11.3.19
Nous mourons tous par petits bouts : paysage
"En vieillissant il devient de plus en plus difficile de s'arracher à la splendeur du paysage qu'on traverse. La peau usée par le vent et par l'âge, distendue par la fatigue et les joies, les différents poils, larmes, gouttes, ongles et cheveux qui sont tombés par terre comme des feuilles ou des brindilles mortes, laisse passer l'âme qui s'égare de plus en plus souvent à l'extérieur du volume de la peau. le dernier envol n'est à la vérité qu'un éparpillement. plus je vieillis, plus je me sens bien partout. Je ne réside plus beaucoup dans mon corps. Je crains de mourir quelque jour. Je sens ma peau beaucoup trop fine et plus poreuse. Je me dis à moi-même : Un jour le paysage me traversera."
Pascal Quignard, Terrasse à Rome, ch.XXII, ed Folio.
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