11.5.10

Senteurs

"Les Arabes ont un sens aigu de cette pureté qui naît de la raréfaction. Je m'en avisais pour la première fois, voici des années, un jour où nous avions chevauché très loin par les plaines mouvantes du Nord de la Syrie jusqu'à une ruine de la période romaine. C'étaient, dirent mes compagnons, les restes d'un palais bâti dans le désert pour une reine par son époux, seigneur de la région limitrophe. Ils ajoutèrent que l'argile de cette construction avait été, pour plus de richesse, pétrie non pas avec de l'eau, mais avec de précieuses essences de fleurs. Reniflant l'air comme des chiens, mes guides me conduisaient de salle croulante en salle croulante disant : "voici le jasmin, voici la violette, voici la rose."
A la fin Dahoum m'entraîna : "venez sentir le parfum le plus doux"; nous entrâmes dans le corps du logis, et là, dans l'embrasure des fenêtres béantes sur sa façade orientale, nous pûmes aspirer à pleine bouche le souffle sans effort ni tourbillon qui palpitait en frôlant les murailles. Il était né, ce souffle vide du désert, quelque part au delà du lointain Euphrate; et pendant des jours et des nuits, il s'était traîné sur une herbe morte : rencontrant son premier obstacle en ce palais ruiné élevé par la main des hommes, il paraissait s'attarder alentour avec de puérils murmures. "Voilà bien le meilleur parfum, dirent mes guides : il n'a pas de goût."
T.E. Lawrence, in Les sept piliers de la sagesse

3 commentaires:

  1. Mmmmmmm!!
    Ah! tout lacher pour rejoindre ce lieu!

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  2. Anonyme7:45 PM

    ce que je cherchais, merci

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  3. Merci du merci , anonyme, mais je ne sais pas trop ce que vous cherchiez et avez trouvé !
    Amitiés

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