28.4.09

Melnitz, extrait 4

Ils étaient assis face à face.
Son visage était –il ne trouvait pas d’autre formulation- précis, avec des lignes nettes, comme tracées par un dessinateur au trait ferme. Un nez sûr de soi et un menton décidé. Des cheveux plus courts que ne le veut la mode en Suisse, à la coupe presque juvénile. Les lobes des oreilles avaient autrefois été percés, mais le trou se refermait déjà. Peut-être avait-elle dû vendre ses boucles d’oreilles.
« Tu me regardes comme si tu voulais m’apprendre par cœur », dit Rosa.
Mais il n’en était pas encore là. Il commençait juste à l’épeler.
Ce n’était pas une beauté, personne ne dirait, au premier coup d’œil : voilà une jolie femme. Mais les femmes ne sont pas toutes faites pour le premier coup d’œil. On pouvait, sans difficulté, s’imaginer la regarder, jour après jour, de l’autre côté d’une table.

Melnitz de Charles Lewinski, p737

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire