29.1.21

En cheminant avec la parasha (17) : Bechala'h : un échec pour Dieu ?

 Dans cette parasha, non, je ne vais pas redire tout mon effarement de voir Dieu endurcir le cœur de Pharaon. Mais simplement me demander : cela a-t-il eu l'effet escompté ?

enluminure arménienne


Voici des peuples qui ont connu de grands effrois : la destruction massive, inexorable, du Dieu d'Israël sur un autre peuple que l'on a endurci pour mieux l'exterminer, ce jusqu'au bout : les Egyptiens avaient décidé de se sauver pendant l'ouverture de la mer "Fuyons devant Israël, car l'Eternel combat pour eux contre l'Egypte" (14:25). Mais non, ils furent endurcis et ainsi ils périrent. Ne serait-ce pas comme une leçon pour les autres peuples ? C'est ce qu'on pourrait croire: "A ces nouvelles les peuples s'inquiètent, un frisson s'empare des habitants de la Philistée. A leur tour ils tremblent les chefs d'Edom; les vaillants de Moab sont saisis de terreur, consternés tous les habitants de Canaan ..." (15 :14 à 16).  Pourtant, très vite,le convoi est attaqué, par Amalec, que l'Eternel veut éradiquer mais qui ne l'est pas. L'Eternel est-il tout puissant, qui laisse cet ennemi survivre ?

Et que penser de ses Israélites dont Dieu même se méfie : "le peuple pourrait se raviser à la vue de la guerre et retourner en Egypte (13 : 17) ": des geignards, qui malgré tout ce qu'ils ont vu doutent encore et regrettent l'Egypte, sa végétation, son eau, sa nourriture. Peuple peu sympathique, ingrat, rêvant de sa servitude passée... quelle image il donne de lui-même, quel mérite mérite-t-il ?  

22.1.21

En cheminant avec la parasha (16) : Bo : et ça continue encore et encore

                                                    La mort du fils de Pharaon, tableau de Lawrence Alma-Tadema
 

Tu croyais avoir tout vu ? Il paraît bien que non ! Et on le répète trois fois, comme si tu ne pouvais t'en rendre compte toi-même : tout ce que la grêle a épargné, les sauterelles le détruisent en créant leur nuit de myriades... à laquelle succède une nuit de trois jours, mais de toute façon que reste-t-il à voir ? 

Enfin pour finir on te parle de la mort de tout premier-né, animaux compris. Comme s'il restait encore des animaux, ou des chiens pour aboyer. De toute façon, tes cris couvriront leurs gémissements quand ton fils ainé mourra devant toi, car tu n'avais plus d'animaux pour teindre le linteau de ta porte avec son sang.

Alors ton voisin hébreu s'approchera de toi, et te demandera de l'or, de l'argent, des habits. 

Il ne te restera rien, rien que les yeux pour pleurer

Dans la Bible, on parle toujours des malheurs de Job, mais Dieu se contente de laisser faire le Malin. Alors qu'ici, c'est Dieu qui envoie les fléaux, et pire encore qui endurcit le cœur de Pharaon, pour qu'il ne cède pas, pour que les malheurs s'abattent sur le peuple égyptien.

Je ressors de ces deux parashas hébétée, abasourdie, assommée de ces richesses que je n'ai pas méritées, de ces destins détruits ...

17.1.21

En cheminant avec la parasha (15) : Vaèra


Imagine toi paysan.  Tu te lèves un matin, pour aller à la pêche. Le fleuve est rouge. Les poissons, tous crevés, remontent à la surface. Tu accuses Monsanto et tu rentre chez toi, sauf que tu n'as plus rien à boire que l'eau qui te reste dans la cruche. Tu te mets à creuser un puits, pour ne pas crever, en attendant que la situation redevienne normale.

Au bout de sept jours, tu te rends au fleuve. Ouf, il n'est plus rouge. Mais un grouillement inhabituel attire ton attention. De l'eau surgissent des centaines de grenouilles, qui envahissent tout : ton four, ton  pétrin, ton  lit. A force de les écraser, tout devient gluant, glauque, immonde. Puis elles périrent d'elles-mêmes. Tu en fais de grands tas puants. 

Est-ce cette infection qui produisit la suite ? La vermine commence à te recouvrir, toi puis tous tes animaux. Ton corps n'est que plaie grouillante, le dégoût et la peur te poursuivent et te hantent. Qu'arrive-t-il en ce pays ?

Exsangue est ton  corps, exsangue est ton  âme, tant que quand les hordes de loups, renards et autres lynx envahissent ton  domaine, tu n'as même plus la force de te lever, juste de barricader ta porte pendant qu'ils dévorent ton  pauvre bétail affaibli. Et puis, ils s'évanouissent, tu ne sais comment.

Cependant, une étrange maladie sans aucun symptôme se répand parmi ton  bétail, et pas un ne reste vivant. 

Le reste des animaux semblent épargnés, mais c'était trop vite en besogne : ils se couvrent de pustules et ils te contaminent, à ton  tour.

Puis le service Météo lance une alerte de niveau rouge, et il faut rentrer tout ce qu'il reste des survivants des pustules et des fauves, car un immense orage de grêle s'abat sur le pays, tuant tout ce qui n'est pas à l'abri. Et le désastre s'étend au monde végétal : plus une plante, même les plus gros arbres ! Tout est détruit dans le fléau, en particulier lin et orge : tu ne pourras bientôt même pas vêtir  ce qu'il te reste de corps...

Il te reste encore tes yeux pour pleurer sur ce qu'il reste de tes mains grevées par la vermine et les pustules ...

10.1.21

En cheminant avec la parasha (14) : Chemot : anonymes

Juan MANCHOLA Moïse abandonné sur le Nil, 1858

 Avec cette parasha commence le Livre de l'Exode, en hébreu Chemot, les Noms. Car il commence avec les noms de ceux de la famille de Jacob qui sont en Egypte.

Or curieusement, le récit commence sans nous donner de noms : un nouveau roi qui n'a pas connu Joseph, le père de Moïse, la mère de Moïse, la sœur de Moïse, la fille de Pharaon : pas de nom. Moïse lui même attend le verset 2,11 pour être nommé par la fille de Pharaon. Le beau-père de Moïse  est nommé par un premier nom, puis par un autre. Et la femme de Moïse lui donne des fils qui ne sont pas nommés. Moïse lui-même, déclare qu'il ne connait pas le nom du Dieu qui lui est apparu, et c'est là que Dieu se décide à se nommer lui-même...

1.1.21

En cheminant avec la parasha (13) : Vay'hi : éloge du métissage

Isaac bénit Jacob, Johannes Pieter de Frey,

 On sait peu de choses des enfants de Joseph, nés d'une fille de prêtre. Jacob les réintroduit dans la lignée familiale en les adoptant. Ils sont des inconnus, "Qui sont ceux-là ?"(48-8). Du sang neuf, entièrement exogamique. C'est peut-être ce qu'il fallait , lorsqu'avec douze enfants se sont exacerbées les querelles familiales. La formule est restée célèbre "Dieu te fasse devenir comme Ephraïm et Manassé". Heureux les petits-enfants de mère exogène, mais notons qu'en adoptant les fils de Joseph, on le saute, lui, l'Egyptien ...