8.3.13

Mélisande, celle qui laisse tout tomber dans l'eau et ne se laisse pas prendre par la main (17) : regard et innocence


"Pourquoi m'examinez-vous comme un pauvre ? Je ne viens pas vous demander l'aumône. Vous espérez voir quelque chose dans mes yeux sans que je vois quelque chose dans les vôtres ? Croyez-vous que je sache quelque chose ?
Voyez-vous ces grands yeux...On dirait qu'ils sont fiers d'être riches.
- Je n'y vois qu'une grande innocence.
- Une grande innocence ! Ils sont plus grands que l'innocence ! Ils sont plus purs que les yeux d'un agneau. Ils donneraient à Dieu des leçons d'innocence ! Une grande innocence ! Ecoutez; j'en suis si près que je sens la fraîcheur de leurs cils quand ils clignent, et cependant je suis moins loin des grands secrets de l'autre monde que du plus petit secret de ces yeux ! Une grande innocence ! Plus que de l'innocence ! On dirait que les anges du ciel y célèbrent sans cesse un baptême. Je les connais ces yeux. Je les ai vus à l'œuvre. Fermez-les ! Fermez-les ! ou je vais les fermer pour longtemps !
Pelleas et Mélisande, Acte 4, scène 2. Debussy, Maeterlinck

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire