30.11.18

Commandeur et meurtre (35) : festin

"Qu'en sera-t-il de ce Commandeur ? Faut-il lui préparer un repas ? Ou bien ne pourra-t-il pas goûter aux mets de ce bas monde ?
- Il n'est pas nécessaire de lui préparer un repas. Il ne peut prendre la moindre nourriture ni boire une gorgée de vin. Simplement, pourriez-vous prévoir une place pour lui ?"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

29.11.18

Commandeur et meurtre (34) : Monk


"Regarde Thelonious Monk. Ses accords énigmatiques sont aucunement fruit d'une théorie ou d'un raisonnement, que nenni. Il a seulement ouvert bien grand les yeux et il s'est contenté de les puiser à deux mains dans l'obscurité de sa conscience. L'important est point de créer à partir de rien. Ce que tu dois plutôt faire, Messieurs, c'est de trouver celle qu'il te faut parmi leschoses qui sont déjà en ta possession."
Cet homme connaissait donc Thelonious Monk."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

28.11.18

Commandeur et meurtre (33) : Edward G. Robinson


"Le Commandeur inclina légèrement la tête l'air de réfléchir. En arborant cette expression grave, il avait quelque chose d'un petit diable. Ou il faisait penser à l'acteur de vieux films de gangsters, Edward G. Robinson. Il n'était pas exclu, d'ailleurs, que le Commandeur ait effectivement "emprunté" cette expression à Edward G. Robinson. Cela n'avait rien d'impossible"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.22, L'invitation tient toujours,  ed.Belfond

23.11.18

Commandeur et meurtre (32) : de l'ignorance

"Lorsque c'est possible, il y a aussi des choses qu'il vaut mieux continuer à ignorer, avait-il dit. C'était peut-être vrai. Dans ce monde, il y a certainement des choses qu'il est préférable de continuer à ne pas entendre. Toutefois, on ne peut rester éternellement sans entendre. quand vient le temps, aussi hermétiquement qu'on se soit bouché les oreilles, le bruit fait trembler l'air et s'enfonce dans le cœur de l'homme. Il est impossible de l'en empêcher. Si vous ne voulez pas qu'il en soit ainsi, il ne vous reste qu'à aller dans le monde du vide."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.20, L'instant ou présence et absence allaient se mêler,  ed.Belfond

22.11.18

Commandeur et meurtre (31) : silence

Dans le silence du bois, je pouvais presque percevoir jusqu'au bruit de l'écoulement du temps, du passage de la vie. Un humain s'en allait, un autre arrivait. Un sentiment s'en allait, un autre arrivait. Une image s'en allait, une autre arrivait. Et moi aussi, je me désintégrais petit à petit dans l'accumulation de chaque moment, de chaque jour, avant de me régénérer. Rien ne demeurerait au même endroit. Et le temps se perdrait. Un instant après l'autre, le temps s'écroulait puis disparaissait derrière moi, comme du sable mort. Assis devant la fosse, l'oreille aux aguets, je ne faisais qu'écouter le temps mourir."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.20, L'instant ou présence et absence allaient se mêler,  ed.Belfond

21.11.18

Commandeur et meurtre (30) : toile blanche

"J'avais toujours aimé, tôt le matin, contempler longuement une toile absolument vierge, sur laquelle il n'y avait encore aucun dessin, aucune peinture. J'appelais ce moment "le zen de la toile". rien encore n'était dessiné, mais ce n'était absolument pas du vide qu'il y avait là. sur cette surface immaculée se dissimulait la forme sur le point d'advenir. Si je fixais mon regard dessus, je discernais diverses possibilités, lesquelles finiraient bientôt par converger avant de déboucher en une piste concrète. J'aimais cet instant. l'instant où présence et absence allaient se mêler."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 1, ch.20, L'instant ou présence et absence allaient se mêler,  ed.Belfond

20.11.18

Commandeur et meurtre (29) : gaspillage

" "On y va," lança-t-elle soudain.
La dessus, elle but la moitié de son verre d'eau et elle se leva. Sur la table, son café restait presque intact, juste une gorgée bue. Même chose pour son cheese-cake, juste une bouchée grignotée. La scène m'évoqua le lieu d'un drame.
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.17, Comment avais-je pu laissé échapper une chose aussi importante?  ed.Belfond

19.11.18

Commandeur et meurtre (28) : soap music


"Je ne me souviens plus si la chanson avait été composée par John Lennon ou par Paul MacCartney. Sans doute par Lennon."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.17, Comment avais-je pu laissé échapper une chose aussi importante?  ed.Belfond

18.11.18

Commandeur et meurtre (27) : défense contre la momie

"Même après notre séparation, elle et moi étions restés reliés par un cordon vivant - c'était ainsi que je le ressentais. Ce cordon était invisible aux yeux, mais il palpitait encore avec de petits battements, et une sorte de sang chaud circulait faiblement entre nos deux âmes. Du moins, de mon côté, subsistait cette sensation organique. Mais ce cordon serait certainement coupé un jour pas si lointain. Si tôt ou tard il devait être rompu, il fallait que je transforme le plus rapidement possible cette modeste artère vitale qui nous reliait en quelque chose d'inanimé. Car une fois que ce cordon serait dépourvu de vie, desséché et racorni à l'image d'une momie, la souffrance de son amputation à venir, la douleur que donnerait une lame aiguisée serait d'autant plus supportable."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.17, Comment avais-je pu laissé échapper une chose aussi importante?  ed.Belfond

15.11.18

Commandeur et meurtre (26) : de la nouveauté

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Je déjeunai d'une salade de tomates et de tofu et d'un onigiri. Après quoi, je bus un thé vert corsé. Puis j'allais m'allonger sur le canapé, écoutai un quatuor à cordes de Schubert. C'était une blle composition. En lisant les explications qui figuraient sur la pochette du disque, j'appris que lorsque ce morceau avait été joué pour la première fois, beaucoup, dans le public, avaient éprouvé un sentiment de rejet, le jugeant "trop nouveau". Je ne voyais pas très bien en quoi il était "trop nouveau"
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.16, Une journée relativement bonne,  ed.Belfond

14.11.18

Commandeur et meurtre (25) : huile de Shodoshima ?


"Je préparai de la sauce tomate en écoutant ces sonates depuis la cuisine. Il me restait une grande quantité de tomates et je voulais les utiliser pour faire de la sauce avant qu'elles ne s'abîment.
Je fis bouillir de l'eau dans un grand faitout, plongeai les tomates dedans, enlevai leur peau, les détaillai au couteau, ôtai leurs graines, écrasai les chairs, puis je versai un filet d'huile d'olive dans une grande sauteuse en acier, rajoutai de l'ail et les mis à cuire un bon moment. J'écumai fréquemment. Du temps où je vivais avec ma femme, c'était une sauce que j'avais souvent concoctée. Cela prenait du temps, il fallait de la patience, mais c'était une tâche, par principe, simple. Pendant que ma femme était au travail, seul à la ciusine, je m'y attelais en écoutant des CD."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.15, Ce n'est que le début, ed.Belfond,

13.11.18

Commandeur et meurtre (24) : audiophilie



"Les enceintes Tannoy Autograph ne payaient pas de mine, et pourtant, elles diffusaient un son équilibré, avec de la profondeur. C'étaient des enceintes parfaites pour écouter de la musique classique, en particulier de la musique de chambre. Elles s'accordaient d'autant mieux avec l'ampli à tubes qu'elles étaient anciennes."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.15, Ce n'est que le début,  ed.Belfond,

12.11.18

Commandeur et meurtre (23) : sandwichs

"A la cuisine, je préparai des sandwichs avec du jambon, de la laitue, des cornichons, et nous sortîmes sur la terrasse pour les manger en contemplant la pluie."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.15, Ce n'est que le début,  ed.Belfond,

11.11.18

Commandeur et meurtre (22) : politesse musicale

"Quant aux disques de Tchaïkovski, de Rachmaninov, de Sibelius, comme ceux de Vivaldi, de Debussy, de Ravel, les indispensables étaient certes là, mais on aurait dit qu'ils faisaient partie de sa discothèque par simple correction. "

MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.12, Comme ce facteur inconnu,  ed.Belfond,

10.11.18

Commandeur et Meurtre (21) : beurk 2

"Une fois par semaine, je cuisinais d'avance différents plats d'un seul coup. Puis je les mettais au réfrigérateur ou au freezer, et j'étais ainsi tranquille pour une semaine. Ce jour-là était un jour de cuisine. Pour le dîner , j'avais fait cuire du chou et des saucisses, que j'accompagnai de macaronis. Je mangeai aussi une salade de tomates, d'avocat et d'oignons. "


MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.12, Comme ce facteur inconnu,  ed.Belfond,

9.11.18

Commandeur et Meurtre (20) : cela n'arrive que très rarement


"Il ne l'imaginait sûrement pas ! Que plus de cent et quelques dizaines d'années plus tard, de si nombreux visiteurs du monde entier aillent délibérément dans un musée, ou bien ouvrent un livre d'art, pour contempler, le regard pensif, sa propre figure peinte."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.12, Comme ce facteur inconnu,  ed.Belfond,

