11.8.24

De Luca, comme une évidence (8) : vide

"On me demande parfois ce qu'il en a été de ce temps-là, ce qu'il a laissé. Je réponds : le vide, celui du trou des parasols retirés à la fin de l'été, profond, même beau à voir, avant que le sable le recouvre sans laisser de trace. 

Une expression artistique, Erri de Luca, p.146, in Grandeur nature, ed. Gallimard NRF

10.8.24

De Luca, comme une évidence (7) : tremblement de terre

 "Une nuit, il a pris ma main et l'a posée à plat sur le sable. J'ai senti le sol vibrer, sursauter, agiter ma main. C'était la secousse d'un tremblement de terre et il l'avait sentie arriver. Des cris se sont élevés des maisons, il a eu un sourire dans le noir qui lui a ouvert la bouche. Il m'avait fait toucher la force qui affleure à la surface depuis les profondeurs. Ce fut mon point d'extase. J'ai imaginé plus tard que j'avais reçu l'orgasme de la terre sous mes doigts. "

Le tort du soldat, Erri de Luca, p.122, in Grandeur nature, ed. Gallimard NRF

9.8.24

De Luca, comme une évidence (6) : ignorance

"Tu es enfermé dans une ignorance volontaire, pire que celles des analphabètes sans moyen d'instruction. Tu as la possibilité de connaître et tu la refuses par stupidité. En cela tu es moderne. Aujourd'hui on pratique l'analphabétisme volontaire."

Le tort du soldat, Erri de Luca, p.115, in Grandeur nature, ed. Gallimard NRF

8.8.24

De Luca, comme une évidence (5) : pleurer

 "Je l'ai appris alors, il existe un degré si noir au bout des descentes où pleurer est un raffinement."

J'oubliais moi aussi, p.65, in Grandeur Nature, Erri de Luca, ed. Gallimard NRF

2.8.24

De Luca, comme une évidence (4) : Comment as-tu pu ?

 "Dans une synagogue, tu pleures quand c'est à toi de lire la page du père qui monte sur la montagne avec le couteau et le feu. Comment as-tu pu, Avram avinu, Abraham notre père ?

Grandeur Nature, Erri de Luca, Grandeur Nature, p.40, ed. Gallimard NRF

1.8.24

De Luca, comme une évidence (3) : ligature

 "On parle couramment de sacrifice d'Isaac. Ce n'en fut pas un. Père et fils déscendent, allégés de la charge portée jusqu'au sommet. Derrière eux, une bête égorgée à la place brûle sur l'autel. 

En hébreu, l'épisode est appelé : ligature d'Isaac. Le nœud entre deux là haut est définitif. Détacher le fils ne peut effacer le geste précédent qui le ligotait. "

Grandeur Nature, Erri de Luca, Grandeur Nature, p.38, ed. Gallimard NRF