8.10.25

Nous mourons tous par petits bouts : le frère que je n'ai jamais eu (1)

 Il pleut sur Nantes
Donne moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin


Voici comment avant-hier j'ai appris par un texto de ma belle-sœur que mon frère de Nantes a été malade, puis mourant, puis mort, puis enterré.
A tous les habitués de mon blog qui pourraient penser qu'il s'agit d'une nouvelle fiction ici des méandres de mon imagination, je leur affirme qu'il n'en est rien. C'est la  vérité vraie, la vérité toute nue.
A tous ceux qui pourraient penser que j'ai du bien mal agir pour mériter ce traitement, j'avoue sincèrement mon entière ignorance. 
Je n'avais pas de nouvelle de mon frère depuis plusieurs années, mais nous n'étions pas fâchés. Nous n'avions tout simplement plus rien à nous dire. Mais nous n'étions pas même vraiment en froid, puisque la dernière chose que je lui ai envoyée est un etegami de l'année du tigre.

Peut-être est-ce pour cela, lui qui a toujours eu le sens de l'humour, que l'idée lui est venue de filer à l'anglaise ...
J'ai pensé tout d'abord à un spam, une mauvaise blague vu le contenu. Quelqu'un qui ne me/le connaissais/t pas bien. En effet, je n'ai jamais eu de frère Jacques. Le seul frère Jacques que j'ai connu était celui de la comptine. Mon frère, aux yeux de toute la famille, était Jacky. 
Peut-être est-ce pour cela que le seul sentiment que j'arrive à ressentir est la colère. Jacques est peut-être mort, qu'en est-il de Jacky ?

(à suivre)




3.10.25

passer une BONNE NUIT à TOKYO (3) : highball

 "Le highball était frais comme tout. Servir une préparation bien glacée était ce qui comptait le plus pour Maeda, quand il posait la boisson sur le comptoir, le gaz carbonique et la paroi glacée du petit verre s'associaient pour dégagerune fine brume.
"Voici ! "
D'une voix à peine audible, Maeda signala à Eiko qu'elle était servie. Elle tendit sa main droite qu'elle tenait repliée contre elle pour saisir le verre, à l'instant où ses doigts l'effleurèrent, elle eut un geste de recul, surprise par ce contact glacial.
D'un ambre presque noir, la boisson était surmontée d'un quartier de citron découpé en forme de croissant.
Charmée par ce parfum frais, Eiko rapprocha le verre pour le porter à sa bouche. Elle posa les lèvres sur le rebord glacé et but une première gorgée.
Ce n'était pas de l'alcool qu'elle buvait, non, elle avait l'impression d'avoir en bouche le temps même de ce bar paisible et désert dans la nuit.
"Comme c'est bon" dit-elle malgré elle, tout au bonheur de sentir la nuit de Tôkyô se propager en elle.   "

Bonne nuit Tokyo, YOSHIDA Atsuhiro, ed. Picquier Poche, chapitre La dernière pièce

2.10.25

passer une BONNE NUIT à TOKYO (2) : c'est beau, c'est bon !

  " "Que c'est bon !

 Elle songea naïvement que c'était super qu'il existe un mot aussi commode que bon. C'était grâce à lui qu'elle pouvait exprimer cette sensation ineffable.
Les professionnels des décors au cinéma n'arrêtaient pas de le répéter : "Surtout ne pas employer le mot beau à la légère."
Beau avait fini par devenir un signe qui ne véhiculait plus guère de sens. Idées, impressions, perceptions, étaient englouties par ce vocable fourre-tout, le plus important passait à la trappe.
Ainsi, quand on travaillait pour la section décors et accessoires, on se gardait d'employer beau à tout bout de champ. Ses aînés n'avaient cessé de le lui répeter.
Mais, d'après l'expérience de Mitsuki, certaines choses ne pouvaient se transmettre à grands renforts de mots, autrement dit, elle était persuadée que la plus habile des expressions pouvait avoir pour effet paradoxal de banaliser ce dont on parlait.
Dans ce cas-là, elle dérogeait à la règle d'or de ses aînés, et en y mettant tout son cœur, elle déclarait : "C'est une belle fleur", Il a un beau profil".
Dans le même ordre d'idée, elle se permettait de dire : "C'est bon.""

Bonne nuit Tokyo, YOSHIDA Atsuhiro, ed. Picquier Poche, chapitre Pluie de plumes la nuit

1.10.25

passer une BONNE NUIT à TOKYO (1) : whisky coca, recette

 " La préparation était la simplicité même.
("...)Remplir à ras bord le verre refroidi de glace grossièrement broyée, mélanger sans attendre avec un pilon. Vérifier que le verre est froid à s'en couper les lèvres, jeter la glace, verser la quantité d'un whisky si gelé qu'il s'écoulera à peine de la bouteille. Ajouter le double de coca, remuer rapidement...
Et c'est prêt ! " "

Bonne nuit Tokyo, YOSHIDA Atsuhiro, ed. Picquier Poche, chapitre Pluie de plumes la nuit