31.8.20

My favorite things (11) : vacances (11)

1. J'aime ce portrait. Ca pourrait être moi, finalement

2. Loin du Tour de France, un peu de silence des montagnes


3. Puisque nous sommes en zone rouge, je relis La Peste de Camus :
"-Sincèrement, dites-moi votre pensée, avez-vous la certitude qu'il s'agit de la peste ?
- Vous posez mal le problème. Ce ,'est pas une question de vocabulaire, c'est une question de temps."
(ed. Folio p51)

30.8.20

Les disparus. Le souvenir des belles choses (1)

 


Dans la plupart des enterrements, il y a une ou plusieurs photos. Ces photos sont choisies par les survivants. Celles que l'on a sous la main ou plutôt celles que l'on a minutieusement sélectionnées ? Le spectateur, lui, ne sait pas. Il suppute. Parfois il se rappelle du lieu de la photo, de l'époque de la photo, et cela l'émeut, le renvoie à lui même, à la perte, à sa propre mort ... 

Certains disparus ont des biographes : à leur mort, ceux-ci écrivent en leur souvenir leurs souvenirs. Et parfois l'on apprend des choses que l'on ne savait pas du tout sur la personne. Que l'on aurait pu ne pas savoir. Que l'on n'aurait pas voulu savoir ... Dont on aimerait savoir plus ...

J'ai vécu avec quelqu'un pendant trente ans. Je savais tout de lui. Cela ne m'a servi à rien le jour où il m'a plantée là.

 Je vis avec quelqu'un depuis treize ans jour pour jour, je ne sais rien de lui, pas même sa couleur préférée. Cela me convient. C'est bien ainsi.

Pourtant, au jour de mes obsèques, que restera t-il de mon parcours de vie,  et particulièrement de ces trente années bien remplies de seize à quarante-six ans ? Ma fille se souvient sans doute des dernières, et des suivantes si douloureuses qu'elles ont pulvérisé les souvenirs, surtout les bons. Moi-même j'ai scotomisé pas mal de mon passé pour aller de l'avant.  Autour de moi la Grande Faucheuse sévit; ainsi de mon petit mariage de 1978 à la Mairie de Nice, depuis quinze jours, tous les témoins sont morts. Pour enrichir le tout, on a fait de moi un personnage mauvais, dans de mauvais ouvrages dont ceux qui survivront au pilon stagneront sur des étagères. Daniel Mendelsohn dit dans les disparus :"Etre en vie, c'est avoir une histoire à raconter. Etre en vie, c'est précisément être le héros, le centre de l'histoire de toute une vie. Lorsque vous n'êtes rien de plus qu'un personnage mineur dans l'histoire d'un autre, cela signifie que vous êtes véritablement mort." Ces morts de l'été, cette lecture, un signe, le déclic : il me vient un devoir d'écriture. Seule en mesure de le faire, je veux me souvenir et l'écrire. Le souvenir des belles choses. Des belles choses seulement. En ces trente ans de vie commune, elles ont constitué mes jours, elles m'ont façonnée, car j'avais seize ans quand elle a commencé. Si ce couple n'est plus, il a bien existé, il a été heureux et moi à l'intérieur et de cette lumière est née aussi celle que je suis, jour après jour et que je n'ai pas trahie. 

Alors, commençons ...

17.8.20

Des photographies

 "Mais si vous n'aviez pas de photos de votre mère ou de qui que ce fût de votre famille - ou encore de vous même avant un certain âge ? Comment expliqueriez-vous à quoi vous, elle ou ils ressemblaient ? Je n'avais jamais vraiment pensé à tout cela avant de parler à Meg Grossbard, ce dimanche après-midi-là, et de comprendre combien j'avais été désinvolte, irréfléchi même, traversant le monde entier pour parler avec ces survivants, qui avaient survécu avec rien d'autre, littéralement, qu'eux-mêmes et exhibant la riche collection de photos que ma famille avait conservées depuis des années, toutes ces photos que j'avais contemplées et qui, plus tard, m'avaient fait rêver pendant que je grandissais, les images de ces visages qui n'avaient pas véritablement de valeur émotionnelle pour moi; mais le pouvoir, soudain, de rappeler aux gens à qui je les montrais à présent la vie et le monde auxquels ils avaient été arrachés, il y a si longtemps. Comme j'étais idiot et insensible. Au moment ou madame Grossbard avait dit C'étaient ses parents , je m'étais rendu compte qu'elle ne se contentait pas de confirmer l'identité des gens sur la photo ; j'ai compris que ce qu'elle disait, c'était que, d'une certaine façon, elle posait son regard sur des visages qu'elle n'avait pas vus, qu'elle n'avait pas rêvé pouvoir revoir depuis soixante ans, des visages qui pouvaient faire remonter toute son enfance. C'étaient les parents de mon amie. J'ai imaginé à quel point cela devait lui paraître injuste de voir un jeune Américain rentrer dans sa vie, tout à coup, et distribuer des photos de gens qu'il n'avait jamais connu comme si c'étaient des cartes à jouer, et lui demandait dans choisir une, la photo des parents de son amie, quand elle n'avait même pas la photo de ses propres parents à regarder."

Les Disparus, Daniel Mendelsohn,  ed. J'ai lu p334

16.8.20

vacance(s) : SSPT ou les disparus des autres ...

 

Comme s'il ne suffisait pas d'aller à des enterrements, pour alimenter mon syndrome de stress post traumatique ou pour le shunter par overdose, j'ai entrepris cet été de lire les Disparus de Daniel Mendelsohn.   Ainsi, pendant la demie-conscience qui précède le sommeil, juste après avoir terminé un chapitre, je peux sans culpabilité laisser libre cours à mes pensées tordues. J'ose m'avouer que ces familles veuves m'énervent, elles qui ne connaissent pas leur chance. La chance de pleurer un être aimé dont on peut mettre pour un instant tous les démérites en standby, tout cela parce que la séparation est soudaine d'une vie dont la violence de l'épreuve a rapproché les liens et les sentiments. La chance d'avoir préparé les cérémonies d'au revoir jusque dans les détails des chansons désuètes et des arrangements floraux qui font que je suis rentrée chez moi avec mon bouquet non conforme (au fond c'est assez bien, il est joli chez moi comme autel provisoire et il résiste paradoxalement très bien à la chaleur caniculaire). Comme j'en suis à la partie du livre sur la Shoah par balles, je peux jouir complaisamment de parallèles faciles.
Mais qu'en ont-ils à faire les gens éplorés, de toutes les horreurs que ces lointains non-ancêtres ont vécues avant de mourir sans cérémonies ni plus personne pour les pleurer. 

C'est mon complexe de divorcée, ce terme affreux, qui toujours me ramène à la réalité du monde : personne ne plaint trop longtemps les Ariane ou les Didon. Il n'y a que dans la littérature qu'elles paraissent vaguement romantiques et pourront mourir d'amour sans être couvertes de ridicule, et pas seulement par celui bien vivant qui les a abandonnées sur le rivage. 

Les nouveaux veufs sont trop jeunes encore pour comprendre le luxe et la joie de pleurer l'être aimé sans arrière-pensée au milieu de la considération générale.

Moi aussi j'en ai des chansons


12.8.20

Nous mourons tous par petit bout : dressing code

 Une de mes occupations de l'été, c'est aller à des enterrements. Des enterrements e-speciaux de gens que je connais depuis longtemps et pas vraiment en âge de mourir, ou de moins on ne l'imaginait pas du tout pour eux avant très très longtemps, et c'est à qui partira le plus vite. Cet après-midi, un vrai casse-tête : comment s'habiller. En téléphonant au lieu de la cérémonie, j'ai confirmation d'une partie de mes choix, par une demande de la famille : aucune couleur sombre. Ce détail trivial n'en est pas un pourtant. Je connais C. depuis le CM1, et je sais d'elle que s'habiller est une question d'importance et de joie de vivre ; sur chaque photo de classe elle figure en jolie tenue, ma fille dirait "fashioned". Elégante mais d'une fraîcheur sans pareille, et sans doute inégalable sauf par Suzie Morgenstern. Dans ma cave, dans le coffre au trésor des souvenirs de ma fille, doit être soigneusement plié son cadeau pour la naissance, un des rares que j'ai gardés : une combinaison à rayures à collerette marguerite et pieds souris. C'est une idée, je m'en vais retourner au marché chercher un grand bouquet de marguerites, assorti à ma robe ...


6.8.20

My favorite things (10) : vacances (10)

Le Saint du Jour : je l'aime bien ce petit Jésus de Macot, atypique; on dirait un écolier des années trente ...


Quand j'avais dix ans, j'ai passé des heures sur ce pont à regarder le torrent dévaler. Le Parc me paraissait plu grand, magique, avec les curistes et leur panier d'osier contenant le verre gradué. A présent, le verre existe toujours, mais le panier est une imitation en plastique made in China, la station n'est donc plus "chic", mais peut-être ne l'était-elle que pour mes yeux d'enfants.


