16.8.21

Lectures : Vivre avec nos morts (2) : identité juive

 "J'ai souvent eu le sentiment que le judaïsme porte en ses langages, quelque chose qui résonne avec cette idée. L'identité juive repose elle aussi sur une vacance. Tout d'abord parce qu'elle n'est pas prosélyte et ne cherche pas à convaincre l'autre qu'elle détient l'unique vérité. Ensuite, parce qu'elle peine à formuler ce qui la fonde. Nul ne sait vraiment ce qui fait un juif et encore mot "bon juiif". est-ce une origine, une pque, une croyance, une tradition culinaire ? L'identité juive est toujours au-delà de ce qu'on pourrait en dire, et ne se laisse jamais enmurer dans une définition unique qui réduirait les possibles. 

Pour le dire autrement : "le" judaïsme est toujours plus grand que le "mien". Il préserve un espace libre pour une autre conception que la mienne, et donc une transcendance infinie : celle de la définition qu'en donnera un autre.

Le judaïsme garantit en soon sein la place d'Elsa et la mienne, celle d'une juive non croyante et celle d'un rabbin, sans qu'aucune de nous puisse se revendiquer plus légitime. Aucune ne peut affirmer "plus" ou"meilleure" juive que l'autre.

Dès lors, dans mon judaïsme, si je ne fais pas de place pour le sien, je le trahis. Le réduire à ma définition ou à la sienne reviendrait à le profaner. "

Delphine Horvilleur. Vivre avec nos morts , ch. Elsa

12.8.21

Lectures : Vivre avec nos morts (1) : laïcité

 "La laïcité française n'oppose pas la foi à l'incroyance. Elle ne sépare pas ceux qui croient que Dieu veille, et ceux qui croient aussi ferme qu'il est mort ou inventé. Elle n'a rien à voir avec cela. Elle n'est fondée ni sur la conviction que le ciel est vide ni sur celle qu'il est habité, mais sur la défense d'une terre jamais pleine, la conscience qu'il y reste toujours une place pour une croyance qui n'est pas la nôtre. La laïcité dit que l'espace de nos vies n'est jamais saturé de convictions, et elle garantit toujours une place laissée vide de certitudes. Elle empêche une foi ou une appartenance de saturer tout l'espace. En cela, à sa manière, la laïcité est une transcendance. Elle affirme qu'il existe toujours en elle un territoire plus grand que ma croyance, qui peut accueillir celle d'un autre venu y respirer."

Delphine Horvilleur. Vivre avec nos morts, ch. Elsa

18.6.21

En cheminant avec la parasha (40) : 'Houkat : la vache rousse


 

Célèbre parasha de la vache rousse.

Recette :

Ingrédients : 

une vache rousse, totalement rousse, sans défaut, qui n'a jamais porté le joug. Bois de cèdre, hysope, écarlate

Immoler la vache. Prendre de son sang avec le doigt et asperger par sept fois en direction de la Tente d'assignation.

Brûler la vache avec sa peau, sa chair, son sang, sa fiente.

Brûler les autres ingrédients en les jetant dans le foyer où brûle la vache.

Il faudra ensuite vous purifier. 

Demander à quelqu'un de pur de récolter les cendres et de les amener dans un dépôt hors du camp avant la transformation en eau lustrale à usage de purification.

Usage :

purification après avoir toucher un mort

Peut éventuellement dépanner une femme non adultère ...

11.6.21

En cheminant avec la parasha (39) : Qora'h : sort des révoltés


 

Dans cette parasha, de nouveaux adversaires se lèvent contre Moïse et Aaron. Les explorateurs, les complotistes, ont semé la graine du mal, et elle germe, par deux fois encore, malgré les preuves données par l'Eternel. Et par deux fois sa colère frappe et déchire, même si tout fini par une verge qui donne fleurs et fruits. 

Car le mal est toujours là et toujours il guette.

J'ai pensé alors à mettre en parallèle la parasha avec le célèbre passage du puits dans le Talmud. Ici, les opposants à Dieu ne sont pas châtiés, bien au contraire, Dieu les félicite et rit. C'est que le Temps a passé, et surtout, l'Etude. Lorsqu'on étudie, on peut poser des questions à Dieu, et sans doute même le défier. Les Hébreux de la Bible ne se sentent élus que parce qu'ils "sont". Mais cela ne suffit pas, l'élection se mérite, et c'est par l'étude qu'elle s'acquiert.

