25.12.20

Tendances (13) : chères disparues

 Hier, nous avons rendu visite à une vieille amie, dont nous avons fêté un certain anniversaire. Nous n'avons pas oublié, mais nous n'avions aussi pas intérêt je crois, car elle n'aurait pas été contente, notre amie, et se serait débrouillée pour le faire savoir. Mais ce n'était pas la peine, nous ne l'oublions pas. C'était bien joli, l'atmosphère de la réunion


C'est cette période qu'a choisie Rika Zaraï pour s'éclipser. France Inter lui a tiré un portrait glaçant : la chanteuse de "sans chemise sans pantalon" a écrit des livres contreversés de médecine naturelle prétendant guérir le sida ... Même si rien n'est faux, ce n'est pas pourtant l'image que j'en garderais. Enfant, je découvrais l'enchantement du Temps des fleurs, de Casatchok, et de Michaël :
J'ai découvert sa biographie , tout en finesse, loin des préjugés français, sur Akadem. C'est ici.




My favorite things (34) : Lumières de Noël

 Hier, seul soir sans couvre-feu, nous avons décidé d'aller voir les lumières de la ville. Nous avons pris le tram jusqu'à la Place Garibaldi. Curieusement, c'était un peu "cheap" :


Au Théâtre de Nice, c'était plus joli :

Mais la palme revient sans aucun doute, à la place Saint-François, qui a mis les moyens :
J'ai eu des crampes tant c'était long et je m'y suis reprise à deux fois !

Après, il y a eu l'esplanade des jets d'eau, mais c'était un peu loin parce que c'était fermé :

Et sur la place Masséna, des projections :

Pendant ce temps-là, aux Galeries Lafayette, ça balance terrible :



On peut remonter jusqu'à l'église Notre-Dame, grand dispositif comme à la place Saint-François, mais le résultat est plus sobre quand même :


A la Gare du Sud, beauté et sobriété :

Mais finalement, à quatre pas de ma maison, à l'église Jeanne d'Arc, c'est pas si mal !


En cheminant avec la parasha (12) : Vahigache

François Gérard, Joseph reconnu par ses frères, 1789, Angers, musée des Beaux-Arts


Au début de la parasha, Yehuda reprend le récit du premier entretien avec Joseph. Mais il y apporte quelques modification : les frères n'ont pas dit que Benjamin était le "chéri" de son père, et n'ont pas précisé que le faire venir en Egypte reviendrait à tuer le père. Jacob ne mentionne pas la dévoration de l'autre. C'est toute l'histoire familiale qui tourne dans la tête de Yehuda, notamment l'histoire des fauves qu'il a lui même construite, un point de l'histoire que Joseph ne connaît pas. La phrase "Pourrais-je voir la douleur qui accablerait mon père?" Cette vision, il la connut une première fois; rappelez-vous que les frères envoient des serviteurs annoncer la "mort" de Joseph, afin de ne pas être confrontés au premier choc du père.

Joseph ne croit pas vraiment totalement Yehuda, puisqu'il demande aussitôt : "Je suis Joseph; mon père vit-il encore ? Joseph a du mal avec son lien de famille, qu'il accole à son nom : Joseph votre frère (45-4), mon père (45-9) ton fils Joseph (45-9). Il parle à Jacob de "ta famille" (45-10). Mais le seul qu'il appelle son frère par deux fois est Benjamin (45-12 et 45-14), c'est par lui qu'il commence les retrouvailles physiques, Benjamin le seul non coupable de tous ... les autres prostrés dans le silence, la stupeur et peut-être la crainte aussi ; ils ne reparlent qu'au verset 15, après les embrassades, mais on ne sait ce qu'ils dirent. Que pouvaient-ils dire d'ailleurs qui soit à la hauteur des circonstances, on ne se perd pas en gérémiades comme dans le cinéma français, on focuse ailleurs en bon hollywoodien, qui rappelle la hiérarchie : il faut l'accord du boss, même si Joseph s'est déclaré père du Pharaon, c'est bien toujours ce dernier aux commandes, et (les temps changeront !) il est d'accord. Le texte le rappelle bien alors qu'on le sait déjà, "Joseph leur donna des voitures d'après l'ordre de Pharaon (45-21"). clin d'œil : on reparle fringues "Il donna à tous, individuellement, des habillements de rechange," dont cinq spécialement pour Benjamin (le rédacteur doit être séfarade lol, il dit hamsa !). Joseph connaît bien ses frères : "Point de rixes durant le voyage !" (45-24)

Bien sûr Jacob ne croit pas  tout de suite ses menteurs de fils (45-26), puis on voit ensuite le vrai père juif convaincu "MON FILS JOSEPH vit encore ! Ah ! j'irai et le verrai avant de mourir ! "(45-26). Pardon à tous, dans ma tête, je n'ai pu m'empêcher de substituer l'image de ma belle-mère dans sa cuisine ...

