans les fils d'Akira Kurosawa : ne manquaient plus que les flèches plantées ici et là pour parfaire le décor."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.23, Tous vivent vraiment dans ce monde,  ed.Belfond

2.12.18

Meurtre et commandeur (34) : c'est pas du faux

""Dis, tu sais ? me dit ma sœur en marchant, d'une toute petite voix, comme pour ne pas être entendue par quelqu'un d'autre (il n'y avait personne en fait). Alice, elle existe vraiment. C'est pas du fau. C'est vrai. Le Lièvre de mars aussi, et le Morse, et le Chat du Cheshire, et les Cartes Soldats, tous vivent vraiment dans ce monde.
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.23, Tous vivent vraiment dans ce monde,  ed.Belfond

1.12.18

Commandeur et meurtre (36) : derrière moi


"En l'écoutant, j'avais l'impression que le Commandeur était sur le point d'apparaître dans mon dos, mais non, il ne se manifesta pas.
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

30.11.18

Commandeur et meurtre (35) : festin

"Qu'en sera-t-il de ce Commandeur ? Faut-il lui préparer un repas ? Ou bien ne pourra-t-il pas goûter aux mets de ce bas monde ?
- Il n'est pas nécessaire de lui préparer un repas. Il ne peut prendre la moindre nourriture ni boire une gorgée de vin. Simplement, pourriez-vous prévoir une place pour lui ?"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

29.11.18

Commandeur et meurtre (34) : Monk


"Regarde Thelonious Monk. Ses accords énigmatiques sont aucunement fruit d'une théorie ou d'un raisonnement, que nenni. Il a seulement ouvert bien grand les yeux et il s'est contenté de les puiser à deux mains dans l'obscurité de sa conscience. L'important est point de créer à partir de rien. Ce que tu dois plutôt faire, Messieurs, c'est de trouver celle qu'il te faut parmi leschoses qui sont déjà en ta possession."
Cet homme connaissait donc Thelonious Monk."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

28.11.18

Commandeur et meurtre (33) : Edward G. Robinson


"Le Commandeur inclina légèrement la tête l'air de réfléchir. En arborant cette expression grave, il avait quelque chose d'un petit diable. Ou il faisait penser à l'acteur de vieux films de gangsters, Edward G. Robinson. Il n'était pas exclu, d'ailleurs, que le Commandeur ait effectivement "emprunté" cette expression à Edward G. Robinson. Cela n'avait rien d'impossible"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

23.11.18

Commandeur et meurtre (32) : de l'ignorance

"Lorsque c'est possible, il y a aussi des choses qu'il vaut mieux continuer à ignorer, avait-il dit. C'était peut-être vrai. Dans ce monde, il y a certainement des choses qu'il est préférable de continuer à ne pas entendre. Toutefois, on ne peut rester éternellement sans entendre. quand vient le temps, aussi hermétiquement qu'on se soit bouché les oreilles, le bruit fait trembler l'air et s'enfonce dans le cœur de l'homme. Il est impossible de l'en empêcher. Si vous ne voulez pas qu'il en soit ainsi, il ne vous reste qu'à aller dans le monde du vide."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.20, L'instant ou présence et absence allaient se mêler,  ed.Belfond

22.11.18

Commandeur et meurtre (31) : silence

Dans le silence du bois, je pouvais presque percevoir jusqu'au bruit de l'écoulement du temps, du passage de la vie. Un humain s'en allait, un autre arrivait. Un sentiment s'en allait, un autre arrivait. Une image s'en allait, une autre arrivait. Et moi aussi, je me désintégrais petit à petit dans l'accumulation de chaque moment, de chaque jour, avant de me régénérer. Rien ne demeurerait au même endroit. Et le temps se perdrait. Un instant après l'autre, le temps s'écroulait puis disparaissait derrière moi, comme du sable mort. Assis devant la fosse, l'oreille aux aguets, je ne faisais qu'écouter le temps mourir."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.20, L'instant ou présence et absence allaient se mêler,  ed.Belfond

