15.8.15

Le Petit Prince à la montagne chic.


Au sortir de l’ascenseur, j’ai failli l’assommer en poussant la porte coupe feu qui sépare le hall du couloir de l’étage A (ici les étages n’ont pas de numéro, mais une lettre). Haut comme trois pommes, l’âge d’entrer en MS, joufflu avec un air de bonne santé des montagnes, les cheveux tout ébouriffés, il était aussi surpris que moi.
« -Je ne t’ai pas fait mal au moins ?
- Mais pas du tout, pourquoi ? Dis, tu peux m’emmener à l’étage T avec l’ascenseur ? »
« Oui bien sûr, répondis-je, alors que j’avais déjà la clé dans ma serrure. Tes parents savent-ils que tu es là ? (Mon sang d’instit refaisait surface)
- Bien sûr !
-Tu n’es pas perdu ?
- Bien sûr que non ! Tu peux m’emmener à l’étage T ?»
Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Nous repassâmes la porte coupe-feu.
« - Moi, quand je vais à l’étage T, je prends l’ascenseur du fond, affirma-t-il péremptoirement. Allons à l’ascenseur du fond !
- Mais celui-ci est plus près ! »  J’appuie sur le bouton d’appel. L’ascenseur s’arrête, on entend de l’intérieur la petite rengaine « étage A ». Mais l’ascenseur est complet, un père, un fils, et deux vélos.
« -Si vous arrivez à rentrer… » La porte se referme.
« - Il faut prendre le suivant. Allons essayer le bout du couloir ! proposai-je.»
Nous franchîmes une nouvelle porte coupe-feu, et là un très long couloir avec des tas de portes fermées. Nous arrivons au bout.
«  Ici, il y a même deux ascenseurs, dit fièrement le petit bonhomme. Il en appelle un qui monte et s’ouvre.
« Etage A.
Il appuie sur le bouton T
-Attends, attends, il faut d’abord placer le vigik. »
Mais le vigik ne marche pas.
« -C’est toujours le vigik bleu qu’il faut utiliser, affirme-t-il. »
Le mien est noir. Ça ne marche pas.
« - ça doit être normal, ici nous sommes dans l’autre immeuble, expliquai-je (mon sang de…,). Il faut retourner à mon ascenseur. »
Et nous voilà repartis. Déambulation insolite dans cette station très huppée, un petit bonhomme tout seul qui semble parfaitement savoir ce qu’il veut …
Retour à l’ascenseur. Le petit bonhomme appui sur l’appel, puis rentre à l’intérieur et appuie sur le bouton T.
« -Attends, attends, il faut d’abord placer le vigik.
Comme un air de remake.
Vigik efficient, le petit bonhomme appuie.
On entend la petite rengaine. « Etage T ». La porte s’ouvre, c’est déjà fini.
« Voilà, on y est ! » Il s’élance dehors, sans un merci ni un adieu.
« Tu sais où tu es ? Tu ne veux pas que je t’accompagne ?
-Non, non, tout va bien ! » Et il disparaît dans la galerie.
Je me sens bien seule, tout à coup, dans mon ascenseur. Même pas le temps d’être apprivoisée.


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