20.5.14

Du bonjour français

"Dans les boulangeries françaises, les bureaux de tabac ou d'autres petits commerces, je fus frappé par le fait que des hommes (et, moins souvent, des femmes) entraient dans la boutique en disant à la cantonade : "Bonjour messieurs-dames" ou tout simplement "bonjour" ou encore succinctement "messieurs-dames". Saluer des personnes inconnues ? eh oui, cela est fréquent en France ; il suffit de se promener dans les rues de Paris ou de prendre le métro, d'être attentif aux spectacles qui s'offrent çà et là dans les lieux publics.  Tandis que dans mon pays, un tel geste, potentiellement créateur de liens, serait perçu comme une violence inacceptable ou tout au moins comme une incongruité suspecte. la vis sociale s'organise de telle manière qu'un individu (pas un groupe constitué comme militants politiques ou syndicalistes...) n'ait pas à s'adresser, autant que faire se peut, à un inconnu, c'est-à-dire à quelqu'un qui n'appartient pas aux mêmes groupes communautaires que lui. Les inconnus sont par définition suspects(...)
En France, je n'ai jamais pu rentrer dans ma boulangerie en disant : "Bonjour Messieurs-dames."
Akira Mizubayashi, Une langue venue d'ailleurs, ch.13

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