4.6.21

En cheminant avec la parasha (38) : Chela'h-Lekha : les gavés de manne


 Dans cette parasha, le célèbre passage des explorateurs. Je n'ai pu m'empêcher de le restituer dans le contexte actuel :

D'après le compte-rendu des explorateurs , dans ce pays, il y coule bien le lait et le miel, les fruits sont magnifiques, mais mais mais mais ... les habitants, dont Amalek, est bien plus fort que nous.

Les Hébreux, toujours à regretter l'Egypte, gavés de manne, sont devenus des geignards mous. Renonçant à tout, capable d'accepter le mal absolu, Amalek, s'il se tient loin d'eux. 

Je comprends la colère divine. En cette époque était Moïse, prêt à tout pour sauver son peuple. C'est peut-être en cela que lui aussi sera puni de cette terre. Ce peuple méritait-il d'être sauvé ? C'est la question que je pose souvent , aujourd'hui, par les temps qui courent.

28.5.21

En cheminant avec la parasha (37) : Beha'alotekha : la femme est toujours coupable

 

Myriam, Anselm Feuerbach

Quel peuple de geigneurs ! Dans le désert, la manne offerte généreusement ne suffit pas aux Hébreux qui n'ont pas l'âme de vegans. Ils pleurent après la viande, après le poisson de leurs souvenirs. Moïse craque, il a bien raison, quel cadeau ce peuple ! Mais l'Eternel n'est guère patient non plus, et il se venge. Dans sa vengeance, il n'est guère juste : il en tue quelques uns après la chute des cailles, mais on ne dit pas quels sont ses critères; on ne sait pas non plus les critères pour punir Miriam de la lèpre, alors qu'Aaron aussi a péché avec elle : comme dit le proverbe populaire, les femmes savent toujours de quoi elles sont coupables ...

21.5.21

En cheminant avec la parasha (36) : Nasso : l'infidélité est un mot féminin

Le rituel de Sotah, Jan Luyken


Au milieu de cette parasha, entre la suite de la liste des tâches et celle des offrandes d'inauguration, deux lois.

Une à propos du nazirat, c'est-à-dire du retranchement du peuple par l'abstinence d'alcool , en fait de raisin, sous toute ses formes, et du nazir qui physiquement se laissera pousser les cheveux, se distinguant ainsi du reste du peuple. Ce qui me frappe, c'est que cette rupture, quel qu'en soit le motif, ne peut être éternelle : elle a un commencement, et une fin, marqués par des étapes visibles de tous. On ne peut donc, quand on est juif, être ermite ou anachorète pour toujours, et si l'on décide de l'être , on est étroitement surveillé par le reste de la communauté, qui veille, y compris s'il y a rupture accidentelle du statut.

La deuxième parle de la femme sotah, la femme supposée être infidèle. Le rituel parait étrange, injuste. Mais pourtant, il protège la femme du crime d'honneur, obligeant la famille à se plier au jugement de Dieu en l'absence de témoignage. Il oblige à la laver de toute faute, en cas de réussite, la gratifiant même de fertilité comme dédommagement de l'épreuve endurée. Mais, j'allais dire "bien sûr", on ne dit rien de ce que serait un homme "sotah"... voyons, il ne faudrait pas exagérer ...
 

14.5.21

En cheminant avec la parasha (35) : Bemidbar : multitude

Les Israëlites se regroupant autour de la manne, Nicolas Poussin
 

Le livre Bemidbar, "au désert" commence par la parasha du même nom par un paradoxe : dans ce nommé désert, il y a tant de monde, qu'il va falloir le recenser  Compter pour catégoriser : telle ou telle tribu dans un point géographique du campement, les Lévites ayant scrupuleusement leur tache respective pour montage et démontage de l'Arche, toute inattention pouvant être occasion de mort ... Bien sûr, il n'est question ici que d'hommes, jeunes. Cela peut être l'occasion d'un dictionnaire de prénoms masculins, aux consonances magnifiques : Issakhar, Amishadaï, Eliassaph

7.5.21

En cheminant avec la parasha (34) : Be'houkotaï : le bruit d'une feuille

Dans la dernière parasha du Lévitique, nous assistons à la longue liste de ce qui nous attend si nous désobéissons à notre Dieu. La liste est longue est très dure, et en même temps, avec le recul du temps, Dieu n'a guère eu à intervenir, pour produire toutes ces catastrophes, l'homme s'est bien débrouillé tout seul ...
Un verset, le 36, a particulièrement attiré mon attention, avec une punition énoncée de façon particulièrement poétique :  "(...) poursuivis par le bruit de la feuille qui tombe, ils fuiront comme on fuit devant l'épée, ils tomberont sans qu'on les poursuive. "

En cheminant avec la parasha (33) : Behar : l'aide d'urgence en cas de crise

Picasso. Le vieux juif

 Je reprends ici mon travail sur la parasha, et en ce jour de la reprise de liberté de la circulation, les versets résonnent comme un rappel des temps, comme un rappel de la morale et de la place de l'homme, en particulier de l'homme aisé, dans la société.

L'assistance aux autres est absolument nécessaire, rappelée très fermement par Dieu  :"Si ton frère vient à déchoir, si tu vois chanceler sa fortune, soutiens-le, fût-il étranger et nouveau venu, et qu'il vive avec toi. N'accepte de sa part ni intérêt ni profit, mais crains ton Dieu, et que ton frère vive avec toi. Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit. Je suis l'Eternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays de Canaan, pour devenir votre Dieu." (25: 35-38)  Dieu nous a peut-être libérés de l'Egypte mais attention, Dieu va très loin dans son rappel ici : "Ils sont mes esclaves, à moi, qui les ai fait sortir d'Egypte" (25:42)

 Un rappel qui en suit un autre, le début de la parasha : Dieu va jusqu'à exprimer : "vous n'êtes que des étrangers domiciliés chez moi (25 : 23)". Dans quel contexte ? Celui de l'année sabbatique et de l'année du jubilé. "La septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un sabbat en l'honneur de l'Eternel. Tu n'ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne (...) ce sol en repos vous appartiendra à tous pour la consommation : à toi, à ton esclave, à ta servante, au mercenaire et à l'étranger qui habitent avec toi ; ton bétail même, ainsi que les bêtes sauvages de ton pays, pourront se nourrir de tous ces produits. "(25 : 4-7). Dans ces années, point n'est question de disette, mais de l'angoisse de disette née de cette situation de repos de la terre pouvant être vécu par l'homme comme un abandon. Apprendre à avoir confiance, apprendre à partager, ce sont des vertus dont nous avons rêvé en début de confinement, mais qui peu à peu sont délaissées. Ou peu à peu s'intallent, dans cette vie d'après, les intérêts catégoriels, les divisions catégorielles. Par manque d'anticipation, avons nous négligé de prendre conscience de la sixième année : "Je vous octroierai ma bénédiction dans la sixième année, tellement qu'elle produira la récolte de trois années" (25 : 21). Installés sur la terre, nous avons oublié que nous y sommes seulement des locataires, que la possession n'est ni obligatoire de façon pérenne, ni éternelle, qu'elle doit donner lieu au partage, à l'empathie ... En ce moment, nous sommes durement rappelés à la réalité, mais voulons-nous être décillés ?

30.4.21

En cheminant avec la parasha (32) : Emor : œil pour œil


 Stèle du code de Hamurabi

C'est dans cette parasha que l'on lit une des phrases les plus citées et les plus interprétées de la Bible. 

"fracture pour fracture, œil pour oeil, dent pour dent; selon la lésion qu'il aura faite à autrui, ainsi lui sera-t-il fait." (Lévitique, 24 : 20)

On note rarement qu'au sein de tout un tas de préceptes de saintetés propres aux prêtes, cette demande de Dieu est universelle. "Même législation vous, étrangers comme nationaux; car je suis l'Eternel votre Dieu à tous. " (Lévitique, 24 : 21). Homme l'on naît, homme l'on reste, dans la douleur comme dans le châtiment.

23.4.21

En cheminant avec la parasha (31) : Kedochim : des lois fondamentales , des lois éternelles ...

cahier de jeteur de sort fin XIXe début XXe

Cette parasha traite de justice sociale, une justice sociale très à la pointe à l'époque de sa rédaction. Je soulève certains points :
- La satiété n'est pas une qualité : ainsi, s'il reste de la viande consacrée au delà du troisième jour, on n'a pas le droit de la manger, et la punition, le retranchement du peuple, est très grave;  il faut la brûler; fondamentale aussi, énoncée juste après, la loi suivante : il faut de même ne pas moissonner son champ entièrement ni glaner ce qui est tombé, ni ramasser les grains  épars dans sa vigne : c'est la part des pauvres, mais aussi celle de l'étranger, de l'Autre. (Lévitique, 19 : 5-11)

D'autres lois de justice sont énoncées ensuite. Je note celle-ci : Ne prévariquez point dans l'exercice de la justice  : ne montre ni ménagement au faible ni faveur  au puissant : juge ton semblable avec impartialité ( Lévitique: 19:15) une loi qui n'est toujours pas réellement au point en 2021, que ce soit pour les puissants comme pour les faibles ...

