17.10.23

Journal de guerre (1) : seuls au milieu du silence assourdissant


 

11e jour depuis l'attaque terroriste en Israël.

Aujourd'hui, j'ai réussi à vaincre la sidération qui me rendait muette à mon clavier. Je vais parler ici, puisqu'aucune oreille n'écoute dans la vie vraie du monde, de ce que je ressens.
Le matin, mon premier réflexe est de prendre mon téléphone et de regarder si l'opération terrestre a commencé. Mon cœur n'est pas assez endurci pour ne pas trembler sur ces morts innombrables, là-bas dans la bande de Gaza. Mais je songe aux mots de Golda Meir entendus hier : " nous préférons les condamnations aux condoléances". Des condoléances ? Que nenni, je n'en ai reçu qu'une, d'une amie française vivant au Japon, elle sauve l'honneur du monde, mais ça n'aurait pas suffi pour sauver Sodome.
Ce matin, sur France Info, un reportage sur les légistes qui identifient ou tentent d'identifier le millier de cadavres de leur frigo. La plupart des mains de leurs "patients" sont transpercés de balles car ils ont essayé de se protéger de leurs mains quand on les a tués. Pour deux autres, on n'a retrouvé que leurs colonnes vertébrales, mais face à face, car ils avaient été liés ; jusque dans la mort. Ces deux légistes, mari et femme, travaillent quinze heures par jour; de temps en temps, ils font une pause, sortent à l'extérieur, pleurent dans les bras l'un de l'autre, puis retournent au travail : ils ne veulent pas laisser un corps sans identité, pensant aux familles dans l'attente.
Ici en France, j'ai cherché des traces des victimes françaises. Non pas que je les pleure plus que les autres. Simplement en me disant que peut-être ces morts là pourraient faire pleurer, ou au moins sourciller, le bon peuple français. Je voulais trouver des noms, des prénoms. Ici en France, les morts, les disparus, ont des prénoms : Estelle, que l'on a cherché sans relâche pendant des années. Lina, que l'on cherche depuis trois semaines, disparue sur le chemin de la gare. Nahel, tué par un policier. En Israël, nous avons à ce jour 19 ressortissants français tués, 17 ressortissants français disparus. J'ai cherché les prénoms des morts, je n'en ai trouvé que 8. Je n'ai pas entendu de marche blanche pour eux, je n'ai pas entendu de minute de silence pour eux. Quand on a des nouvelles, c'est que le nombre des otages diminue au profit de ceux qui sont morts. La ministre parle chiffres, c'est tout. 
Chaque jour, je publierai ici la liste des morts français que j'ai pu trouver.
On annonce ce matin que le Hamas publie sa première vidéo d'otage français. Elle s'appelle MIA, elle a 21 ans.

MORTS FRANCAIS DANS LES POGROMS ISRAELIENS :

AVIDAN, 26 ans, de Bordeaux

BYNYAMIN, 23 ans, de Yerres

DAN, 27 ans, de Marseille

MARC, 51 ans
NAOMIE , 23 ans, de Créteil
NATHAN , 20 ans

SIGAL, 30 ans

VALENTIN, 22 ans, de Montpellier




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