21.11.18

Commandeur et meurtre (30) : toile blanche

"J'avais toujours aimé, tôt le matin, contempler longuement une toile absolument vierge, sur laquelle il n'y avait encore aucun dessin, aucune peinture. J'appelais ce moment "le zen de la toile". rien encore n'était dessiné, mais ce n'était absolument pas du vide qu'il y avait là. sur cette surface immaculée se dissimulait la forme sur le point d'advenir. Si je fixais mon regard dessus, je discernais diverses possibilités, lesquelles finiraient bientôt par converger avant de déboucher en une piste concrète. J'aimais cet instant. l'instant où présence et absence allaient se mêler."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.20, L'instant ou présence et absence allaient se mêler,  ed.Belfond

20.11.18

Commandeur et meurtre (29) : gaspillage

" "On y va," lança-t-elle soudain.
La dessus, elle but la moitié de son verre d'eau et elle se leva. Sur la table, son café restait presque intact, juste une gorgée bue. Même chose pour son cheese-cake, juste une bouchée grignotée. La scène m'évoqua le lieu d'un drame.
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.17, Comment avais-je pu laissé échapper une chose aussi importante?  ed.Belfond

19.11.18

Commandeur et meurtre (28) : soap music


"Je ne me souviens plus si la chanson avait été composée par John Lennon ou par Paul MacCartney. Sans doute par Lennon."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.17, Comment avais-je pu laissé échapper une chose aussi importante?  ed.Belfond

18.11.18

Commandeur et meurtre (27) : défense contre la momie

"Même après notre séparation, elle et moi étions restés reliés par un cordon vivant - c'était ainsi que je le ressentais. Ce cordon était invisible aux yeux, mais il palpitait encore avec de petits battements, et une sorte de sang chaud circulait faiblement entre nos deux âmes. Du moins, de mon côté, subsistait cette sensation organique. Mais ce cordon serait certainement coupé un jour pas si lointain. Si tôt ou tard il devait être rompu, il fallait que je transforme le plus rapidement possible cette modeste artère vitale qui nous reliait en quelque chose d'inanimé. Car une fois que ce cordon serait dépourvu de vie, desséché et racorni à l'image d'une momie, la souffrance de son amputation à venir, la douleur que donnerait une lame aiguisée serait d'autant plus supportable."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.17, Comment avais-je pu laissé échapper une chose aussi importante?  ed.Belfond

15.11.18

Commandeur et meurtre (26) : de la nouveauté

-->
Je déjeunai d'une salade de tomates et de tofu et d'un onigiri. Après quoi, je bus un thé vert corsé. Puis j'allais m'allonger sur le canapé, écoutai un quatuor à cordes de Schubert. C'était une blle composition. En lisant les explications qui figuraient sur la pochette du disque, j'appris que lorsque ce morceau avait été joué pour la première fois, beaucoup, dans le public, avaient éprouvé un sentiment de rejet, le jugeant "trop nouveau". Je ne voyais pas très bien en quoi il était "trop nouveau"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.16, Une journée relativement bonne,  ed.Belfond

14.11.18

Commandeur et meurtre (25) : huile de Shodoshima ?


"Je préparai de la sauce tomate en écoutant ces sonates depuis la cuisine. Il me restait une grande quantité de tomates et je voulais les utiliser pour faire de la sauce avant qu'elles ne s'abîment.
Je fis bouillir de l'eau dans un grand faitout, plongeai les tomates dedans, enlevai leur peau, les détaillai au couteau, ôtai leurs graines, écrasai les chairs, puis je versai un filet d'huile d'olive dans une grande sauteuse en acier, rajoutai de l'ail et les mis à cuire un bon moment. J'écumai fréquemment. Du temps où je vivais avec ma femme, c'était une sauce que j'avais souvent concoctée. Cela prenait du temps, il fallait de la patience, mais c'était une tâche, par principe, simple. Pendant que ma femme était au travail, seul à la ciusine, je m'y attelais en écoutant des CD."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.15, Ce n'est que le début, ed.Belfond,

13.11.18

Commandeur et meurtre (24) : audiophilie



"Les enceintes Tannoy Autograph ne payaient pas de mine, et pourtant, elles diffusaient un son équilibré, avec de la profondeur. C'étaient des enceintes parfaites pour écouter de la musique classique, en particulier de la musique de chambre. Elles s'accordaient d'autant mieux avec l'ampli à tubes qu'elles étaient anciennes."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.15, Ce n'est que le début,  ed.Belfond,

12.11.18

Commandeur et meurtre (23) : sandwichs

"A la cuisine, je préparai des sandwichs avec du jambon, de la laitue, des cornichons, et nous sortîmes sur la terrasse pour les manger en contemplant la pluie."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.15, Ce n'est que le début,  ed.Belfond,

11.11.18

Commandeur et meurtre (22) : politesse musicale

"Quant aux disques de Tchaïkovski, de Rachmaninov, de Sibelius, comme ceux de Vivaldi, de Debussy, de Ravel, les indispensables étaient certes là, mais on aurait dit qu'ils faisaient partie de sa discothèque par simple correction. "

MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.12, Comme ce facteur inconnu,  ed.Belfond,

10.11.18

Commandeur et Meurtre (21) : beurk 2

"Une fois par semaine, je cuisinais d'avance différents plats d'un seul coup. Puis je les mettais au réfrigérateur ou au freezer, et j'étais ainsi tranquille pour une semaine. Ce jour-là était un jour de cuisine. Pour le dîner , j'avais fait cuire du chou et des saucisses, que j'accompagnai de macaronis. Je mangeai aussi une salade de tomates, d'avocat et d'oignons. "


MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.12, Comme ce facteur inconnu,  ed.Belfond,

9.11.18

Commandeur et Meurtre (20) : cela n'arrive que très rarement


"Il ne l'imaginait sûrement pas ! Que plus de cent et quelques dizaines d'années plus tard, de si nombreux visiteurs du monde entier aillent délibérément dans un musée, ou bien ouvrent un livre d'art, pour contempler, le regard pensif, sa propre figure peinte."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.12, Comme ce facteur inconnu,  ed.Belfond,

8.11.18

Commandeur et meurtre, livre 1 (19) : variantes





"Je l'ai entendu avec grand plaisir "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.9, un échange mutuel, ed.Belfond,

7.11.18

Commandeur et meurtre, livre 1 (18) : en boucle


"Cet opéra a une particularité : une fois qu'on l'a aimé, on ne peut plus s'en passer."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.9, un échange mutuel, ed.Belfond,

4.11.18

Chroniques désordonnées au pays nippon de l'olive et autres délices (1) : thé hojicha

Pendant mon voyage au Japon, j'ai pris beaucoup de photos mais je n'ai eu ni le temps ni l'envie de faire une chronique. Mon ami Alain l'a fait tellement bien à ma place !
Maintenant que je suis rentrée, déjà nostalgique, ayant vidé une valise pleine de trouvailles, c'est le moment de me replonger dans mes souvenirs tout frais.
Ce matin, Hatsuo a décidé d'ouvrir le paquet de thé Hojicha que nous avons rapporté de Kurashiki.