Loi spéciale coronavirus : "ne sois pas indifférent au danger de ton prochain (Lévitique 19 : 16)

Une loi très célèbre, médiatisée par un nazaréen connu, mais qui n'est qu'une reprise, un cover du Lévitique  19:18 : "Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même : je suis l'Eternel."

Quelques autres rappels qui me sont précieux :

Lévitique 19 :25 : " Ne vous livrez pas à la divination ni aux présages. "  19:28 : "ne vous imprimez point de tatouage: je suis l'Eternel" "19:31 : "N'ayez point recours aux évocations ni aux sortilèges; n'aspirez point à vous souiller par ces pratiques : je suis l'Eternel votre Dieu." 20:27 "Un homme ou une femme chez qui serait constatée une évocation ou un sortilège devront être mis à mort : on les lapidera : ils ont mérité leurs supplices."

En cheminant avec la parasha (30) : A'haré mot : on n'est pas carnivore comme on veut


 Dans cette parasha, on comprend bien que, même si la Torah ne prône pas le végétarisme, manger de la viande est tout sauf anodin. Tout ne se mange pas, et même parmi les animaux autorisés, les lois sont extrêmement strictes. "Tout homme de la maison d'Israël qui égorgera une pièce de gros bétail, ou une bête à laine ou une chèvre , dans le camp, ou qui l'égorgera hors du camp, sans l'avoir amenée à l'entrée de la Tente d'assignation pour en faire une offrande à l'Eternel, devant son tabernacle, il sera réputé meurtrier, cet homme, il a répandu le sang ; et cet homme , il sera retranché du milieu de son peuple." (Lévitique, 17 : 3-5). Même si l'on n'est pas hébreu, et même si on ne le fait pas soi-même :"Quiconque aussi, dans la maison d'israël ou parmi les étrangers établis au milieu d'eux, mangera de quelque sang, je dirigerai mon regard sur la personne qui aura mangé ce sang, et je la retrancherai du milieu de son peuple." (Lévitique 17 :10). les interdits couvrent également les oiseaux, et les bêtes mortes rendent impures. 

Le sang est la vie, il ne doit pas couler en vain, il mérite respect, sanctification et rite.

16.4.21

En cheminant avec la parasha (28) : Tazria : double ration

 


A méditer :

Si une femme a accouché d'un garçon, elle sera impure sept jours, comme après ses règles. Ensuite, elle reste encore 33 jours dans un statut intermédiaire.

Si elle accouche d'une femme, elle sera impure quinze jours, comme pour la période de nida. Le statut intermédiaire dure 66 jours. 

Ensuite, fille ou garçon, le sacrifice à effectuer au Temple est le même.


En cheminant avec la parasha (29) : Metsora'


Il est des oiseaux, miraculés, qui doivent cependant subir un traumatisme profond. Imaginez :

Devant vous, le pontife égorge votre compagnon de misère, oiseau comme vous, apportés ensemble comme offrandes : le sang coule et on y trempe de l'écarlate, du bois de cèdre, de l'hysope ... et vous. Tout dégoulinant, vous êtes secoué sept fois au dessus d'un individu couvert de pustules. Croyant venir le pire, vous recommandez votre petite âme d'oiseau à Dieu ... et bien non, on vous relâche, dans la campagne, sans indemnités, tout puant mais vivant ...
(lévitique , 14 : 5 à 8)

9.4.21

En cheminant avec la parasha (27) : Chemini : point trop n'en faut

Nadab et Abihu, fils d'Aaron sont consumés devant l'éternel par Hans Holbein,
 

"Les fils d'Aaron, Nadab et Abihou, prenant chacun leur encensoir, y mirent du feu, sur lequel ils jettèrent de l'encens, et apportèrent devant le Seigneur un feu profane sans qu'il le leur eût commandé. Et un feu s'élança de devant le Seigneur et les dévora, et ils moururent devant le Seigneur." (Lévitique 10 : 1 à 3)

Terrible punition, et aux père et frères restants il est interdit de prendre le deuil. Terrible leçon d'humilité, que les zélés dévots devraient bien méditer : Dieu a fixé des règles, suffisamment, et à vouloir en rajouter, on est dans l'extrême, dans l'excès, dans l'orgueil et le contentement de soi sans doute ...

2.4.21

En cheminant avec la parasha (24) : Peqoude : l'installation de Dieu


© Oliver Denker


 Depuis deux parashas les détails minutieux de la construction de l'Arche se développent sous nos yeux dans les plus grands détails.

