7.7.16

Asher Lev (12) : une autre moi-même

Seul dans la maison de mes parents, un peu plus tard cet après-midi là, je pris conscience que la chambre que je partageais avec Devorah était de plus en plus envahie de livres. Beaucoup étaient des livres neufs qui venaient de la librairie hébraïque de Kingston Avenue : des livres d'enfants et des travaux hassidiques, d'autres étaient des romans en collection de poche, d'autres venaient de la bibliothèque municipale. Devorah avait tendance à remplir les espaces vides de livres : l'extrémité des tables, le haut des coiffeuses, le rebord des bureaux, quelquefois même les chaises. Elle rangeait sans arrêt les livres avec un soin infini, elle alignait leurs dos pour qu'aucun ne dépasse : une rangée vraiment militaire. C'était sa manière à elle de prendre possession d'un lieu, de déclarer qu'elle avait l'intention d'occuper un certain espace pour une certaine durée.
Chaïm Potok, Le don d'Asher Lev, p170

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