26.12.14

Voyage avec un incolore (34) : Cela lui revient


""Mais, dis-moi, est-ce que tu te souviens d'un air que Blanche jouait souvent au piano ? Le Mal du Pays, de Franz Liszt. Une mélodie très calme qui dure cinq ou six minutes."
Bleu réfléchit puis secoua la tête. "Si je l'entendais, peut-être. Mais juste avec le titre du morceau, je ne vois pas. Je ne suis pas très fort en musique classique. Pourquoi me demandes-tu ça ?
- Pour rien, c'est juste que cela me revient."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, ch.10, MURAKAMI Haruki.

22.12.14

Cent vues (86) : reprise des travaux en cours

Ashiro no Fuji, Hokusai

Où là là ! Depuis mars j'avais laisser l'entreprise en échafaudage ! Il est temps de reprendre les travaux !

Mes notes de chevet (112 ter)

"Bien qu'une lettre n'ait rien que l'on puisse qualifier d'étrange, c'est pourtant une chose magnifique. Alors qu'on pense avec anxiété à une personne qui se trouve dans une province éloignée, en se demandant comment elle peut aller, on reçoit d'elle un billet ; à le lire, on éprouve la même impression que si l'on se voyait, tout à coup, en face de son amie. C'est merveilleux."
Notes de Chevet, Sei Shônagon

Utamaro

Mes notes de Chevet :
Aujourd'hui le monde s'est rétréci, et une lettre manuscrite dans une boîte aux lettres devient tout aussi étrange et magnifique que pour Sei ...

6.12.14

Mes notes de chevet (112bis) : urgence de la reprise

"On connaît le cœur d'une femme lorsqu'on a regardé son miroir ou son encrier ; il en est de même pour tous les objets dont elle se sert. Quand elle laisse s'accumuler la poussière dans l'écritoire, il n'est rien d'aussi déplaisant."
Notes de Chevet , Sei Shônagon


Mes notes de Chevet : 
 Pour mes deux fois cinq années, je me suis offert un livre tout juste sorti, tout juste fait pour moi, Sei Shônagon-Hokusai. Je l'ai laissé quinze jours dans son écrin de cellophane, attendant le moment propice et solennel de l'ouvrir. C'est aujourd'hui, par la pluie du dehors, que j'ai jugé qu'il en était assez, qu'il fallait desceller, et reprendre là où j'en étais. J'ouvre au 112, je trouve cette citation. Comme toujours, ma sœur Sei veille sur moi. Il est tant de dépoussiérer...


5.12.14

Ils roulent pour nous !

Vous êtes contre l'écotaxe, et leurs péages routiers  ?
Méditez ceci...
Dans ma commande de papeterie, il y avait eu un oubli qu'il fallait réparer.

 Voici le colis du matériel manquant :
 12 petits bâtons de colle !


27.11.14

Voyage avec un incolore (33) : sur l'écran noir


"Tu as vu le film ?
-Il y a très longtemps à la télé, un soir tard. Mais pas jusqu'à la fin."

MURAKAMI Haruki, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, ch.10

Voyage avec un incolore (32) : ça s'en va et ça revient


"Soudain, Tsukuru se souvint du titre de la chanson."
MURAKAMI Haruki, l'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, ch. 10

26.11.14

Voyage avec un incolore (31) : amnésie


"Tsukuru se rappelait cette mélodie. Une vieille chanson pop, peut-être déjà à la mode avant sa naissance. Il l'avait entendue bien des fois, mais il ne se souvenait pas de son titre"
MURAKAMI Hatsuo, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, ch.10

25.11.14

Voyage avec un incolore (30) : l'aimez-vous ?

" Durant les quinze minutes environ que dura son attente, il mémorisa tous les modèles de Lexus proposés à la vente. Il nota qu'elles ne portaient pas un nom comme "Corolla" ou "Crown", mais qu'on les distinguait simplement par un numéro. Comme les Mercedes ou les BMW. Ou comme les symphonies de Brahms."
MURAKAMI Hatsuo, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, ch.10

24.11.14

Voyage avec un incolore (29) : Brésil


Elle le guida jusqu'à un canapé en cuir noir qui avait l'air très coûteux. A côté se trouvait une énorme plante en pot. Un morceau d'Antônio Carlos Jobim était diffusé à faible volume."
MURAKAMI Hatsuo, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, ch.10

23.11.14

Voyage avec un incolore (28) : gares



Le son du Japon, 7 : Parvis devant la Gare... par dvorahzehev
"Tsukuru était surtout impressionné par l'innombrable quantité d'humains qui peuplaient cette planète. Il lui semblait tout aussi miraculeux que , dans ce monde, circulent un si grand nombre de trains. Que tant de gens dans tant de wagons soient ainsi transportés aussi méthodiquement. Que tant de gens viennent de quelque part et se rendent autre part. "
MURAKAMI Hatsuo, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, ch.9

22.11.14

Voyage avec un incolore (27) : immobilité


"Au fond, l'un comme l'autre n'ont jamais mis un pied hors de leur ville natale. Ils ont fait toute leur scolarité à Nagoya, et ils y travaillent. Cela fait un peu penser au Monde Perdu de Conan Doyle. Dis-moi, Nagoya est un endroit si agréable que ça ?"
MURAKAMI Hatsuo, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, ch.9

21.11.14

Voyage avec un incolore (26) : vie solitaire et paisible


"Le temps s'écoulait calmement autour de lui, sans presque laisser de traces. Parfois, il posait sur la platine le disque des Années de pèlerinage et il l'écoutait attentivement.
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.7

20.11.14

Voyage avec un incolore (25) : aphasie


"Tsukuru cherchait ses mots au milieu des ténèbres. Ce n'étaient pas des mots qu'il aurait adressés à quelqu'un en particulier. Mais il lui fallait trouver les mots justes, ne serait-ce qu'un seul, pour combler l'espace anonyme du silence. Avant que Haida ne revienne de la salle de bains. Mais il ne les trouva pas. Tout ce temps durant, jouait dans sa tête une mélodie toute simple. C'est seulement plus tard qu'il s'en souvint."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, MURAKAMI Haruki, ch.7

10.11.14

Voyage avec un incolore (24) : transmission


"Voyons, qu'est-ce qu'il pourrait devenir ? Il se pourrait qu'il disparaisse avec moi. Ou peut-être subsisterait-il ensuite sous je ne sais quelle forme. Et continuerait-il à se transmettre d'un homme à un autre, qui sait ?"
Murakami Haruki, L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, ch.5

9.11.14

Voyage avec un incolore (23) : Round Midnight


Le jeune Haida, pour sa part, n'était pas en mesure de comprendre pleinement ce que cette nature signifiait pour Midorikawa.Etait-ce un bonheur ou bien un fardeau ? Une grâce ou une malédiction ? Ou encore, ce don contenait-il tout cela à la fois ?"

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.5

8.11.14

Voyage avec un incolore (22) : enough


L'endroit lui plaisait, car il offrait tout le nécessaire et aucun superflu."

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.5

7.11.14

Voyage avec un incolore (21) : affinités


" L'homme lui adressa la parole. Pour une raison ou pour une autre, il semblait avoir nourri dès le premier regard un intérêt considérable pour le jeune employé. Sa curiosité venait peut-être de ce qu'il l'avait aperçu, durant ses heures de pause, assis sur la véranda en train de feuilleter un recueil des œuvres de Georges Bataille."


L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.5

28.10.14

On s'est baladé : la Roche de l'Abisse

Personne n'a l'air de connaître en France ce fabuleux endroit. Nous avions prévu plusieurs fois cette randonnée et deux fois au moins avons du renoncer à cause du brouillard. Mardi, nous avions décidé de suivre ce circuit:
Partis de Nice très tôt, nous sommes arrivés au Col de Tende avec un temps épouvantable, et nous avons du renoncer, très déçu. Nous avons fait alors une randonnée en voiture en cherchant un temps plus clément vers le Fort Marguerite puis vers Casterino. Le temps est devenu magnifique, et un chasseur nous a indiqué un autre itinéraire possible pour la Roche de l'Abisse, au départ de la balise 376. C'était beaucoup plus long, mais magnifique. Le brouillard sur le col de Tende était somptueux, et cerise sur le gâteau, un petit troupeau de chamois nous a rejoint au sommet !
Les photos 

24.10.14

On s'est baladé : Lac Vert et Fontanalbe


A la poursuite de l'automne des mélèzes, nous sommes allés à Casterino prendre le départ pour le Lac Vert et Fontanalbe.
Nous avons suivi presque cette randonnée, avec un détour au Lac des Grenouilles, et surtout un retour par l'autre piste beaucoup moins joli que l'aller, plus long et qui fait ensuite marcher sur le goudron. L'aller retour ce sera très bien, la prochaine fois.
 

18.10.14

Voyage avec un incolore (20) : Article Imagination de l'Encyclopédie

"Voltaire le réaliste disait que l'originalité n'était rien d'autre qu'une imitation judicieuse".
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, chapitre 4

15.10.14

Voyage avec un incolore (19) : en cuisine


" Le chef hait le serveur, et l'un et l'autre haïssent les clients, déclara Haida. Ce sont les mots d'Arnold Wesker, dans la pièce La Cuisine."

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

30.9.14

Voyage avec un incolore (18) : par force

"Ce coffret de trois disques, à présent encore, se trouvait chez Tsukuru."




L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

28.9.14

Voyage avec un incolore (17) : Rome et le Chili


"Chez les pianistes contemporains, rares sont ceux qui peuvent jouer Listz avec toute l'exactitude requise et en même temps avec poésie."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

26.9.14

Voyage avec un incolore (16) : de la Suisse et de la Russie

"C'est un pianiste russe, il interprète Listz comme s'il décrivait un paysage mental très subtil."


L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

24.9.14

Voyage avec un incolore (15) : le temps qui court ...

Dans l'appartement de Tsukuru, il y avait une chaîne stéréo qui marchait tant bien que mal, mais comme sa sœur n'avait laissé que des albulms de Barry Manilow ou des Pet Shp Boys, Tsukuru ne s'en servait jamais.

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

23.9.14

Voyage avec un incolore (14) : le nom


" Quoi qu'il en soit, il avait acquis son individualité en s'appelant Tsukuru Tazaki". Son moi d'avant était un néant, un chaos primitif sans nom. Une masse de chair rose qui pesait trois kilo tout au plus, qui pleurait et respirait difficilement dans l'obscurité. Il avait reçu un nom, puis la conscience et la mémoire lui était advenues et, progressivement, son moi avait pris forme. Le nom était le point de départ de toutes choses."

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

22.9.14

Voyage avec un incolore (13) : poids

" "Si on lui donne le prénom le plus sophistiqué, peut-être que ses bagages dans la vie seront un peu trop lourds à porter, avait fait remarquer son père. (...) Tsukuru hésitait cependant à partager son opinion sur le fait que, grâce à ce prénom, sa vie avait été "allégée". Certes, la forme de ses bagages avait peut-être été légèrement différente. Mais quand était-il de leur poids ?"

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4



21.9.14

Voyage avec un incolore (12) : la barbe

"- Les pensées sont comme des barbes. Elles ne poussent que lorsqu'on est adulte. Je suis sûr que quelqu'un a dit ça..., dit Tsukuru. Mais qui ? Je ne m'en souviens pas.
- Voltaire", répliqua le jeune homme.
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinages, MURAKAMI Haruki, ch.4

"En voilà trop sur les barbes."
Dictionnaire philosophique, Voltaire, article Barbe,


20.9.14

Voyage avec un incolore (11) : secret

"Quoi qu'il en soit, le jeune garçon désigné sous le nom de Tsukuru Tazaki était mort. Il avait poussé son dernier soupir, englouti dans les ténèbres sauvages, et avait été enseveli dans une petite clairière au milieu d'une forêt. En grand secret, silencieusement, avant l'aube, quand tout le monde était encore profondément endormi. Sans stèle ni épitaphe. celui qui se tenait là et qui respirait, c'était le nouveau "Tsukuru Tazaki", dont la composition interne avait été largement renouvelée. Mais il était le seul à le savoir. Et il n'avait pas l'intention de le dire à quiconque. "
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.3

19.9.14

Voyage avec un incolore (10) : tic tac

" Ce qui subsista ensuite, ce fut seulement une pensée paisible qui ressemblait à de l'acceptation. Elle n'avait pas de couleur. C'était une émotion neutre, qui rappelait une bonace. Il était assis dans une vieille salle vide, seul, et il écoutait avec beaucoup d'attention le bruit creux  de la grande et antique pendule murale qui égrenait le temps. Sans un mot, sans détourner le regard, il restait simplement les yeux fixés sur la progression des aiguilles. Ses émotions captives dans le vide de son cœur, enveloppé dans plusieurs couches d'une fine membrane, à chaque heure, il vieillissait inexorablement.
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.3

18.9.14

Voyage avec un incolore (9) : jalousie

"La jalousie, du moins telle que Tsukuru l'avait conçue dans son rêve, est la prison la plus désespérée du monde. Parce que c'est une geôle dans laquelle le prisonnier s'enferme lui-même. Personne ne le force à y rentrer. Il y pénètre de son plein gré, verrouille la porte de l'intérieur puis jette la clé de l'autre côté de la grille. Personne ne sait qu'il s'est lui-même emprisonné. Bien entendu, si le captif décidait d'en sortir, il le pourrait. Parce que cette prison se situe dans son cœur. Mais il est incapable de prendre cette décision. Son cœur est aussi solide et dur qu'un mur de pierre. Telle est la véritable nature de la jalousie."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.3

17.9.14

Voyage avec un incolore (8) : double

" Lorsqu'il sentait que la souffrance devenait insupportable, il se séparait de son corps. Et, depuis un lieu sans souffrance situé légèrement à l'écart, il observait Tsukuru Tazaki en train de résister à la douleur."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.2

16.9.14

Voyage avec un incolore (7) : alien

"La nature de cette nouvelle matière de substitution, Tsukuru ne pouvait la concevoir, pas plus qu'il ne pouvait l'accepter ou la refuser. Telle une nuée d'ombres, elle demeurait dans son corps et y donnait naissance à d'innombrables œufs d'ombres."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.2

