14.10.20

En cheminant avec la parasha (1) : bereshit

Eve, 1896, Lucien Lévy-Dhurmer
 

Ca y est , on a passé le cap du cycle de lecture, sans fête, sans danse avec la Torah, sans ronde avec les copines, sans les chansons, les rires et les bonbons. C'est le nouveau style épidémique.
M'a donné l'envie d'explorer quotidiennement, ou plutôt de tirer de la lecture hebdomadaire quelques élucubrations, et en plus je vais les partager. Levée des yeux au ciel ...

Bérechit, c'est le début. Je me passerai des commentaires sur le B au lieu du A, d'autres ont fait cela beaucoup mieux que moi. 

Non, une piste m'est apparue hier devant mon téléviseur, en visionnant un film français de 2018 , Nos batailles, avec une icône, Romain Duris. Le pitch : une femme, mère de deux enfants, femme d'un syndicaliste dévoué surtout aux autres, très fatiguée et très malheureuse quitte le domicile conjugal et laisse la charge du foyer à son époux, Romain Duris, qui évidemment va galérer. Elle ne donne aucune nouvelle sauf une carte postale de Wissant. Pour ceux qui restent, c'est vraiment la galère galère. Mais la pauvre la pauvre, elle devait avoir ses raisons, elle devait être très malheureuse, elle doit être malheureuse, etc. etc.
C'est dommage que le cinéaste ne soit pas venu un lundi matin (c'est le jour de la "tourne" pour les gardes alternées) dans ma classe maternelle où des enfants en vrac pleurent toutes les larmes de leur corps, hurlent leur colère à grands cris, appellent l'un des deux parents ou les deux parents à la fois ... 

Quel rapport avec la Parasha Bereshit ? Tout.

Béreshit, c'est la création du monde, du nôtre : notre espace, nos 2 ancêtres.
Dieu a créé l'Eden, mais les humains ne savent pas en profiter : dès le départ, ils ne savent pas exploiter les biens de la Terre sans en abuser, se contentant d'ouïe-dire .  Logés, nourris, pas encore blanchis, ils ne sont pas satisfaits, en veulent plus, se croyant déjà immortels ((Genese 3.5). Ils dénient leur culpabilité dans le c'est pas moi c'est l'autre (Genese 3.12-13). Quelle phrase est-elle plus odieuse que "Suis-je le gardien de mon frère ?" (Génèse 4.9). Très contemporaine, Eve utilise déjà à son unique profit la fécondation in-vitro ("J'ai fait naître un homme, conjointement avec l'Eternel (Genese 4.1)" 

Comme le fait remarquer André Néher, l'homme et la femme, prêts à écouter le premier qui passe, (Genese 3.1), s'accusent l'un l'autre  mais ne se parlent pas (ils s'adressent à Dieu seulement).   Et quand leurs enfants Abel et Caïn, se mettent à parler, l'un tue l'autre (Genese 4.8). Ca commence bien, la famille.

L'univers de Bereshit peut paraître austère et dur mais paradoxalement il me réconforte. Les actes des humains ont des conséquences réelles et concrètes, irréparables. Dieu, dans son rôle, ne laisse pas de place à la psychologie, aux excuses du siècle. C'est la loi du "récolte ce que tu as semé", l'hubris-nemesis. La perte de l'Eden, l'exil.

Le lundi matin,  je pense souvent que c'est bien tout ce que l'humain mérite. 



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