Au sortir de l’ascenseur, j’ai failli l’assommer en poussant
la porte coupe feu qui sépare le hall du couloir de l’étage A (ici les étages n’ont
pas de numéro, mais une lettre). Haut comme trois pommes, l’âge d’entrer en MS,
joufflu avec un air de bonne santé des montagnes, les cheveux tout ébouriffés,
il était aussi surpris que moi.
« -Je ne t’ai pas fait mal au moins ?
- Mais pas du tout, pourquoi ? Dis, tu peux m’emmener à
l’étage T avec l’ascenseur ? »
« Oui bien sûr, répondis-je, alors que j’avais déjà la
clé dans ma serrure. Tes parents savent-ils que tu es là ? (Mon sang d’instit
refaisait surface)
- Bien sûr !
-Tu n’es pas perdu ?
- Bien sûr que non ! Tu peux m’emmener à l’étage T ?»
Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir.
Nous repassâmes la porte coupe-feu.
« - Moi, quand je vais à l’étage T, je prends l’ascenseur
du fond, affirma-t-il péremptoirement. Allons à l’ascenseur du fond !
- Mais celui-ci est plus près ! » J’appuie sur le bouton d’appel. L’ascenseur s’arrête,
on entend de l’intérieur la petite rengaine « étage A ». Mais l’ascenseur
est complet, un père, un fils, et deux vélos.
« -Si vous arrivez à rentrer… » La porte se
referme.
« - Il faut prendre le suivant. Allons essayer le
bout du couloir ! proposai-je.»
Nous franchîmes une nouvelle porte coupe-feu, et là un très
long couloir avec des tas de portes fermées. Nous arrivons au bout.
« Ici, il y a même deux ascenseurs, dit fièrement le
petit bonhomme. Il en appelle un qui monte et s’ouvre.
« Etage A.
Il appuie sur le bouton T
-Attends, attends, il faut d’abord placer le vigik. »
Mais le vigik ne marche pas.
« -C’est toujours le vigik bleu qu’il faut utiliser,
affirme-t-il. »
Le mien est noir. Ça ne marche pas.
« - ça doit être normal, ici nous sommes dans l’autre
immeuble, expliquai-je (mon sang de…,). Il faut retourner à mon ascenseur. »
Et nous voilà repartis. Déambulation insolite dans cette
station très huppée, un petit bonhomme tout seul qui semble parfaitement savoir
ce qu’il veut …
Retour à l’ascenseur. Le petit bonhomme appui sur l’appel,
puis rentre à l’intérieur et appuie sur le bouton T.
« -Attends, attends, il faut d’abord placer le vigik.
Comme un air de remake.
Vigik efficient, le petit bonhomme appuie.
On entend la petite rengaine. « Etage T ». La
porte s’ouvre, c’est déjà fini.
« Voilà, on y est ! » Il s’élance dehors,
sans un merci ni un adieu.
« Tu sais où tu es ? Tu ne veux pas que je t’accompagne ?
-Non, non, tout va bien ! » Et il disparaît dans
la galerie.
Je me sens bien seule, tout à coup, dans mon ascenseur. Même
pas le temps d’être apprivoisée.
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