MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 47
11.3.25
Murs incertains (16) : habitude
10.3.25
Murs incertains (15) : un sous-marin jaune (2)
"Mes recherches m'ont donné envie de revoir Yellow Submarine (plus de vingt ans s'étaient écoulés depuis que je l'avais vu et j'en avais à peu près tout oublié). Je suis donc allé à l'unique magasin de locations de vidéos, devant la gare, mais ce film n'était pas disponible. Les seuls des Beatles proposés sur les étagères étaient A Hard Day's Night et Help ! "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 47
9.3.25
Murs incertains (14) : un sous-marin jaune (1)
"Lorsqu'il ne portait pas son sweat avec l'image du Yellow Submarine, il avait un autre sweat à capuche, marron, orné du personnage du film. C'était une étrange créature au visage bleu, aux oreilles roses et à la fourrure brune. J'avais vu le film mais je ne me souvenais plus du nom de ce personnage. C'était le Nowhere Man, qui vivait au Nowhere Land. La chanson que chantait John Lennon. Malgré mes efforts, impossible de me souvenir de son nom.
A la maison, j'ai fait des recherches en ligne sur ces personnages et j'ai découvert que le nom de cette curieuse créature au visage bleu était "Dr Jeremy Hillary Boob". Boob est pianiste, botaniste, humaniste, dentiste, physicien, satiriste ... bref, un homme capable à la fois de tout et de rien ... "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 47
7.3.25
Murs incertains (13) : version relaxante, volume agréable
"Depuis une enceinte au plafond était diffusée une musique de jazz relaxante, à un volume agréable. Un trio avec piano jouait une belle interprétation de Star Eyes, mais je n'ai pas reconnu qui était le pianiste. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 46
6.3.25
Murs incertains (12) : littérature japonaise
Prenez par exemple Avant l'Aube, de Tozon Shimazaki. Il pourrait vous le réciter mot pour mot, du début à la fin. Il mémorise tout, même quand il s'agit, comme dans ce cas, d'un roman assez volumineux. Mais je ne pense pas qu'il comprenne ce que le livre essaie de transmettre au lecteur ou ce qu'il signifie dans l'histoire littéraire japonaise.
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 45
5.3.25
Murs incertains (11) : titre retrouvé
"Et puis, tout à coup, aussi soudainement que si un oiseau avait surgi d'un fourré à mes pieds, je me suis rappelé le titre du standard de Cole Porter que javais entendu dans le café près de la gare : Just One of Those Things. Et, comme une incantation qui se serait collée aux parois de ma conscience, sa mélodie se répétait sans fin. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 43
3.3.25
Murs incertains (10) : titre oublié
"Un vieux standard de Cole Porter, interprété par le Dave Brubeck Quartet, était diffusé à faible volume depuis un petit haut-parleur du plafond. Le solo de saxophone alto de Paul Desmond qui fait penser à un cours d'eau claire. Même si je connaissais bien le morceau, je ne parvenais pas à me souvenir du titre. Enfin, sans connaître le titre, c'était juste la musique idéale à écouter lors d'une matinée tranquille d'un jour de congé. Une belle et apaisante mélodie qui avait résisté à l'épreuve du temps. Je l'ai écouté distraitement pendant un moment, sans penser à rien. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 42
1.3.25
Murs incertains (09) : pierre de qualité
C'était une pierre tombale très lisse, sans aucun ornement. Plate et lisse comme le monolithe de 2001 : l'Odysée de l'espace.
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 42
27.2.25
Murs incertains (08) : spoiler
" Même adolescent, il m'arrivait de feuilleter la Bible de temps en temps. A un moment donné, c'est devenu une habitude. La lire fait réfléchir et j'en ai retiré bien des enseignements. Ce verset se trouve dans les Psaumes : "l'homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe"."
M. Koyasu s'est interrompu, il a ouvert la porte du poêle et a remis en ordre le feu avec la pince. Puis il a lentement répété le psaume comme pour se convaincre de quelque chose. "L"homme est semblable à un souffle, ses jours sont comme l'ombre qui passe."Ah... Vous comprenez ? L'homme n'est qu'un souffle éphémère, et ce qu'il est durant sa vie s'efface comme une simple ombre. Ah... Ces mots m'ont toujours captivé, mais je n'ai vraiment compris leur sens qu'après ma mort. Oui, nous les humains, ne sommes qu'un souffle éphémère. Et à présent que je suis mort, je n'ai même plus d'ombre avec moi."
