26.4.24

Chakoul (1) : Ouverture


 
Il n'existe pas de mot en français pour dire qu'on est orphelin de son enfant. Comme si cela était inenvisageable de fixer cela en un mot. Il n'existe pas non plus d'expression pour dire que l'on est divorcé de son enfant. Comme si cela était inenvisageable de fixer cela en une expression. Comme si cela n'était pas moralement possible. Partout, tout le temps, dans les films, les livres, la télé, on vous l'a dit et répété : on peut divorcer de son époux, pas de ses enfants ; avec les enfants c'est amour qui rime avec toujours ; c'est ce qu'on leur explique en général à ces chers petits à l'annonce de la séparation pour leur faire passer la pilule. Et d'ailleurs, un parent ne doit-il pas  rester un parent pour toujours ? pas de souvenir de la préparation du bac avec le Pélican de Musset ? 
"Pour toute nourriture il apporte son cœur.
Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,
Partageant à ses fils ses entrailles de père,
Dans son amour sublime il berce sa douleur ;
Et, regardant couler sa sanglante mamelle,
Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,
Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur."
 Pour un enfant, la parent doit avoir toujours une disponibilité sans faille. C'est le pardon universel, le retour du fils prodigue.
Evangile selon Saint Luc :
21 Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.”22 Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, 23 allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, 24 car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.
Encore faut-il en arriver là. 
En attendant, lorsque vous trouvez "comment dire dans un dîner que vos enfants ne veulent plus vous voir", il est rare que cela passe comme une lettre à la poste. Les regards deviennent gênés, confus. Pire que quand vous annoncez votre divorce. Une faute de goût. D'abord, tout de suite, on vous plaint.Ensuite, l'effroi emplit les interlocuteurs, un effroi fait d'une identification qui supplée souvent l'empathie.  Plusieurs suites possibles : 
Il y a les réconforteurs : non, ce n'est pas possible, il faut patienter, ça reviendra. 
Les conseilleurs : parle-lui, excuse-toi, ne lâche pas. 
Tous pensent certainement au fond qu'il doit y avoir quelque chose d'inavouable pour que cela soit arrivé : psychorigidité, ou tendance #metoo fond d'inceste, de maltraitance physique ou la grande explication du moment, la maltraitance psychique par perversion narcissique. 

C'est ce qui m'arrive. Je suis donc sans mot pour le dire. Avec la disparue je n'ai aucun moyen de communication, puisque les tables tournantes ne s'adressent qu'aux morts. Pas de téléphone, pas de courriel, pas d'instagram, pas d'adresse postale. Ke nada. Seul embryon de réconfort, je n'ai pas encore de procédure judiciaire contre moi non plus. 

Dans ma tête, il me reste la conclusion de la sentence de la victime
 "Mettre un trait final à cette relation, finalement, c'est plus simple"  

8.1.24

Le souvenir des belles choses : au quotidien : (1) les papas du marché

 La moitié des vacances, c'est le temps des papas : au marché, un papa qui chante avec sa petite fille de 4 ans une nouvelle version d' Amstragram ; un autre qui rit avec son bébé qui n'est plus tout à fait un bébé puisqu'il commence à faire ses premiers pas, émerveillés l'un et l'autre et en rire ...


5.1.24

Meilleure année 2024 : 2023 est finie, bon débarras

 Je ne sais pas vous, mais 2023 fut personnellement une année de merde. Beaucoup d'ennuis, petits ou grands, beaucoup de déceptions. Mon seul moment de vrai bonheur, d'humanités partagées, de découvertes, fut mon voyage en Israël en juin 2023, ce qui me rendit encore plus cruels les événements d'Octobre. Je suis touchée sur tous les fronts, dans mon pays, dans ma communauté, dans ma famille, dans ma personne. Le révisionnisme est partout. Mon âme a très mal résisté, encore moins mon corps. 

Mais 2024 est là, et l'énergie du Dragon me pousse à y croire encore. Malgré tout, des projets ont germé en 2023, de beaux projets, contrecarrés, mouvementés, mais ils ont porté déjà des fruits, me poussant dans mes retranchements et vers de nouvelles découvertes. Les soutiens furent rares mais chers. 

L'un des chantiers est la reconquête de moi-même, et le plus simple est d'être telle que je suis, toujours été, droite dans mes bottes le plus simplement possible, et retrouver la joie intérieure qui m'habite depuis l'enfance même dans l'adversité. Une de ses pistes est la musique. Avec la découverte de mon instrument, je me lance dans ce que je n'ai jamais osé encore, des arrangements musicaux personnels. Bien sûr, le chemin est encore long, mais je vous livre ici les résultats de mon premier essai, une chanson très connue en Israël, issue d'un poème d'une jeune héroïne hongroise, Hanna Senecz. Je la chante toujours dans l'intimité de mes cascades ou de mes rivages. Je l'ai chantée autrefois aussi en public. J'avais besoin de me la réapproprier, aussi je lui ai associée deux chansons d'amour judéo-espagnoles de mon répertoire. Certes, elle prend une autre dimension, moins simple, plus mystérieuse, plus mélancolique aussi ; mais ainsi, elle correspond mieux à l'air du temps ...

"Mon dieu, que jamais ne cessent le sable et la mer, le bruit de la mer, le fracas du tonnerre, la prière de l'homme"