8.8.10

Observatoire jospinien, 0 : mon balcon



 Le titre, c’est une référence à un souvenir qui date d’une dizaine d’années, quand Jospin alors Premier Ministre consentait à se pencher sur les problèmes de la ville en créant un Observatoire ; dans la famille, on disait qu’on allait se porter volontaire pour le premier site : mon balcon.

Tous les jours depuis des années, je m’interroge sur ce que le monde devient à travers la vision de mon balcon. Je m’interroge en silence car il n’est pas de bon ton d’aborder ces sujets-là. On se prend à douter de soi-même : suis-je devenue « un vieux con », une raciste, pire encore une sarkozyste ? Certains sujets peuvent vous faire de sacrés ennemis, une « réput » comme dirait ma fille, et même perdre de bons amis.

Ce silence, à force, me pèse. Alors, j’ai décidé la bonne vieille méthode Jospin. Je vais créer un observatoire. Sur mon balcon. Vous avez bien lu hein, j’ai dit observatoire. Je n’ai pas dit centre d’études, thèse, etc. Juste un endroit pour observer et tenter de décrire, ce qui va être déjà toute une aventure pour garder la neutralité nécessaire, le regard extérieur…

J’habite  dans un quartier populaire, c'est le quartier de mon enfance, centre-ville près de la gare où il y a un ED qui a remplacé le marché couvert d'autrefois, des immeubles petits-bourgeois de co-propriétaires de classe moyenne, de locataires tous azimuts et de meublés très modestes.  Pas de couvre-feu le soir, c’est la ville, et après le film tous les propriétaires sont dans la rue à promener leur chien. Dans mon immeuble, c’est la tour de Babel : deux niçoises veuves et retraitées, une ex-danseuse arméno-russe, une famille tunisienne mêlant trois générations, une princesse laotienne mariée à un pompier de l’arrière pays, un couple « mixte » comme on dit aujourd’hui avec de très jolis enfants,  des boulangers slovènes, un cabinet de profession libérale, un jeune couple avec un magnifique bébé tous blonds, et ma famille judéo-japonaise : locataires et propriétaires confondues, nous formons une communauté disparate qui s’entend bien, une vraie communauté avec ses joies et ses peines, ses tensions et ses soutiens, tout le monde connaît tout le monde et personne ne reste indifférent.

Mon appartement occupe tout l’angle de la rue, dix fenêtres. Dont deux sur balcon.

Le terrain est planté pour construire un observatoire bien crédible.

1 commentaire:

  1. 10 fenetres ?!
    Tiens, je me demande combien on a de fenetres, nous....jamais compte, mais je verrai ca quand il fera moins chaud, car pour l'instant, ma cervelle ressemble a mon jardin: c'est la brousse !

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