6.12.20

En cheminant avec la parasha (09) : Vayichla'h : mise en ordre

                                                            Gustave Doré

 Cette parasha, c'est l'heure de vérité pour Jacob, et il faut reconnaître qu'il fait très bonne impression. Plus de mensonges. Et face à lui-même, il va affronter tout ce qu'il avait laissé de côté ces dernières années. Cela m'a fait songer aux préparations de Kippour : avant de retrouver son Dieu, il faut régler ses devoirs envers le prochain. Jacob doit beaucoup à son frère : il lui a volé droit d'aînesse et bénédiction. J'ose espérer que ce n'est pas seulement par tactique qu'il opère minutieusement tous les préparatifs des retrouvailles. On nous dévoile un patriarche vraiment très responsable : c'est la grande opération séduction respectueuse envers Esav. Ce qui nous permet de connaître aussi ses priorités : les biens, il va falloir les partager, et il y a une espèce d'esprit Chat Botté chez Jacob : on montre ses richesses, les unes après les autres ... mais c'est pour les partager. Puis on place sa famille, par ordre de préférence : cela peut apparaître cynique, mais je me mets à la place de Jacob : dans l'urgence absolue, il est pardonnable de faire des "choix de Sophie". Alors Jacob met les servantes et leurs enfants devant, puis Léa et ses enfants, et enfin Rachel et Joseph, ses préférés, tout au fond. 
C'est là que tout est réglé, il peut affronter son Dieu. Ce Dieu sans nom. Voyez l'importance des noms : par deux fois, Jacob veut connaître celui de son adversaire, mais il n'aura pas de réponse : le Dieu des Juifs n'a pas de nom. 

Les frères se retrouvent et sincèrement, on peut admirer Esav, le dindon de la farce : il pardonne à Jacob ce que rien ne pourra rembourser, ni troupeaux ni esclaves. Et plus tard dans la parasha, on apprend qu'il déménagera, car il n'y a pas de place pour deux. Pauvre Esav ...

Quelque part, cependant, la tradition du mensonge continue son chemin, se transmettant à la génération suivante, et c'est le terrible épisode concernant Dina. Dina outragée, c'est un terrible mensonge qui viendra à bout de ses agresseurs qui ont l'air pourtant de se repentir avec de nombreux signes du terrible outrage : un mensonge qui utilise la relation avec Dieu, la circoncision ; il fallait oser, et ils osent. Ceux dont le père a lutté avec Dieu se sentent-ils tout permis ? 

Dans cette parasha, Rachel meurt aussi. Un détail qui ne m'avait jamais frappé : Rachel était-elle de la même religion que son époux ? Rappelez-vous, dans la parasha précédente, elle a volé les Pénates de son père. Jacob, avant de rentrer en Eretz, fait brûler toutes les divinités étrangères. Et aussitôt après, Rachel meurt en couches ...

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