21.11.07

Jetlag


Tout est identique dehors. La mouette est sur son toit de voiture, le papy trafic à la sortie de l’école. De temps à autre, un terminator sort de l’ombre et tente une incursion, désuète d’un modèle minable. Ce qui reste de mon passé s’émeut, puis se résout. L’avenir est lumineux, mais le présent buggue. Mon âme est en jetlag. La mémoire désactivée se protège et le corps somatise : j’ai eu la nausée toute la journée. Une partie de moi voyage ailleurs. Du temps de ma jeunesse, on parlait de ces troubles dus aux voyages astraux mal maîtrisés. Il faudra vivre avec, car mon univers n’est désormais que petites choses tissées dans une trame d’infinies tendresse et douceur.

19.11.07

Demain je divorce

Memories
Like the corners of my mind
Misty watercolor memories
Of the way we were
Scattered pictures
Of the smiles we left behind
Smiles we gave to one another
For the way we were

Can it be that it was all so simple then
Or has time rewritten every line
If we had the chance to do it all again
Tell me - would we? could we?

Memories
May be beautiful and yet
Whats too painful to remember
We simply choose to forget

So it is the laughter
We will remember
Whenever we remember
The way we were

So it is the laughter
We will remember
Whenever we remember
The way we were

15.11.07

La vie est pleine de surprises


Dans le dossier de la partie adverse, c’est juste une lettre manuscrite, numérotée 3, entre une déclaration d’impôts et un relevé de banque. Ou plutôt la photocopie d’une lettre.
La vie est pleine de surprises. J’ai reconnu tout de suite la graphie émouvante, toute personnelle, sans avoir besoin de regarder l’en-tête. La même qui écrivait des vœux de bonheur ( ?, mais oui…) pour l’année 2006.

J’aurais préféré une bonne enguelade, une bonne dose de mots haineux exprimant son mépris pour moi, sa haine, son dégoût.
Ce ne sera que quelques lignes dans un dossier qui ne me sont pas adressées et qui pourtant me jugent, ou plutôt me décrivent. Tel qu’il me voit.

Il commence par « je suis un intime de la famille L. »
Etrange. Il n’y a plus de famille L. Nous étions trois à porter ce nom, et de famille il n’y a plus. Et ce présent aussi. « Je suis ». Est-il mon intime, lui dont j’avais déjà fait le deuil de l’amitié, depuis des mois déjà ?

Intime. Étrange terme. Mais exact. Partager des choses intimes. J’ai vécu avec lui l’intime. J’ai vécu beaucoup de moments, des partages, des joies, de grands bonheurs, des petits. Certains totalement oubliés. Certains inscrits dans la mémoire et douloureux aujourd’hui. Certains totalement heureux : un coucher de soleil, la rencontre d’une chauve-souris, une pastèque partagée, le don d’un livre de cuisine, celui d’un livre de nuages, des sources chaudes, des bains de boue, des ballades en âne… je ne les compte plus. Je m’en souviens. Pas de bruits, pas de cris, que des sourires, de la tendresse. Vous avez dit tendresse ?
Vivre l’intime de quelqu’un d’autre, et de tout cet intime ne retenir que ce qu’il en écrit, que ces parcelles de temps hors de leur contexte véritable, que des signes extérieurs, où le contexte véritable, celui de l’intime intime, n’appartient qu’à celui qui le vit là devant témoin… Vivre certains moments desquels je ne suis pas fière. Ne pas penser : « Danger, tout ce qui sera dit pourra être utilisé contre vous ». Vivre certains moments dont il ne peut pas être fier, lui non plus. Moments qu’il n’a pu oublier. D’autres moments aussi, où il ne se rendait même pas compte de l’image qu’il donnait de lui, en tant qu’homme,. En tant qu’époux. Et même en tant que père. Des moments où le spectateur se dit. « Qui est cet homme-là ? » Ne sommes-nous pas tous ainsi ? S’est-il dit alors : « Danger, tout ce qui sera dit pourra être utilisé contre vous » ?

Et puis des termes étranges dans sa bouche. Des termes familiers pour un autre, mais par pour lui, pas seulement parce qu’il n’est pas assez savant pour cela. Il glisse même vers le poétique « Il est des mots et des silences qu’un ami homme peut comprendre sans faire de longs discours ». Mes silences, mes mots, mes maux, j’en ai partagé quelques-uns, parfois, avec lui. Je les croyais en lieu sûr, évidemment ; j’en croyais aussi sûres les réponses, les commentaires, les avis. Evidemment. Comment faire autrement ?


Le plus surprenant en tout cela: tout ce qui fut écrit dans la tendresse de l’amour, dans le bonheur du jour, ne serait qu’idéalisation de la vie de couple et appel au secours. Ce n’est pas surprenant, mais c’est tout simplement à gerber. Du révisionisme pur et simple.
« Quand je quittais ma table, le ciel était plus bleu, les murs étaient lavés, Léa était plus douce, Dvorah plus rayonnante. Nulle altération des sens, je voyais le monde comme il est, comme on ne le voit plus. » Mensonge littéraire ? Je sais bien que non…

Il dit qu’il est désolé. Pouquoi l’est-il ? Il ne le dit pas. Pourquoi le fait-il ? Il ne le dit pas non plus. Le juge lira la lettre, une lettre de plus, dans un dossier de plus, qui dira que l’amour est mort, qui décrit la dégénérescence annoncée d’un couple de plus. C’est en principe une évidence lorsque les gens divorcent. Cela expliquera peut-être le fond, mais non la forme… Une énigme, cependant, demeure. À quoi cela peut-il bien lui servir, à lui ? Mais à lui, à quoi cela lui servira-t-il ? Sans doute pas à le rendre fier de lui.

C’est étrange, bien que j’en aie beaucoup pleuré, je n’arrive pas à le détester. Peut-être est-ce simplement parce que j’avais déjà fait mon deuil de lui, comme de tant d’autres choses depuis deux ans. Il ne reste dans mon souvenir que les belles heures, un coucher de soleil, la rencontre d’une chauve-souris, une pastèque partagée, le don d’un livre de cuisine, celui d’un livre de nuages, des sources chaudes, des bains de boue, des ballades en âne…Rien qui puisse intéresser un juge, j’en ai bien peur…

5.11.07

Cascade



C'est un lieu très fort et très symbolique que ce lieu pour moi. Une espèce de rite de passage. J'y suis allée avec tant de gens depuis vingt ans. Certains ont disparu de ma vie, certains ont disparu de la vie, certains sont toujours là, très proches. Le lieu n'a absolument pas changé. J'y suis allée hier. J'étais très émue. Je retournerai encore à la cascade. Nous y retournerons. A la première neige, peut-être...