Enfin, juste avant le dernier paragraphe de notre parasha, c'est fini 40 : 33 : "et ainsi Moïse termina sa tâche"

et alors, vision saisissante, très cinématographique. Une phrase suffit. La nuée prend toute la place, de jour comme de nuit. 

"Alors la nuée enveloppa la Tente d'assignation, et la majesté du Seigneur remplit le Tabernacle." (40 :34)

26.3.21

En cheminant avec la parasha (26) : Tsav : le sang encore

Eglise de Travna (Slovaquie)
 

Les prêtres n'échapperont pas au sang de l'holocauste. Le rite est très solennellement inauguré par Moïse lui-même :

Dans la parasha, Moïse lave et habille lui-même Aaron et ses fils, réalise les sacrifices comme décrit dans la parasha précédente, puis :

"L'ayant immolé (le second bélier), Moïse prit de son sang, qu'il appliqua sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron, sur le pouce de sa maon droite et sur l'orteil de son pied droit, et il répandit le sang sur le tour de l'autel. (...) Alors Moïse prit de l'huile d'onction et du sang (de la poitrine du bélier) qui était près de l'autel et en fit aspersion, sur Aaron, sur ses vêtements, puis sur ses fils et les vêtements de ses fils aussi ; il consacra ainsi Aaron,  ses vêtements, et avec lui ses fils et les vêtements de ses fils."

19.3.21

En cheminant avec la parasha (25) : Vayikra : sacrifices mode d'emploi


 Pour les carnivores, sans pudeur, genre film gore :

oblations :

" On immolera le taureau" ( le bouc, le bélier) "devant le Seigneur ; les fils d'Aaron, les pontifes, offriront le sang, dont ils aspergeront le tour de l'autel qui est à l'entrée de la Tente d'assignation. Alors on dépouillera la victime et on la dépècera par quartiers. Les fils d'Aaron le pontife mettront du feu sur l'autel, et disposeront du bois sur ce feu; puis les fils d'Aaron, les pontifes, arrangeront les membres, la tête et la graisse sur le bois, disposé sur le feu qui sera sur l'autel. On lavera dans l'eau les intestins et les jambes : alors le pontife fera fumer le tout sur l'autel comme holocauste, combustion d'un odeur agréable au Seigneur.

sacrifice rémunératoire :

"Il appuiera sa main sur la tête de sa victime, qu'on immolera à l'entrée de la Tente d'assignation ; puis les fils d'Aaron, les pontifes, arroseront de son sang le tour de l'autel. On présentera, de cette victime rémunératoire, comme combustion au Seigneur, la graisse qui recouvre les intestins, toute la  graisse qui y adhère : les deux rognons avec la graisse qui y adhère du côté des flancs puis la membrane qui tient au foie et qu'on ôtera avec les rognons. Et les fils d'Aaron feront fumer ces graisses sur l'autel, près de l'holocauste déjà placé sur le bois du brasier : combustion d'un odeur agréable au Seigneur.

en cas d'erreur d'un pontife ou du peuple : on immolera le taureau devant l'Eternel. Puis le pontife-oint prendra du sang de ce taureau et l'apportera dans la Tente d'assignation : le pontife trempera son doigt dans le sang, et il fera aspersion sept fois devant l'Eternel, vers le voile du sanctuaire ; le pontife mettra aussi de ce sang sur les cornes de l'autel où l'on brûle les parfums devant le Seigneur, et qui est dans la Tente d'assignation (...) Alors il prélèvera toute la graisse du taureau expiatoire :  la graisse qui s'étend sur les intestins, toute la  graisse qui y adhère ; les deux rognons avec la graisse adjacente du côté des flancs et la membrane du foie qu'il détachera avec les rognons. 

pour les végétarien, pour les oblations c'est beaucoup plus simple :

fleur de farine et huile, sans levain ni miel à brûler. 

Reste à savoir s'ils peuvent se faire pardonner leur péché !

12.3.21

En cheminant avec la parasha (23) : Vayakel : l'interdiction du feu


 Dans cette parasha, Dieu nous prive du feu pour Yom Shabbat : 35,3 :"Vous ne ferez point de feu dans aucune de vos demeures en ce jour de repos." C'est ici la première fois, et la seule mention. Chouraqui l'explique ainsi : "En profondeur, le feu est la moins imparfaite des représentations de la divinité : Adonai est un feu dévorant. Lui seul et aucune autre de ses manifestations ne doit purifier et régénérer ses fils le jour du shabbat".

C'est une des lois fondamentales du shabbat en tous les temps, ce qui engendra bien des soucis pour les Juifs pratiquants de diaspora, notamment les Ashkenazes qui inventèrent pour y palier le shabbes goy

5.3.21

En cheminant avec la parasha (22) : Ki-Tissa


 Parfois, le pessimisme aide à l'optimisme. C'est ce qui s'est passé pour moi dans cette parasha. C'est la parasha du Veau d'or. Voici que ceux qui ont connu l'esclavage en Egypte se mettent à adorer un veau fait de pendants d'oreilles ! Ceux qui ont connu les plaies du sang, des grenouilles, de la vermine, des bêtes sauvages, de la peste, des ulcères, la grêle, les sauterelles, l'obscurité, la mort des premiers nés. Ceux qui se sont enfuis devant l'obstination de Pharaon, ceux qui ont vu la mer s'ouvrir et se refermer, les colonnes de nuées, le fracas de Dieu, la manne. 

Je me souviens de tout cela lorsque je vois, je vis, le fléau à nos portes et les réactions de nos contemporains. Les complotistes, les sans-masques, ceux qui ont toujours autre chose à faire qu'à respecter les gestes barrières avec toujours une bonne excuse. On a les ancêtres qu'on mérite. Et il est bon, cette semaine, de rappeler le temps des plaies, de la mer des Joncs,  et de manger ce "pain" totalement indigeste chaque année, encore et encore,

26.2.21

En cheminant avec la parasha (21) : Tetsavé : lumières


 

"Pour toi, tu ordonneras aux enfants d'Israël de te choisir une huile  pure d'olives concassées, pour le luminaire, afin d'alimenter les lampes en permanence." Exode 27:20

Judaïsme, religion de lumières : les lumières permanentes du temple ont disparu, mais il reste la lumière de shabat, celle des jours de fêtes, la veilleuse pour le mort, les lumières de Hanoucah, celle que l'on allume en espoir, comme pensée. Petit flotteur de liège emprunté aux petites chapelles grecques du bord du chemin, petite mèche fragile tremblotant dans la nuit ...

19.2.21

En cheminant avec la parasha (20) : Térouma : du pain


 Dans Térouma, tous les détails de la construction de l'Arche Sainte sont minutieusement décrits. Toutes les matières sont des plus précieuses : or, bois précieux, étoffes précieuses, sculptures monumentales. La description en est presque lassante : tous ces détails ont-ils encore un sens pour nous, en intérêt pour ce monument si précieux, si chargé, totalement disparu et pas vraiment au programme de reconstruction. Pourtant, parmi tout cela, un petit détail, tout simple : sur une table en bois précieux, aux mesures exactes, recouverte d'or pur, bordée d'or, chassis bordé d'or, anneaux d'or pour les pieds, barres pour la porter en bois précieux recouvert d'or, toutes les pièces sont en or. Tout cela pour quel usage ? 

(25; 30) : "Et tu placeras sur cette table des pains de proposition, en permanence, devant moi" Du pain. Bien sûr, nous lirons plus loin que ces pains sont en fleur de farine. Mais tout de même. Du pain. En ce temps de manne céleste, le cœur du trésor de la table est le pain. L'irremplaçable pain que même non levé on se devait d'emporter en quittant l'Egypte. Le pain, absent d'aucunes fêtes. Le pain, la nourriture que l'on ne peut  refuser même à un pauvre. Le pain, cuit au four ou simplement à la chaleur du sable du désert. Le pain.

12.2.21

En cheminant avec la parasha (19) : Michpatim : esclave, pour toujours ?

                                                    Juif du Caire. Bruyn Cornelis
 


Avec cette parasha, on sort du récit biblique et commence l'énonciation des lois dictées par l'Eternel.

Sans ce long passage figurent des choses essentielles comme le rapport à autrui, à ses propriétés, à son bétail, ses rapports avec ses ennemis, les trois grandes fêtes. Mais les premières lignes m'intriguent : on commence par rappeler les lois de l'esclavage. On pourrait penser qu'après l'énoncé des Dix Paroles, il fallait aborder les fondements, les choses essentielles, valables pour tous quelle que soit sa position sociale. Mais il semble que non. Peut-être le rédacteur cherche-t-il à ce que l'auditeur, imprégné des fondamentales dix paroles, puisse assouplir un peu son attention et se recentrer peu à peu pour aboutir à l'énoncé des célébrations fondamentales en fin de discours ?

