29.2.16

Ecoute le vent (32) : Karamazov, le retour

"Le Rat écrivait encore des romans. Il m'en envoie toujours des copies chaque année pour Noël. L'année dernière c'était sur un cuisinier dans la cafeteria d'un hôpital psychiatrique, celui de l'année d'avant c'était sur une comédie basée sur les frères Karamazov."
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 39

28.2.16

Mes notes de chevet (117) : le soleil

"Sur la crête des monts, derrière lesquels il vient de disparaître, on voit encore une lueur rouge, et les nuages s'étendent en fines traînées teintées de jaune clair."
Notes de Chevet, Sei Shônagon
Mes notes de chevet : Souvenirs. L'été passe, et, je redéfinis la succession des jours, leur rotation au coucher du soleil : chaque soir, parmi les oliviers du jardin, je regarde le disque descendre peu à peu pendant que monte une petite angoisse sourde, avec la pensée consolatrice que demain je serai là aussi. Mais le disque chaque jour se déplace un peu, sa progression lente sur la crête me rappelle qu'en certains lendemains je n'y serai plus.

Ecoute le vent (31) : cinéma polonais





Vivre ensemble dure assez longtemps, pour que, je suppose, nos centres d'intérêt commencent à coïncider.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 39

27.2.16

Cent vues (94) :synchronicité

Futomiru Fuji, Hokusai

Synchronicité en ce week-end : la neige de retour alors que même les arbres ont cru au printemps.

26.2.16

Ecoute le vent (30) : dédicace (2)

"Je vais le dire seulement une fois, alors écoutez bien ; je vous aime tous"
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 37

Ecoute le vent (29) : de l'action



Chaque fois qu'un nouveau film de Sam Peckinpah sort, ma femme et moi allons dans une salle de cinéma, stoppons au parc de Hibiya sur le chemin du retour, et buvons deux bières chacun, dispersant nos popcorns pour les pigeons.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 39

25.2.16

Ecoute le vent (28) : ni tout à fait la même ...

Voilà bien longtemps que je n'avais pas senti le parfum de l'été. L'odeur de la marée, le bruit des sirènes au loin, la sensation de la peau des filles, les bouffées citronnées de l'après-shampooing, la brise du soir, les espoirs incertains, et puis les rêves de l'été...
Mais comme sur une feuille de papier-calque qui s'est un peu décalée, toute chose était légèrement mais inexorablement différente de ce qu'elle avait été dans le passé.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 35

24.2.16

Ecoute le vent (27) : hello, le soleil brille


"A la fin, quand le pont est bombardé, elle poussa quelques gémissements. 
"-Pourquoi est-ce que tu as traversé tout ça pour en arriver là ? demanda-t-elle en pointant un doigt  sur Alec Guinness qui restait là, pétrifié. 
- Il devait conserver sa fierté.
- Mm... "La bouche pleine de pain, elle médita un moment sur la fierté des hommes."
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 34

23.2.16

Ecoute le vent (26) : inventaire

"Tout à côté du YWCA sale et lugubre se trouvait une construction neuve, mais c'était un bâtiment de piètre qualité, destiné à des locations, sur le toit duquel était planté un immense panneau publicitaire montrant un réfrigérateur. Une femme avec son petit tablier, la trentaine environ, l'allure anémique, se penchait en avant en maintenant ouverte la porte du frigo, ce qui me permettait de voir l'intérieur. 
Dans le freezer, des glaçons et un litre de glace à la vanille, un paquet de crevettes surgelées. Sur la deuxième tablette, des œufs, du beurre, du camembert, du jambon. Sur une autre, du poisson, des cuisse de poulet. Dans le compartiment en plastique du bas, des tomates, des concombres, des asperges, une laitue, des pamplemousses ; dans la porte,trois grandes bouteilles de cola et trois de bière, sans compter un pack de lait. 
Pendant que j'attendais, appuyé sur le volant, j'essayai d'imaginer dans quel ordre dans lequel je dégusterais le contenu de ce frigo, mais non, de toute façon, un litre de glace, c'était trop , et l'absence de sauce pour les légumes, rédhibitoire. "
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 33

22.2.16

Ecoute le vent (25) : desseins d'univers



Desseins d'univers, Michel Rossigneux
"Un jour, donc, ce jeune homme qui vagabondait dans l'espace entreprit de descendre dans l'un de ces puits. Il s'était lassé de l'immensité de l'univers et aspirait à mourir seul, loin de tout et de tout le monde. Il entama sa descente, et peu à peu il lui sembla que le puits devenait de plus en plus agréable. Il commença à se sentir comme enveloppé dans une sorte d'énergie étrange. Après avoir parcouru environ un kilomètre vers le bas, il découvrit l'entrée d'une véritable galerie, s'y enfonça et continua ardemment à avancer au petit bonheur le long d'un chemin sinueux. Il ignorait depuis combien de temps il marchait. Sa montre s'était arrêtée. Etait-ce depuis deux heures ou bien depuis deux jours ? Il ne ressentait ni faim ni fatigue et la sensation qu'il éprouvait depuis un moment déjà, d'être enveloppé dans une force spéciale, était toujours présente.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch.32

21.2.16

Cent vues (93) : quête

Chinowa no Fuji, Hokusai


Je cherche la fontaine qui pourrait déciller les yeux de nos aveugles, qu'ils puissent contempler le Fuji depuis le cercle d'herbes éloignant les démons.

Ecoute le vent (24) : romans fleuves


Si Hatfield appréciait tant Jean-Christophe c'est d'abord, tout simplement, parce que ce roman retrace scrupuleusement la vie d'un homme, de sa naissance jusqu'à sa mort. La seconde raison, plus décisive encore, est qu'il s'agit d'un texte extrêmement long. Selon lui, les romans étaient en mesure de fournir des informations bien mieux que des plans ou des données chronologiques. Par ailleurs, il les tenait pour tout à fait véridiques. 
Il s'était toujours montré critique vis à vis de Guerre et Paix de Tolstoï. " Bien entendu,  notait-il, ce n'est pas sa longueur qui pose problème. Le problème c'est que l'espace n'est pas conceptualisé ; par conséquent, "ce roman laisse en moi un fatras d'impressions diverses." Dans l'expression "l'espace n'est pas conceptualisé", il fallait en fait entendre : "stérilité".
 Le roman qu'il préférait était un chien des Flandres. Et il demandait : " Dis donc, est-ce que tu crois qu'un chien puisse mourir, juste pour une image ?"
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 32

20.2.16

Ecoute le vent (23) : tumulus

" Après avoir bien marché, nous nous sommes assis sur une pente herbue, toute fleurie. Il y avait une petite brise bien agréable qui a séché notre sueur. Au bas de la colline s'étendait une douve très large d'où émergeait comme une petite île... un ancien tumulus funéraire, en fait, couvert d'arbres et d'une végétation touffue. C'était la tombe d'un empereur d'autrefois. Tu as déjà vu un de ces tumulus ?"
J'opinai.
" Et alors je me suis dit, mais pourquoi lui a -t-on construit un truc aussi énorme ?... Bon, bien sûr, chaque tombe a une signification. Et je le sais bien, un jour, chacun de nous finit par mourir, évidemment. Mais ça... c'était vraiment trop grand. Ce qui est trop grand, quelquefois, finit par changer la substance même des choses. Elles deviennent autres. Et en fait, ce truc-là, ça n'avait même plus l'air d'une tombe. On aurait dit une montagne. A la surface de l'eau des douves, on voyait des grenouilles, des plantes aquatiques, et, sur les clôtures, des tas de toiles d'araignée.
J'ai contemplé ce tumulus en silence, tout en tendant l'oreille au vent qui faisait naître des vaguelettes sur l'eau des douves. Ce que j'ai éprouvé à ce moment-là, je suis incapable de le traduire avec des mots. Non, d'ailleurs, il ne s'agissait pas d'un sentiment. C'était une sensation complètement enclose en elle-même. Je veux dire, les cigales, les grenouilles, les araignées et le vent, tout était fondu en une seule unité qui filait dans l'espace."
Le Rat se tut alors, puis il but la dernière gorgée de son Coca éventé.
"Chaque fois que j'écris, je me rappelle cet après-midi d'été et ce tumulus antique avec tous ces arbres. Et je me dis : comme ce serait magnifique si je pouvais écrire pour les cigales, les grenouilles et les araignées, et aussi pour l'herbe d'été et pour le vent."
Son histoire était achevée. Il joignit les mains derrière la nuque et regarda le ciel en silence.
" Et...tu as essayé d'écrire quelque chose ?
- Non, je n'ai pas écrit une ligne. Je ne peux pas écrire.
- Ah ?
-"Vous êtes le sel de la terre."
- Quoi ?
- Si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?"
Telles furent les paroles du Rat.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 31

19.2.16

Ecoute le vent (22) : cool


"Il y eut jadis une époque où tout le monde se préoccupait d'être cool. A la fin de mes années de lycée, je décidai de ne dire que la moitié de ce que je ressentais. J'ai oublié pourquoi j'avais pris une décision de ce genre, mais je m'y tins plusieurs années durant. Et puis, un jour je découvris que j'étais devenu quelqu'un qui ne savait plus exprimer que la moitié de ce qu'il ressentait. 
J'ignore s'il y a un lien entre mon histoire et le fait d'être cool. Mais s'il est possible de qualifier un vieux frigo qu'il faut sans cesse dégivrer, alors moi aussi je suis cool
Aussi, je continue à écrire ces lignes en stimulant à coup de bières et de cigarettes ma conscience qui aurait tendance à s'endormir, à sombrer dans l'inertie du temps. Je prends plusieurs douches chaudes, me rase deux fois par jour, et je ne cesse d'écouter de vieux disques."
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 30

18.2.16

Ecoute le vent (21) : vieillissement

"Il est extrêmement difficile de parler de quelqu'un qui est mort, et encore plus d'évoquer des jeunes femmes mortes. Car elles demeurent jeunes pour l'éternité-telles qu'elles étaient au moment de leur disparition. 
A l'inverse, nous, les survivants, chaque année, chaque mois, chaque jour, nous vieillissons. J'ai même parfois le sentiment que je vieillis d'une heure sur l'autre. C'est quelque chose d'effrayant, pourtant c'est la réalité."
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 25

17.2.16

Ecoute le vent (20) : jukebox






Nous retournâmes au comptoir, à nos verres de bière et du Jim Beam. 
Ensuite, presque sans nous dire un mot, nous écoutâmes vaguement les disques qui se succédaient dans le jukebox.
Ecoute le chant du ventMURAKAMI Haruki, ch. 24

16.2.16

Ecoute le vent (19) : retour à l'envoyeur


Nous étions allés voir un film avec Elvis Presley. La chanson disait à peu près :

"Je me suis disputée avec une fille.
Et je lui ai écrit une lettre.
 Pardon, j'ai pas été sympa.
Mais la lettre m'est revenue.
Retour à l'envoyeur, adresse inconnue."

Le temps passe vraiment trop vite.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 22

15.2.16

Ecoute le vent (18) : sorcellerie

"Quinze jours après la mort de ma troisième petite amie, je lus La Sorcière de Michelet. Un livre remarquable.  Je notai en particulier ce passage : "(...) si l'on en croit Rémy, le juge de Nancy. Dans son livre dédié au cardinal de Lorraine (1596), il assure avoir brûlé  en seize années huit cents sorcières. "Ma justice est si bonne, dit-il, que l'an dernier, il y en a eu seize qui se sont tuées pour ne pas passer par mes mains." 
Il aurait mieux fait de ne rien dire plutôt que de prétendre que sa justice était si bonne.
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 21

Les accusées, si elles peuvent, préviennent la torture et se tuent. Remy, l’excellent juge de Lorraine, qui en brûla huit cents, triomphe de cette terreur. « Ma justice est si bonne, dit-il, que seize, qui furent arrêtées l’autre jour, n’attendirent pas, s’étranglèrent tout d’abord. »
                                                                 MICHELET, La sorcière, Introduction

14.2.16

Nous mourons tous par petits bouts : Ilan Halimi : pourquoi se souvenir.



Je m'étais promis de ne pas lire les commentaires à cette photo publiée sur Facebook par le Gouvernement, mais...

Aujourd'hui je me souviens d'Ilan Halimi, victime du Gang des Barbares.
Parce que c'est le racisme qui l'a tué.
La cause de sa mort, trois semaines de séquestration et de tortures, de froid et de faim :
- 80% de son corps brûlé
- de multiples hématomes, dont certains au cutter
Puis abandonné agonisant le long d'une voie ferrée.

Se souvenir parce que cela fait 10 ans alors qu'aujourd'hui certaines rumeurs grondent, et qu'au cinéma on profite de l'anniversaire pour lancer un film d'amour mettant en scène la prédatrice.

Se souvenir parce que
Ilan Halimi n'enlève rien à la mort des Palestiniens
Ilan Halimi n'enlève rien aux victimes du Bataclan
Ilan Halimi n'enlève rien aux mères qui ont perdu leur fils dans un accident de voiture
Ilan Halimi n'enlève rien aux victimes des guerres
Ilan Halimi n'enlève rien au pilote jordanien brûlé vif
Ilan Halimi n'enlève rien aux victimes de la Shoah.

