30.6.09

Littérature nipponne et traduction

Grace à PetitPage, j'ai trouvé un article passionnant sur les romans japonais, dont ceux de Haruki Murakami, de la déroute du lecteur français face à eux, de la difficulté de leur traduction en français. L'article est écrit par Corinne Atlan, qui traduit de nombreux romans japonais.
C'est ici

Cette part irréductible, qui demeure inaccessible au lecteur français, oblige le traducteur à accepter l'idée qu'il ne peut pas tout traduire, mais seulement transposer, trouver des équivalences. Restituer au mieux ce qu'il a saisi de l'intention de l'auteur. Dans la traduction comme dans toute forme de communication humaine, imparfaite par essence, demeure une part d'ombre, qu'il faut accepter – et écouter aussi, car elle ouvre encore sur d'autres échos. pour l'attribut italique
Corinne Atlan

28.6.09

Les fruits du marché


Quand le coeur et l'esprit sont moroses, rien ne vaut un tour de marché. Les fruits de saison, enfin, ajoutent de la couleur à mon âme : pêches plates et rondes, abricots...

26.6.09

Mes notes de chevet, 5 : Montagnes



« ...La montagne d’Iwata. La montagne d’Ôhire me plaît aussi : son nom ne manque pas de me faire songer aux envoyés impériaux à la fête spéciale d’Iwashimizu »
Sei Shônagon, Notes de chevet

Mes notes de chevet : Sei Shônagon fait l’inventaire de ses montagnes préférées, surgies souvent de ses lectures. De quoi rêver mille ans. Mes montagnes ? Le mont Chauve, le mont Canigou qui fut la première de mes émotions fortes avant d’entrevoir dans la clarté d’automne le mont Fuji pour la première fois.
Photo d’Hatsuo Adachihara

24.6.09

Mystères ordinaires, 1 : flacons




Vu à Cipières sur un rebord de fenêtre. Qui peut bien avoir peint ces flacons et dans quel but ?

La personne que j’aime le plus au monde

Cette expression, je l’ai entendue tant de fois dans ma vie. Avec malaise. Le statut de personne la plus aimée au monde, est celui de prisonnière ; et qu’advient-il d’elle lorsque la vie le lui fait perdre ?
Je suis à un âge ou dans la rue, souvent, je crois parfois apercevoir quelqu’un que je connais ; je me rends compte ensuite que cela est impossible, car cette personne est en fait déjà morte, je l’avais oublié ; l’impression qui monte alors en moi est inexprimable, le souvenir d’une gestuelle et de sa perte, irrémédiable.
Le présent est peuplé de fantômes, certains déjà morts, d’autres pire. «Ceux qui s’en sont allés jamais ne reviendront (Omar Khayam) »
Peut-on quantifier l’amour ? Bien sûr. Il y en a des grands et des petits. Multiples et polymorphes. Chacun construit une part de nous même. Chaque perte nous détruit en proportion. Certains petits mal placés créent un effondrement. . Il faut alors restaurer, un petit peu, un grand peu de nous même, jamais à l’identique, et parfois mieux. Notre sort : bâtir sur des ruines pour étayer nos fondations d'architectures aussi belles qu' improbables.


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23.6.09

Mes notes de chevet,4. Choses particulières


« Langage de bonze. 

Langage d’homme et langage de femme.
Langage des gens vulgaires : leurs mots ne manquent pas d’avoir une syllabe de trop
… Les dames d’honneur voulurent faire passer leur voiture par la porte du nord…Celles dont la coiffure était défaite n’avaient pas pris le soin de la remettre en ordre, pensant avec dédain que, seuls, les domestiques qui feraient approcher le véhicule de la maison nous pourraient voir. Cependant, comme la porte que nous avions choisie était trop étroite, notre voiture, couverte de palmes, n’y put passer et resta prise. On étendit sur le sol, ainsi qu’on a coutume, des nattes pour nous préparer un chemin, et nous descendîmes. Nous étions furieuses ; mais qu’aurions-nous pu faire ? Nous eûmes même le désagrément d’être vues par des courtisans et des gens de rang inférieur qui se tenaient près du poste des gardes. »

Sei Shônagon, Notes de Chevet


Mes notes de chevet : ma fille ce matin, n’ayant pu mettre ses lentilles, refusa de sortir le chien en lunettes. Finalement, la discussion finit en éclat de rire : nous convinmes d’un commun accord que la burka était très pratique pour les myopes ...

