C'est parce que nous étions presque sûrs de réussir le concours de l'Ecole Normale que Tonton André et Tata Marcelle nous avaient prêté leur caravane. Elle fut stationnée au Camping Barnabé, le long de l'Isle. Je ne me souviens même plus de comment je me déplaçais, avant d'avoir ma jolie mobylette Honda rouge. J'ai toujours préféré la tente, petite ou grande igloo, habitat nomade du randonneur . La caravane c'était le domaine de ceux qui n'arrivaient pas à rompre avec le confort, et y trouvait un substrat de pacotille, quelque chose de la maison de poupée de l'enfance, avec ses rangements miniatures et millimétrés et de la villa domisiladoré dont ils rêvaient secrètement. La caravane n'est pas sauvage, elle oblige au camping urbain et à ses commodités. Cela permet d'éviter la file du caca-pipi avec son rouleau de pcul à la main, la queue de la vaisselle aux heures d'affluence, ou celle de la douche dans l'humidité de l'attente.
Mais là, c'était hors saison. Plus de queue mais de la buée, surtout au petit matin quand les deux feux réchauffaient un peu l'ambiance du brouillard automnal né de la rivière, quelque chose d'un monde abandonné, emplacements vides, bâches et colverts qui attendaient nos restes de pain, un entre-deux vers mon avenir incertain.
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