Il n'empêche. Pour un peuple qui vient de sortir de l'esclavage d'Egypte, c'est étonnant d'entendre immédiatement cette notion pour organiser la société. Peut-être est-il indispensable de rappeler que l'esclavage, nécessité économique pour le pauvre, ne peut durer éternellement chez les Hébreux, limité à six ans sans contrepartie. Que l'homme est libre de rester esclave s'il le souhaite. Mais son maître peut aussi l'enchaîner pour toujours en lui donnant une femme dont il aura des enfants, sans possibilité de les récupérer , ou il doit les abandonner à leur sort. Le destin des femmes esclaves en dehors des esclaves sexuelles n'est pas clair : ont-elles la possibilité de s'affranchir si elles sont célibataires, comme pour l'homme ? Ce n'est pas dit ...

5.2.21

En cheminant avec la parasha (18) : Yitro : que faire d'une vérité ?

Yitro et Moïse, de James Tissot

 

La parasha qui contient les dix commandements s'appelle Yitro. 

Yitro, beau-père de Moïse, mais qui n'est pas hébreu. 

Yitro qui ramène la femme et les deux fils de Moïse, et pourtant c'est à Yitro seulement que Moïse s'adresse. 

Yitro qui écoute Moïse scrupuleusement, qui le croit, qui reconnaît la suprématie de son Dieu  et lui offre des holocaustes.

Yitro qui organise l'emploi du temps de Moïse afin qu'il échappe au burn out.

Mais Yitro qui repart vers son pays, Yitro ne connaîtra pas la révélation du Sinaï.

Que cela peut-il signifier ? Il existe une vérité, que l'on peut reconnaître et ne pas partager ? que l'on peut partager temporairement puis s'en retourner vers une autre dont on est issu, cependant qu'on en laisse une partie de sa famille en partage ? Une espèce d'anti-Ruth : Ton Dieu est le Dieu mais n'est pas mon Dieu ? Tolérance et respect sans pacte ni contrepartie 

29.1.21

En cheminant avec la parasha (17) : Bechala'h : un échec pour Dieu ?

 Dans cette parasha, non, je ne vais pas redire tout mon effarement de voir Dieu endurcir le cœur de Pharaon. Mais simplement me demander : cela a-t-il eu l'effet escompté ?

enluminure arménienne


Voici des peuples qui ont connu de grands effrois : la destruction massive, inexorable, du Dieu d'Israël sur un autre peuple que l'on a endurci pour mieux l'exterminer, ce jusqu'au bout : les Egyptiens avaient décidé de se sauver pendant l'ouverture de la mer "Fuyons devant Israël, car l'Eternel combat pour eux contre l'Egypte" (14:25). Mais non, ils furent endurcis et ainsi ils périrent. Ne serait-ce pas comme une leçon pour les autres peuples ? C'est ce qu'on pourrait croire: "A ces nouvelles les peuples s'inquiètent, un frisson s'empare des habitants de la Philistée. A leur tour ils tremblent les chefs d'Edom; les vaillants de Moab sont saisis de terreur, consternés tous les habitants de Canaan ..." (15 :14 à 16).  Pourtant, très vite,le convoi est attaqué, par Amalec, que l'Eternel veut éradiquer mais qui ne l'est pas. L'Eternel est-il tout puissant, qui laisse cet ennemi survivre ?

Et que penser de ses Israélites dont Dieu même se méfie : "le peuple pourrait se raviser à la vue de la guerre et retourner en Egypte (13 : 17) ": des geignards, qui malgré tout ce qu'ils ont vu doutent encore et regrettent l'Egypte, sa végétation, son eau, sa nourriture. Peuple peu sympathique, ingrat, rêvant de sa servitude passée... quelle image il donne de lui-même, quel mérite mérite-t-il ?  

22.1.21

En cheminant avec la parasha (16) : Bo : et ça continue encore et encore

                                                    La mort du fils de Pharaon, tableau de Lawrence Alma-Tadema
 

Tu croyais avoir tout vu ? Il paraît bien que non ! Et on le répète trois fois, comme si tu ne pouvais t'en rendre compte toi-même : tout ce que la grêle a épargné, les sauterelles le détruisent en créant leur nuit de myriades... à laquelle succède une nuit de trois jours, mais de toute façon que reste-t-il à voir ? 

Enfin pour finir on te parle de la mort de tout premier-né, animaux compris. Comme s'il restait encore des animaux, ou des chiens pour aboyer. De toute façon, tes cris couvriront leurs gémissements quand ton fils ainé mourra devant toi, car tu n'avais plus d'animaux pour teindre le linteau de ta porte avec son sang.

Alors ton voisin hébreu s'approchera de toi, et te demandera de l'or, de l'argent, des habits. 

Il ne te restera rien, rien que les yeux pour pleurer

Dans la Bible, on parle toujours des malheurs de Job, mais Dieu se contente de laisser faire le Malin. Alors qu'ici, c'est Dieu qui envoie les fléaux, et pire encore qui endurcit le cœur de Pharaon, pour qu'il ne cède pas, pour que les malheurs s'abattent sur le peuple égyptien.

Je ressors de ces deux parashas hébétée, abasourdie, assommée de ces richesses que je n'ai pas méritées, de ces destins détruits ...

17.1.21

En cheminant avec la parasha (15) : Vaèra


Imagine toi paysan.  Tu te lèves un matin, pour aller à la pêche. Le fleuve est rouge. Les poissons, tous crevés, remontent à la surface. Tu accuses Monsanto et tu rentre chez toi, sauf que tu n'as plus rien à boire que l'eau qui te reste dans la cruche. Tu te mets à creuser un puits, pour ne pas crever, en attendant que la situation redevienne normale.

Au bout de sept jours, tu te rends au fleuve. Ouf, il n'est plus rouge. Mais un grouillement inhabituel attire ton attention. De l'eau surgissent des centaines de grenouilles, qui envahissent tout : ton four, ton  pétrin, ton  lit. A force de les écraser, tout devient gluant, glauque, immonde. Puis elles périrent d'elles-mêmes. Tu en fais de grands tas puants. 

Est-ce cette infection qui produisit la suite ? La vermine commence à te recouvrir, toi puis tous tes animaux. Ton corps n'est que plaie grouillante, le dégoût et la peur te poursuivent et te hantent. Qu'arrive-t-il en ce pays ?

Exsangue est ton  corps, exsangue est ton  âme, tant que quand les hordes de loups, renards et autres lynx envahissent ton  domaine, tu n'as même plus la force de te lever, juste de barricader ta porte pendant qu'ils dévorent ton  pauvre bétail affaibli. Et puis, ils s'évanouissent, tu ne sais comment.

Cependant, une étrange maladie sans aucun symptôme se répand parmi ton  bétail, et pas un ne reste vivant. 

Le reste des animaux semblent épargnés, mais c'était trop vite en besogne : ils se couvrent de pustules et ils te contaminent, à ton  tour.

Puis le service Météo lance une alerte de niveau rouge, et il faut rentrer tout ce qu'il reste des survivants des pustules et des fauves, car un immense orage de grêle s'abat sur le pays, tuant tout ce qui n'est pas à l'abri. Et le désastre s'étend au monde végétal : plus une plante, même les plus gros arbres ! Tout est détruit dans le fléau, en particulier lin et orge : tu ne pourras bientôt même pas vêtir  ce qu'il te reste de corps...

Il te reste encore tes yeux pour pleurer sur ce qu'il reste de tes mains grevées par la vermine et les pustules ...

10.1.21

En cheminant avec la parasha (14) : Chemot : anonymes

Juan MANCHOLA Moïse abandonné sur le Nil, 1858

 Avec cette parasha commence le Livre de l'Exode, en hébreu Chemot, les Noms. Car il commence avec les noms de ceux de la famille de Jacob qui sont en Egypte.

Or curieusement, le récit commence sans nous donner de noms : un nouveau roi qui n'a pas connu Joseph, le père de Moïse, la mère de Moïse, la sœur de Moïse, la fille de Pharaon : pas de nom. Moïse lui même attend le verset 2,11 pour être nommé par la fille de Pharaon. Le beau-père de Moïse  est nommé par un premier nom, puis par un autre. Et la femme de Moïse lui donne des fils qui ne sont pas nommés. Moïse lui-même, déclare qu'il ne connait pas le nom du Dieu qui lui est apparu, et c'est là que Dieu se décide à se nommer lui-même...

1.1.21

En cheminant avec la parasha (13) : Vay'hi : éloge du métissage

Isaac bénit Jacob, Johannes Pieter de Frey,

 On sait peu de choses des enfants de Joseph, nés d'une fille de prêtre. Jacob les réintroduit dans la lignée familiale en les adoptant. Ils sont des inconnus, "Qui sont ceux-là ?"(48-8). Du sang neuf, entièrement exogamique. C'est peut-être ce qu'il fallait , lorsqu'avec douze enfants se sont exacerbées les querelles familiales. La formule est restée célèbre "Dieu te fasse devenir comme Ephraïm et Manassé". Heureux les petits-enfants de mère exogène, mais notons qu'en adoptant les fils de Joseph, on le saute, lui, l'Egyptien ...