30.9.15

Relecture de "la Peau" de Malaparte (3) : souvenirs

J'ai décidé de relire Malaparte, en commençant par la Peau, dans l'édition de France-Loisirs que j'avais achetée. En tournant les pages du livres, j'ai retrouvé une carte d'anniversaire envoyée par mes parents quand j'étais en Dordogne, je devais lire ce livre pour la première fois quand je l'ai reçue. Cela devait être pour mes vingt-deux ou vingt-trois ans. Je ne me rappelais plus que ma mère m'écrivait. Je ne me rappelais plus qu'elle m'envoyait des cartes d'anniversaire. Je ne me rappelais plus qu'elle m'appelait "chère petite fille". Je ne me souvenais plus que les commandes aux 3 suisses pouvaient se faire attendre deux mois et donc différer les cadeaux. Je ne me souvenais plus des traits de l'écriture de mon père. Je ne me souvenais même plus qu'il pouvait compléter une carte envoyée par ma mère. Je ne me souvenais plus qu'il avait contribué à l'achat d'une machine à coudre; dont je ne me suis d'ailleurs jamais servie, ça je m'en souviens .... Sur la carte il n'y a pas de dessin, juste un cadre de fleurs et l'écriture cursive imprimée "Meilleurs vœux de bonheur pour votre anniversaire". Je ne me souvenais pas que les cartes vouvoyaient...

29.9.15

Relecture de "la Peau" de Malaparte (2) : honte et dignité

Donna con Lenzuolo, Ernest Pignon Ernest

" - Et maintenant, dit le colonel Palese, cotre nouveau capitaine va vous parler.
J'ouvris les lèvres , amis ce fut un gargouillement horrible qui me sortit de la bouche : des paroles sourdes, obèses, flasques. Je dis : - Nous sommes les volontaires de la Libération, les soldats de la nouvelle Italie. Nous devons combattre les Allemands, les chassser hors de chez nous, les rejeter au delà de nos frontières. Les yeux de tous les Italiens sont fixés sur nous. Nous devons relever notre drapeau tombé dans la boue, nous devons servir d'exemple à tous au milieu d'une si grande honte, nous devons nous montrer dignes de l'heure présente, de la tâche que la patrie nous confie.
Quand j'eus fini de parler, le colonel Palese dit aux soldats : -Maintenant l'un d'entre eux va répéter ce qu'a dit votre capitaine. Je veux être sûr que vous avez compris. Toi, dit-il en désignant un soldat, répète ce qu'a dit votre capitaine.
Le soldat me regarda. Il était pâle, il avait les lèvres exsangues et fines des morts. Avec un borborygme horrible dans la voix, il dit lentement : -Nous devons nous montrer digne des hontes de l'Italie.
Le colonel Palese s'approcha de moi, me dit à voix basse : " Ils ont compris", et s'éloigna en silence.
La Peau, Malaparte, ch.1 la Peste

27.9.15

Relecture de "la Peau" de Malaparte (1) : uniformes

Epidémies de Ernest Pignon Ernest

"Tandis que je marchais près du colonel Hamilton, je me sentais merveilleusement ridicule dans mon uniforme. Les uniformes du Corps Italien de la Libération étaient de vieux uniformes anglais, couleur kaki, cédés par le Commandement britannique au maréchal Badoglio, et reteints, peut-être pour essayer de cacher les taches de sang et les trous des balles, en un vert sombre couleur de lézard. C'étaient, en effet, des uniformes enlevés aux soldats britanniques tombés à El Alamein ou à Tobrouk. Dans ma tunique, on pouvait voir des trous de trois balles de mitrailleuse. Mon tricot, ma chemise, mon caleçon, étaient tachés de sang. Mes chaussures même avaient été enlevées au cadavre d'un soldat anglais. La première fois que je les avais mises, je m'étais senti piqué sous la plante du pied. Je pensai tout d'abord qu'un petit os du mort était resté collé à la chaussure. C'était un clou. Il eût mieux valu, peut-être, que ce fût vraiment un os du mort ; il m'eût été plus facile de l'ôter. Il me fallut plus d'une demi-heure pour trouver une paire de tenailles et arracher le clou. Il n'y a pas à dire : cette stupide guerre s'était vraiment bien terminée pour nous. Elle ne pouvait certainement pas mieux se terminer. Notre amour-propre de soldats vaincus était sauf : désormais, nous combattions aux côtés des Alliés, pour gagner leur guerre après avoir perdu la nôtre. Il était donc naturel que nous fussions revêtus des uniformes de ces mêmes soldats alliés tués par nous."
La peau, Malaparte, ch.1 La Peste.

16.9.15

Nous mourons tous par petits bouts : l'eau vive



:-(

Une des premières chansons que j'ai chantée à l'école, que j'ai jouée sur ma petite flûte d'école , déchiffrée sur la partition copiée dans le cahier de musique ...