29.9.15

Relecture de "la Peau" de Malaparte (2) : honte et dignité

Donna con Lenzuolo, Ernest Pignon Ernest

" - Et maintenant, dit le colonel Palese, cotre nouveau capitaine va vous parler.
J'ouvris les lèvres , amis ce fut un gargouillement horrible qui me sortit de la bouche : des paroles sourdes, obèses, flasques. Je dis : - Nous sommes les volontaires de la Libération, les soldats de la nouvelle Italie. Nous devons combattre les Allemands, les chassser hors de chez nous, les rejeter au delà de nos frontières. Les yeux de tous les Italiens sont fixés sur nous. Nous devons relever notre drapeau tombé dans la boue, nous devons servir d'exemple à tous au milieu d'une si grande honte, nous devons nous montrer dignes de l'heure présente, de la tâche que la patrie nous confie.
Quand j'eus fini de parler, le colonel Palese dit aux soldats : -Maintenant l'un d'entre eux va répéter ce qu'a dit votre capitaine. Je veux être sûr que vous avez compris. Toi, dit-il en désignant un soldat, répète ce qu'a dit votre capitaine.
Le soldat me regarda. Il était pâle, il avait les lèvres exsangues et fines des morts. Avec un borborygme horrible dans la voix, il dit lentement : -Nous devons nous montrer digne des hontes de l'Italie.
Le colonel Palese s'approcha de moi, me dit à voix basse : " Ils ont compris", et s'éloigna en silence.
La Peau, Malaparte, ch.1 la Peste

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