" Même adolescent, il m'arrivait de feuilleter la Bible de temps en temps. A un moment donné, c'est devenu une habitude. La lire fait réfléchir et j'en ai retiré bien des enseignements. Ce verset se trouve dans les Psaumes : "l'homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe"."
M. Koyasu s'est interrompu, il a ouvert la porte du poêle et a remis en ordre le feu avec la pince. Puis il a lentement répété le psaume comme pour se convaincre de quelque chose. "L"homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe."Ah... Vous comprenez ? L'homme n'est qu'un souffle éphémère, et ce qu'il est durant sa vie s'efface comme une simple ombre. Ah... Ces mots m'ont toujours captivé, mais je n'ai vraiment compris leur sens qu'après ma mort. Oui, nous les humains, ne sommes qu'un souffle éphémère. Et à présent que je suis mort, je n'ai même plus d'ombre avec moi."
J'ai regardé M. Koyasu dans les yeux sans dire un mot.
"Vous êtes toujours en vie, a-t-il dit alors. Alors faites-en le meilleur usage possible. Parce que vous avez toujours votre ombre noire avec vous. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 38