19.4.06

Souvenirs de petite bouche, 1


illustration de Claire Cour

Pain d'épices.

Pour aller chez ma marraine, on entrait par la porte d'un immeuble, on montait deux étages. A l'entresol, s'ouvrait un porche inondé de lumière qui donnait sur une grande cour. Au fond de la cour on empruntait une autre porte et un escalier en colimaçon. Au bout d'un moment, on s'arrêtait et on ouvrait la porte d'un appartement. On arrivait dans la salle à manger. En ouvrant les volets, l'on voyait d'innombrables fenêtres dont les façades nous entouraient de loin, nous protégaient. Sur le mur de la salle à manger, il y avait une carline, un grand chardon ramassé dans un désert provençal, rempli de foin doré comme un soleil cœur d'artichaut. Ma marraine m'expliquait qu'il prévoyait le temps. Pour goûter, il y avait toujours du pain d'épices. Avant, je n'avais jamais mangé de pain d'épices. Il fallait le tartiner de beurre avec un couteau de grand, et je ne sais quoi dans ces grands bonheurs était le préféré, du pain d'épices, du beurre, du couteau de grand ou du soleil cœur d'artichaut.

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