24.10.10

Mes notes de chevet, 39. Choses rares

 

Ne pas tacher d’encre le livre où l’on copie des romans, des recueils de poésies, ou d’autres choses analogues. Quand c’est un beau cahier, on prend le plus grand soin pour écrire, et cependant, il paraît toujours sali. (...)
Toute la nuit, nous entendons marcher, devant les chambres, des gens chaussés de souliers. De temps en temps, les pas s’arrêtent : on frappe à quelque porte, d’un doigt seulement, et il est amusant de se dire que malgré cela, la dame qui habite cette chambre a bien reconnu tout de suite, à sa manière de frapper, celui qui est là. (...)
Et puis, on doit sans doute admirer du dehors un délicieux spectacle ; lorsqu’un homme portant un pantalon à lacets d’un violet très foncé, avec un superbe manteau de cour qui laisse apercevoir des vêtements de dessous dont les couleurs diffèrent toutes, entre à demi dans la chambre en poussant le store. Qu’il prenne un élégant encrier, puis se mette à écrire une lettre, ou bien demande un miroir à la dame et se peigne les cheveux des tempes, tout cela est ravissant.
Sei Shônagon, notes de chevet.Utamaro, homme et femme derrière un paravent

Mes notes de chevet : Sei Shônagon, mon amie de mille ans, aurait compris combien le traitement de texte m’a sauvée, moi qui ne sais recopier sans faute, écrire sans barrer, raturer sans gribouiller, dans ces cahiers que je glane dans le monde et remplis de bric à brac et de petits trésors collés.
Sei Shônagon comprend que plutôt qu’un visage, qu’un sourire, me rendent nostalgiques un détail du vêtement , une démarche, un timbre de voix ou une simple intonation.

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