2 Messages de forum

  • Choses particulières28 décembre 2010 09:58, par berlherm
    Et quand l’âge glaciaire reviendra nous serons tous en burka...

    • Choses particulières28 décembre 2010 12:40, par Dvorah Massa-Adachihara
      J’espère qu’ils en font en laine polaire ! _ ;-)

20.6.09

De la gêne d'être vue, mieux vaut en rire

notes de chevet, 4
autre extrait :
"Qu'il est amusant de voir les fonctionnaires nouvellement promus quand ils viennent, respectueusement, remercier l'Empereur et le féliciter. Derrière eux, un serviteur a relevé la traîne de leur vêtement, ils ont à la main leur tablette et ils se tiennent en face de Sa Majesté. Ils se prosternent et se trémoussent avec animation."

14.6.09

Mes notes de chevet, 3. le premier jour de l’an


« Le premier jour de l’année, surtout, me plaît. Le ciel pur se voile d’une merveilleuse brume. Tous les hommes soigent particulièrement leur figure et leur tenue, ils présentent leurs souhaits au Prince et aussi à eux-mêmes. C’est vraiment ravissant... »

Sei Shônagon, Notes de Chevet
Mes notes de chevet :
Le premier de l’an, ça y est, la corvée du réveillon et des réjouissance obligatoires est finie. Je me lève tard, parfois barbouillée d’avoir si peu-mais-trop-bu. La couverture des quotidiens est endimanchée. Tout est fermé, l’année commence comme un grand dimanche. J’ai aimé le premier de l’an de la première année de l’euro : j’ai ouvert la poche plastique des premiers euros du kit de ma banque pour faire un tour de Grande Roue de la Place Masséna pour la première fois : il faisait beau, froid, j’avais peur et j’étais bien.

Au seuil du mois de juillet,



mon horoscope...

Vie sociale : Pas d'hypocrisie : affirmez votre autorité en douceur.
( ;-) à ma lectrice qui ne laisse jamais de message et se reconnaîtra ! )

Le marché du dimanche




Fleurs, figues blanches d'Italie, pommes de terres roses, mes premières pêches, mes premières nectarines, huile d'oliviers sauvages et purée d'olives chez le marchand d'œufs, les meilleurs gnocchis du monde chez Agnoletti.
Quand je faisais mon marché, je savais déjà que je ferais une photo de mes emplettes. Et il m'est revenu qu'il y a quelques temps, au bout du monde, un homme que je ne connaissais pas regardait ces photos. Aujourd'hui, il les photographie souvent tellement mieux que moi

Pour retrouver la nostalgie nippone, 12 : bassin aux libellules

Nénuphars, libellules, araignées d'eau, à la Villa Noailles à Grasse. Pour cette année, c'est trop tard, le jardin rouvre en Mars de l'année prochaine, juste le vendredi après-midi, pendant tout le printemps

Toute l'année est jolie...

