29.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 28 : danse

Une dernière danse, un jour de pluie : ballet des essuie-glaces, ballet des parapluies, défile et roule et danse. Une image reste en moi de cette danse de la mort : le cortège figé au milieu des jeunes,  seules les lumières bleutées clignotent entre les gouttes du silence.

28.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 27 : colère

Chaque jour qui passe donne motif à colère. J'ai essayé d'en faire une liste à la Sei Shônagon. Nécessaire.  Mais elle a pris des accents d'un inventaire à la Prévert. Dérisoire. Trop, beaucoup trop de colères.

#challenge #créatif #id2mars : jour 26 : mythe aquatique

J'ai aimé La Forme de l'eau. Quelque chose de Jeunet, avec plus de joie. La beauté de la Bête, la grâce de la Belle , son mutisme mutin. La nostalgie des lunettes rouge et bleu pour voir les fims en relief en compagnie d'Eddy Mitchell. Un plaisir vintage où l'on peut même massacrer quelque chat impunément ...

27.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 25 : aquarium

extrait de "Mais la lune n'est pas là"

J+3.J-12
Le soleil a rendez-vous avec la lune, mais la lune n'est pas là et le soleil l'attend. Mercredi, c'est mercredi. Nous sommes dans l'ascenseur de l'hôpital des enfants, en route vers le 7e, Service de Néonatalogie. Les portes s'ouvrent sur le sapin de Noël qui clignote. pas un bruit ni un signe de la double trois voie du bas, d'immenses baies vitrées donnent sur le Grand Bleu, on ne voit que la mer, c'est comme si l'on se trouvait tout en haut d'un phare. Pour rentrer dans le service, il faut passer une grande tenue blanche, des pantoufles-sacs. Il fait très chaud. Puis il faut sonner. Une femme nous fait entrer. Tout le monde ici est doux, calme et tranquille, au milieu de ces minuscules bébés. J'entre dans la chambre de Léa et de ses trois compères : deux berceaux et trois aquariums. Voilà Léa dans son écrin de verre. Elle dort, nue, transparente dans son énorme couche, avec comme un sourire. Léa, ma fille. Elle est si paisible, si présente que sa force me gagne nageant à travers mes larmes. L'écrin se démonte, je la touche, ses grands yeux gris s'ouvrent et me regardent. Je pense à la chouette chevêchette que nous avions trouvée éblouie de soleil au milieu de la route au Portugal : ce même regard intense, immense de confiance tranquille en cette rencontre incongrue improbable. Léa est là. Privée de son corps prisonnier de la cage de verre, je ne peux que la caresser d'un doigt, caresser sa petite main, il faudrait lui parler mais je ne sais que dire sinon son nom Léa Léa comme une musique.
     Léa ce prénom je l'avais entendu tout au fond de mon corps au moment où elle fut conçue un après-midi de sieste coquine. Mais elle ne nous était apparue qu'à la première échographie, la septième semaine. Le médecin avait fait le point sur une infime étoile sur l'écran, et l'infime étoile avait grossi, grossi, et c'était devenu un bébé avec sa tête et son corps devant nous ébernués? En gros plan sur l'écran de ces deux millimètres et demi, Léa Lune déjà dans mon ventre tout plat. Ce n'est qu'à l'été, allongée sous les arbres des Landes, que je l'avais sentie, vivre en moi pour la première fois, comme une petite bulle de Perrier.
     Maintenant, elle vivait sans moi,dans une autre bulle. Elle aurait tenue toute entière dans ma main, elle si petite. Si légère, avec son kilo de moins pour vivre en liberté. Un kilo, c'est deux paquets de sucre en morceaux, deux bottes de poireaux, une gourde dans un sac de randonnée, le gros roman de l'été dans un panier de plage, le trop-plein sur le pèse-personne après un repas d'anniversaire. Un kilo c'est vingt fois cinquante grammes. Léa prenait cinquante grammes par jour. Chaque gramme nous rapproche de la sortie loin du phare, chaque gramme aussi peu dérisoire que ces trois gouttes de lait que je m'arrache.