J'ai regardé M. Koyasu dans les yeux sans dire un mot.
"Vous êtes toujours en vie, a-t-il dit alors. Alors faites-en le meilleur usage possible. Parce que vous avez toujours votre ombre noire avec vous. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 38
26.2.25
Murs incertains (07) : cérémonie du thé (03)
Nous n'avions besoin ni de sucre, ni de lait, ni de citron ou de quoi que ce soit d'autres pour ce thé. Tel qu'il était, il était parfait. La température était également idéale. Le thé lui-même était fort, parfumé, ardent et raffiné. Il contenait quelque chose qui calmait, apaisait et caressait les nerfs. Un ajout n'aurait fait qu'amoindrir sa perfection, tout comme la lumière du soleil dissout l'épais brouillard matinal.
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 36.
25.2.25
Murs incertains (06) : cérémonie du thé (02)
Concentré et grâce à une horloge interne spéciale, M. Koyasu semblait connaître le moment optimal pour que le thé soit prêt. Pour cela, il n'avait nul besoin d'aiguilles sur sa montre.
Lorsque cet instant-là était arrivé, M. Koyasu, comme libéré d'un sortilège, a abandonné sa posture rigide et il est passé à l'action. Il a versé le thé dans les deux tasses préchauffées, il en a pris une, en a inhalé le parfum jusqu'à ce que les informations neuronales soient transmises à son cerveeau et, enfin, il a hoché la tête de satisfaction. Les différents étapes avaient été franchies avec succès.
"Ah...oui, il m'a l'air bon. Je vous en prie, buvez", a t-il déclaré
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 36.
18.1.25
Murs incertains (05) : cérémonie du thé (01)
"Voulez-vous une tasse de thé ?
- Oui, volontiers" ai-je répondu après un temps d'arrêt. Je me suis demandé si je pourrais me rendormir après avoir bu si tard une tasse de ce thé pissant. Mais j'en avais vraiment envie, et comme d'habitude je n'ai pas pu résister à la perspective de l'arôme du thé fraîchement infusé de M. Koyasu.
Celui-ci s'est levé et a empoigné la bouilloire, qui émettait des nuags de vapeur blanche. Il lui a imprimé un balancement habile avant de tempérer l'ébullition. Cette grosse bouilloire pleine devait être assez lourde mais les mouvements de Monsieur Koyasu n'en laissaient rien paraître. Il a soigneusement dosé les feuilles de thé avec une cuillère, les a placées dans la théière de porcelaine blanche préchauffée et y a versé avec précaution l'eau chaude. Il a posé le couvercle sur la théière, fermé les yeaux et adopté la posture raide d'un garde dixcipliné du palais. C'était la même série d'opérations de toujours. Ou peut-être plutôt le même cérémonial.
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 36.
17.1.25
Murs incertains (04) : lecture
"J'étais assis dans le vieux fauteuil (que M. Koyasu m'avait déniché je ne sais où ) et je relisais l'Education sentimentale de Flaubert à la lumière d'un lampadaire. La typographie ancienne me fatiguait les yeux et je me demandais si je n'allais pas bientôt aller au lit - tout était à peu près comme d'habitude. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 36.
16.1.25
Murs incertains (03) : chat
Léonard-Tsuguharu FOUJITA (1886-1968)
Chat allongé. 1926. Lithographie.
"Un original aurait été hors de prix et il était difficile d'imaginer qu'une œuvre d'une telle valeur ait été simplement placé sur ce mur. Néanmoins le cadre semblait un peu trop sophistiqué pour une reproduction.
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, deuxième partie, chapitre 30.
15.1.25
Murs incertains (02) : journal intime
"Si je déclare que ce cahier est mon seul ami, cela fera un peu penser au Journal d'Anne Frank. Bien sûr, je ne vis pas cachée dans la maison de quelqu'un, je ne suis pas entourée de soldats nazis. Ou du moins, les gens de mon entourage n'ont pas de croix gammée sur leurs manches, et pourtant. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, première partie, chapitre 8.14.1.25
Murs incertains (01) : lambeaux
"Tout cela, tu me l'as raconté fragment par fragment. Comme si tu sortais des lambeaux de je ne sais quoi de la poche d'un vieux manteau. "
MURAKAMI Haruki, La cité aux murs incertains, ed. Belfond, première partie, chapitre 4.