1. Un kippour de rêve, de mon ami Alain Amiel
Aharon Appelfeld, L'héritage nu, conférence 1 p 48.
5. Et une piqûre de rappel de Delphine Horvilleur
1. Un kippour de rêve, de mon ami Alain Amiel
1. L'automne, c'est l'automne. Il est partout sur le net
2. Lectures."Car il savait que , pour une période dont il n'apercevait pas le terme, son rôle n'était plus de guérir. Son rôle était de diagnostiquer. Découvrir, voir, décrire, enregistrer, puis condamner, c'était sa tâche. " Albert Camus, La Peste, p176 ed. Folio
3.Petit paradis. Roquebrune (suite) : un olivier peut en cacher un autre
1.Petit paradis. Roquebrune (suite)
Comme, au sortir de la douche, je me posais la question qui tournait dans ma tête, comment continuer, voici que j'eus la réponse avec un drap de bain.
1. Hier, 17 ans, le premier jour du reste de ma vie
Comme chacun de nous, je me souviens exactement de ce moment, où j'étais, qu'elles étaient mes pensées.
Je ne savais pas que le monde le plus intime allait s'effondrer comme l'ont fait les tours. Le plus effarant aujourd'hui reste que c'est que ce ne fut pas le premier jour du reste de la vie pour la plupart des autres autour de moi.
Finalement, ces grandes crises qui bouleversent le monde, les témoins, nous, les appréhendons mal. Peut-être ma mère n'a pas senti que son univers allait être pulvérisé alors qu'elle allait danser en 1939, avant qu'elle devienne veuve avec un enfant, ou plutôt femme de disparu. Peut-être cela fut-il ainsi pour mon père aussi, avant qu'on ne le prive de sa nationalité, qu'il se cache en forêt pour ne pas partir dans une usine en Allemagne. Aujourd'hui le style est différent : les gens se réfugient dans le déni, le complotisme ; pas seuelement ceux de la rue que l'on voit interviewé aux infos, non. Mais vos collègues de travail, votre haver de Talmud, vos amis d'enfance. C'est aussi le monde intime qui continue à s'effondrer. Souvent je pense que cette qualité de lucidité qui m'a été attribuée n'est pas un don, mais une calamité inutile.
2. Heureusement, il y a les petits bonheurs qui réconcilient de tout, même des guerres nucléaires. Ainsi, j'ai découvert que là, sous le pont de mon double-pot, habite le gecko. Tout-à-l'heure, comme mes petits élèves quand on fait l'exercice séisme, il pensait que je ne le voyais pas mais sa queue dépassait !
1. Petit paradis. Roquebrune (suite)
1.Petit paradis : Roquebrune (1)
2. Lecture
"Là encore, cependant, la réaction du public ne fut pas immédiate. En effet, l'annonce que la troisième semaine de peste avait compté trois cent deux morts ne parlait pas à l'imagination. D'une part, tous peut-être n'étaient pas morts de la peste. Et, d'autre part, personne en ville ne savait combien, en temps ordinaire, il mourait de gens par semaine. "
Alber Camus, La peste, ed. Folio p77
3. Apprendre à la tombée de la nuit à dessiner avec Sylvie T. et à la fin du jour à peindre avec Valérie Eguchi
... ou comment commencer ? où commencer ? Les premiers souvenirs qui reviennent ne sont pas les premiers, et ne sont pas d'un temps mais d'un lieu. Bizarrement, c'est là qu'a décidé de finir son voyage mon amie morte cet été, pourtant je suis presque sûre de ne jamais y être allée avec elle. Lorsque je me baignerai, à Eze, j'aime à imaginer que j'y croiserai une petite cendre accrochée à une algue. Ou à un oursin.
Mon histoire avec Eze commence bien avant mon adolescence. Eze , c'était la plage mythique de mon enfance. La plage, c'était le Cros de Cagnes, où j'allais quotidiennement avec mes parents pendant tout le temps des grandes vacances d'été. Eze, c'était "la Plage".
Je n'ai aucune idée de ce qui déterminait le fait de s'y rendre. Je me souviens cependant que c'est là que mon père y avait tenté sa première expérience de pêcheur en mer, et nous avec, et que j'avais attrapé un gobbi, dont simplement le nom me faisait rêver (pourtant, je m'aperçois aujourd'hui que je n'en savais pas l'orthographe : il faut écrire gobie et il figure même dans Wikipedia; je prends conscience également qu'il doit falloir dire go-bie, avec l'accent sur la deuxième syllabe, alors que je dis gob(bi).) C'est vrai que c'était aussi le nom d'un grand désert qui me fascinait sur le grand atlas vert de mon frère. C'était aussi le nom du singe dans ma méthode de lecture, Macoco, que les indigénistes voueraient aux enfers aujourd'hui, peut-être avec raison, mais qui ont fait mes délices dans l'apprentissage de la lecture. C'était aussi la plage de Lydia, ma marraine, qui a sa page dans Wikipedia comme le gobie. La plage où elle aimait se rendre hors saison, comme le font les Russes; et comme c'était la plage de Lydia, ce ne pouvait être que la plus belle des plages, n'est-ce pas ?
C'est sans doute pour cela que j'ai décidé d'y emmener mon amoureux, pour le premier bain.
Aller à Eze était déjà une aventure. Il fallait, comme Lydia, prendre le train omnibus, et nous le faisions depuis sa gare à lui, Nice-Riquier. Au lycée, nous avions très peu d'argent de poche, et c'était au guichet que nous achetions les petits tickets en carton épais que le poinçonneur trouait à l'aller et ramassait au retour. Nous avons vite compris que le contrôleur ne restait pas longtemps sur le quai, et que si nous trainions un peu, au retour, nous allions pouvoir conserver le ticket en carton et ainsi, puisqu'à la gare d'Eze il n'y avait déjà plus de chef de gare sur le quai, économiser le retour à l'infini en voyageant en règle.
Quand on arrive à la gare d'Eze, toute petite gare typique du réseau, il faut contourner et franchir les rails par un tunnel, en passant sous la voie, et descendre parmi les villas, jusqu'à la ruelle qui mène à la plage. La ruelle est toujours là, les maisons y sont minuscules, peut-être pas si prisées que cela puisque la grande voie qui mène à Rome y fait passer tous les trains très vite dans la grande ligne droite que représentent la route et la plage.
A Eze, il fallait se baigner chaussé. C'était une plage encore sauvage, avec posidonie et oursins. J'avais peur des oursins et des piquants dans les pieds qui précédaient l'aiguille rougie au feu par ma mère qui les enlevait ensuite en triturant bien. Les galets étaient énormes et inconfortables, et les navires y faisaient souvent déposer de grosses taches de cambouis qui tâchaient irrémédiablement habits et chaussures. Oui, c'était vraiment une plage pour esthètes et non pour hédonistes. Je détestais le cambouis, les piquants d'oursins et j'avais peur des algues et de ce qu'elles dissimulaient : ma solution était de marcher le moins possible sur les énormes cailloux, de me glisser dans l'eau et de nager le plus vite possible au loin, d'où l'on pouvait admirer la combinaison des falaises, des pins parasols et des villas méditerranéennes. Avec sous soi des kilomètres de fonds transparents. Un ami que j'y amenais plus tard, dans la vingtaine, champion de natation, ne pouvait supporter d'y rester et , à ma surprise, me révéla pourquoi : devant cette immensité abyssale, il avait une peur panique.
F. gardait aussi son petit cousin parisien de 9 ans pendant les grandes vacances, et nous le trainions à la plage, en pleurs : il voulait rester devant la télé pour regarder ses émissions fétiches. Il a maintenant des enfants qui ont largement passé cet âge, et je me demande s'ils aiment la mer...
Je n'ai pas conservé les premières photos que nous y avions prises, mais je m'en souviens parfaitement : lui, sur la plage, avec des colonnes de galets superposés, en équilibre. A part ces tas de pierres, je ne me souviens absolument pas de ce que nous y faisions : lectures, discussion, bronzage. Tous ces instants ont du se muer en fines particules, emportées par le vent, accrochés à une algue ou à un oursin.
1. Lecture
"Malgré ces spectacles inaccoutumés, nos concitoyens avaient apparemment du mal à comprendre ce qui leur arrivait. Il y avait les sentiments communs comme la séparation ou la peur, mais on continuait aussi à mettre au premier plan les préoccupations personnelles. Personne n'avait encore réellement accepté la maladie. La plupart étaient surtout sensibles à ce qui dérangeait leurs habitudes ou atteignait leurs intérêts. Ils en étaient agacés ou irrités et ce ne sont pas là des sentiments qu'on puisse opposer à la peste. Leur première réaction, par exemple, fut d'incriminer l'administration. "
Albert Camus, la Peste, ed. Folio p76
2. Bien que je sois plutôt obsédée par les petits bonheurs, de temps en temps, je suis ramenée à la réalité du monde par quelque horreur répétitive. Attentat de Charlie Hebdo ? Incendie de Notre-Dame ? Que nenni ... Dans un petit coin de campagne française, quelqu'un a trouvé une occupation divertissante et sans risque immédiat et aussitôt il trouve des followers, ou mieux, des copieurs, des fans, des imitateurs, et une ligue se crée. Le seul avantage de ce genre de récit, c'est que cela m'aide à comprendre comment le mal se propage dans le monde, un p'tit coup de rappel, même si la période n'est pas vraiment propice à être béat.
3. Heureusement , il y a l'ukiyo-e pour poursuivre son chemin
1. J'ai découvert cette chanson. J'ai trouvé qu'elle était juste ce qu'il faut en hommage à mes amies mortes de l'été, et surtout pour leurs veufs. Pourtant, pour moi, je ne pense pas partager ce sentiment ; simplement parce que je n'ai pas de projection vers le futur. Pourtant les rides sur les mains, c'est quelque chose qui me frappe depuis l'enfance; c'est le seul souvenir que j'ai de ma grand-mère maternelle morte quand j'avais quatre ans : l'image de ses mains, sur lesquelles je passais un petit cactus en plastique et je riais ...
2. Cette semaine, c'était ma dernière rentrée des classes. Ca m'a fait bizarre, juste quelques instants. Ensuite, c'était comme d'habitude, la petite angoisse de la découverte de la nouvelle promo et la joie d'être là, à ma place, parmi toute cette toute petite jeunesse mignonnette Benetton ...
3. Miro aussi devait être juste heureux quand il avait fini sa toile. En tout cas, il me donne ce bonheur chaque fois que je découvre une nouvelle de ses œuvres.