23.5.06

Artisanat monastique.

Lever à la nuit. Le petit jour peu à peu monte sur les châtaigniers en fruits, les arbousiers, les îles au loin. Office de Tierce, solitaire, chanté dans la pénombre.
Dé-jeûner de lait et de pain. Travail, sur la même table, couleurs et instruments. Le pinceau caresse la terre, contourne des pétales, un cœur, des feuilles sur une assiette, un plat. Vaisselle précieuse, elle fleurira le soufflé de la sous-préfète lors du dîner avec le substitut, le pâté truffé Monoprix pour le réveillon du chef de service, le vaisselier à l'ancienne du catalogue dans le salon de l'instituteur. Le capuchon de mise, sortie dans le grand froid du vent pour l'office. Entre les stalles, les sœurs, le nuage gelé de leur souffle. Personne pour guetter une nouvelle ride. Après l'eucharistie, méditation la demie heure, craquements des charbons de l'encens. Dehors, de nouveau, le travail. Sous les feuilles sèches, les bogues craquelantes et piquantes qu'à force de froidure les doigts ne sentent plus, le sac des fruits ronds. Bientôt, quelque part, une écolière encapuchonnée elle aussi léchera sa tartine, trempera au pot ses doigts tachés d'encre et de feutres. Le soir, dans l'atelier, l'alambic. Du grand chaudron de pâte parfumée, des bulles innombrables s'échappent. La mesure de savon caressera les fesses du nourrisson, le sang de la mariée au matin de la nuit de noces, ou celui des mains du boucher entre immolation et étripage. Complies. Le soleil, le sommeil glissent sur le monde des nonnes et sur celui des hommes.

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