8.11.18

Commandeur et meurtre, livre 1 (19) : variantes





"Je l'ai entendu avec grand plaisir "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.9, un échange mutuel, ed.Belfond,

7.11.18

Commandeur et meurtre, livre 1 (18) : en boucle


"Cet opéra a une particularité : une fois qu'on l'a aimé, on ne peut plus s'en passer."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur,Livre 1, ch.9, un échange mutuel, ed.Belfond,

4.11.18

Chroniques désordonnées au pays nippon de l'olive et autres délices (1) : thé hojicha

Pendant mon voyage au Japon, j'ai pris beaucoup de photos mais je n'ai eu ni le temps ni l'envie de faire une chronique. Mon ami Alain l'a fait tellement bien à ma place !
Maintenant que je suis rentrée, déjà nostalgique, ayant vidé une valise pleine de trouvailles, c'est le moment de me replonger dans mes souvenirs tout frais.
Ce matin, Hatsuo a décidé d'ouvrir le paquet de thé Hojicha que nous avons rapporté de Kurashiki.

Le thé Hojicha, comme l'indique Wikipedia, c'est un thé au départ assez quelconque, mais torréfié, il a un goût très particulier que j'apprécie beaucoup. Comme de plus il a un taux de caféine très faible, on peut en boire à tout moment. Il parait qu'il s'allie parfaitement aux sushis. Mais dans les sushiyas du Japon, c'est du thé vert en poudre que l'on boit, et j'en ai rapporté aussi, et même une version délicieuse avec du lait ( ce doit être chimique au possible, c'est ça l'avantage de ne pas savoir lire les compositions en Japonais )
Mon thé Hojicha, c'est le joli sachet en papier kraft.  Nous l'avions repéré dans notre guide pour Kurashiki et nous cherchions la boutique. Les gens ont été adorables : tout le quartier s'est rassemblé pour nous trouver la boutique de thé, les gens s'interpelant de boutique en boutique et formant un mini-attroupement avec force discours dont je ne captais rien mais dont Hatsuo ne ratait pas un mot. La boutique est tenue par le fabriquant lui-même, que j'ai hésité à photographier et pourtant c'était un très beau vieux monsieur et sa boutique était très belle, comme toutes les boutiques de Kurashiki et quasi Kurashiki toute entière. Mais le monsieur est moderne, il a un beau site internet avec la photo de sa jolie boutique. Il vend son sac de thé avec le mode d'emploi, très joli lui aussi :

et pour les gaijins aussi, au verso :


Nous sommes arrivés à Kurashiki de nuit, et nous avons erré dans la ville endormie. C'était déjà très joli, le long du canal les très belles maisons. Finalement, certaines choses étaient familières : au restaurant, de la poutine, mais servie sur un lit de tofu; grâce au conseil d'Hatsuo, j'ai pu aussi consommer du poisson de saison, mais je ne connais pas son nom.


Le lendemain, l'atmosphère diurne était différente, très animée. 
Toutes les boutiques ouvertes, et en même temps une qualité de l'architecture et des productions que j'ai rarement rencontrée dans les autres petites villes que j'ai visités. 


Nous n'avons pas fait que les boutiques, mais visité aussi la très belle demeure d'un négociant en riz, la maison Ohashi, qui est presque un quartier en elle-même; 




il y avait un pavillon de thé donnant sur un jardin 

et une employée voyant notre intérêt n'a pas lésiné sur les moyens


Toute la ville est pleine de magasins d'artisans, d'authentiques créateurs en tout genre. A la boutique face au magasin de thé, tatami and co, j'ai failli craquer pour un service à soba tête à tête, avais aussi envie d'acheter tous les balais, mais finalement j'ai acquis un couvre-livre pour mon Murakami, avant de m'apercevoir que mon Murakami il est trop grand ;-)


Nous avons aussi été invités à visiter une exposition d'un professeur et de ses élèves en couture, où il y avait de véritables merveilles (vous remarquerez l'adorable franponais). 

J'ai été autorisée exceptionnellement à faire une photo.

Il y aussi une foule de créateurs de vêtements, car à Kurashiki on fabrique du denim, des jeans, et autres variations. Même le Point en parle. Il y avait de magnifiques pièces très originales, dans tous les genres. Je me suis contenté de craquer sur un petit sac très rigolo.

J'avoue avoir quitté Kurashiki à regret, sans avoir pu visiter à mon gré l'ensemble de la ville, car nous devions prendre train et bateau pour les îles. Je compte bien y retourner, ce qui sera sans doute possible puisqu'elle se trouve sur la ligne de Shinkansen entre Osaka et les grandes villes plus au sud ...