31.10.10

Toussaint

entendu ce matin à la radio, avec le temps qui va avec :


La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.
Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil je la voyais s'asseoir,
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son oeil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse?
Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857

30.10.10

Mission G

Un des meilleurs films que j'ai vu en ce moment !

Sans faire exprès, j'ai effacé un commentaire ! Pardon :-( C'était un message super important sur le point G de Petit Page, zut alors !

24.10.10

Mes notes de chevet, 39. Choses rares

 

Ne pas tacher d’encre le livre où l’on copie des romans, des recueils de poésies, ou d’autres choses analogues. Quand c’est un beau cahier, on prend le plus grand soin pour écrire, et cependant, il paraît toujours sali. (...)
Toute la nuit, nous entendons marcher, devant les chambres, des gens chaussés de souliers. De temps en temps, les pas s’arrêtent : on frappe à quelque porte, d’un doigt seulement, et il est amusant de se dire que malgré cela, la dame qui habite cette chambre a bien reconnu tout de suite, à sa manière de frapper, celui qui est là. (...)
Et puis, on doit sans doute admirer du dehors un délicieux spectacle ; lorsqu’un homme portant un pantalon à lacets d’un violet très foncé, avec un superbe manteau de cour qui laisse apercevoir des vêtements de dessous dont les couleurs diffèrent toutes, entre à demi dans la chambre en poussant le store. Qu’il prenne un élégant encrier, puis se mette à écrire une lettre, ou bien demande un miroir à la dame et se peigne les cheveux des tempes, tout cela est ravissant.
Sei Shônagon, notes de chevet.Utamaro, homme et femme derrière un paravent

Mes notes de chevet : Sei Shônagon, mon amie de mille ans, aurait compris combien le traitement de texte m’a sauvée, moi qui ne sais recopier sans faute, écrire sans barrer, raturer sans gribouiller, dans ces cahiers que je glane dans le monde et remplis de bric à brac et de petits trésors collés.
Sei Shônagon comprend que plutôt qu’un visage, qu’un sourire, me rendent nostalgiques un détail du vêtement , une démarche, un timbre de voix ou une simple intonation.

23.10.10

Renan Luce - Camelote

Elle vendait dans ma rue des trucs qui ne servent à rien
Des sphères en plastique qu'on retourne sans fin
pour voir une Tour Eiffel sous une neige imbécile
Elle alliait le pas beau au franchement inutile

Mais elle était fière de ces trucs qui ne servent à rien
Elle aimaint les sourire devant son magasin
Qu'une enseigne au néon appelait "chez Charlotte"
C'était son prénom mais je l'appelais Camelotte

quand j'n'avais rien à faire, j'lui donnais un coup de main
Je lui tenais l'échelle pour prendre un nain de jardin
A force de pouponner ces statues en terre cuite
On a voulu s'marrier ici et tout de suite

Une pancarte sur la porte "Fermé pour cause mariage"
On a choisi le nain qui semblait le plus sage
Pour jouer le role du maire et en guise de témoins
Deux fleurs qui dansent le jerk quand on tape des mains

Un diplome certifié de la meilleure maman
Serira de registre quand viendra le moment
Nous seront sugnataire avec un stylo plume
Qui fait de la lumière sur "Au clair de la lune"

J'lui ai dit "Mademoiselle, veux tu prendre ma main ?"
Elle m'a dit "pourquoi faire", j'ai répondu "Pour rien !"
En tournant la molette d'une boite à cadeaux
On a eu deux squelette sertis à un anneau

Puis nous avons compté les enfants qu'nous aurons
Elle en voulais sept, vous savez les prénoms
Puis nous ferons construire sept lits superposés
Moi je tiendrais l'échelle quand faudra les coucher

Le voyage de noce a eu lieu en décembre
On a pris le metro station quatre septembre
Pour la Tour Eiffel sous la neige matinale
Et Paris qui s'éveille dans sa boule de cristal

Renan Luce

21.10.10

Fuji, cent vues (5 et 6) : y monter, en descendre


Qu'est-ce que ces mochis tamponnés affluant dans une gorge ? Un indice ? en bas de page : un homme incline son chapeau et boit.


