28.5.21

En cheminant avec la parasha (37) : Beha'alotekha : la femme est toujours coupable

 

Myriam, Anselm Feuerbach

Quel peuple de geigneurs ! Dans le désert, la manne offerte généreusement ne suffit pas aux Hébreux qui n'ont pas l'âme de vegans. Ils pleurent après la viande, après le poisson de leurs souvenirs. Moïse craque, il a bien raison, quel cadeau ce peuple ! Mais l'Eternel n'est guère patient non plus, et il se venge. Dans sa vengeance, il n'est guère juste : il en tue quelques uns après la chute des cailles, mais on ne dit pas quels sont ses critères; on ne sait pas non plus les critères pour punir Miriam de la lèpre, alors qu'Aaron aussi a péché avec elle : comme dit le proverbe populaire, les femmes savent toujours de quoi elles sont coupables ...

21.5.21

En cheminant avec la parasha (36) : Nasso : l'infidélité est un mot féminin

Le rituel de Sotah, Jan Luyken


Au milieu de cette parasha, entre la suite de la liste des tâches et celle des offrandes d'inauguration, deux lois.

Une à propos du nazirat, c'est-à-dire du retranchement du peuple par l'abstinence d'alcool , en fait de raisin, sous toute ses formes, et du nazir qui physiquement se laissera pousser les cheveux, se distinguant ainsi du reste du peuple. Ce qui me frappe, c'est que cette rupture, quel qu'en soit le motif, ne peut être éternelle : elle a un commencement, et une fin, marqués par des étapes visibles de tous. On ne peut donc, quand on est juif, être ermite ou anachorète pour toujours, et si l'on décide de l'être , on est étroitement surveillé par le reste de la communauté, qui veille, y compris s'il y a rupture accidentelle du statut.

La deuxième parle de la femme sotah, la femme supposée être infidèle. Le rituel parait étrange, injuste. Mais pourtant, il protège la femme du crime d'honneur, obligeant la famille à se plier au jugement de Dieu en l'absence de témoignage. Il oblige à la laver de toute faute, en cas de réussite, la gratifiant même de fertilité comme dédommagement de l'épreuve endurée. Mais, j'allais dire "bien sûr", on ne dit rien de ce que serait un homme "sotah"... voyons, il ne faudrait pas exagérer ...
 

14.5.21

En cheminant avec la parasha (35) : Bemidbar : multitude

Les Israëlites se regroupant autour de la manne, Nicolas Poussin
 

Le livre Bemidbar, "au désert" commence par la parasha du même nom par un paradoxe : dans ce nommé désert, il y a tant de monde, qu'il va falloir le recenser  Compter pour catégoriser : telle ou telle tribu dans un point géographique du campement, les Lévites ayant scrupuleusement leur tache respective pour montage et démontage de l'Arche, toute inattention pouvant être occasion de mort ... Bien sûr, il n'est question ici que d'hommes, jeunes. Cela peut être l'occasion d'un dictionnaire de prénoms masculins, aux consonances magnifiques : Issakhar, Amishadaï, Eliassaph

7.5.21

En cheminant avec la parasha (34) : Be'houkotaï : le bruit d'une feuille

Dans la dernière parasha du Lévitique, nous assistons à la longue liste de ce qui nous attend si nous désobéissons à notre Dieu. La liste est longue est très dure, et en même temps, avec le recul du temps, Dieu n'a guère eu à intervenir, pour produire toutes ces catastrophes, l'homme s'est bien débrouillé tout seul ...
Un verset, le 36, a particulièrement attiré mon attention, avec une punition énoncée de façon particulièrement poétique :  "(...) poursuivis par le bruit de la feuille qui tombe, ils fuiront comme on fuit devant l'épée, ils tomberont sans qu'on les poursuive. "

En cheminant avec la parasha (33) : Behar : l'aide d'urgence en cas de crise

Picasso. Le vieux juif

 Je reprends ici mon travail sur la parasha, et en ce jour de la reprise de liberté de la circulation, les versets résonnent comme un rappel des temps, comme un rappel de la morale et de la place de l'homme, en particulier de l'homme aisé, dans la société.

L'assistance aux autres est absolument nécessaire, rappelée très fermement par Dieu  :"Si ton frère vient à déchoir, si tu vois chanceler sa fortune, soutiens-le, fût-il étranger et nouveau venu, et qu'il vive avec toi. N'accepte de sa part ni intérêt ni profit, mais crains ton Dieu, et que ton frère vive avec toi. Ne lui donne point ton argent à intérêt, ni tes aliments pour en tirer profit. Je suis l'Eternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays de Canaan, pour devenir votre Dieu." (25: 35-38)  Dieu nous a peut-être libérés de l'Egypte mais attention, Dieu va très loin dans son rappel ici : "Ils sont mes esclaves, à moi, qui les ai fait sortir d'Egypte" (25:42)

 Un rappel qui en suit un autre, le début de la parasha : Dieu va jusqu'à exprimer : "vous n'êtes que des étrangers domiciliés chez moi (25 : 23)". Dans quel contexte ? Celui de l'année sabbatique et de l'année du jubilé. "La septième année, un chômage absolu sera accordé à la terre, un sabbat en l'honneur de l'Eternel. Tu n'ensemenceras ton champ ni ne tailleras ta vigne (...) ce sol en repos vous appartiendra à tous pour la consommation : à toi, à ton esclave, à ta servante, au mercenaire et à l'étranger qui habitent avec toi ; ton bétail même, ainsi que les bêtes sauvages de ton pays, pourront se nourrir de tous ces produits. "(25 : 4-7). Dans ces années, point n'est question de disette, mais de l'angoisse de disette née de cette situation de repos de la terre pouvant être vécu par l'homme comme un abandon. Apprendre à avoir confiance, apprendre à partager, ce sont des vertus dont nous avons rêvé en début de confinement, mais qui peu à peu sont délaissées. Ou peu à peu s'intallent, dans cette vie d'après, les intérêts catégoriels, les divisions catégorielles. Par manque d'anticipation, avons nous négligé de prendre conscience de la sixième année : "Je vous octroierai ma bénédiction dans la sixième année, tellement qu'elle produira la récolte de trois années" (25 : 21). Installés sur la terre, nous avons oublié que nous y sommes seulement des locataires, que la possession n'est ni obligatoire de façon pérenne, ni éternelle, qu'elle doit donner lieu au partage, à l'empathie ... En ce moment, nous sommes durement rappelés à la réalité, mais voulons-nous être décillés ?