28.2.09

Hokusai et le mont Fuji, semaine 39

Senju kagai yori chôbô no Fuji (Le mont Fuji vu du quartier de plaisir de Senju)

Je n'ai pas besoin d'aussi grande escorte pour me promener avec mon amoureux !

Non Kiji...

...il faudra quand même un peu de temps pour ranger, mais la boîte est très jolie, et puis nous n'en sommes pas encore là !

18.2.09

"Hasard, hasard



Mise en ligne par lu.ciole
...) Et vois-tu, parfois, j'ai cette idée qui me traverse l'esprit : peut être la chance est-elle quelque chose de tout à fait banal après tout. Les coïncidences se produisent un peu partout autour de nous, tout le temps. Mais la plupart d'entre nous n'y font pas attention, nous les laissons filer, s'échapper. Comme des feux d'artifice en plein jour. On entend une sorte de petite explosion, mais même si on lève les yeux vers le ciel, on ne voit rien. Pourtant, si nous avions véritablement envie que quelque chose se réalise, il y aurait une forme visible qui apparaîtrait dans notre champ visuel, comme un message en suspension. Alors nous serions en mesure de le voir très clairement et de déchiffrer sa signification. En le voyant là, devant nos yeux, nous serions étonnés, nous nous interrogerions : comment des événements si étranges peuvent-ils réellement advenir dans la vie ? Même s'il n'y a rien de véritablement étrange, en fait. Je ne peux m'empêcher de ressentir cela". (...)
Haruki Murakami, Hasard, hasard, in Saules aveugles, femme endormie


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La luciole



Mise en ligne par lu.ciole
"(...) J'ouvris le couvercle du bocal, fis sortir la luciole et la posai sur le rebord de la citerne, large de quelques centimètres. On aurait dit que l'insecte ne comprenait pas où il se retrouvait. Il entreprit de faire le tour d'un boulon à petits pas chancelants puis se prit les pattes sur des éclats de peinture. Il tenta une sortie vers la droite, se heurta à un obstacle, rebroussa chemin. précautionneusement, il se hissa au sommet du boulon et resta immobile, un long moment. Statique, comme mort.
Je me penchai davantage sur le garde-corps et l'observai. Longuement nous demeurâmes ainsi, la luciole et moi, dans la plus parfaite immobilité. Seul le vent, semblable à une rivière, coulait entre nous. Les innombrables feuilles de l'orme bruissaient dans la nuit.
J'attendis une éternité.

Bien plus tard, la luciole prit son envol. Elle déploya soudain ses ailes, comme si un souvenir l'avait saisie, et la seconde d'après elle se retrouva au-dessus du garde-corps avant de plonger dans l'obscurité transparente. Puis comme si elle voulait rattraper le temps perdu, elle s'éleva en dessinant des cercles rapides au dessus de la citerne. Elle s'immobilisa un instant, ses traces lumineuses eurent juste le temps de s'effacer, et elle s'éloigna en direction de l'est.
Après sa disparition, le souvenir de ses traces lumineuses resta longtemps en moi. Dans les ténèbres épaisses derrière mes yeux clos, ses lueurs ténues demeurèrent vivaces, tels des esprits vagabonds.
J'essayai encore et encore de tendre les mains dans la nuit. Mes doigts ne touchaient rien. Cette toute petite lumière était pour moi désormais hors d'atteinte."

Haruki Murakami, La luciole, in Saules aveugle, femme endormie

Moi je sais où la luciole s'est rendue...


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14.2.09

Hokusai et le mont Fuji, semaine 37

Tôkaidô Hodogaya (Hodogaya sur la route du Tokaidô)

Je ne suis pas d'acord avec Jocelyn Bouquillard : la passagère du palanquin ne somnole pas. Quoi de plus beau que quelqu'un qui remet sa sandale ?

7.2.09

Assommons les pauvres

Aujourd'hui, pour la première fois à Nice, j'ai croisé quelque chose comme ça :

Je ne pourrai jamais, jamais m'y habituer. C'est comme un coup de poing qui m'est donné dans le ventre, un dégout de l'humanité qui me prend aux tripes, qui me donne envie de faire comme Baudelaire dans assommons les pauvres.
Mais je n'ai rien fait, et j'ai passé mon chemin. Je n'en décolère pas.

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Grâce à l'adorable famille S., notre frigo s'est transformé en lieu d'échanges poétiques et autres mots doux... Qu'elle en soit remerciée !

Pour rassasier la curiosité de Shizuka

Peu après avoir déballé les tableaux j'ai donné à Hatsuo un marteau et deux clous, et il les a accrochés là où il a voulu

Hokusai et le mont Fuji, semaine 36

Kôshû Misaka no umizura suimen (Le mont Fuji, reflété dans le lac, à Misaka, dans la province de Kai

Le tout petit homme, dans sa très grande barque, préfère-t-il, pour se diriger, le reflet enneigé à la montagne sèche ?

1.2.09

Hokusai et le mont Fuji, semaine 35


Sôshû Hakone no kusui (Sôshû Hakone no kusui)

Un Japon chimérique, un Japon vide de Japonais, personne ne randonne, personne ne peint ou ne prend de photos. Quel farceur cet Hokusai !


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A quoi sert une chanson quand elle est désarmée

J'ai longtemps eu comme un peu honte de l'apprécier, sans jamais renier ni dénier mon goût pourtant. Mon amour de la littérature et mon désir de partage me faisait me méfier des intellos tranchants, ce n'était pas la mode d'aimer la chansonnette. Les années ont passé, je suis restée fidèle.
Hier, c'était la première fois que je m'offrais un concert, et la presque première fois que je participais à ce genre, dans une salle immense où il devait mesurer deux centimètres et demi à tout casser. Pas l'excuse de flasher sur sa belle plastique. Et que de bonnes surprises : une voix très belle en direct, la même qu'en studio et sans triche. Beaucoup de présence, quelques récits simples mais aux accents sincères. Des chansons pleines de souvenirs. Et de poésie, de redécouverte, quelques découvertes aussi. Et tous ces gens autour de moi, j'étais presque "jeune" parmi eux ; beaucoup de mémés, majorité de soixantenaires; des médecins, des femmes en taileurs stricts. La lumière éteinte, beaucoup de chaleur, chacun (plutôt chacune) chantait simplement, tendrement, laissant loin les soucis du monde, la façade bourgeoise. Ce n'était pas étrange de chanter avec lui des textes de Carla Bruni. C'était comme si Etienne Roda-Gil n'était pas mort. Peut-être est-ce le seul métier utile que de permettre aux gens d'être sans fard un court moment.
Il y avait beaucoup de ma vie dans ces textes.
"Même si les maitres parlent Et qu'on ne m'entend plus,Même si c'est moi qui chante À n'importe quel coin de rue, Je veux être utile À vivre et à rêver."
"Mélissa, métisse d'Ibiza Vit toujours dévêtue Dites jamais que je vous ai dit ça Ou Mélissa me tue..."
"Elle n'est pas donnée à tout le monde La chance de s'aimer pour la vie dix ans dix mois dix secondes Et nous voici "
"Il faut le croire Moi seul je sais quand elle a froid Ses regards Ne regardent que moi"
Il y a beaucoup de ma vie dans ces textes. Petit miracle que l'homme que j'aime partage ce plaisir.
"J' veux pas q' tu t'ennuies J' veux pas q' t'aies peur J' voudrais q' tu oublies L' goût du malheur"