Et c'est à Beer Sheva, lieu symbolique par excellence que Jacob, sacrifie, retrouve la parole de Dieu, ses promesses et son assurance-vie pour le voyage

Dans la généalogie, on ne saura rien des enfantements de Dina, et on reparlera brièvement de la femme de Joseph, dont la seule chose que l'on sait déjà et qui est redite , c'est que c'est la fille d'un Putiphar (tiens donc ?)  et qu'elle est fille de prêtre, choix étrange ...

La Bible détaille bien l'installation légale et réglementée des bergers de la famille de Jacob dans le pays, tout est prévu et entériné par Pharaon. Car la famine gagne l'Egypte, et avec va croître la fortune de Pharaon qui recevra les bêtes, l'argent, puis la terre et les hommes qui se vendent eux-mêmes pour l'achat du pain.

18.12.20

En cheminant avec la parasha (11) : Mikets : un suspense familial

Basilique Saint marc de Venise

Avez-vous remarqué, les songes vont par deux dans la Génèse. Comme si un seul rêve, ce n'est rien, on oublie. La clé des songes ne suffit pas, pour ouvrir le coffre, il faut une combinaison. Joseph l'explique ensuite : "Et si le songe s'est reproduit à Pharaon, par deux fois, c'est que la chose est arrêtée devant Dieu."(41-32)

Comme toujours, Joseph fait attention à son look, afin d'aller voir Pharaon :il se rase et change ses vêtements. Ensuite, c'est Pharaon qui veillera à son look de dirigeant en l'habillant de byssus, tissu précieux par excellence.

Dès le retour sur la scène des frères de Joseph, le premier rêve prend vie ?  "Les frères de Joseph arrivés devant lui se prosternèrent devant lui la face contre terre. "(42-6). Non, pas encore, ils ne sont que dix en fait, il manque Benjamin

La suite est digne de tous les suspenses: Joseph prend un otage, mais prend soin des autres : il leur donne tout de même de la nourriture à emporter, il ne prend pas d'argent : pour les frères, qui commencent à regretter leur passé (on ne parle pas de repentir, juste de prix à payer pour la faute passée), le désarroi s'installe. Le récit troublant des frères et la présence de l'argent remplit Jacob de doute, il ne croit plus ses fils, peut-être a-t-il toujours eu des doutes et ne peut se résoudre à tomber dans un nouveau piège qui lui ferait perdre tous les fils de Rachel. Quitte à perdre Siméon, le deuxième fils de Léa, contre qui il avait des griefs : avec Lévi, c'est lui qui a tué tous les hommes de la tribu qui a agressé Dina.

Deuxième rêve avéré : tous les frères s'inclinent une deuxième fois devant Joseph, et ils sont bien onze cette fois puisque Benjamin et Siméon sont là aussi (43-26)

Acte suivant : la scène de vol. Elle rappelle le souvenir de Rachel, la mère de Joseph, qui a volé les pénates de son père, ce qui dit-on a raccourci sa vie ... Les frères, sûrs d'eux, demandent la mort du voleur et l'esclavage des autres, le serviteur ne requiert que l'esclavage du coupable. Les frères n'accablent pas Benjamin, mais tous se prosternent, et c'est le 2e rêve de Joseph qui se réalise (44-14).

La fin de la parasha laisse le lecteur en plein suspense. Comment les frères rentreraient-ils sans Benjamin ?

11.12.20

En cheminant avec la parasha (10) : Vayechev: Cecil B. deMille



 Joseph, c'est le chouchou pourri-gâté, le sale gosse quoi. Evidemment, ses frères ne l'aiment pas, ils ne fréquentent d'ailleurs que les fils des servantes (37-2) :  il passe son temps à rapporter à papa-gâteau, à recevoir des cadeaux (la robe longue);  un mégalo qui ne résiste pas à faire le récit de ses rêves : c'est moi la gerbe debout, et tout le monde se prosterne devant moi, soleil et lune compris, et vous aussi les onze pauvres étoiles. Même Joseph est excédé, qui rappelle sa mère d'entre les morts ("moi et ta mère viendrions se prosterner devant toi "?)