15.9.14

Voyage avec un incolore (6) : puits

" Durant les cinq mois qui suivirent son retour à Tokyo, Tsukuru vécut aux portes de la mort. Il se fabriqua un minuscule refuge, relié à une fosse obscure et sans fond, dans lequel il mena une vie totalement solitaire. C'était un endroit dangereux où il risquait de tomber et de dégringoler dans les profondeurs du néant. Mais il n'en étit pas effrayé. Il pensait seulement. "Que ce serait facile de tomber. "  "
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.2

14.9.14

Voyage avec un incolore (5) : transformations


" Le Tsukuru qui revint à Tokyo cet été-là était sous l'emprise d'une sensation étrange : c'était comme si la composition de son corps avait été totalement renouvelée. Toutes les choses qui lui étaient familières jusqu'alors avaient pris des teintes différentes, comme s'il les voyait à travers un filtre spécial. Il se mettait à entendre des sons inconnus jusque là et il était incapable de percevoir ceux qu'il avait entendus auparavant. Lorsqu'il essayait de bouger son corps, il s'apercevait que ses mouvements étaient terriblement gauches. On aurait dit que la nature de la pesanteur environnante s'était modifiée."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.2

5.9.14

Voyage avec un incolore (4) : ondulations


"Sara fit légèrement tournoyer son verre, et contempla un moment les ondulations du vin. Comme si elle y lisait l'avenir de quelqu'un"
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.2

Voyage avec un incolore (3) : alcools


"Son verre de mojito était vide. Elle fit signe au barman et commanda un verre de vin rouge. A l'issue d'une réflexion approfondie sur le large éventail de rouges qu'offrait la carte, elle choisit un cabernet-sauvignon de la Napa Valley. Le verre de whisky de Tsukuru était encore à moitié plein. La glace avait fondu, des gouttes d'eau s'accrochaient aux parois, le sous-verre en apier était tout gonflé d'humidité."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch.4

Voyage avec un incolore (2) : interrupteur


"Il y avait un endroit spécial sur le corps de Tsukuru, dont il n'avait en général pas conscience, une toute petite zone extrêmement sensible. Quelque part dans son dos. Une partie tendre et délicate, le plus souvent couverte, cachée, invisible de l'extérieur, que sa main n'arrivait pas à atteindre. Mais parfois, quand il s'y attendait le moins, cette petite zone se réveillait comme si quelqu'un exerçait dessus une pression du doigt. Et cela induisait chez lui une réaction interne. Une substance particulière était secrétée à l'intérieur de son corps, se mélangeait à son sang et se diffusait partout, jusque dans ses moindres extrémités. La stimulation qu'il ressentait alors était à la fois d'ordre physique et psychologique.
Lors de cette première rencontre, il avait eu la sensation qu'un doigt anonyme avait clairement appuyé sur l'interrupteur."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch1

Voyage avec un incolore (1) : Jonas


"Néanmoins, pourquoi avait-il fallu qu'il se tienne si près de la mort, à la frôler, durant toute cette période ? Tsukuru ne parvenait pas vraiment à le comprendre? Et même s'il y avait eu un point de départ concret, pourquoi cette aspiration à la mort avait-elle eu une puissance si impétueuse et l'avait-elle enveloppé presque six mois durant ? Enveloppé - oui, c'était bien l'expression exacte. Tel le héros biblique qui avait été avalé par une gigantesque baleine et qui survivait dans son ventre, Tsukuru était tombé dans l'estomac de la mort, un vide stagnant et obscur dans lequel il avait passé des jours sans date."
L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage, Murakami Haruki, ch1

28.8.14

Elles nous font la déco (1) : marché d'été (suite)

Certaines personnes bienveillantes et appliquées nous font une jolie déco de saison ...
Qu'elles en soient remerciées.

10.8.14

Marché d'été

Rouvrons ce pauvre blog abandonné par quelques saveurs simples, nostalgiques de Charente mais certaines introuvables ailleurs qu'ici...

29.5.14

Marché férié : le goût de l'Italie

Acheté au marché annuel : les olives introuvables ailleurs et de la limonade au basilic...

