"Frédelle regarda par la fenêtre. Le bureau de la directrice, que celle-ci lui cédait pour certains entretiens, donnait sur la cour. Le maître de service venait de siffler la fin de la récréation. Frédelle admira le ballet abracadabrant des enfants de toutes tailles se relevant, se démêlant, se regroupant. Au terme d'une série de luttes à mort, à l'issue de courses à obstacles vivants, de tirages de cheveux acharnés, ils s'en retournaient vers leur classe, en rang par deux, intacts, se tenant (pour les plus petits) par la main. Seules les franges collées au front et les joues écarlates témoignaient des quinze minutes de chaos absolu dans lesquelles ils avaient été brassés. C'est un miracle de s'en sortir vivant, pensa Frédelle. Se sortir vivant de l'enfance, vraiment, c'est tellement incroyable qu'on mériterait de ne plus jamais mourir après ça."
Agnès Desharte, Le principe de Frédelle, ch.1, éditions de l'Olivier
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