Se souvenir parce qu'il y a dix ans Ilan Halimi est mort victime du Gang des Barbares.
Simplement parce qu'il était Juif.

Se souvenir aujourd'hui parce qu'aujourd'hui c'est l'anniversaire.

Se souvenir aujourd'hui parce que demain il y aura d'autres anniversaires.
Mais aujourd'hui, c'est celui d'Ilan Halimi.

Alors, aujourd'hui, je me souviens d'Ilan Halimi.


Ecoute le vent (17) : un chasseur au nom estropié


"
"Tu sais, en Inde, à Bhagalpur, il y a eu une panthère très célèbre, qui a réussi à tuer et à dévorer trois cent cinquante personnes en trois ans.
- Ah ?
- Alors, on a fait appel à un chasseur de fauves, un Anglais, le colonel Jim Corvette. Il a tué la fameuse panthère, sans compter, en huit ans, plus de cent vingt-cinq autres félins, tigres ou panthères. Tu aimes toujours les animaux ? "
"
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch.21

12.2.16

Mes notes de chevet (116) : Choses qui tombent du ciel

"Lorsque la neige a déjà commencé à fondre, ou quand il n'en est pas tombé beaucoup, elle entre dans tous les interstices des tuiles, et on voit le toit, noir ici, et ailleurs tout blanc."
Notes de Chevet, Sei Shônagon


mes Notes de Chevet :
6 ans + 1 jour, par une fenêtre d'un autre chez moi ...

Ecoute le vent (15) : bonheur



"Je ne l'ai jamais entendu. Et toi ?
-Moi non plus
- Merci en tout cas. Je dis les choses carrément...Je suis vraiment heureux. "
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch.16

11.2.16

Cent vues (92) : envies de raquettes ...



 Musashino no Fuji, de Hokusai

A présent, le plateau de Gialorgues doit être recouvert d'un grand manteau de neige, sous lequel les brins d'herbe attendent sagement des lunes plus clémentes...

Ecoute le vent (14) : Miles



Il lui fallut un peu plus de temps cette fois, mais elle revint avec le disque demandé.
Ecoute le  chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 15

10.2.16

Ecoute le vent (13) : entre deux



"Sans un mot elle alla chercher deux trente-trois tours. " Glenn Gould ou Backhaus, qu'est-ce que tu préfères ?"
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 15

9.2.16

Ecoute le vent (12) : lyrics



"California Girls"
 Well, East coast girls are hip. 
I really dig those styles they wear
and the Southern girls with the way they talk.  
They knock me out when I'm down there
The Mid-West farmer's daughters really make you feel alright. 

And the Northern girls with the way they kiss. 
They keep their boyfriends warm at night. 
I wish they all could be California. 

I wish they all could be California girls.

Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 13

7.2.16

Ecoute le vent (10) : le rock, c'est comme les filles


"Aujourd'hui il faisait vraiment trop chaud pour tout... sauf pour le rock ! D'accord ?  C'est bien pour ça que cette musique existe ! Comme les jolies filles ! OK ! A présent notre première chanson...on fait le silence !"
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 11

6.2.16

Ecoute le vent (09) : Disney


"Je sifflai tout au long du chemin de retour. Une mélodie que j'avais entendue quelque part auparavant, mais dont le titre se dérobait à ma mémoire. C'était une chanson vraiment ancienne. Je garais la voiture sur une route le long du rivage, et tentai de me souvenir de quoi elle parlait, tout en contemplant l'océan enfoui dans la noirceur de la nuit. En fait, c'était la "Chanson du club de Mickey", je crois que les paroles disaient à peu près " En guise de ralliement, chantons tous notre joyeux refrain, Mi-key Mouse ! ". Après tout, c'étaitpeut-être bien une belle époque."
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 10

5.2.16

Ecoute le vent (08) : en français dans le texte



"(...) il me  demanda pourquoi il n'y avait pas de disque de Johnny Halliday. dans le juke box 
"Parce qu'il n'est pas connu ici" lui répondis-je. 
- Quels sont les chanteurs français qu'on aime ici ?
- Adamo
- Ah... mais il est belge
- Michel Polnareff
- Merde alors ! "
sur ces mots, le marin français retourna à sa table.
"
Ecoute le chant du vent, MURAKAMI Haruki, ch. 10