20.5.14

Du bonjour français

"Dans les boulangeries françaises, les bureaux de tabac ou d'autres petits commerces, je fus frappé par le fait que des hommes (et, moins souvent, des femmes) entraient dans la boutique en disant à la cantonade : "Bonjour messieurs-dames" ou tout simplement "bonjour" ou encore succinctement "messieurs-dames". Saluer des personnes inconnues ? eh oui, cela est fréquent en France ; il suffit de se promener dans les rues de Paris ou de prendre le métro, d'être attentif aux spectacles qui s'offrent çà et là dans les lieux publics.  Tandis que dans mon pays, un tel geste, potentiellement créateur de liens, serait perçu comme une violence inacceptable ou tout au moins comme une incongruité suspecte. la vis sociale s'organise de telle manière qu'un individu (pas un groupe constitué comme militants politiques ou syndicalistes...) n'ait pas à s'adresser, autant que faire se peut, à un inconnu, c'est-à-dire à quelqu'un qui n'appartient pas aux mêmes groupes communautaires que lui. Les inconnus sont par définition suspects(...)
En France, je n'ai jamais pu rentrer dans ma boulangerie en disant : "Bonjour Messieurs-dames."
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.13

19.5.14

Le son du Français

dédié à Christian :

" La musique de la langue française ne se présente pas sous le même jour. Dans une mesure assez considérable, je le répète encore, l'apprentissage du français fut, en ce qui me concerne, un processus d'appropriation et d'incorporation de phrases et de textes le plus souvent littéraires à partir d'exercices d'écoute et de récitation imitative. Il me semble que j'éprouvais un plaisir proprement musical, en m'abandonnant aux rythmes et aux mouvements ascendants ou descendants des phrases qui se déployaient dans ces pages. Habitué à l'exemple de la musique qui proposait des notions comme thème, reprise, ou variation, j'étais devenu peu à peu sensible au phénomène de "retour du même" dans les lignes que je lisais et relisais à haute voix avec ou sans modèle
(...)
Ce qui crée le sentiment d'être touché par des effets d'ordre musical, ce n'est sans doute pas la langue elle-même qui, sous cet angle, n'est qu'un ensemble de virtualités grammaticales; c'est une certaine manière d'organiser des sons et des rythmes, des intensités, des durées et des silences, qui est à l'origine d'une certaine musicalité de la production verbale. Plongé dans un livre, pourquoi aimè-je tant répéter des mots qui sonnent, des phrases qui coulent, des paragraphes ou des ensembles textuels plus larges qui me paraissent fort bien taillés, bien construits ? D'où vient ce plaisir ? De la page que je suis en train de lire, assurément; mais il vient aussi du passé, de la vibration d'un passé lointain, des profondeurs ténébreuses mais sonores de la mémoire, bref de tout l'univers résonnant de ma petite enfance. Je cherche peut-être, dans la réalisation phonique des mots et des phrases chéris, des traces de souvenirs liées à l'écoute musicale de mon enfance non musicienne. Non, je devrais dire plutôt ces souvenirs se cherchent en moi."
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.11

18.5.14

Le son du Japon (36) Mizubayashi comme à Aikawa

"Le Japonais est une langue fort musicale. En deçà ou au delà de l'art poétique ou dramatique qui opère une prodigieuse intensification musicale, les paroles sont empreintes d'un chant particulier jusque dans les zones les plus obscures de la vie quotidienne. Enfant, j'entendais dans les grandes gares comme Tokyo ou Uéno, à l'arrivée d'un train "grandes lignes", le nom de la gare dit par une voix masculine d'une manière si particulière et si éloignée de l'énonciation habituelle qu'il résonnait véritablement comme un fragment musical : U-éno---, u-éno---, shu-ten, u-éno---... En hiver, des marchands de yakiimo (patates douces cuites dans de petits cailloux brûlants) circulent en camionnette (autrefois c'était en charrette) en signalant leur passage sur une ligne mélodique immédiatement reconnaissable : yakiimo--,yakiimo--, i--shiyakiimo, yakiimo--; oimo, oimo, i--shiyakiimo, yakiimo--... Et dans tout cela, comment ne pas le souligner, il y a, ou il y avait quelque chose de profondément mélancolique comme dans les chants populaires traditionnels...

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.11

17.5.14

Le français comme instrument de musique

"Oui, le français est un instrument de musique pour moi. C'est le sentiment que j'ai depuis longtemps, depuis, tout compte fait, le début de mon apprentissage. Pour devenir un bon instrumentiste, il faut de la discipline, je dirais même le sens de l'ascèse. Et c'est ce que je dis à mes étudiants aujourd'hui : maîtriser le français, c'est en jouer comme jouer du violon ou du piano. Chez un bon musicien, l'instrument fait partie de son corps. Eh bien le français doit faire partie de son corps chez un locuteur qui choisit de s'exprimer en français. En musique, il y a tous les niveaux, du niveau débutant au professionnel en passant par le niveau amateur. C'est pareil en langues. Le niveau professionnel ne s'acquiert pas en deux ou trois ans. Il faut des années de travail et toute une vie pour l'entretenir... Vous aimez le français ? D'accord. Mais qu'est-ce que ça veut dire pour vous, "aimer le français" ? Etre vous prêt à travailler le français comme pour devenir un vrai musicien ? Pourquoi ces questions ? Parce que je suis moi-même comme un musicien qui s'entraîne tous les jours. La différence entre un musicien et moi, c'est que je suis un instrumentiste sans public. Personne ne s'intéresse à mon jeu, je n'ai pas de répertoire, je n'ai aucun morceau célèbre à jouer devant un auditoire. "
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch. 11