Et lorsqu'on redescend dans les cendres, la route est peu sûre, à en aplatir le chapeau...

18.10.10

Mes notes de chevet, 38. Choses que l’on ne peut pas comparer

 


L’été et l’hiver. La nuit et le jour. La pluie qui tombe et le soleil qui brille (...) En hiver, au moment des grands froids, alors qu’on est couchée à côté de son ami, et que l’on écoute, enfouie sous les couvertures, il est délicieux aussi d’entendre le son d’une cloche qui vous paraît être au fond d’une fosse (...)
Quand c’est un amant qui vient la voir, il n’est pas besoin de dire la joie qu’une femme ressent.
Sei Shônagon, notes de chevet
gravure d’Hokusai, Contemplation du coucher de soleil sur le pont Ryôgoku depuis la digue d’Ommaya
Mes notes de chevet
J’aime ce moment entre deux. Rien n’est plus délicieux qu’entre deux choses que l’on ne peut pas comparer.
Quand le soleil descend et qu’il y a encore tant de lumière que le regard en est aveuglé, quand le feu du soleil n’est pas encore passé derrière la montagne, que l’on n’est pas encore dans la sensation douloureuse de la lumière qui meurt.
Le premier soir après le dernier jour de classe, notamment à la veille des vacances d’été ; fatigue d’une journée bien remplie à laquelle ne succèdera rien, aucune projection ni perspective semblable aux journées passées, un autre monde encore hors de la portée de mon sentiment, de mon état, de ma disposition.
Le moment de l’embarquement, quand on n’est pas encore parti et que l’on l’est déjà, quand on n’est plus chez soi mais pas encore ailleurs, sans bagage, sans domicile, juste un passeport et un bout de carton.
Le moment où l’on n’est plus seul mais pas encore à deux, où il n’y a plus de solitude mais pas encore de communauté, où l’attente n’est que bonne et souriante.
Le moment où je suis partie pour le Japon. Le moment où il en est venu. Avec tout cela à la fois.

3 Messages de forum

14.10.10

L'année égoïste, 4 : dolce farniente

Je suis allée voir un film pour les filles, comme dirait Hatsuo, "Mange, prie, aime". Un vrai navet. Mais une  seule notion, très importante, et que je ne connaissais pas malgré mon sang italien, "le Dolce Farniente". Voilà qui est rattrapé :
tableau : Frederik Arthur Brigman, l'indolence

13.10.10

12.10.10

Mystères ordinaires, 2 : sur les chemins

Que fait mon maître ?

Et toi tu dis rien ?

Vive la grève !


Ce matin au petit déjeuner, à la radio, à la place des Matins, j'ai découvert ça :
Black is the Colour-Natacha Atlas.
Un autre genre que celui de mon chevet, par Helen Merill, mais....
mmmmmmmmmmmm !

11.10.10

Mes notes de chevet, 37. Choses peu rassurantes

 


... Manger des fraises dans l’obscurité.
Une fête où l’on ne connaît personne.
Sei Shônagon, Notes de chevetEstampe d’Hiroshige

Mes notes de chevet :
Le téléphone qui sonne la nuit. Parfois simplement le téléphone qui sonne, et un numéro qui s’affiche.
Autrefois les mauvaises nouvelles arrivaient par courrier. La lettre était parfois bordée de noir, avec un faire-part imprimé. Quelquefois la nouvelle s’affichait dehors, dans la rue. Maintenant, elle suit des trajets plus rapides, comme s’il fallait savoir tout tout de suite, comme si le chagrin devait suivre un trajet plus rapide. Comme s’il était intolérable que le chagrin se fasse attendre.