"- Oh ! Oh ! Qu'est-ce que c'est ? Tes cheveux, tes cheveux descendent vers moi ! Toute la chevelure, Mélisande, toute la chevelure est tombée de la tour !
Je les tiens dans les mains, je les tiens dans la bouche, je les tiens dans les bras, je les mets autour de mon cou. Je n'ouvrirai plus les mains cette nuit.
- Laisse-moi ! Laisse-moi ! Tu vas me faire tomber.
- Non, non, non ! Je n'ai jamais vu de cheveux comme les tiens, Mélisande. Vois, vois, vois, ils viennent de si haut et ils m'inondent encore jusqu'aux genoux ! Et ils sont doux, ils sont doux comme s'ils tombaient du ciel. Je ne vois plus le ciel à travers tes cheveux. Tu vois, tu vois ? Mes deux mains ne peuvent plus les tenir; il y en a jusque dans les branches du saule. Ils vivent comme des oiseaux dans mes mains, et ils m'aiment, ils m'aiment plus que toi.
- Laise-moi, laisse-moi ! Quelqu'un pourrait venir.
- Non, non, non. Je ne te délivre pas cette nuit. Tu es ma prisonnière cette nuit, toute la nuit, toute la nuit."
Pelleas et Mélisande, Acte 3, scène 1. Debussy, Maeterlinck
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