27.2.25

Murs incertains (08) : spoiler

" Même adolescent, il m'arrivait de feuilleter la Bible de temps en temps. A un moment donné, c'est devenu une habitude. La lire fait réfléchir et j'en ai retiré bien des enseignements. Ce verset se trouve dans les Psaumes : "l'homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe"."
M. Koyasu s'est interrompu, il a ouvert la porte du poêle et a remis en ordre le feu avec la pince. Puis il a lentement répété le psaume comme pour se convaincre de quelque chose. "L"homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe."Ah... Vous comprenez ? L'homme n'est qu'un souffle éphémère, et ce qu'il est durant sa vie s'efface comme une simple ombre. Ah... Ces mots m'ont toujours captivé, mais je n'ai vraiment compris leur sens qu'après ma mort. Oui, nous les humains, ne sommes qu'un souffle éphémère. Et à présent que je suis mort, je n'ai même plus d'ombre avec moi."
J'ai regardé M. Koyasu dans les yeux sans dire un mot.
"Vous êtes toujours en vie, a-t-il dit alors. Alors faites-en le meilleur usage possible. Parce que vous avez toujours votre ombre noire avec vous. "

MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 38

26.2.25

Murs incertains (07) : cérémonie du thé (03)

Nous n'avions besoin ni de sucre, ni de lait, ni de citron ou de quoi que ce soit d'autres pour ce thé. Tel qu'il était, il était parfait. La température était également idéale. Le thé lui-même était fort, parfumé, ardent et raffiné. Il contenait quelque chose qui calmait, apaisait et caressait les nerfs. Un ajout n'aurait fait qu'amoindrir sa perfection, tout comme la lumière du soleil dissout l'épais brouillard matinal. 

MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 36.

25.2.25

Murs incertains (06) : cérémonie du thé (02)


Concentré et grâce à une horloge interne spéciale, M. Koyasu semblait connaître le moment optimal pour que le thé soit prêt.  Pour cela, il n'avait nul besoin d'aiguilles sur sa montre.

Lorsque cet instant-là était arrivé, M. Koyasu, comme libéré d'un sortilège, a abandonné sa posture rigide et il est passé à l'action. Il a versé le thé dans les deux tasses préchauffées, il en a pris une, en a inhalé le parfum jusqu'à ce que les informations neuronales soient transmises à son cerveeau et, enfin, il a hoché la tête de satisfaction. Les différents étapes avaient été franchies avec succès. 

"Ah...oui, il m'a l'air bon. Je vous en prie, buvez", a t-il déclaré

MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 36.