Le thé Hojicha, comme l'indique Wikipedia, c'est un thé au départ assez quelconque, mais torréfié, il a un goût très particulier que j'apprécie beaucoup. Comme de plus il a un taux de caféine très faible, on peut en boire à tout moment. Il parait qu'il s'allie parfaitement aux sushis. Mais dans les sushiyas du Japon, c'est du thé vert en poudre que l'on boit, et j'en ai rapporté aussi, et même une version délicieuse avec du lait ( ce doit être chimique au possible, c'est ça l'avantage de ne pas savoir lire les compositions en Japonais )
Mon thé Hojicha, c'est le joli sachet en papier kraft.  Nous l'avions repéré dans notre guide pour Kurashiki et nous cherchions la boutique. Les gens ont été adorables : tout le quartier s'est rassemblé pour nous trouver la boutique de thé, les gens s'interpelant de boutique en boutique et formant un mini-attroupement avec force discours dont je ne captais rien mais dont Hatsuo ne ratait pas un mot. La boutique est tenue par le fabriquant lui-même, que j'ai hésité à photographier et pourtant c'était un très beau vieux monsieur et sa boutique était très belle, comme toutes les boutiques de Kurashiki et quasi Kurashiki toute entière. Mais le monsieur est moderne, il a un beau site internet avec la photo de sa jolie boutique. Il vend son sac de thé avec le mode d'emploi, très joli lui aussi :

et pour les gaijins aussi, au verso :


Nous sommes arrivés à Kurashiki de nuit, et nous avons erré dans la ville endormie. C'était déjà très joli, le long du canal les très belles maisons. Finalement, certaines choses étaient familières : au restaurant, de la poutine, mais servie sur un lit de tofu; grâce au conseil d'Hatsuo, j'ai pu aussi consommer du poisson de saison, mais je ne connais pas son nom.


Le lendemain, l'atmosphère diurne était différente, très animée. 
Toutes les boutiques ouvertes, et en même temps une qualité de l'architecture et des productions que j'ai rarement rencontrée dans les autres petites villes que j'ai visités. 


Nous n'avons pas fait que les boutiques, mais visité aussi la très belle demeure d'un négociant en riz, la maison Ohashi, qui est presque un quartier en elle-même; 




il y avait un pavillon de thé donnant sur un jardin 

et une employée voyant notre intérêt n'a pas lésiné sur les moyens


Toute la ville est pleine de magasins d'artisans, d'authentiques créateurs en tout genre. A la boutique face au magasin de thé, tatami and co, j'ai failli craquer pour un service à soba tête à tête, avais aussi envie d'acheter tous les balais, mais finalement j'ai acquis un couvre-livre pour mon Murakami, avant de m'apercevoir que mon Murakami il est trop grand ;-)


Nous avons aussi été invités à visiter une exposition d'un professeur et de ses élèves en couture, où il y avait de véritables merveilles (vous remarquerez l'adorable franponais). 

J'ai été autorisée exceptionnellement à faire une photo.

Il y aussi une foule de créateurs de vêtements, car à Kurashiki on fabrique du denim, des jeans, et autres variations. Même le Point en parle. Il y avait de magnifiques pièces très originales, dans tous les genres. Je me suis contenté de craquer sur un petit sac très rigolo.

J'avoue avoir quitté Kurashiki à regret, sans avoir pu visiter à mon gré l'ensemble de la ville, car nous devions prendre train et bateau pour les îles. Je compte bien y retourner, ce qui sera sans doute possible puisqu'elle se trouve sur la ligne de Shinkansen entre Osaka et les grandes villes plus au sud ...





30.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (17) : belles oreilles

"Le faîte de ses grandes oreilles pointues étaient visible entre ses cheveux blancs joliment coupés. Ces oreilles me faisaient ressentir comme une force vitale d'une fraîcheur vivifiante. Elles m'évoquaient la vivacité des champignons de la forêt qui, les matins pluvieux d'automne, pointent leur tête au milieu de l'amoncellement des feuilles mortes. "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 7. Un nom dont on se souvient aisément. Que ce soit un bien ou un mal, ed. Belfond

29.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (16) : l'incolore menshiki

