24.8.15

Les partisans et les livres (2) : le livre brûlé


"A chaque opération nous découvrons des maisons juives abandonnées par leurs propriétaires. La plupart du temps elles sont occupées par des Ruthènes qui en modifient l'apparence, mais parfois la maison est là, inchangée. Les nouveaux habitants portent les vêtements de leurs prédécesseurs, ce qui peut leur donner une silhouette trompeuse, l'espace d'un instant.
Lors d'une opération, Salo a reconnu la maison spacieuse de son oncle Herzig, illuminée par de multiples lustres (...)
"- Continue de mentir et tu seras châtié. N'oublie pas que nous sommes des partisans, nous combattons pour nos vies. Celui qui ose entraver notre chemin verra son sang retomber sur sa tête. Où sont les livres ? demanda Felix.
- Je n'en ai pas.
- Montre-nous immédiatement où tu les as jetés, ou nous mettrons le feu à la maison.
- Ayez pitié de moi et de mes enfants.
- Nous vous épargnerons si tu nous montres les livres. Il y en avait beaucoup ici.
- Je les ai brûlés.
- Pourquoi ?
- Je ne savais qu'en faire.
- Où les as-tu brûlés ?
- Derrière l'étable.
- Maudit sois-tu. Montre-nous l'endroit exact.
- Ne me tuez pas. J'ai cinq enfants."
Deux combattant accompagnèrent Salo derrière l'étable où ils découvrirent, dans un monticule de cendres, quelques pages à moitié épargnées. Salo rapporta un fragment sur lequel les mots de la prière du matin surnageaient : Face à toi je remercie, Dieu du vivant et de l'existant."
Les partisans, Aharon Appelfeld, ch. 6

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