Puis, c'est le vrai film de la fin de Joseph auprès de sa famille : son père le missionne, lui indique un lieu, il cherche, il rencontre un homme qui le renseigne, ses frères voient venir non l'homme aux colts d'or mais "l'homme aux songes". Il ne manque que la musique d'Enrio. Ils complotent de l'enfermer dans une citerne "nous verrons alors ce qu'il adviendra de ses rêves". C'est un peu comme une tragédie grecque : peut-être ne serait-il rien arrivé si Joseph était resté petit berger chez lui ... Il y a les brutes qui veulent le tuer, celui qui veut le sauver en trouvant un prétexte (Ruben), celui qui veut en tirer profit (Yehouda) tout en s'épargnant la malédiction pour le meurtre d'un frère. Seul Ruben se désole de sa disparition, et les frères n'ont pas le courage d'affronter le père, trouvant un subterfuge en utilisant la robe de Joseph pour le faire croire mort. Le chagrin de Jacob est racinien; le premier vrai chagrin exprimé d'un père dans la Genèse, alors que bien des pères ont vu ou cru leur fils mort ...

Commence un autre récit filmique, l'histoire bien connue de Tamar qui se déguise en prostituée pour avoir un enfant de son beau-père. Avec ses paroles prophétiques : 

"Elle répondit : "que me donneras-tu  pour me posséder ?" Il répliqua: "je t'enverrai un chevreau de mon troupeau".

Banco

Puis nous reprenons le récit de la vie de Joseph, chez Putiphar. Là aussi, récit très  détaillé, et Joseph est une fois de plus précipité dans le malheur avec une histoire de tunique 

Et de nouveau une histoire de rêves ... Joseph est bien "l'homme aux songes" ...


6.12.20

En cheminant avec la parasha (09) : Vayichla'h : mise en ordre

                                                            Gustave Doré

 Cette parasha, c'est l'heure de vérité pour Jacob, et il faut reconnaître qu'il fait très bonne impression. Plus de mensonges. Et face à lui-même, il va affronter tout ce qu'il avait laissé de côté ces dernières années. Cela m'a fait songer aux préparations de Kippour : avant de retrouver son Dieu, il faut régler ses devoirs envers le prochain. Jacob doit beaucoup à son frère : il lui a volé droit d'aînesse et bénédiction. J'ose espérer que ce n'est pas seulement par tactique qu'il opère minutieusement tous les préparatifs des retrouvailles. On nous dévoile un patriarche vraiment très responsable : c'est la grande opération séduction respectueuse envers Esav. Ce qui nous permet de connaître aussi ses priorités : les biens, il va falloir les partager, et il y a une espèce d'esprit Chat Botté chez Jacob : on montre ses richesses, les unes après les autres ... mais c'est pour les partager. Puis on place sa famille, par ordre de préférence : cela peut apparaître cynique, mais je me mets à la place de Jacob : dans l'urgence absolue, il est pardonnable de faire des "choix de Sophie". Alors Jacob met les servantes et leurs enfants devant, puis Léa et ses enfants, et enfin Rachel et Joseph, ses préférés, tout au fond. 
C'est là que tout est réglé, il peut affronter son Dieu. Ce Dieu sans nom. Voyez l'importance des noms : par deux fois, Jacob veut connaître celui de son adversaire, mais il n'aura pas de réponse : le Dieu des Juifs n'a pas de nom. 

Les frères se retrouvent et sincèrement, on peut admirer Esav, le dindon de la farce : il pardonne à Jacob ce que rien ne pourra rembourser, ni troupeaux ni esclaves. Et plus tard dans la parasha, on apprend qu'il déménagera, car il n'y a pas de place pour deux. Pauvre Esav ...

Quelque part, cependant, la tradition du mensonge continue son chemin, se transmettant à la génération suivante, et c'est le terrible épisode concernant Dina. Dina outragée, c'est un terrible mensonge qui viendra à bout de ses agresseurs qui ont l'air pourtant de se repentir avec de nombreux signes du terrible outrage : un mensonge qui utilise la relation avec Dieu, la circoncision ; il fallait oser, et ils osent. Ceux dont le père a lutté avec Dieu se sentent-ils tout permis ? 

Dans cette parasha, Rachel meurt aussi. Un détail qui ne m'avait jamais frappé : Rachel était-elle de la même religion que son époux ? Rappelez-vous, dans la parasha précédente, elle a volé les Pénates de son père. Jacob, avant de rentrer en Eretz, fait brûler toutes les divinités étrangères. Et aussitôt après, Rachel meurt en couches ...