28.2.19

Meurtre et commandeur (68) : première fois


C'était la première fois que je l'écoutais. Sans échanger un mot, nous prêtions l'oreille à la musique tout en contemplant les flammes de la cheminée, chacun absorbé dans ses pensées.
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.47, Aujourd'hui c'était bien vendredi? ed.Belfond

27.2.19

Meurtre et commandeur (67) : devant l'âtre



Je songeai à lui proposer du whisky, mais je me ravisai. Cette nuit, mieux valait rester sobres. Peut-être que nous aurions besoin de prendre la voiture plus tard. Assis devant la cheminée, en contemplant les flammes vaciller tel un être vivant, nous écoutâmes de la musique. Menshiki avait choisi des sonates pour violon de Beethoven. Georg Kulenkampf au violon, Wilhem Kempff au piano. Une musique idéale à écouter au début de l'hiver en regardant une flambée.
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.47, Aujourd'hui c'était bien vendredi? ed.Belfond

16.2.19

Meurtre et Commandeur (66) : décontraction


"je pris un long bain, me réchauffai le corps. Puis je me versai ce qui restait dans la bouteille de Chivas Regal, l'équivalent d'un verre, pris deux glaçons dans le congélateur et les rajoutai, regagnai le salon. Ensuite, tout en buvant mon whisky, je mis sur la platine l'un des disques que je venais d'acheter. Quand cette mélodie résonna dans le salon de cette maison sur la montagne, au début, je ne pus m'empêcher de sentir qu'elle n'était pas vraiment à sa place. L'atmosphère de la pièce, depuis de longues années, s'était ajustée et harmonisée à la musique classique? Mais j'étais habitué à ces sons contemporains et, bien vite, la nostalgie l'emporta sur la discordance. Et enfin je ressentis une sensation agréable, comme si les muscles de tout mon corps se relâchaient l'un après l'autre. "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.45, Quelque chose se prépare, ed.Belfond

15.2.19

Meurtre et Commandeur (65) : tempura soba


"je sortis et me rendis dans un petit restaurant de soba tout proche, me régalai d'un bol de tempura soba. Ce choix aussi était une habitude. j'allai toujours dans le même restaurant, commandais toujours un tempura soba. C'était devenu l'un de mes modestes plaisirs. "
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.45, Quelque chose se prépare, ed.Belfond

14.2.19

Meurtre et Commandeur (64) : hésitation

"Le vendeur me tendit les disques dans un sac en papier, je le payai. Puis j'allai chez un caviste proche et me procurai du whisky. J'hésitai un peu sur la marque et, finalement, j'achetai du Chivas Regal. Il était un peu plus cher que les autres mais lorsque Masahiko viendrait à la maison, il serait sûrement content de mon choix."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.45, Quelque chose se prépare, ed.Belfond

13.2.19

Meurtre et Commandeur 63) : playlist





"Deux albums emplis de souvenirs. A partir d'une certaine époque, je n'ai plus eu envie de découvrir de nouvelles musiques. Préférant réécouter sans cesse d'anciens morceaux, ceux que j'aimais. Même chose avec les livres. Je lis et relis ceux que j'ai déjà lus autrefois. Sans nourrir aucun intérêt pour les nouvelles publications. Comme si le temps s'était arrêté quelque part à un moment donné.

Peut-être après tout le temps s'était-il vraiment arrêté. Ou bien il avançait encore, quoique péniblement, mais l'évolution qui l'accompagne, elle, était déjà achevée. Exactement comme dans un restaurant où on ne passe plus de nouvelles commandes juste avant l'heure de la fermeture. Et peut-être étais-je le seul à ne pas m'en être aperçu."

MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.45, Quelque chose se prépare, ed.Belfond

12.2.19

Meurtre et Commandeur (62) : discothèque




Mes CD et mes 33 tours - certes peu nombreux- étaient tous restés dans l'appartement d'Hiroo. Que ce soient les livres ou les disques, il aurait été trop fastidieux de trier l'un après l'autre ceux qui m'appartenaient et ceux qui appartenaient à Yuzu. Ce n'était pas seulement embêtant, c'était une tâche presque impossible. par exemple, Nashville Skyline de Bob Dylan, ou l'album des Doors qui contenant "Alabama Song", à qui pouvaient-ils appartenir ? A présent, cela n'avait plus aucune importance de savoir lequel des deux les avait achetés."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.45, Quelque chose se prépare, ed.Belfond

11.2.19

Meurtre et Commandeur (61) : nominations

"Je passai cet après-midi de dimanche dans une humeur confuse, à l'image du temps, terne. Ce fut une journée tranquille, faiblement nuageuse, sans vent. Je lus un peu, écoutai un peu de musique, fis un peu de cuisine, mais aucune de ces occupations ne réusiit à remédier à mon état d'esprit morose. J'eus le semntiment que rien n'aboutirait, que tout restait en suspens cet après-midi-là. Je renonçai alors, me fis couler un bain. Je restai longtemps dans l'eau chaude. Puis je tentai de me remémorer, un par un, les noms compliqués des personnages des Démons de Dostoïevski. J'y parvins pour sept d'entre eux, y compris Kirilov. Je ne sais pourquoi, mais depuis mes années de lycée, c'est ma spécialité que de me souvenir des noms des personnages des vieux classiques russes. D'ailleurs ce serait une bonne idée de relire bientôt Les Démons. J'étais libre, je disposais d'énormément de temps, je n'avais rien de spécial à faire. le cadre idéal pour lire ces longs romans russes."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.44, Les caractéistiques qui font qu'un homme est ce qu'il est, ed.Belfond

10.2.19

Meurtre et commandeur (61 bis) : Volvo

"Mais comment sais-tu que quelqu'un est venu ?
- Parce qu'il y avait une voiture noire garée devant la maison, que je n'avais jamais vue. Une vieille voiture, carrée, comme une boîte."
Le break Volvo que Masahiko appelait "la boîte à bento suédoise". Un véhicule pratique, j'imagine, pour transporter les cadavras de rennes. 
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.44, Les caractéistiques qui font qu'un homme est ce qu'il est, ed.Belfond

Meurtre et commandeur (60) : obstruction

"Tiens, à propos de livre, dans les Démons de Dostoïevski, je me souviens qu'il y a un homme qui se suicide au pistolet pour prouver qu'il est un homme libre, mais comment s'appelle-t-il déjà ? Je te le demande car j'ai pensé que tu le saurais.
- Kirilov, dis-je.
- Ah oui, Kirilov. J'essaie depuis un moment de m'en souvenir , mais ça ne me revenait pas.
- Et qu'est-ce qu'il a, Kirilov ?
- Oh, rien de particulier, dit Masahiko en secouant la tête. Seulement ce personnage m'a traversé l'esprit par hasard et j'essayais de me souvenir de son nom, mais en vain. Et ça me démangeait un peu. Tu vois, comme une petite arête de poisson qui te reste coincée dans la gorge. Les Russes, franchement, ils ont de drôles d'idées, tu ne trouves pas ?
- Dans les romans de Dostoïevski, il y a de nombreux personnages qui font des trucs absurdes en voulant prouver qu'ils sont libres par rapport à Dieu ou à ce bas monde. Enfin bon, dans la Russie, d'alors, ce n'était peut-être pas si absurde que ça."
MURAKAMI Haruki, Le Meurtre du Commandeur, Livre 2, ch.43, Cela ne pouvait demeurer un simple rêve, ed.Belfond