Billet conservé pour ne pas supprimer les commentaires
selon l'avis de Sei Shonagôn, dans ses notes de chevet 2, rapatriées

11.6.09

Dédicace (8 et fin)

Et voilà, je venais pour la signature. Cette signature, c’était comme un baroud d’honneur pour la librairie, qui allait fermer. Les libraires avaient décidé de finir en beauté. Tous les amis étaient donc là. J’avais apporté un bouquet de fraesias magnifiquement agencé dans un papier kraft de couleur, un vrai bouquet de mariée de printemps. Les libraires avaient débouché du vin blanc.
C’était étrange que la librairie finisse avec Maud, et cette obligation pour moi de m’y rendre. Je n’aime pas les dédicaces. Ni en donner ni en demander. Dans son livre l’auteur a dit ce qu’il avait à déclarer, et sa signature est-elle autre chose qu’un signe sur le papier ? S’il ne vous connaît pas, il n’a rien à vous dire ; s’il vous connaît, que peut-il écrire que vous ne sachiez ? Je cède pourtant de temps en temps à la coutume, par inaptitude à m’y soustraire.
J’allais y être étrangement renseignée.
Je m’avançais avec mon livre –ou plutôt le sien- à la table, intimidée certainement par le manque de naturel que je trouvais à la situation. Elle me regarda, sourit, nous échangeâmes sans doute des banalités d’usage. Puis elle ouvrit la page de garde. Hésitant quelques secondes, elle fut peut-être tentée d’user d’une paraphrase. Elle aurait pu, c’est évident, faire autrement. Pourtant, elle ne résista pas longtemps à poser la question qui lui brûlait les lèvres et elle dit : « Excuse-moi. J’ai oublié ton prénom… »
Certainement, j’aurais pu, j’aurais dû, répondre Antoinette. Ou Aglaé. Cette ironie ne me vint pas. Sans doute parce que je n’ai pas une seule fraction de seconde douté de la sincérité de sa demande. J’y répondis simplement. Elle écrivit alors sa dédicace, pour D. ». Suivie sans doute d’une phrase élégante, une vraie dédicace d’écrivain. J’avoue n’en garder aucun souvenir.
Il fallut survivre à cet instant, continuer les funérailles et ce n’était pourtant pas moi qu’on enterrait.

Aujourd'hui c'est jeudi ?


en guise d'hommage à Gwen et Madame Ga dont je me régale de la correspondance

6.6.09

Météo

"On était au milieu de la matinée mais le soleil n'en avait pas été informé et on pouvait compter que la brume vagabonde traînerait encore par là un moment avant de céder la place à ce que dans la région on appelait le jour. La visibilité était limitée dans toutes les directions à une auréole de clarté qui ne dépassait pas cinquante mètres."
Herman Raucher, Un été 42

j'ai vécu pendant longtemps dans un pays de la sorte. C'était pour moi insupportable, inconsciemment, physiquement. Je ne me demandais jamais quel temps il faisait en me levant : mauvais. Pourtant, mauvais était le terme utilisé par les gens du pays quand l'été le temps était très bleu et très chaud, trop chaud pour eux. Non, je ne me demandais jamais quel temps il faisait en me levant. Ici, maintenant, chez moi, non plus. Pour des raisons exactement contraires : c'est ici un pays où il fait "mauvais" tous les jours...

Dédicace (7)

Mais je ne pouvais fuir : j’attendais Philomène.
Je contemplai la libraire qui parlait à un client, qui ensachait les livres. Je la connaissais bien ; je pensais à son intransigeance littéraire, à sa passion des textes. Philomène arriva, je reconnus son impatience à la façon de ses pas sur les marches. J’entrai aussitôt en matière. Ici, environnée des livres de Gadenne, de Segalen, de Murakami, c’était une véritable torture de ne pouvoir lui asséner la vérité. Je m’entendais prononcer des mots, utiliser des périphrases, tourner autour du pot : je lui dis que dans son récit, il n’y avait aucune intrigue cohérente, une simple succession de faits juxtaposés, sans fondement ni consistance ; mais je pensais, cette histoire est complètement débile, inintéressante, j’avais sué sang et eau à dépasser la page trois. Je lui dis que les idées n’étaient pas assez fouillées ; en fait, elles étaient d’une prétention inconséquente, d’un anticonformisme de Prisunic, jusqu’au prénom des personnages, une vraie ineptie propre à déclancher des rires malsains. Je lui dis que le style était maladroit, peu assuré ; il était tissé de lieux communs, de pastiche de nouveau roman, une abomination.
Je réalisais que j‘étais en train de commettre un délit d’opinion : autant de prétention, autant de nullité, de bêtises m’étaient insupportables. Cela dépassait le texte, il englobait son auteur, sa personnalité tout entière. Comment, comment…
Elle accusa le coup bravement. Dans les jours qui suivirent, elle tenta de se défendre, de me persuader du bien fondé de sa recherche. Je ne réussissais plus à être naturelle avec elle. Quelque chose s’était cassé. Sa légèreté m’était devenue insoutenable. Je fis tout pour l’éviter, ne plus la voir. Cependant, ce ne fut pas cette rupture qui m’affecta le plus : mais le fait de n’en pas souffrir. Elle m’était devenue totalement indifférente.