12.5.14

le français langue paternelle

"j'ai commencé à apprendre le français à l'âge de dix-neuf ans, à l'université. Le français, c'était purement et simplement une langue étrangère, totalement étrangère au départ. Ma vie se divise en deux partitions de durée inégale : mes dix-huit premières années monolinguistiques (...) ; la suite de mon existence, de la dix-neuvième année à aujourd'hui, placée sous la double appartenance au japonais et au français. L'un a surgi en moi; il s'est ensemencé au fond de moi; d'une certaine manière, il était toujours déjà là; il est, si j'ose dire, de constitution verticale. L'autre, c'est la langue vers laquelle j'ai cheminé avec patience et impatience tout à la fois; je me suis déplacé vers elle; c'est celle que je suis allé recueillir tandis qu'elle m'a accueilli en elle; elle m'est venue de loin, avec un retard considérable de dix-huit ans. Elle est de nature horizontale, d'une étendue immense qui concerne toujours des recoins inexplorés, des vides à remplir, des espaces à conquérir."
                    Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.1

2.5.14

Marché du dimanche

En revenant des Alpes de Haute-Provence, j'ai eu une grande envie de lilas. Sur le cours Saleya, il n'y en avait que chez une seule paysanne qui ne vendait que des brassées de fleurs. Voici mon vélo bleu fleuri...

22.3.14

Bref ou les malheurs de Sophie et d'Agnès

dédié à Christian et à Anne
"Mon grand frère apprend à lire.
Cela ne m'intéresse pas. A quoi bon s'embêter puisque le soir, Dominique, notre nounou, nous lit des histoires. Les Malheurs de Sophie. J'écoute distraitement. Je ne parviens pas à me concentrer sur l'intrigue. Un mot unique retient mon attention; je ne l'ai jamais entendu dans la bouche de quiconque, ni dans celle des mes parents, ni dans celle de la maîtresse. Je ne comprends pas à quoi il sert, ni ce qu'il signifie. Il m'empêche de me concentrer sur les aventures de la malheureuse Sophie. Je soupçonne la nounou de l'ajouter, de l'inventer. Peut-être est-ce, pour elle, une façon de se gratter la gorge, de reprendre son souffle. Ce mot est court et ne ressemble pas aux autres; isolé, il se dresse et me sidère. Serait-ce du russe ? BREF. C'est le seul mot que je garde des séances dédiées à la comtesse de Ségur.
Lire ne sert à rien. Moi ce que je veux, c'est écrire. "
 Agnès Desarthe, Comment j'ai appris à lire, ch. Comment tout a (mal) commencé.

17.3.14

Rêve : quand Agnès Desarthe fait la nique à Murakami



"Mes flocons de chapelure dorée sont prêts, j'y roule le poisson à peine enduit de blanc d'œuf et ça marche : au bout de quatre passages dans l'assiette emplie de pépites, il est parfaitement déguisé, parfaitement méconnaissable en tant que filet de lotte, et parfaitement reconnaissable en tant que poisson pané. Lorsque je le dépose dans l'assiette de Paul Mc Cartney, celui-ci pousse un hurlement de joie et, sans doute pour me remercier, se met à chanter Norwegian Wood. Tous chantent avec lui. Même Yoko Ono. Les guitares et les autres instruments jouent, quelque part en coulisse. C'est tellement beau. Je pleure. Je pleure parce que c'est la chanson que jouait le tourne-disque la première fois que j'ai fait l'amour.
Je m'en souviens très bien : j'étais par terre, sur le dos. Cela faisait des mois et des mois que l'envie montait. Je riais, pas à cause de l'étrangeté pas à cause de la honte (je n'en ressantais aucune), pas à cause de la gêne. J'avais envie de rire à cause du bonheur de la découverte, de l'ivresse de ce que je croyais avoir inventé. J'ai pensé à Archimède et à Coernic. J'ai pensé à Newton et Einstein. J'ai pensé à Galilée. Au fond de moi, comme dans l'univers ce gisement, comme l'attraction universelle, en moi, comme dans la terre, ces ressources intarissables d'énergie. Pourquoi ne m'en avait-on pas parlé plus tôt ? Comment avais-je pu ne pas m'en douter ? Et c'était gratuit ? Et c'était pour tout le monde ? Et c'était facile, comme ça ? Si facile ? Je n'ai pas pensé que je ne prenais pas la pilule, que le garçon n'avait pas mis de préservatif, que je risquais de tomber enceinte ou d'attraper je ne sais quoi. J'ai pensé c'est dingue. Et pendant ce temps-là, les Beatles chantaient Norwegian Wood."
Mangez-moi. Agnès Desarthe