24.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 24 : Sur la route

Souvenirs de petite bouche n°7

#challenge #créatif #id2mars : jour 23 : Acrobaties

Toujours mon dilemme : ne plus écouter les informations, même sur France Culture; ou bien "m'informer" , m'imprégner du cirque où les acrobates, contrairement à ceux du Théâtre du Soleil, ne tombent jamais, à nous expliquer  comment patati, comment patata, comment être un spectateur respectable.

22.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 21 : Balai

Je déteste faire le ménage et je n'ai pas plus de sympathie pour l'aspirateur que pour le balai. Je me souviens qu'enfant j'avais un petit balai rouge que m'avait offert ma mère et que j'ai transmis à ma fille. Je ne me souviens pas l'avoir particulièrement investi. Mais, adulte, je ne peux que constater, à travers les années et les générations de très jeunes enfants que je fréquente, leur fascination pour cet objet. Ainsi, dans le coin poupée de ma classe figurent un balai et sa pelle miniaturisés en ramasse-miettes. Je ne les introduis jamais en début d'année, et au début de leur apparition, je surveille scrupuleusement : je SAIS les disputes qu'ils vont engendrer. Ce sont les mâles dominants qui finissent toujours par en avoir la possession exclusive, et si je désire changer l'ordre des choses, il faut user de négociations aussi délicates que celles du Moyen Orient pour n'obtenir ici comme là bas qu'un cessez-le-feu explosif ...

20.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 20 : Paillettes


Longtemps, ce mot a représenté pour moi la vie de pacotille, un style fashioned à mille lieues de mes aspirations. C'est un passé révolu. Grâce à des générations de petits de maternelles, il m'est devenu le symbole du bonheur pur, du bonheur simple, dont la simple sortie de l'armoire du flacon magique illumine les yeux de tous. LES PAILLETTES !!! Je transpose volontiers la chanson de Colargol qui s'est gravée dans ma mémoire d'enfant pour les siècles des siècles :
"ce qu'il faut chercher surtout, 
ce sont les paillettes, 
si on en trouve beaucoup, 
il faut en mettre PARTOUT !" 
C'est aussi la première étape pour sombrer dans la délinquance, au hit parade de la délinquance très juvénile : voleur de paillettes.

19.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 19 : Machinerie





MACHINERIE

Je travaille dans une grande machinerie :
Ensemble des machines réunies dans un lieu et concourant à fabriquer, à usiner un même produit. 
des machines multiples, beaucoup trop, se croisent et s'entrecroisent; géographiques dans des labyrinthes pires que le crétois; historiques, dans un enchevêtrement de textes parfois contradictoires; humaines, faites de hiérarchies déclarées ou sournoises, souvent invisibles mais qui peuvent se révéler implacables.
Ensemble des appareils qui permettent d'effectuer, dans un théâtre, le déplacement des décors et les changements de scène
Décors et mises en scène : pour un effet d'avance, pour un effet recul,  pour un effet liberté, pour un effet autorité, pour un effet efficacité; un théâtre, où acteurs et spectateurs se confondent dans le meilleur et dans le pire.
Je ne sais pas, entre celles qui broient et celles qui émancipent, de quel côté penche ma balance ...

18.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 18 : Ballerine



Comme sans doute toutes les petites filles, je rêvais de faire de la danse classique mais mes parents ne voulaient pas ( d'ailleurs ils ne voulaient rien. Je n'ai même pas pu avoir une boîte à musique avec une danseuse en tutu). J'enviais le chignon et son filet qu'arborait les petites filles de ma classe (je n'avais pas droit aux cheveux longs non plus), tout comme les majorettes dont j'avais sur mon étagère une poupée dans sa boîte en plastique pour qu'elle ne prenne pas la poussière. Je me souviens avoir suivi le pas à pas en photo du journal "15 ans" qui apprenait les pas de base. Je rêvais de tutu, notamment le noir du Lac des Cygnes et je regardais l'Age heureux à la télévision. C'est sans doute pour cela qu'à mon premier voyage d'adulte à Paris je me suis achetée une académie noire chez Repetto, que j'ai du porter deux fois et garder vingt ans avant de me décider à m'en débarrasser.

#challenge #créatif #id2mars : jour 17 : Labyrinthe

J'étais très excitée de me rendre à Knossos. Enfant, j'avais lu la légende dans Tintin, et je me souvenais que les voiles noires n'ont pas simplement à voir avec Tristan et Yseult. J'ai découvert un tas de caillou au ras du sol, des murettes beaucoup moins dessinées que sur mon Plan des Noves. Pas grand chose, à part la boutique ... Heureusement, il me reste Cefalu de Lawrence Durell.