"...M. Menshiki, vous dites ... ?
- Mon nom s'écrit avec le men qui peut signifier "échapper à", "épargner" et le shiki dans le sens de "couleur".
-Ah, très bien", répondis-je en visualisant mentalement les deux idéogrammes qui composaient son patronyme. Une association plutôt étonnante, d'ailleurs.
" Epargné par les couleurs, ajouta l'homme. C'est un nom rare. En dehors des membres de ma famille, je ne l'ai quasiment jamais rencontré.
- Mais il est facile à retenir.
- Vous avez raison. C'est un nom dont on se souvient aisément. Que ce soit un bien ou un mal."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 7. Un nom dont on se souvient aisément. Que ce soit un bien ou un mal, ed. Belfond

28.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (15) : beurk


"Au bout d'un moment, sentant un petit creux, je me rendis dans la cuisine et revins dans l'atelier avec une assiette garnie de crackers Ritz et une bouteille de ketchup. Puis je retournai à ma contemplation en grignotant les crackers agrémentés de sauce. Une combinaison loin d'être délicieuse, bien entendu. Et même tout à fait exécrable. Mais bonne ou mauvaise, à cet-instant-là, c'était pour moi sans importance. Du moment que ça me remplissait un peu l'estomac, je ne m'en souciais pas."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 6. Un solliciteur sans visage, ed. Belfond

27.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (14) : tout ce sang


"Je finis par connaître par cœur les paroles chantées et les textes prononcés"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 5 Il ne respire plus, ses membres se glacent, ed. Belfond

26.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (13) : titre


Et en effet, j'eus la confirmation qu'il y avait bien un "Commandeur" dans la scène initiale, qui était assassiné. Ce personnage n'était pas nommé. On l'appelait seulement "le Commandeur."

MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 5 Il ne respire plus, ses membres se glacent, ed. Belfond

25.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (12) : étrangeté

" En y pensant rétrospectivement, je me dis que nos vies sont faites d'une façon vraiment étranges. Elles regorgent de hasards extravagants et difficiles à croire, de développements en zigzag impossibles à pronostiquer. Mais lorsque ces événements nous arrivent réellement lorqu'on est plongé en plein milieu du tourbillon, il est possible de ne pas y voir le moindre élément étrange. Peut-être ce qui arrive nous semble-t-il uniquement des faits parmi les plus ordinaires, se produisant de la façon la plus ordinaire, dans un quotidien linéaire. Ou bien au contraire, peut-être tout cela nous paraît-il complètement insensé. Mais en fin de compte, c'est seulement beaucoup plus tard que l'on saura vraiment si un événement est conforme à la raison ou pas."
ce sont les conséquences , dans la plupart des cas, qui nous permettent de déterminer su les choses sont raisonnables ou pas."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 4 Vues de loin, la plupart des choses semblent belles, ed. Belfond

24.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (11) : musique française


"Alors qu'il peinait dans la composition d'un opéra, Claude Debussy écrivit quelque part : "Jour après jour je persiste à créer du rien." Et moi, cet été-là, de la même façon, je m'appliquais à "créer du rien" au quotidien. Sans aller jusqu'à dire qu'il y avait entre nous de l'intimité, sans doute m'étais-je familiarisé avec cette confrontation journalière avec le "rien".

MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 4 Vues de loin, la plupart des choses semblent belles, ed. Belfond

23.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (10) : Puccini


"(Pour je ne sais quelle raison, je n'écoutais que du Puccini à cette époque.)"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 4 Vues de loin, la plupart des choses semblent belles, ed. Belfond

22.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (09) : Kubrick


"Surtout si tu as l'intention de vivre seul dans un endroit pareil, tu devras te forcer à descendre en ville plusieurs fois par semaine pour garder un minimum de contacts humains. Sinon, tu deviendras complètement fou. Ce serait embêtant, hein, comme dans Shining.
Masahiko grimaça à la manière de Jack Nicholson. Il avait toujours eu un bon talent d'imitateur."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur livre 1, ch. 3 Ce n'est rien de plus qu'un reflet physique, ed. Belfond

