18.8.13

Gatsby ce magnifique


Il y a quelques jours, nous sommes allés voir Gatsby projeté au Théâtre de Verdure. Pas le clinquant nouveau que je n'ai pas encore vu; j'avais bien l'intention de le faire, ayant beaucoup aimé   "Roméo+Juliette", même si Luhrmann aura droit à ma damnation éternelle pour avoir omis la scène du rossignol et de l'alouette; mais je ne pouvais pas supporter l'idée de voir supplanter la place du Robert Redford imprimé dans ma tête.
J'avais vu le Gatsby de Clayton sans doute à sa sortie, en 1974. Dans un cinéma à l'ancienne, au balcon. J'étais adolescente et j'y étais allée avec ma mère, toutes les deux fans de Robert Redford depuis l'Arnaque et Butch Cassidy.
J'avais quelques craintes, bien fondées de revoir ce film : lorsque j'ai parlé de mon projet à ma mère, nonagénaire, elle ne se souvenait plus ni du cinéma, ni du film, ni même qu'il existât un Robert Redford. Une des héroïnes principales avait eu le bête idée de mourir dans la semaine, juste passée soixante-dix ans. Sur place, le charme du Théâtre de Verdure avait du mal à résister à un public polyglote venu profiter du prix dérisoire du billet pour fumer des clopes, faire moult commentaires et s'esclaffer devant le maillot de bain du héros . Pour m'achever, nos voisins de devant étaient deux géants mal assis se contortionnant sans cesse.
Pourtant non, je fus saisi tout comme la première fois. J'ai retrouvé ce qui n'était jamais sorti de ma mémoire. La magnifique demeure, la chaleur omniprésente de l'été de Long Island, la silhouette regardant clignoter le phare, les costumes blancs. Les tacots rutilants, le fox trot et les perruques en perles.  Le déchiquettement du héros aveugle, cette chaleur terrible qui s'abat sur le front des hommes  et joue avec nos nerfs.
M'est née alors dans les profonds l'absolue nécessité d'engranger tout cela dans une neurone résistante, par crainte de la dissolution de la vieillesse qui pourrait me trahir tout aussi sûrement que Daisy le fit pour Jay.

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