#challenge #créatif #id2mars : jour 16 : Miroir


Miroir, gentil miroir, que devient-on quand on a traversé ? Ce n'est pas comme pour l'Orphée de Cocteau, mais plutôt comme dans la Mouche de Cronenberg : tous les morceaux semblent y être, mais on n'est plus tout à fait pareil ...

17.3.18

Mes notes de chevet (129) : Femmes (#challenge #créatif #id2mars : jour 15 ) Sirène



Mes notes de chevet :
- The mermaid, de John Waterhouse, souvenir londonien
- Sirènes d'Ulysse : être attaché au mât du bateau, l'idée la plus géniale de toute l'histoire de la littérature
Le générique d'une série de mon enfance : Sébastien et la Marie Morgane : la chanson, gravée dans le disque dur de mes souvenirs à jamais : "si un jour j'étais marin, peut-être qu'un beau matin, d'un coup de chalut, comme on en fait plus, je pêcherais la sirène, la sirène aux longs cheveux"

16.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 14 : Caravane

C'est parce que nous étions presque sûrs de réussir le concours de l'Ecole Normale que Tonton André et Tata Marcelle nous avaient prêté leur caravane. Elle fut stationnée au Camping Barnabé, le long de l'Isle. Je ne me souviens même plus de comment je me déplaçais, avant d'avoir ma jolie mobylette Honda rouge. J'ai toujours préféré la tente, petite ou grande igloo, habitat nomade du randonneur . La caravane c'était le domaine de ceux qui n'arrivaient pas à rompre avec le confort, et y trouvait un substrat de pacotille, quelque chose de la maison de poupée de l'enfance, avec ses rangements miniatures et millimétrés et de la villa domisiladoré dont ils rêvaient secrètement. La caravane n'est pas sauvage, elle oblige au camping urbain et à ses commodités. Cela permet d'éviter la file du caca-pipi avec son rouleau de pcul à la main,  la queue de la vaisselle aux heures d'affluence, ou celle de la douche dans l'humidité de l'attente.
Mais là, c'était hors saison. Plus de queue mais de la buée, surtout au petit matin quand les deux feux réchauffaient un peu l'ambiance du brouillard automnal né de la rivière, quelque chose d'un monde abandonné, emplacements vides, bâches et colverts qui attendaient nos restes de pain, un entre-deux vers mon avenir incertain.

#challenge #créatif #id2mars : jour 13 : Sucreries

http://melissalikos.blogspot.fr/2006/04/souvenirs-de-petite-bouche-2.html

Du premier amour

"Je crois vraiment que la force du premier amour est extraordinaire, que c'est une force plus grande que tout ce qu'il y a d'autre, que l'on ne peut rien faire contre et que tout simplement il faut apprendre à vivre avec. "
Zeruyah Shalev, dans un entretien à propose de Douleur

15.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 12 : Puzzle





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J’ai beau essayé de remettre en place toutes les pièces, rien à faire. Où ai-je fauté ? Il me faudra tester le kintsugi japonais, et ainsi réagrafer ma vie avec un filet d’or.

12.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 10 : Place de village


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PLACE DE VILLAGE

Pour les vacances d’été, dans le petit village qui abritait notre hôtel, nous faisions tous les soirs la même passagietta qui prenait la Grand Rue vers les premiers champs de pénombre et la nuit étoilée. Au milieu du trajet, la place, avec son bar, et son bal d’été. Je ne me souviens plus si mes parents y dansaient un peu, comme ils le faisaient parfois dans la cuisine quand Yvette Horner passait à la télévision. Mais je me souviens que je regardais les danseurs scrupuleusement, en espérant le temps où je pourrais moi-même m’élancer sur la piste.

11.3.18

#challenge #créatif #id2mars : jour 9 : Marée

MAREE




La maîtresse avait dit : la marée monte à l’allure d’un cheval au galop. Dans l’esprit de la petite fille de la Méditerranée que j’étais, c’était une figure d’effroi. Depuis ce jour, quand on prononce le mot marée, je vois un cheval blanc qui court vers moi sur le sable.