13.3.14

Le chat de la morte

-J'ai perdu moi aussi récemment un être cher, a dit Paul.
Il avait perdu sa femme, Margaret, il m'a montré sa photo. Elle était assise dans un fauteuil en plastique, dans un jardin, avec un chat noir sur ses genoux. Elle portait des lunettes de soleil.
- Le mois prochain, nous aurions fêté nos noces d'or. Depuis sa mort le chat n'a plus remis les pieds à la maison.
"Il a aussi perdu son chat" ai-je songé. Jean-Christophe a essayé en vain de le consoler.
- A mon âge on ne peut pas se remettre d'une épreuve pareille : on n'a pas assez de temps devant soi.
"Peut-être le chat changera-t-il d'avis un jour et reviendra-t-il à la maison. Il entrera par la fenêtre de la cuisine, il avancera  sur le bord de l'évier puis il sautera par terre."
Vassilis Alexakis, Le premier mot, ch.6.

12.3.14

Mes notes de chevet (112) : Choses qui sont à propos dans une maison

Un balai neuf
Un sac à provision bien décoré
Sei Shônagon, Notes de chevet

sacs il me ressemble ici


Mes notes de chevet :
Le balai neuf est tombé de son manche et gît maintenant sur la fenêtre du premier étage d'un appartement vide depuis toujours.
J'essaie de ne pas craquer pour un sac il me ressemble.
Les sacs Nespresso envahissent le placard de l'entrée, et je ne peux me décider à vider ce bazar.
Je suis prête, mentalement, à vivre dans l'appartement plus petit que je compte acquérir, mais pas encore matériellement j'en ai bien peur...

Voix

Elle avait la voix fraîche d'une enfant. "Sa voix n'a pas mûri. Elle a conservé sa couleur initiale, parce qu'elle ne s'en sert pas souvent." J'ai pensé que les premiers hommes qui ont parlé avaient des voix jeunes. "Le langage a été inauguré par un vieil homme qui parlait comme une petite fille."  
Vassilis Alexakis, Le premier mot, ch.6 .

7.3.14

Iles alphabétiques

femme de Santorin      

Dans le premier mot de Vassilis Alexakis, la narratrice vient d'enterrer son frère. Elle parle de lui :

"Il s'était donné comme objectif de connaître toutes les îles et il les visitait dans l'ordre alphabétique, deux ou trois par été. Ce système l'obligeait à effectuer des trajets compliqués, de se rendre de Céphalonie en Crète et de Lemnos à Macronissos, il soutenait cependant qu'il était préférable à tout autre.
"-L'ordre alphabétique remodèle la carte, il offre à des lieux qui n'étaient pas destinés à se rencontrer la possibilité de faire connaissance, il constitue le point de départ de dialogues inattendus, disait-il. Je suis la logique farfelue des dictionnaires, qui placent les uns à côté des autres des termes sans le moindre rapport entre eux."
Il s'est rendu l'an passé à Rhodes et, comme le nom d'aucune autre ne commence par r, il a ensuite découvert Samothrace. Je songe qu'il ne verra jamais Santorin. Et cela me chagrine, bien sûr. Infiniment de petits malheurs poussent autour des grands."
Le premier mot, Vassilis Alexakis, chapitre 1

6.3.14

Test d'anti-dépresseurs : tarte au citron (11) : le retour

Même si je n'ai pas décoléré du remplacement dans le Vieux-Nice de la Petite Poulette par un pâtissier Lac, je n'ai pu résister à l'appel de la tarte au citron pour continuer le test un moment abandonné :
n°11 au catalogue
lieu de vente : Pâtisserie Lac, 12 rue de la Préfecture
prix : 3,40 €, 
genre : tarte au citron avec meringue
            tarte au citron sans meringue
aspect :  très joli
qualité :  très bonne
goût : parfumé, fondant, pâte sablée croustillante. 
bonne alliance amertume/sucré
conclusion : très bien 


16.2.14

Il y a du Goude dans l'air (1)

L'expo Goude nous rappelle un temps où les images pouvaient s'afficher sur les murs des villes, fraîches, naïves, folles, créatives et surtout gaies !
Mais Goude n'est pas mort, il fait même très jeune pour son âge ! Aurait-il contaminé la ville ? J'ai décidé de partir à la découverte ...
Ça c'était ce matin, sur la Prom :


9.2.14

Cubes

"L'activité de mon esprit me laisse perplexe. Je me souviens des cubes en bois avec lesquels je jouais enfant. Une lettre était imprimée sur chacune de leurs faces, mais j'étais bien incapable de former des mots. Je me contentais de les mettre en équilibre les uns sur les autres et de les voir tomber. mes pensées sont aussi absurdes que ce jeu. Elles font juste un peu de bruit quand elles s'écroulent."
Les mots étrangers. Vassilis Alexakis, ch.3


28.1.14

Une autre Schmelele

"Les jours passèrent. Ils passèrent, et chaque matin, Fredelle s'éveillait émerveillée de ne s'être pas noyée dans son chagrin. Elle sautait du lit, comme les héroïnes de ses livres d'enfants, faisiat un grand feu dans la cheminée et constatait, en mangeant ses tartines, que le niveau de tristesse avait encore baissé."
Agnès Desharte, Le principe de Frédelle, ch.21

27.1.14

Vaisselle

"Le père de ma mère, quand il était encore au camp de Drancy, a réussi à lui envoyer un cadeau. Je ne sais pas par quelle entremise, par quelle poste, grâce à quelle complicité.
J'ai longtemps pensé que ce cadeau venait d'Auschwitz, mais en grandissant, j'ai compris que c'était impossible. Quoi qu'il en soit, c'était un présent de l'au-delà. Une assiette en étain, ou en aluminium - sans doute celle dans laquelle il mangeait-, au fond de laquelle il a gravé un dessin à l'aide d'une pointe. S'agit-il de Mickey la souris ou de Félix le chat ? Je ne sais plus. Je n'ai vu cet objet qu'une fois, il y a fort longtemps. Je crois qu'il est écrit, sous le personnage remarquablement dessiné, "à Joujou pour ses cinq ans", avec la date, 11 février 1942, en dessous. Après ça, mon grand-père a bu sa soupe sans un gobelet, dans ses mains, je ne sais pas. Il avait pensé à sa petite fille aux boucles blondes, aux yeux verts, aux joues rebondies, son ravissant bébé, et il s'était demandé comment lui faire plaisir, avec rien.
On ne peut pas regarder cette assiette. Elle a un pouvoir infini. On la sort de l'armoire et on pleure."
Agnès Desarthe, Le remplaçant. ed. de l'Olivier.

26.1.14

Flots (souvenirs)

"Elle pleurait énormément. Des larmes aussi larges que ses yeux ruisselaient de tous côtés. Son nez aussi coulait. M.Espinoza lui tendit un mouchoir. Un mouchoir ne suffisait pas. Un garot aurait été plus approrrié. Frédelle pensa qu'elle allait pleurer ainsi jusqu'à se dessécher entièrement. Elle n'imaginait pas que cela pût s'arrêter. Il fallait qu'elle se vide, il n'y avait pas d'autre possibilité. A quelques temps de là, les pompiers viendraient recueillir les restes de son corps. Un petit paquet rabougri.
Agnès Desharte, le principe de Frédelle, ch.2, éditions de l'Olivier

25.1.14

Récréation

"Frédelle regarda par la fenêtre. Le bureau de la directrice, que celle-ci lui cédait pour certains entretiens, donnait sur la cour. Le maître de service venait de siffler la fin de la récréation. Frédelle admira le ballet abracadabrant des enfants de toutes tailles se relevant, se démêlant, se regroupant. Au terme d'une série de luttes à mort, à l'issue de courses à obstacles vivants, de tirages de cheveux acharnés, ils s'en retournaient vers leur classe, en rang par deux, intacts, se tenant (pour les plus petits) par la main. Seules les franges collées au front et les joues écarlates témoignaient des quinze minutes de chaos absolu dans lesquelles ils avaient été brassés. C'est un miracle de s'en sortir vivant, pensa Frédelle. Se sortir vivant de l'enfance, vraiment, c'est tellement incroyable qu'on mériterait de ne plus jamais mourir après ça."
Agnès Desharte, Le principe de Frédelle, ch.1, éditions de l'Olivier

5.1.14

Epiphanie

Rangées les boules, et le sapin a retrouvé sa terrasse. Comme chaque année, ça m'a fait tout drôle...j'aimais bien ma danseuse cernée de guirlande.

Mes notes de chevet (111) : Choses qui doivent être courtes

Le fil pour coudre quelque chose dont on a besoin tout de suite.
Un piédestal de lampe.
Les cheveux d'une femme de basse condition. Il est bon qu'ils soient gracieusement coupés courts.
Ce que dit une jeune fille.
Notes de Chevet, Sei Shônagon

Estampe de Yôshû Chikanobu

Mes notes de chevet : Femme de basse condition je suis. Mais gracieusement !

4.1.14

1.1.14

Bonne année 2014 !



Passer la dernière journée de l'année sur les chemins de la Sainte Victoire, être profondément endormie à minuit sans entendre les klaxons, préférer le romarin en fleurs de la montagne provençale à l'inaccessible gui pour prononcer ses vœux, voilà un programme qui me va comme un gant, le changement dans la continuité...

Pour 2014, je vous souhaite l'âme simple de ces cueilleurs d'offrandes syncrétistes