21.10.20

En cheminant avec la parasha (2) : Noah

 

La grande inondation. Gustave Doré

C'est Daniel Mendelsohn dans les disparus qui m'a fait prendre conscience de ce que soulevait la parasha de la semaine...
Le texte précise bien, tout de suite : "Ceci est l'histoire de Noé. - Noé fut un homme juste, irréprochable, entre ses contemporains ; il se conduisit selon Dieu. "(Genese 9-1)
Entrée glaçante après la lecture mendelsohnienne. Noé est un "tsadik". J'ai du recourir à l'hébreu pour être sûre que j'avais bien lu. Car en français contemporain un "juste" c'est aussi un "juste parmi les nations". Mais finalement, l'honneur des "justes parmi les nations" est sauf, car l'hébreu dit d'eux "hassids" et non "tsadiks". Ils ne sont pas comme Noé
Noé, l'homme qui obéit à Dieu. Sans discuter, sans commentaires. Abraham, à Sodome, marchandera jusqu'à dix tsadikims avant de renoncer. Noé ne discute pas. Noé ne parle pas. Aucun mot ne sort de sa bouche. Noé obéit : tout ce que Dieu lui prescrit, il l'exécute précisément. 
"Dieu considéra que la terre était corrompue, toute créature ayant perverti sa voie sur la terre. Et Dieu dit à Noé : "le terme de toute les créatures est arrivée à mes yeux, parce que la terre, à cause d'elles, est remplie d'iniquité; et je vais les détruire avec la terre" (Genèse 9-12 et13)
Laissons répondre Daniel Mendelsohn aux commentateurs qui tentent de justifier le déluge : " Rien de tout cela, il faut le dire, ne semble très satisfaisant quand on abandonne les abstractions des commentateurs et qu'on prend le temps de se demander à quoi peut ressembler l'extinction de la vie d'un petit enfant par noyade ou autrement. Même après avoir médité le commentaire de Rachi, il est difficile de ne pas penser, vu la façon dont la Torah se préoccupe de maintenir les distinctions entre les choses, que l'annihilation des innocents et des coupables sans discrimination dans le récit du Déluge a quelque chose de relâché et de non casher, qui est à la fois inhabituel et dérangeant."(les Disparus, 3,ch2, l'histoire du Déluge)
La Genèse, contrairement à Gustave Doré, ne nous décrit pas les images de la réalité de la destruction. Et surtout, il manque le bruit. Dans son témoignage de l'inondation de la tempête Alex dans la Vésubie, une rescapée nous raconte comment, au tout début de la montée des eaux, c'est le bruit qui les a alertés :
"La matinée de vendredi s’était déroulée tout à fait normalement. On a travaillé comme d’habitude et nous sommes allés manger, un peu tardivement. Et à la fin du déjeuner, nous avons eu une coupure d’électricité et à ce moment-là on s’est un peu plus concentré sur ce qui se passait autour de nous. Avec mon père on s’est rendu compte que le bruit autour de la maison n’était pas du tout le même que d’habitude. La Vésubie ne faisait pas du tout le même bruit..." Puis elle nous raconte comment elle a sauvé ses quatorze chevaux, un par un, ce qui fait qu'elle n'a pu rien sauver, RIEN, pour elle-même, que les habits sur son dos, sa maison ayant été totalement emportée.
Le bruit, le cri des gens qui meurent, qui frappent sur l'Arche pour être sauvés, et que les rescapés entendent à l'intérieur de l'Arche (seule scène valable pour rattraper le film Noé ).
Après le cataclysme qui a frappé ma région en cet automne terrible, la parasha Noé tombe étrangement. Ces gens emportés dans leur maison. Deux  loups blancs retrouvés noyés. Les calmes vallées dévastées pour toujours. Les personnes disparues; mais aussi les vaches, les marmottes ... 
Comment se tourner vers Dieu, lorsqu'on lit la parasha Noa ? 

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