Je me souviens de la robe (je ne sais pas si c'est l'humour qui a poussé mon père à faire cette photo juste là, avec l'Instamatic qu'il m'avait offert pour mon anniversaire), et aussi des sandales qui avaient un petit talon qu'on m'autorisait enfin à acheter ... on voit le pont en arrière-plan.
J'ai revu l'hôtel où nous séjournions, il a un charme tout à fait désuet qu'il devait avoir déjà à l'époque, avec sa salle à manger panoramique au premier étage.


En face, il y a toujours le cinéma, où j'ai vu le soir , chose extraordinaire, avec mes deux parents ( c'était bien les vacances) le Docteur Jivago, j'ai beaucoup pleuré. Et un grand western, la Conquête de l'Ouest, dont je ne me souviens de rien sauf de la musique, Greensleeves, qui m'avait particulièrement frappée; je l'ai cherchée partout sans la trouver, avant des années, avant les années Google ce n'était pas facile de retrouver quelque chose; j'ai découvert avec effroi aujourd'hui en cherchant que ce n'était pas feuilles vertes mais manche verte qu'évoquait le titre; l'erreur n'est pas fatale mais me déroute étrangement ...

4.8.20

My favorite things (09) : vacances (09)

la fleur du jour, dans la suite des bicolores 

Le Saint du jour
Le Wiktionnaire en parle : il vaut mieux s'adresser au Bon Dieu qu'à ses saints. Le dico a oublié la Savoie : ici, pour mieux l'invoquer, on le représente, et il est partout :
Ici, parmi ses nombreux anges :

ou là, en clef de voûte :

ou bien avec Adam, pour créer Eve :




3.8.20

My favorite things (8) : vacances (8)

Le Saint du jour :
Saint Grat, protecteur des champs et des récoltes

La fleur du jour :
La fleur des rocailles, minuscule mais prolifique, rose fluo au cœur du vert, on ne voit qu'elle et pourtant on ne voit rien

Dans cette randonnée des cinq lacs, au pays de la silène acaule, une femme cherchait le Mont Blanc. Je me demandais bien pourquoi. Tout le monde connaît le Mont Blanc, 4807m, on a appris ça à l'école. Chacun sait qu'il est en Haute Savoie et moi je passe mes vacances en Savoie, pas en Haute Savoie.
Je n'avais pas encore vu cette lunette ridicule au village voisin, pour l'observer de près 
Cette lunette était faite pour les gens de mon espèce, ceux qui voient le Mont Blanc, le Mont Blanc en Haute-Savoie, de la fenêtre de leur balcon, qui le photographient chaque jour et qui ne le savent pas ...
Il faut dire que souvent, il se cache et disparait. Ni vu ni connu



2.8.20

My favorite things (7) : vacances (7)

Le Saint du jour : Saint Roch. Patron des animaux et des végétaux; il est bien mignon ... 
(église de Beaufort)

 La fleur du jour :
Anémones et leurs jolies feuilles.

Dans les locations de vacances, on rencontre de nouveaux objets que l'on n'aurait pas l'occasion de rencontrer par nous-mêmes. Ainsi, une pelle et sa balayette ont égayé pour longtemps mon esprit grâce à leur technologie d'emboîtement particulière ; j'aime à savoir que quelquepart quelqu'un que je ne rencontrerai jamais mais pour qui mon estime sera éternelle, réfléchit, puis trouve, un moyen judicieux et esthétique d'assembler deux outils inséparables, grâce à l'ingéniosité de son esprit


1.8.20

My favorite things (6) : vacances (6)

le Saint du jour : Bernard


Beaucoup de légendes autour de ces chiens : on m'a raconté qu'ils cherchaient les gens perdus dans la neige, mais mieux valait que le maître surveille, sinon il les bouffait. C'est tout-à-fait contredit par Wikipedia.

La fleur du jour : 
J'ai toujours été fascinée par les fleurs bicolores. Celle-ci poussait près des maisons, mais je ne connais pas son nom ...


Au col du Petit Saint-Bernard, on retrouve l'Italie comme on l'aime et dont nous a privé le confinement :
la toile ciré, l'accueil simple et chaleureux, qui après le capuccino 
nous incite à manger la polenta, qui même si elle n'est pas gastronomique, est présentée à la japonaise dans de tous petits plats savoureux...





L'Italie m'inspire