1.5.11

Une servante

"Les jours passent.
Mélanie garde le silence. Elle travaille. Jamais de repos. Qu'espère-t-elle de tant de labeur ?
Son travail est sobre. Elle épargne ses gestes; elle les prépare avec force puis lentement les utilise. Ils accomplissent leur tâche jusqu'à sa perfection. Rien ne lasse ce zèle continu. Ils inspirent à sa patience une obstination sournoise. Si jamais elle a eu quelque désir, il est mort. Pourtant elle obéit encore sourdement à l'instinct d'espérance. Dans sa longue jupe de laine, quand elle fait un de ses grands pas pour saisir une cruche ou une lampe, l'âme l'emporte sur le geste et elle devient tout à coup une figure de puissance.
Elle ne vit pas de sagesse, mais d'obscure fidélité. Sa foi reste close(...) Maintenant elle lave, frotte et place des objets.
Elle les place bien. Dans son esprit l'ordre le plus modeste favorise la pensée de Dieu.
Elle attend l'heure.
Pas de questions. Aucune confidence."
Henri Bosco, Hyacinthe, Gallimard p242

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire