18.11.24

Un monde presque parfait

 La vie est pleine de bizarreries merveilleuse.

En ce moment, j'apprends à lire des partitions bizarres, dans le système ashkenaze de l'Ouest (il y a une semaine je ne savais pas du tout que ce système existait, ni celui de l'est d'ailleurs) dont les mots sont dans une langue que personne ne parle plus mais qui a été recréée de toute pièce pour un pays lequel des milliers de personnes essaient de le rayer de la carte (from the river to the sea). Ce système je vais l'adapter à la musique modale sefarade quand j'en aurai assez compris. En attendant, je suis les cours d'un professeur britannique à l'accent parfait (je comprends tout !) par zoom, en compagnie de Corses, d'Ecossais, d'un gars de Melbourne pour qui c'est cinq heures du matin. Nous passons notre temps à transposer des syllabes chantées sur des mots. La Bible toute entière a été pour cela entièrement coloriée en bleu, jaune, vert et rouge par une très gentille dame qui pratique le système ashkenaze de l'est donc nous ne pouvons pas utiliser son audio, de toute la Bible aussi, mais oui, mais oui. Et tout cela entièrement gratuit, les couleurs, la Bible, les cours, la soirée, le zoom. Tout. Il ne faut jamais oublier que nous vivons dans un monde merveilleux.
Presque. Sur le site il y a un compteur qui compte les heures que certaines personnes passent dans des tunnels si tant est qu'elles sont encore vivantes ...
https://www.cantoreducator.com/downloads/torah/torah.shtm

31.10.24

Lecture : Nuage et eau (2) : assaisonnement

 Aji wo tsukeru, expression souvent traduite par "assaisonner" évoque également la capacité à capturer le goût du légume par une préparation. A rebours de la gastronomie française traditionnelle qui procède par addition de textures et de sauces, la cuisine japonaise tente de révéler le produit en enlevant tous les procédés inutiles pouvant l'altérer. Le dashi doit "trouver" l'essence naturelle du produit, le révéler, toucher sa vraie nature. Il ne s'agit pas d'ajouter quelque chose, de transformer le produit par des sauces ou des condiments permettant d'avoir un plat élaboré, amis d'utiliser les préparations comme des exhausteurs d'un goût originellement présent.

La logique est là aussi celle de la soustraction, du lâcher prise. Enlever, toujours enlever. S'il faut cuire un oignon, l'huile ou le sel ne sont pas nécessaires, l'oignon est seulement cuit à feu très doux dans une petite casserole fermée, enrobé dans sa peau pour l'attendrir, à l'image d'une cuisson vapeur. Il n'y a donc qu'un oignon, cuit dans sa propre peau (...) Une cuisine sans ego

Entre nuage et eau, de Tozan, chapitre 3, ed. Equateurs

30.10.24

Lecture : Nuage et Eau (1) : conventions

Une bonne réponse aux obsédés des symboles dans la religion

"Vu de l'extérieur le repas zen regorge de conventions totalement arbitraires. Pourquoi pser la sauce soja à droite du por qui contient les graines de sésame et non l'inverse ?  Pourquoi utiliser des baguettes pour le riz et pour les pâtes ? Chercher le sens de tout cela est une pure perte de temps. C'est parce que le repas est codifié que nous pouvons fixer notre attention sur de minuscules détails. Les règles sont des repères, jamais des fins en soi, elles aident à calmer l'esprit, unifiant l'acte banal de manger et le caractère sacré apporté à la nourriture.


Entre nuage et eau, de Tozan, chapitre 3, ed. Equateurs

2.10.24

Lecture : Nuage et eau (3) : la planète Japon

 "On dit parfois que le Japon est la planète la plus proche de la Terre. "

Entre nuage et eau, de Tozan, chapitre , ch.6, ed. Equateurs

2.9.24

"J'écoute et j'obéis" (attribué à Shéérazade)

 Etude sur le Chema Israël

J'apprends dans cette étude que le mot obéir n'existe pas dans la Torah.( Pour l'hébreu moderne, il a fallu emprunter à l'araméen)). Dans la Torah, on utilise "écoute".

11.8.24

De Luca, comme une évidence (8) : vide

"On me demande parfois ce qu'il en a été de ce temps-là, ce qu'il a laissé. Je réponds : le vide, celui du trou des parasols retirés à la fin de l'été, profond, même beau à voir, avant que le sable le recouvre sans laisser de trace. 

Une expression artistique, Erri de Luca, p.146, in Grandeur nature, ed. Gallimard NRF

10.8.24

De Luca, comme une évidence (7) : tremblement de terre

 "Une nuit, il a pris ma main et l'a posée à plat sur le sable. J'ai senti le sol vibrer, sursauter, agiter ma main. C'était la secousse d'un tremblement de terre et il l'avait sentie arriver. Des cris se sont élevés des maisons, il a eu un sourire dans le noir qui lui a ouvert la bouche. Il m'avait fait toucher la force qui affleure à la surface depuis les profondeurs. Ce fut mon point d'extase. J'ai imaginé plus tard que j'avais reçu l'orgasme de la terre sous mes doigts. "

Le tort du soldat, Erri de Luca, p.122, in Grandeur nature, ed. Gallimard NRF