29.5.14

Marché férié : le goût de l'Italie

Acheté au marché annuel : les olives introuvables ailleurs et de la limonade au basilic...

20.5.14

Du bonjour français

"Dans les boulangeries françaises, les bureaux de tabac ou d'autres petits commerces, je fus frappé par le fait que des hommes (et, moins souvent, des femmes) entraient dans la boutique en disant à la cantonade : "Bonjour messieurs-dames" ou tout simplement "bonjour" ou encore succinctement "messieurs-dames". Saluer des personnes inconnues ? eh oui, cela est fréquent en France ; il suffit de se promener dans les rues de Paris ou de prendre le métro, d'être attentif aux spectacles qui s'offrent çà et là dans les lieux publics.  Tandis que dans mon pays, un tel geste, potentiellement créateur de liens, serait perçu comme une violence inacceptable ou tout au moins comme une incongruité suspecte. la vis sociale s'organise de telle manière qu'un individu (pas un groupe constitué comme militants politiques ou syndicalistes...) n'ait pas à s'adresser, autant que faire se peut, à un inconnu, c'est-à-dire à quelqu'un qui n'appartient pas aux mêmes groupes communautaires que lui. Les inconnus sont par définition suspects(...)
En France, je n'ai jamais pu rentrer dans ma boulangerie en disant : "Bonjour Messieurs-dames."
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.13

19.5.14

Le son du Français

dédié à Christian :

" La musique de la langue française ne se présente pas sous le même jour. Dans une mesure assez considérable, je le répète encore, l'apprentissage du français fut, en ce qui me concerne, un processus d'appropriation et d'incorporation de phrases et de textes le plus souvent littéraires à partir d'exercices d'écoute et de récitation imitative. Il me semble que j'éprouvais un plaisir proprement musical, en m'abandonnant aux rythmes et aux mouvements ascendants ou descendants des phrases qui se déployaient dans ces pages. Habitué à l'exemple de la musique qui proposait des notions comme thème, reprise, ou variation, j'étais devenu peu à peu sensible au phénomène de "retour du même" dans les lignes que je lisais et relisais à haute voix avec ou sans modèle
(...)
Ce qui crée le sentiment d'être touché par des effets d'ordre musical, ce n'est sans doute pas la langue elle-même qui, sous cet angle, n'est qu'un ensemble de virtualités grammaticales; c'est une certaine manière d'organiser des sons et des rythmes, des intensités, des durées et des silences, qui est à l'origine d'une certaine musicalité de la production verbale. Plongé dans un livre, pourquoi aimè-je tant répéter des mots qui sonnent, des phrases qui coulent, des paragraphes ou des ensembles textuels plus larges qui me paraissent fort bien taillés, bien construits ? D'où vient ce plaisir ? De la page que je suis en train de lire, assurément; mais il vient aussi du passé, de la vibration d'un passé lointain, des profondeurs ténébreuses mais sonores de la mémoire, bref de tout l'univers résonnant de ma petite enfance. Je cherche peut-être, dans la réalisation phonique des mots et des phrases chéris, des traces de souvenirs liées à l'écoute musicale de mon enfance non musicienne. Non, je devrais dire plutôt ces souvenirs se cherchent en moi."
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.11

18.5.14

Le son du Japon (36) Mizubayashi comme à Aikawa

"Le Japonais est une langue fort musicale. En deçà ou au delà de l'art poétique ou dramatique qui opère une prodigieuse intensification musicale, les paroles sont empreintes d'un chant particulier jusque dans les zones les plus obscures de la vie quotidienne. Enfant, j'entendais dans les grandes gares comme Tokyo ou Uéno, à l'arrivée d'un train "grandes lignes", le nom de la gare dit par une voix masculine d'une manière si particulière et si éloignée de l'énonciation habituelle qu'il résonnait véritablement comme un fragment musical : U-éno---, u-éno---, shu-ten, u-éno---... En hiver, des marchands de yakiimo (patates douces cuites dans de petits cailloux brûlants) circulent en camionnette (autrefois c'était en charrette) en signalant leur passage sur une ligne mélodique immédiatement reconnaissable : yakiimo--,yakiimo--, i--shiyakiimo, yakiimo--; oimo, oimo, i--shiyakiimo, yakiimo--... Et dans tout cela, comment ne pas le souligner, il y a, ou il y avait quelque chose de profondément mélancolique comme dans les chants populaires traditionnels...

Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.11

17.5.14

Le français comme instrument de musique

"Oui, le français est un instrument de musique pour moi. C'est le sentiment que j'ai depuis longtemps, depuis, tout compte fait, le début de mon apprentissage. Pour devenir un bon instrumentiste, il faut de la discipline, je dirais même le sens de l'ascèse. Et c'est ce que je dis à mes étudiants aujourd'hui : maîtriser le français, c'est en jouer comme jouer du violon ou du piano. Chez un bon musicien, l'instrument fait partie de son corps. Eh bien le français doit faire partie de son corps chez un locuteur qui choisit de s'exprimer en français. En musique, il y a tous les niveaux, du niveau débutant au professionnel en passant par le niveau amateur. C'est pareil en langues. Le niveau professionnel ne s'acquiert pas en deux ou trois ans. Il faut des années de travail et toute une vie pour l'entretenir... Vous aimez le français ? D'accord. Mais qu'est-ce que ça veut dire pour vous, "aimer le français" ? Etre vous prêt à travailler le français comme pour devenir un vrai musicien ? Pourquoi ces questions ? Parce que je suis moi-même comme un musicien qui s'entraîne tous les jours. La différence entre un musicien et moi, c'est que je suis un instrumentiste sans public. Personne ne s'intéresse à mon jeu, je n'ai pas de répertoire, je n'ai aucun morceau célèbre à jouer devant un auditoire. "
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch. 11

12.5.14

le français langue paternelle

"j'ai commencé à apprendre le français à l'âge de dix-neuf ans, à l'université. Le français, c'était purement et simplement une langue étrangère, totalement étrangère au départ. Ma vie se divise en deux partitions de durée inégale : mes dix-huit premières années monolinguistiques (...) ; la suite de mon existence, de la dix-neuvième année à aujourd'hui, placée sous la double appartenance au japonais et au français. L'un a surgi en moi; il s'est ensemencé au fond de moi; d'une certaine manière, il était toujours déjà là; il est, si j'ose dire, de constitution verticale. L'autre, c'est la langue vers laquelle j'ai cheminé avec patience et impatience tout à la fois; je me suis déplacé vers elle; c'est celle que je suis allé recueillir tandis qu'elle m'a accueilli en elle; elle m'est venue de loin, avec un retard considérable de dix-huit ans. Elle est de nature horizontale, d'une étendue immense qui concerne toujours des recoins inexplorés, des vides à remplir, des espaces à conquérir."
                    Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.1

2.5.14

Marché du dimanche

En revenant des Alpes de Haute-Provence, j'ai eu une grande envie de lilas. Sur le cours Saleya, il n'y en avait que chez une seule paysanne qui ne vendait que des brassées de fleurs. Voici mon vélo bleu fleuri...