" "Que c'est bon !
Elle songea naïvement que c'était super qu'il existe un mot aussi commode que bon. C'était grâce à lui qu'elle pouvait exprimer cette sensation ineffable.
Les professionnels des décors au cinéma n'arrêtaient pas de le répéter : "Surtout ne pas employer le mot beau à la légère."
Beau avait fini par devenir un signe qui ne véhiculait plus guère de sens. Idées, impressions, perceptions, étaient englouties par ce vocable fourre-tout, le plus important passait à la trappe.
Ainsi, quand on travaillait pour la section décors et accessoires, on se gardait d'employer beau à tout bout de champ. Ses aînés n'avaient cessé de le lui répeter.
Mais, d'après l'expérience de Mitsuki, certaines choses ne pouvaient se transmettre à grands renforts de mots, autrement dit, elle était persuadée que la plus habile des expressions pouvait avoir pour effet paradoxal de banaliser ce dont on parlait.
Dans ce cas-là, elle dérogeait à la règle d'or de ses aînés, et en y mettant tout son cœur, elle déclarait : "C'est une belle fleur", Il a un beau profil".
Dans le même ordre d'idée, elle se permettait de dire : "C'est bon.""
Bonne nuit Tokyo, YOSHIDA Atsuhiro, ed. Picquier Poche, chapitre Pluie de plumes la nuit
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