"Mes larmes coulaient bruyamment par terre, aussitôt absorbées par les flaques de lune. Sous les rayons laiteux, je les voyais briller en tombant, comme de magnifiques cristaux. Tout d'un coup, je me suis rendue compte que mon ombre pleurait aussi : l'ombre de mes larmes se découpait nettement sur le mur. Oiseau-à-ressort, as-tu déjà regardé l'ombre de tes larmes ? Ce n'est pas une ombre ordinaire, ça n'a rien à voir. C'est une ombre venue exprès pour nos cœurs d'un autre monde lointain. En les voyant, je me suis demandé si, en réalité, ce n'était pas mon ombre qui pleurait de vraies larmes, dont les miennes n'étaient que le pâle reflet."
MURAKAMI Haruki, Chroniques de l'oiseau à ressort, 3e partie l'oiseleur, ch. 38 : La famille canard; l'ombre des larmes (le point de vue de May Kasahara, VII)
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