21.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (08) : reflet

"Après avoir raccroché, j'allai au cabinet de toilette et me regardai dans la glace. Mon visage était reflété là. Cela faisait très longtemps que je ne l'avais pas observé, de face. Le moi que l'on voyait dans la glace, avait-elle dit, n'était rien de plus qu'un reflet physique. Mai le visage qui était réfléchi là, le mien, ce n'était que l'autre moitié de moi, une moitié hypothétique qui, à un certain moment de ma vie, avait bifurqué. Celui qui était là, c'était le moi que je n'avais pas choisi. Ce n'était m^rmr pas un simple reflet physique."
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 3 Ce n'est rien de plus qu'un reflet physique, ed. Belfond

20.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (07) : décès

"Je lui expliquai que j'avais longuement voyagé. Je n'avais cessé de conduire, seul. J'avais vagabondé ici et là dans des régions froides. Et en chemin, la voiture avait rendu l'âme. Je lui fis un petit compte-rendu de mes pérégrinations.
"Malgré tout, tu vas bien ?
- Je suis vivant, oui, dis-je. C'est la voiture qui est morte."

MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 3 Ce n'est rien de plus qu'un reflet physique, ed. Belfond

19.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (06) : Hitchcock

"Le matin du deuxième jour, alors que je me trouvais non loin de la ville de Murakami, je téléphonai à mon agent et lui annonçai ma décision de renoncer à mon travail de portraitiste durant un certain temps."
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 2 Tout le monde finira peut-être par aller sur la lune, ed. Belfond

18.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (05) : autoroute


"Puis je continuais droit vers le nord, sur l'autoroute, en écoutant le plaisant solo de blues de Milt Jackson.
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 2 Tout le monde finira peut-être par aller sur la lune, ed. Belfond

17.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (04) : musique prodigieuse


"Ma femme aimait l'écouter quand nous nous baladions en voiture. C'est un opus avec de belles mélodies, malgré son étrange composition puisqu'il est formé de l'équivalent de deux quatuors à cordes. Mendelssohn l'a écrit alors qu'il n'avait que seize ans. C'est ma femme qui me l'a expliqué. Mendelssohn était un jeune prodige."
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 2 Tout le monde finira peut-être par aller sur la lune, ed. Belfond

16.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (03) : pas faim

"Le lieu était désert. La serveuse s'approcha, je commandai un café et un sandwich jambon-fromage. Puis, tout en buvant mon café, je fermai les yeux, tentai de ma calmer. (...) Quand j'eus achevé moncafé, la serveuse vint me resservir. A ma demande, elle me donna une pochette en papier dans laquelle je mis le sandwich intact. J'aurai sans doute fin plus tard."
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 2 Tout le monde finira peut-être par aller sur la lune, ed. Belfond

15.10.18

Commandeur et meurtre livre 1 (02) : leaving Las Vegas


"Après avoir écouté trois morceaux, j'éteignis."
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 2 Tout le monde finira peut-être par aller sur la lune, ed. Belfond

14.10.18

Commandeur et meurtre, livre 1 (01) : pâtes spéciales

"Elle portait un pull fin, violet pâle, largement échancré. Les bretelles souples de son caraco blanc étaient visibles tout près de ses clavicules saillantes. On aurait dit une sorte particulière de pâtes italiennes, qu'on utiliserait pour un plat spécial."
MURAKAMI Haruki, Le meurtre du commandeur livre 1, ch. 2 Tout le monde finira peut-être par aller sur la lune, ed. Belfond

16.8.18

variations gnocchesque (3) : du cru encore

Mini tomates allongées, petits boursins apéros, basilic de la terrasse, un filet d'huile d'olive, sauce ponju ...

21.7.18

Ma coupe du monde à la montagne


La finale au milieu des montagnes a commencé dans la voiture, sur France Inter. J'avoue avoir hésité à quitter ma voiture, tant j'aime "regarder" les matchs à la radio (mon tout premier, c'était au Portugal en 82 avec l'affaire Schuemacher en direct). Finalement, c'est sur l'écran géant de la station, dans la salle des fêtes, que j'ai vécu l'événement. Si proche de la vie quotidienne, de notre vie : des moments de génie, et de grosses bêtises. Et la joie toute simple des spectateurs, certains déguisés de façon adorablement ridicules. Moi, la grande solitaire, plutôt agoraphobe, j'ai vibré en communauté, et j'ai aimé ça.
Puis ça a été la liesse, avec les moyens montagnards du bord.



Le lendemain, bien sûr, certains n'avaient pas changé : voitures brûlées, vitrines cassées. Le réflexe immédiat de l'injure, de la mesquinerie, des règlements de compte (surtout ne pas oublier Finkielkraut). Tant pis pour eux. j'ai gardé ma joie simple, celle du partage avec des inconnus, même si je ne sais pas pour qui ils ont voté. C'était bien.

19.7.18

Comme dans mon livre de Géographie

photo d'Hatsuo Adachihara

Une étrange émotion m'étreint lorsqu'en haut du glacier, le guide nous a montré le Mont Blanc au loin. Il n'apparaissait pas comme la plus belle montagne, autour de nous il y en avait de plus découpées, de plus impressionnantes, de plus attirantes. Il était loin, et n'apparaissait pas si haut, à côté des Ecrins juste voisin, d'où nous avions vu de la lunette de la table d'orientation des gens encordés traverser le flanc.
Non, juste l'émotion de l'écolière, à la vue de la montagne sortie du livre de Géographie, avec en légende, en bas, en gras 4807m.
Juste parce que c'était lui, sur la grande carte du relief de la
France accrochée au dessus du tableau noir, dont le nom était écrit en gros, sauf lorsqu'on tournait du côté de la carte muette le jour de l'interrogation écrite.
Je vais chercher un poster du Mont Blanc et je vais l'accrocher dans ma nouvelle classe, à la rentrée.

21.5.18

De Pessah à Chavouot : Arrivée : Psaume 50

traduction du rabbinat

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1 Psaume d’Assaph. Le Dieu tout-puissant, l’Eternel parle; il adresse un appel à la terre, du soleil levant jusqu’à son couchant. 2 De Sion, ce centre de beauté, l’Eternel rayonne. 3 Il s’avance, notre Dieu, et ce n’est pas en silence: devant lui, un feu qui dévore, autour de lui gronde la tempête. 4 Il adresse son appel aux cieux d’en haut ainsi qu’à la terre, en vue de juger son peuple: 5 "Rassemblez-moi mes pieux serviteurs, qui ont sanctionné mon alliance par un sacrifice!" 6 Et les cieux proclament sa justice, car c’est Dieu qui est le juge. Sélah! 7 Ecoute, mon peuple, je veux parler; Israël, je veux t’adjurer solennellement: Je suis Dieu, ton Dieu! 8 Ce n’est pas pour tes sacrifices que je te reprends: tes holocaustes sont constamment sous mes yeux. 9 Je ne réclame pas de taureau de ta maison, ni des béliers de tes parcs. 10 Car à moi sont tous les fauves de la forêt, les bêtes qui peuplent par milliers les montagnes. 11 Je connais tous les oiseaux des hauteurs, tout ce qui se meut dans les champs est à ma portée. 12 Dussé-je avoir faim, je ne te le dirais pas, car l’univers, avec ce qu’il renferme, m’appartient. 13 Est-ce donc que je mange la chair des taureaux? Est-ce que je bois le sang des béliers? 14 En guise de sacrifice, offre à Dieu des actions de grâce, ainsi tu acquitteras tes vœux envers le Très-Haut. 15 Alors tu pourras m’appeler au jour de la détresse, je te tirerai du danger, et tu m’honoreras! 16 Quant au méchant, Dieu lui dit: "Qu’as-tu à proclamer mes statuts et à porter mon alliance sur tes lèvres? 17 Tu détestes pourtant la loi morale, et rejettes avec dédain mes paroles. 18 Vois-tu un voleur? Tu fais cause commune avec lui, tu t’associes avec des gens dissolus. 19 Tu donnes libre carrière à ta bouche pour le mal, et ta langue enfile des discours astucieux. 20 Tu t’installes pour déblatérer contre ton frère; sur le fils de ta mère tu jettes le déshonneur. 21 Voilà ce que tu fais, et je me tairais! T’imagines-tu que je puisse être comme toi? Je te reprendrai et te mettrai [mes griefs] sous les yeux." 22 Faites-y donc attention, vous qui oubliez Dieu, de peur que je ne sévisse, sans que personne puisse détourner mes coups. 23 Quiconque offre comme sacrifice des actions de grâce m’honore; quiconque dirige avec soin sa conduite, je le ferai jouir de l’aide divine.



traduction Louis Segond :
  1. Psaume d’Asaph.
    Dieu, Dieu, l’Éternel, parle, et convoque la terre,
    depuis le soleil levant jusqu’au soleil couchant.
  2. De Sion, beauté parfaite,
    Dieu resplendit.
  3. Il vient, notre Dieu, il ne reste pas en silence ;
    devant lui est un feu dévorant,
    autour de lui une violente tempête.
  4. Il crie vers les cieux en haut,
    et vers la terre, pour juger son peuple :
  5. Rassemblez-moi mes fidèles,
    qui ont fait alliance avec moi par le sacrifice !
  6. Et les cieux publieront sa justice,
    car c’est Dieu qui est juge.:Pause
  7. Écoute, mon peuple ! et je parlerai ;
    Israël ! et je t’avertirai.
    Je suis Dieu, ton Dieu.
  8. Ce n’est pas pour tes sacrifices que je te fais des reproches ;
    tes holocaustes sont constamment devant moi.
  9. Je ne prendrai pas de taureau dans ta maison,
    ni de bouc dans tes bergeries.
  10. Car tous les animaux des forêts sont à moi,
    toutes les bêtes des montagnes par milliers ;
  11. je connais tous les oiseaux des montagnes,
    et tout ce qui se meut dans les champs m’appartient.
  12. Si j’avais faim, je ne te le dirais pas,
    car le monde est à moi et tout ce qu’il renferme.
  13. Est-ce que je mange la chair des taureaux ?
    Est-ce que je bois le sang des boucs ?
  14. Offre pour sacrifice à Dieu des actions de grâces,
    et accomplis tes vœux envers le Très-Haut.
  15. Et invoque-moi au jour de la détresse ;
    je te délivrerai, et tu me glorifieras.
  16. Et Dieu dit au méchant :
    Quoi donc ! tu énumères mes lois,
    et tu as mon alliance à la bouche,
  17. Toi qui hais les avis,
    et qui jettes mes paroles derrière toi !
  18. Si tu vois un voleur, tu te plais avec lui,
    et ta part est avec les adultères.
  19. Tu livres ta bouche au mal,
    et ta langue est un tissu de tromperies.
  20. Tu t’assieds, et tu parles contre ton frère,
    tu diffames le fils de ta mère.
  21. Voilà ce que tu as fait, et je me suis tu.
    Tu t’es imaginé que je te ressemblais ;
    mais je vais te reprendre, et tout mettre sous tes yeux.
  22. Prenez-y donc garde, vous qui oubliez Dieu,
    de peur que je ne déchire, sans que personne délivre.
  23. Celui qui offre pour sacrifice des actions de grâces me glorifie,
    et à celui qui veille sur sa voie
    je ferai voir le salut de Dieu.

En ce dernier jour, voyageons à travers le monde, en attendant l'année prochaine, de Pessah à Chavouot, entre psaume 51 et 100 !






Mon extrait :
"Car tous les animaux des forêts sont à moi,
toutes les bêtes des montagnes par milliers ;
je connais tous les oiseaux des montagnes,
et tout ce qui se meut dans les champs m’appartient.
"