3.6.09

Mes notes de chevet ,2. Les époques

« Parmi les époques, j’aime le premier mois, le troisième mois, les quatrième et cinquième mois, le septième mois, le huitième et le neuvième mois, le douzième mois ; tous ont leur charme dans le cours des saisons. Toute l’année est jolie » 
Sei Shônagon, Notes de Chevet.
Mes notes de chevet :
J’aime la fraîcheur de « toute l’année est jolie ». Comme j’aimerais partager son enthousiasme ! Je n’aime pas le premier mois ; janvier, comme un grand lundi, s’étire dans le froid sans aucun intérêt que de nous rapprocher de février. Le mois d’août, frustration extrême, décroît jour après jour vers la rentrée, vers le décroît de la lumière vespérale, ou septembre sonnera le glas des jours d’été, grand lundi de l’année scolaire, et moment du changement d’heure nous précipitant dans la nuit de l’hiver. Je crois bien que seul d’avril à juin je savoure les jours qui passent... 


2 Messages de forum


  • 27 décembre 2010 09:39, par berlherm
    Le beau nécessite le laid, le bien aussi a besoin du mal pour exister, sinon tout serait uniforme. Il faut donc apprécier l’existence de ce qu’on n’apprécie pas car cela augmente la valeur du beau, du bien, du bon...


  • 28 décembre 2010 08:16, par Dvorah Massa-Adachihara
    Peut-être avec ce décembre de pluie infinie vais-je apprécier Janvier cette année ! Il n’y a pas à dire : la pluie nécessite le beau temps, et il serait temps que celui-ci revienne !

le son de chez moi , 16 : bal populaire à la fête des Mais


J'ai toujours eu un problème avec les bals, les chansons populaires. Je n'aime pas la foule. Quand trop de gens se réjouissent, je me pose toujours trop de questions. Quand la musique est banale et les paroles stupides, je n'arrive pas à me distraire. J'ai toujours regardé avec beaucoup d'envie ces gens qui tournent avec tant d'aisance, de concentration, souvent très sérieux; en même temps, je me sens "voyeur et mal à l'aise".
Jusqu'à cette année à la fête des Mais. Je regardais, il regardait, et puis il m'a dit : "Viens". Et j'ai dansé, et j'ai tourné dans ses bras, concentrée, sérieuse. Et ravie. A la fin, j'ai dit : je n'ai pas l'habitude . Il m'a dit : moi non plus; mais avec toi, j'ai envie de changer mes habitudes.

"Non je ne me souviens plus
du nom du bal perdu.
Ce dont je me souviens
ce sont ces amoureux
Qui ne regardaient rien autour d'eux.
Y'avait tant d'insouciance
Dans leurs gestes émus,
Alors quelle importance
Le nom du bal perdu ?
Non je ne me souviens plus
du nom du bal perdu.
Ce dont je me souviens
c'est qu'ils étaient heureux
Les yeux au fond des yeux.
Et c'était bien...
Et c'était bien..."

1.6.09

Le son de chez moi, 15 : cascade d'Escragnoles

Dans la série espace de méditation offert gratuitement par le support, goûtez donc...